Alors que la sélection officielle des longs métrages du Festival de Cannes sera présentée jeudi 19 avril, celle des courts métrages a été dévoilée hier matin, en avant-première. Dix courts-métrages, choisis parmi les 4 500 présentés au comité de sélection, sont en lice pour la Palme d’or du court métrage et quinze films ont été retenus dans le cadre de la Cinéfondation. Le jury de la Cinéfondation et des courts métrages sera, comme nous vous l’annoncions il y a quelques jours, présidé par Jean-Pierre Dardenne. Pour la première fois, un réalisateur syrien et un portoricain participent à la compétition qui accueille également un artiste français connu du monde de la musique, le rappeur Hamé du groupe la Rumeur.
Liste des films en compétition
Mi Santa Mirada, d’Alvaro Aponto-Centeno (Porto Rico, 15′)
Gasp (Souffle), d’Eicke Bettinga (Allemagne, 15′)
Ce chemin devant moi, de Mohamed Bourkba dit Hamé (France, 15′)
Falastein, Sandouk Al Intezar Lil Butuqal, de Bassam Chekhes (Syrie, 15′)
The Chair, de Grainger David (Etats-Unis, 12′)
Night Shift, de Zia Mandivwalla (Nouvelle-Zélande, 14′)
Chef de meute, de Chloé Robichaud (Canada, 13′)
Yarbird, de Michael Spiccia (Australie, 13′)
Cockaigne, d’Emilie Verhamme (Belgique, 13′)
Sessiz-Be Deng (Silencieux), de L. Rezan Yesilbas (Turquie, 14′)
Synopsis : Chez les Nigériens, être jumeaux peut signifier une bénédiction ou une malédiction. Le père de O est le chef du village, un sorcier qui croit à la malédiction des jumeaux. Un jour, ce sorcier a tenté, lors d’une fête rituelle, de tuer ses deux fils : O a réussi à s’échapper, mais a assisté au meurtre de son frère. Après s’être enfui et avoir traversé son pays, il a réussi, par chance, à sortir du Nigeria et à s’exiler en France. Il a demandé l’asile dans ce contexte, mais sa demande a été refusée car il ne pouvait fournir aucune preuve.
Rare occurrence de l’animation au sein du festival Courtisane, « Manque de preuves » interpelle à plus d’un titre. Fascinée par la reconstruction de la mémoire, sa réalisatrice Kwon Hayoun, élève de l’école Le Fresnoy, livre un documentaire prenant sur les péripéties d’un exilé nigérien en France.
Victime d’une persécution et de tentatives parricides à cause du fait qu’il est né jumeau (phénomène soit vénéré soit condamné dans le pays qui ironiquement affiche le taux le plus élevé de la gémellité), Oscar a fui le Nigeria pour le sol français, où sa demande d’asile est restée sans réponse pour manque de preuves tangibles. En s’intéressant à cette histoire personnelle, la réalisatrice, elle même immigrée coréenne, pose la question fondamentale liée au genre documentaire, celle de la distinction entre la vérité historique et la vérité narrative, entre le fait réel et la discours rapporté.
Sincère à sa volonté de traduire fidèlement mais non pas littéralement ce récit apocryphe, la réalisatrice opte pour une narration brumeuse. Partant des deux seules épreuves judiciaires, le témoignage oral déposé par Oscar et l’esquisse retraçant sa fuite, Hayoun récrée les événements périlleux vécus par le rescapé. Elle opte pour une technique d’animation transparente qui consiste à mettre à nu le squelette de son dessin en 3D. L’image rappelle à tout moment le procédé de reconstitution par un refus catégorique d’une représentation matérielle associée à la live action. Celle-ci fait toutefois son apparition à deux reprises. Premièrement, lorsque Hayoun opère un éloquent trompe l’œil en dessinant, à l’aide de papier collant dans une salle blanche, un bureau vide sur lequel est posé de croquis d’Oscar, symbolisant l’inertie à laquelle la demande d’asile d’Oscar est confrontée. Deuxièmement, le plan final montre dans un flou la silhouette d’un homme qu’on associe inéluctablement au protagoniste. Ce faisant, elle introduit avec justesse l’élément humain qui manque rudement et sciemment à un récit presque entièrement conduit par le virtuel. Loin d’être un simple exercice stylistique, « Manque de preuves » interroge les systèmes de justice déshumanisés qui nous entourent, ici et ailleurs, guidés par la superstition ou par la raison empirique.
SHORT SCREENS, le court métrage sur grand écran, a le plaisir de vous annoncer sa première séance de la saison 2012.
Dans une ambiance chaleureuse et décontractée, venez vous régaler devant une programmation éclectique, avec des films d’hier et d’aujourd’hui, fruits de la créativité d’auteurs belges et étrangers.
Rendez-vous le 26 avril à 19h30 à l’Actor’s Studio, au 16 petite rue des bouchers, à 1000 Bruxelles !
WITHOUT SNOW
Magnus von Horn
Pologne / 2010 / Fiction / 35’ – VO SE ST EN Linus a 16 ans et vient de tomber amoureux de la copine de son meilleur ami. Il ne pouvait pas imaginer que cela aurait de telles conséquences.
LA VERSION DU LOUP Ann Sirot et Raphaël Balboni Belgique / 2010 / Fiction / 10’ – VO FR
Comme dans le conte traditionnel, le loup convoite le petit chaperon rouge et se déguise pour arriver à ses fins. Mais dans cette version, le loup, lassé de sa cruelle réputation, rétablit la vérité et dévoile un petit chaperon plus espiègle que la candide fillette de la légende.
LES BESSONES DEL CARRER PONENT
Marc Riba et Ana Solanas
Espagne / 2010 / Animation / 13’
Pommades, élixirs et potions. Enriqueta et Ramoneta vous serviront avec discrétion, réserve et éducation, rue de Ponent, numéro 17A , Barcelone.
PUCHA VIDA
Nazly López Díaz
Cuba / 2007 / Documentaire / 12’ – VO ES ST EN Pucha est une révolutionnaire exemplaire ; elle mène une vie heureuse, dans un décor qu’elle a elle-même aménagé, et chaque chose qu’elle possède a sa place dans l’univers qui est le sien. Néanmoins, il y a conflit entre ses idéaux et la réalité. Sa petite-fille adorée est partie vivre dans le pays de l’ennemi et a changé de nationalité.
ENTACHÉ
Lucie Thocaven et Iris Alexandre
Belgique / 2010 / Animation / 6’ Dans une laverie, un vieux garçon laisse échapper un porte-jarretelle en vidant sa machine.
Depuis 2004, le festival Côté court (15-26 juin) propose une compétition consacrée au cinéma expérimental, à l’essai ou encore à l’art vidéo, un cinéma qui a pour habitude de bousculer le langage cinématographique. Entre arts plastiques et cinéma traditionnel, il croise par nature différentes esthétiques. Voici les films issus de cette section que vous aurez l’opportunité de voir cette année.
Invisible, Catherine Alves et Nathalie Battus
Or Anything at all Except the Dark Pavement, Théodora Barat
Ma mère, David et moi, Taysir Batniji
Cap Tingis, Safia Benhaïm
Les Derniers Hommes, Quentin Brière Bordier
Sweet Viking, Salma Cheddadi
Cela ne s’est jamais passé, Alessia Chiesa
La Reine des neiges, Julien Chollat-Namy
O Sal Da Lua, A outra experiência, Cédric Dupire et Cristiana Miranda
Motif 1, Patricia Godal
Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution, Masao Adachi, Philippe Grandrieux
Glucose, Mihai Grecu et Thibaul Gleize
Laissez ici toute espérance, Charles H. Drouot
Danser avec Griselidis, Véronique Hubert
Gruffalo sur ma peau, Marie-Pierre Lagarrigue
La Terre, Vincent Le Port
Les Aimants, Cerise Lopez
abcdefghijklmnop(q)rstuvwxyz, Valérie Mréjen et Bertrand Schefer
Synopsis : Tu peux oublier. Tu dois oublier. Mais impossible d’oublier. A quoi pensent les femmes et que ressentent-elles cinq minutes avant d’avorter ?
Réalisation : Alina Rudnitskaya
Scénario : Alina Rudnitskaya
Genre : documentaire
Durée : 25’
Année : 2011
Pays : Russie
Image : Alexander Filippov
Montage : Alina Rudnitskaya
Son : Alexey Telno
Production : Studio des Films documentaires de Saint-Pétersbourg
Pour Alina Rudnitskaya, le cinéma est témoignage. Dans son captivant « I Will Forget This Day », elle ambitionne de saisir les pensées des femmes cinq minutes avant leur avortement. Mention Spéciale à Courtisane.
Un entretien en caméra subjective dans un sobre noir et blanc rend compte du désespoir d’une jeune fille qui ne peut mettre des mots sur ce qu’elle vit. S’ensuit alors une série de portraits de femmes jeunes et moins jeunes, toutes filmées dans la même position, dans la même largeur de plans fixes. Elles attendent, le visage inquiet, anxieux et parfois défait. Ce qu’elles attendent, on l’ignore puis, on le devine peu à peu. Un pont sur la Neva, entièrement plongé dans une brume hivernale, fait alors étrangement écho au désarroi et à la solitude de ces femmes.
Pour traiter d’un sujet délicat, la réalisatrice a opté pour une mise en scène neutre et distanciée mettant en valeur un montage ingénieux. Le temps du film devient alors une donnée psychologique et l’attente est perçue avec une précision clinique. La réalisatrice joue d’ailleurs avec la notion de durée ; elle l’allonge, la rétrécit à sa guise, n’hésitant pas à répéter la même scène à l’infini tout en changeant de protagoniste. Ces duplications, au lieu de singulariser l’acte d’avorter, le pluralise et le place au sein d’une masse d’individu(e)s anonymes, uni(e)s dans la même souffrance.
Le tour de force de la documentariste est de faire ressortir l’intériorité de ces femmes par sa simple caméra. Leurs doutes et inquiétudes, leur angoisse et intimité se déploient dans chaque plan. Et pourtant il y a une vraie pudeur tout au long du film, car au-delà du dispositif, on sait le regard, de la réalisatrice doux et compatissant. Pour les scènes finales, elle décide de briser le contrat tacite qu’elle avait minutieusement établi avec son spectateur, elle boucle la boucle en montrant la suite des entretiens entre les patientes et la praticienne. Cette fois-ci, les jeunes femmes parlent et font éclater leur tristesse tandis que le personnel hospitalier ne cesse de leur faire prendre conscience de la gravité du moment. Mais ça, elles le savent, elles ne pourront d’ailleurs jamais oublier ce jour.
« I Will Forget This Day » capture superbement une certaine partie de l’essence féminine où vie et mort sont finalement si intimement liées.
La sélection du court métrage « Les poissons préfèrent l’eau du bain » au Festival d’Aubagne est, pour son réalisateur Pierre Mazingarbe, une première dans un festival international de cette renommée alors que le film a déjà un an. On osera s’en étonner tant le film est unique en son genre : il parle d’un thème grave et tabou, l’avortement, sur un ton léger voire désinvolte, le tout dans un décor directement sorti des films de Tim Burton. Avec ce film, Pierre Mazingarbe nous plonge dans un univers étouffant, dérangeant et merveilleux à la fois, où la recherche esthétique tient la même place importante que celle de la narration dénonciatrice. À Aubagne, où le festival porte sur la musique et le travail sur le son, nous avons rencontré le réalisateur Pierre Mazingarbe et ses deux compositrices, Camille Hardouin et Aude Wyart, du groupe Lilt pour un entretien croisé.
On note dans ton film, que tu accordes une grande importance à l’aspect esthétique et artistique, visuellement parlant. Comment expliques-tu cela ?
Pierre Mazingarbe : Je crois que ça vient d’une démarche de l’animation que je pratiquais avant aux Arts Déco. Le projet a été très préparé en amont, on avait par exemple fait un story-board de tout le film. On avait aussi pensé et prévu le montage avant, comme on le fait en animation. Le côté théâtral du jeu des comédiens, ressemblant sensiblement aux marionnettes, peut également venir de l’animation. Par ailleurs, je suis actuellement en première année au Fresnoy. L’école propose une formation qui va du documentaire en passant par la fiction, jusqu’aux films expérimentaux et avec bien sûr une grande place à tout l’art contemporain. Ça explique aussi certainement ma recherche de l’esthétisme.
Est-ce que pour la musique, tu as également effectué un travail en amont ?
P. M. : En réalité, je ne me souviens plus trop à quel moment on a commencé à travailler la musique, mais oui, c’était un peu en amont.
Aude Wyart : Je crois effectivement que ça s’est fait en parallèle. On a assisté aux réunions de préparation du film et avant même de voir les images, on a commencé nos recherches. Par la suite, on a suivi tout le processus d’élaboration du court métrage.
Camille Hardouin : Oui, Pierre avait déjà l’idée du film, c’est pour ça qu’il nous a contactées. Il avait déjà imaginé l’idée de base, trois filles dans une baignoire avec un univers à plusieurs voix et plusieurs personnalités.
P. M. : L’idée était vraiment d’avoir un univers à trois voix avec celles de Camille et d’Aude musicalement parlant, des voix graves et aigües pour obtenir un système de miroir avec le film, lequel possède plusieurs niveaux de narration. Néanmoins, tout n’était pas prêt avant. En effet, lorsque le film s’est tourné, qu’on a abordé le thème délicat de l’avortement, il y a eu des discussions, des réflexions qui ont continué à faire évoluer les choses.
Pierre, lorsqu’on traite d’un sujet aussi féminin que le tien, est-il important, selon toi, de travailler avec des femmes ?
P. M. : Déjà, pour aborder un sujet de la sorte, il m’a fallu beaucoup discuter avec des amies. Puis, beaucoup de collaboratrices m’ont aidé, ce qui a contribué à la justesse de l’intrigue. Par ailleurs, oui, ça m’intéresse de voir de quelle manière, on peut envisager une responsabilisation des hommes au niveau de leur sexualité en abordant ce thème de front, avec les problèmes éthiques que cela soulève.
Aude et Camille, au niveau de la musique, comment avez-vous travaillé ?
A. W. : On a composé toutes les deux le thème principal pour le film et on a complété avec un morceau de banjo déjà enregistré par un ami. Comme Pierre l’a aimé, on l’a gardé.
Pierre, le thème de l’avortement et de la femme te tient particulièrement à cœur. Ton film antérieur, « Blanche », était déjà dédié à ça.
P. M. : En effet, tous les films que j’ai réalisé – et je suis en train de terminer le quatrième – sont autour de personnages féminins. J’aime les mettre au premier plan et raconter quelque chose sur leur intimité qui ne soit pas juste rattaché à des stéréotypes. Ça vient aussi et certainement de mes lectures féministes. Peut-être parce que ma culture vient de là, d’Élisabeth Badinter, de Françoise Héritier ou de Caroline Fourest. Dans « Les poissons préfèrent l’eau du bain », je voulais confronter une certaine légèreté aux préjugés des spectateurs grâce aux trois personnages féminins qui font comme si l’avortement était un jeu.
Au moment d’envisager ton casting, tu avais déjà tes comédiennes en tête ?
P. M. : Certaines viennent du théâtre, j’avais déjà travaillé avec elles. Ce sont des personnes qui sont attachées à la langue, capables d’avoir une crudité de langage, de dire : « J’ai la chatte trempée comme une éponge » sans que cela paraisse vulgaire. J’assume un côté théâtral qui colle avec mon univers. En cela, Géraldine Martineau avec qui j’avais déjà travaillé, possède ce jeu à part, qui vient effectivement du théâtre.
On connaît Géraldine Martineau pour ses rôles de filles très jeunes, voire d’enfants, du fait de son physique plutôt juvénile. En as-tu joué en la mettant en scène, avec comme toile de fond le thème de l’avortement ?
P. M : Lorsqu’on a affaire à quelqu’un avec un physique de type adolescent qui tout à coup, développe une vraie réflexion sur la place de la femme, cela permet de créer la bonne distance, de passer d’un simple jugement sur le physique à un regain de sérieux sur un thème très tabou.
Où le film a-t-il été tourné ?
P. M. : Dans ma grange, la même depuis trois films. Ici, elle aide peut-être à ce que le film paraisse plus féministe. Mais je crois surtout que l’idée m’amusait de mettre une caméra au milieu d’un décor qui ressemble à un hammam. Pour moi, le cinéma est un art de la désinhibition. Quant aux extérieurs, ils ont été tournés dans la région d’où je viens, l’Oise.
Le film est le fruit de trois co-productions ?
P. M. : Oui. À la base, il y a le Collectif Babouchka, puis, Les Trois Lignes qui ont remporté la Palme d’Or du court-métrages avec le film « Cross », et enfin, Ferris & Brockman qui viennent de terminer un long-métrage « Robert Mitchum est mort ». On s’est rencontrés à Clermont-Ferrand où j’avais vu certains de leurs courts-métrages. Le Collectif Babouchka, c’est un peu particulier. C’est un groupe d’amis des Arts-Déco de Paris, dont je fais partie, parmi lesquels, se retrouvent des spécialistes de l’animation, des scénographes, des illustrateurs, etc. On fait des films ensemble, cette année, on avait cinq films en compétition à Clermont. Ce qui nous relie, c’est une approche pluridisciplinaire de la création qui vient sans doute de l’esprit des Arts-Déco. Par conséquent, on n’a pas forcément la volonté de faire absolument des films mais plutôt de confronter tous les arts.
Aude et Camille, avant le film de Pierre, vous aviez déjà composé pour le cinéma ou bien étiez-vous plus volontiers un groupe de scène ?
C. H : Je ne sais pas si on peut se qualifier de groupe de scène car, avec notre groupe Lilt, on fait une musique assez calme. Mais là, en effet, c’était notre premier essai au cinéma et on en a été très contente, certainement aussi parce qu’on avait vécu le film précédent de Pierre et qu’on appréciait vraiment son univers. Il y avait une vraie résonnance avec ce qu’on faisait. Néanmoins, on ignorait si on allait être capable de répondre à une commande, car en général, on compose en se laissant une grande part de liberté.
P. M : Il fallait à la fois faire passer une certaine inquiétude, puisqu’on aborde un sujet assez grave, et trouver également des sonorités allant vers l’onirisme, la légèreté.
A. W : Oui, on a essayé de voir comment ça se passe dans notre inconscient pour mêler l’aspect grave et onirique. Et c’est ce qui nous a d’ailleurs plu car dans ce film, qu’il n’y ait pas un traitement habituel du thème de l’avortement. Généralement, on voit des films à engagement social ou moral.
Qu’entends-tu par « un traitement inhabituel du thème de l’avortement » ?
P. M : Il est vrai que dans les années 2000, il y a peut-être eu trois ou quatre longs-métrages qui traitaient de l’avortement. Et effectivement, c’étaient des films sociaux, pathos, etc…Un phénomène qui arrive à une femme sur deux dans notre société et qui est si peu traité au cinéma, c’est tout même incroyable, ça prouve bien que c’est un tabou. J’y vois un réel intérêt à me pencher sur la question.
C. H : Les gens sont très souvent surpris que ce soit un réalisateur qui soit à l’origine de ce film et non pas une réalisatrice. C’est-à-dire qu’il y a un vrai problème sur ce préjugé comme quoi il s’agirait d’une préoccupation des femmes car c’est quelque chose qui arrive dans leur ventre, alors que finalement, la femme n’est pas la seule responsable et elle ne l’est pas non plus directement pour l’avortement. Je ne voudrais pas me lancer sur un terrain glissant, mais si la question de l’avortement concerne une femme sur deux, beaucoup d’hommes sont aussi concernés. Dans « Les poissons préfères l’eau du bain », le fait que ce soit traité comme un film merveilleux adoucit l’austérité du thème.
P. M : En même temps, c’est peut-être un des risques du film, que les gens y voient quelque chose de gratuit, sans engagement sur un sujet aussi grave justement.
Ton prochain film abordera également des sujets féminins et/ ou engagés ?
P.M : Oui et non mais ça sera tout de même un peu plus léger que celui-ci. Dans « Les poissons préfèrent l’eau du bain », il s’agissait d’une recherche sur une narration décousue; le prochain est un peu plus simple au niveau de l’histoire mais il conserve une recherche esthétique.
Aude et Camille, vous faites partie du projet ?
C. H : Non, mais on a suivi toutes les histoires truculentes de Pierre à propos de ce film, mais on n’en fait pas partie.
P. M : Mais on a travaillé de nouveau ensemble après « Les poissons préfèrent l’eau du bain » puisque j’ai réalisé le clip du thème principal du film. L’idée est venue du film « La vie aquatique » de Wes Anderson. Pour coller avec la musique, j’ai fabriqué un poisson de six mètres de long dans ma grange, avec un ami, créateur de décor. Après pas mal de discussions, on a fini par se poser une semaine pour tourner le clip.
Encore un poisson ? Comment expliques-tu cette fascination pour les animaux aquatiques ?
P. M : Je crois avoir eu un choc en découvrant une installation de Sophie Calle (« Les poissons me fascinent », 1986). Elle avait demandé à des aveugles de naissances quelle était pour eux l’image de la beauté. L’un d’eux à répondu : « Les poissons me fascinent. Je suis incapable de dire pourquoi. ça n’a aucun intérêt pour moi. C’est leur évolution dans l’eau qui me plaît, l’idée qu’ils ne sont rattachés à rien.» « L’idée qu’ils ne sont rattachés à rien », m’a profondément bouleversé. J’ai dessiné des poissons pendant six mois alors que j’étais d’habitude plutôt hanté par la représentation des fœtus. Dans le contexte de ce court-métrage, les poissons sont à la fois une métaphore de ces « possibles futurs enfants », et le symbole de l’ambivalence, du flottement de ces trois femmes face à la question de l’avortement. Cette ambiguïté dans le film est une sorte d’invective faite à la mauvaise foi sociale qui impose un confinement à l’avortement. Plus généralement, pour revenir aux poissons, mon idiosyncrasie se situe vraisemblablement dans la façon dont je ne peux distinguer, dans une représentation, ce qui à trait à la sexualité, au corps, et à la nourriture. Mes personnages ont tous une pensée tautologique : ils mangent pour pouvoir faire l’amour, ils font l’amour pour avoir faim.
Aude et Camille, d’être là sur un festival rempli de compositeurs de musiques de films, est-ce que ça vous motive pour justement continuer dans cette voie-là ?
C. H : Le fait que ça ait été un exercice concluant donne envie de recommencer. Par ailleurs, ça a été un travail agréable, intéressant, donc oui, je crois qu’on rempilerait volontiers.
A. W : A Aubagne, on n’a pas du tout la même approche que la plupart des compositeurs présents. On a découvert des gens qui sont formés à la musique de films, des spécialisations. Nous, on s’est plus « auto-formées ».
C. H : Si bien qu’on défend plus volontiers le fait d’être passée de la musique de scène à la musique de films. Nous sommes dans une période transitive en fait. Même si on a travaillé exactement de la même façon pour le film de Pierre que pour un album, fort heureusement, les gens ne sont pas rebutés par le fait que nous n’ayons pas suivi dix ans d’études de composition pour les films.
Vous avez rencontré des gens ici qui souhaitent désormais travailler avec vous ?
C. H : Non pas vraiment. On nous a proposé des concerts, mais pas de nouveaux projets de cinéma !
Pierre, avec un court métrage aussi atypique formellement parlant que le tien, comment envisages-tu l’éventuel passage du court au long ?
P. M : D’une part, je pense que la frontière court et long est un peu obsolète, de surcroît aujourd’hui. Ceci étant dit, pour ma part, j’utilise le court métrage et les moyens que j’ai pour faire une expérimentation, aussi bien esthétique qu’au niveau de la narration. Évidemment, les contraintes commerciales du long font qu’on est plus amené à avoir une dramaturgie classique. Dans mon prochain film justement, je suis plus traditionnel car je pense qu’il y a un réel intérêt à se confronter aux formes classiques et voir comment on peut également s’éclater en respectant tel ou tel schéma. Néanmoins, je reste persuadé que le rôle du cinéma, qu’il soit court ou long, est d’offrir au réalisateur la possibilité d’adopter une démarche moraliste, comme chez Michael Haneke ou Lars Von Trier dont j’apprécie particulièrement le travail, qu’on soit atypique dans la forme ou pas.
Synopsis : La Tunisie, peu après la révolution. Un moment d’arrêt, improbable, passé en plans séquences dans un hôtel de luxe. Ici les professionnels du tourisme tentent de continuer, comme si de rien n’était, mais les secousses de la révolution sont encore sensibles. Comment continuer?
Isabelle Tollenaere est loin d’être inconnue au bataillon du Festival Courtisane puisqu’elle y était lauréate en 2008 et en 2010 avec respectivement « Still leven » (2007) et « Trickland » (2010). « Viva Paradis » est son troisième film sélectionné à Gand.
Le 14 janvier 2011, sur l’avenue Habib Bourguiba, on pouvait entendre des cris de joie qui scandaient, poings levés, des convaincants « Ben Ali, dégage » aux côtés de rageurs « vingt-trois ans, basta ! », deux mois après le départ du dictateur, Isabelle Tollenaere a promené sa caméra dans les couloirs d’un cinq étoiles tunisien. Là, le temps s’est arrêté, figé dans une réalité immuable, inébranlable où la chute de Ben Ali et l’immolation de Mohamed Bouazizi ne semblent jamais avoir existé.
Quand une partie de la Tunisie compte ses victimes, l’autre appâte ses proies et tente d’ignorer les secousses des tremblements qui l’anime. L’industrie du tourisme se révèle alors aussi inadaptée que les caciques de l’ancien régime. Au creux de la Révolution du Jasmin, le personnel de l’hôtel agit comme si de rien n’était, pour le bien-être de la clientèle venue trouver en ses lieux, le luxe, le calme et la volupté attribués à un exotisme démodé. Et dans les couloirs vides, on différencie subtilement le client du personnel tant l’impassible inactivité les réunit.
Avec des plans séquences significatifs, « Viva Paradis » se présente comme un cliché instantané, révélateur du vide, de la poursuite d’un artificiellement beau, d’un superficiellement faux. Des grandes pièces dépeuplées de l’hôtel, aux plages de cocotiers désertes, en passant par les ruines tristes d’une Carthage détruite, la réalisatrice filme l’absence et le dénuement. Le montage mêle sans intertitres ni narration over, des images des ruines à celle du Palace fraichement rénové. Sans rien revendiquer, mais grâce à sa distance individuelle, la vidéaste dévoile les contradictions liées à la façon dont ont devient, malgré soi, acteur de l’Histoire.
La 11e édition du festival Courtisane de courts métrages, vidéos et nouveaux médias expérimentaux et alternatifs, s’est déroulée du 21 au 25 mars derniers. Comme de coutume, l’équipe de Format Court s’est rendue dans la pittoresque ville de Gand pour savourer des œuvres innovantes qui nous éloignent des sentiers battus et de la narration traditionnelle pour redéfinir le langage visuel.
Envie de Court Métrage & Grand Ecran ? Retrouvez-nous demain soir, à 20h30, à l’occasion de la soirée Format Court, pour partager ensemble cinq films français, philippins, hollandais et israéliens, en présence des équipes des films. Pour réserver et savoir si il y aura des bonbons, écrivez à : info@formatcourt.com.
Le Festival du film court de Villeurbanne lancera cette année sa 33ème édition, du 16 au 25 novembre 2012. Les inscriptions sont désormais ouvertes. Voici les conditions pour postuler aux trois compétitions organisées.
Compétition française et francophone
– Tous les genres
– Produits après le 1er janvier 2011
– Pays de production francophones
– Support de diffusion 16mm, 35mm, DCP, BluRay
Compétition « images virtuelles »
– Durée n’excédant pas 20 minutes
– Produits après le 1er janvier 2010
– Pays de production francophones
– Support de diffusion numérique : DCP, Fichier Numérique (Quicktime Pro Res ou équivalent)
– Genres : animation, expérimental, vidéo d’art, comprenant des séquences infographiques 2D ou/et 3D. Les films de commandes et publicitaires ne seront pas retenus, seuls les films à fort potentiel créatif pourront être sélectionnés.
Compétition européenne
– Durée n’excédant pas 40 minutes
– Tous genres
– Produits après le 1er janvier 2011
– Support de diffusion : 16mm, 35mm, DCP, BluRay, DVD
– Pays de production : les 27 pays de l’Union Européenne ainsi que l’Islande, la Norvège, la Serbie, la Croatie, l’Ukraine, la Russie, la Moldavie, la Bosnie-Herzégovine, le Kirghizstan, le Kazakhstan, l’Albanie, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Lichtenstein, l’Ouzbekistan, le Monténégro, la Suisse, la Géorgie, la Macédoine, Turquie.
Vous pouvez inscrire vos films via la plateforme d’inscription aux festivals internationaux : http://www.filmfestplatform.com
Synopsis : Fleur, Bérénice et Sarah, s’inventent un jeu autour de la grossesse et de l’avortement. Dans ce monde fantasmé, Fleur tombe enceinte, Sarah est prête à tout pour gagner de l’argent et Bérénice, plus terre à terre, devient leur guide. Chaque action dans le jeu conduit les trois «déesses» à une scène sur la terre. Dans un monde indolore, c’est avorter qui fera de toi une femme.
Le film commence et finit dans une baignoire. D’ailleurs, tout le film ou presque se situe dans cet espace, si bien qu’on en ressort avec la peau des doigts toute fripée. L’ambiance y est d’autant plus moite qu’une brume vaporeuse demeure du début à la fin, comme si nous étions dans un hammam (ou le ventre d’une femme), auquel se greffe un degré de sensualité et de chaleur gratifié par la musique folk du duo Lilt.
Étonnement, lorsque « Les poissons préfèrent l’eau du bain » se termine, nous sommes persuadés qu’il a été mis en scène par une femme tant le propos est cru et engagé en faveur des dames. Pierre Mazingarbe, le réalisateur sélectionné cette année à Aubagne, semble d’ailleurs habitué à ce type de remarques et ne s’en vexe pas, conscient que sa patte est volontiers féminine au même titre que ses thèmes fétiches, il se dit d’ailleurs féministe.
Son pari était osé : son film traite de l’avortement, non pas sur un ton austère comme on peut avoir l’habitude de voir, mais plutôt sur un ton satirique. Trois jeunes filles, aussi blondes que les blés et d’une fausse candeur, s’amusent ouvertement autour de la grossesse et de l’avortement, à l’aide d’un jeu de dés et de cartes, lequel fait étrangement penser à celui du film Jumanji de Joe Johnston. Le décor lui aussi, est directement sorti d’un film féérique, entre un monde d’enfants et d’adultes, à la croisée d’un Jean-Pierre Jeunet et d’un Tim Burton.
Pierre Mazingarbe nous conte une histoire entre rêve et réalité dans laquelle, Fleur, Bérénice et Sarah se jouent du sort du bébé qui est dans leur ventre tel un simple poisson. Il emploie pour cela un ton volontairement léger de la même manière que les comédiennes adoptent un jeu très théâtral permettant d’apparaître frivoles plutôt que réellement vulgaires. On est donc bercé entre les scènes complètement oniriques dans l’eau du bain où les trois blondes débattent en s’amusant de leur grossesse et celles, plus terre à terre, dans un milieu hospitalier où les jeunes femmes sont confrontées à un choix : l’avortement ou pas, et surtout, à quel prix ?
Face à cela, on hésite à rire – jaune – ou au contraire, à s’offusquer de la manière si désinvolte dont le réalisateur aborde la question de l’avortement, mais puisque Pierre Mazingarbe assume totalement ce parti pris, on se laisse aisément emporter dans son univers un peu barré et fantasmé. Il faut dire que le Monsieur, du haut de ses 24 ans à peine, entretient l’art du détail : des effets magiques du téléphone dans la baignoire, aux aiguilles d’horloge qui tournent vite, si vite, la boîte de sardines dans laquelle sont rangés les tests de grossesse, en passant par les individus transportant leur cordon ombilical, .… Tout laisse à imaginer que le jeune homme est effectivement perfectionniste. Et lorsqu’on sait qu’il est à cheval entre la fin de ses études aux Arts Décoratifs et sa première année au Fresnoy, on comprend peut-être un peu mieux son goût pour l’esthétique allié au travail du scénario.
Pour sa 7ème édition, le Festival International du Film Indépendant lance son appel à projets.
Fictions, animations, documentaires ou films expérimentaux sont les bienvenues au FIFI, festival non-compétitif et festif d’essence ruralo-anarcho-punky.
Après la regrettable disparition du Festival d’Auxerre, fort heureusement, celui d’Aubagne survit, et même mieux, resplendit tant il fait du bruit. En effet, le Festival International du Film d’Aubagne (FIFA, à ne pas confondre avec la fédération de football) est l’un des rares festivals à se pencher sur le travail particulier du son et de la musique au cinéma. Les compositeurs y sont par conséquent sur le devant de la scène, les compositeurs y sont même invités au même titre que les réalisateurs et producteurs.
Le festival propose donc une sélection de longs-métrages et courts-métrages avec une attention particulière accordée au rapport entre la bande sonore et l’image. Et pour sa 13e édition qui a lieu du 19 au 24 mars dernier, nous avons pu découvrir 63 courts-métrages en provenance de 21 pays différents, tous genres confondus, allant de la fiction au documentaire, en passant par le film expérimental et l’animation.
« Mon canard »
Détail notable de la sélection court à Aubagne : dans chaque programme de projection, beaucoup de films amènent à sourire et nombreux sont ceux qui empruntent un ton assez léger pour traiter de thèmes graves, prouvant que le court-métrage ne rime pas forcément avec austérité. On citera à titre illustratif des films comme « Mon canard » d’Emmanuelle Michelet et Vincent Fouquet, « Double mixte » de Vincent Mariette, « Groove your life » de Vincent Burgevin et Franck Lebon, « L’attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace » de Guillaume Rieu ou encore parmi tant d’autres, le sur-sélectionné « J’aurais pu être une pute » de Baya Kasmi.
« It is a Miracul’house »
Parmi les courts à pointer du doigt, on évoquera le premier film de Stéphane Freiss derrière la caméra, « It is a Miracul’house », sorte d’autodérision autour de la ressemblance assez frappante entre l’acteur et Docteur House. On se penchera également sur des films d’ambiance et sur quelques ovnis qui plaisent ou déplaisent, mais qui ont le don de retenir notre attention : « Les poissons préfèrent l’eau du bain » du jeune mais prometteur Pierre Mazingarbe, « Finale » de Simonyi Balazs qui propose 8 minutes en deux plans-séquences absolument sublimes, « Planet Z » de Momoko Seto, « Conversation avec un épouvantail » de Sylvain Dieuaide avec son casting en or (Marc Citti et Agathe Bonitzer). Autre film au casting d’élite, le poétique et bacchique « Grenouille d’hiver » de Slony Sow avec Gérard Depardieu.
« Grenouille d’hiver »
Cette année à Aubagne, les films avec des enfants comédiens étaient aussi très en vue. Pas toujours très drôles certes, ils ont le pouvoir de nous retourner littéralement et leur interprétation est assez surprenante : on citera à ce titre « Auf Wiedersehen Papa » (« Au revoir Papa ») de Sandra Nedeleff, « Glasgow » de Piotr Subbotko, « Donnie » de Willem Baptist et « Tendai’s Gang » de José Ignacio de Juan Díaz. Aussi, lorsqu’on observe un temps soit peu les dernières sélections des différents festivals parallèles, on remarquera que cette année 2012 est teintée de films d’animation, souvent de très bonne qualité d’ailleurs. A Aubagne, celle-ci était au rendez-vous en force avec pas moins de 15 films en compétition. On a donc pu voir et revoir des films tels que « Dove sei, Amor mio » de Veljko Popovic, « Cleo’s Boogie » du Collectif Camera-etc, « Flamingo Pride » de Tomer Eshed et « Un ogre » de Gérard Ollivier. À ce propos, on notera que le Grand Prix de la Création Sonore a justement été donné à un film d’animation : « L’Histoire du petit Paolo » de Nicolas Liguori.
« Cleo’s Boogie »
Au Festival d’Aubagne, même si la programmation offre la possibilité de voir plusieurs longs-métrages (essentiellement dans le cadre de conférences et débats, animés par Benoît Basirico du site Cinezik, avec les compositeurs invités), le court est bel et bien à l’honneur : non seulement en compétition comme nous venons d’en faire un bref étalage, mais également à travers des rencontres professionnelles et des projections hors-compétition grand public.
En effet, au niveau des rencontres professionnelles, on évoquera trois grands moments : le concours du SIRAR qui récompense un scénario dont l’accent est mis sur la musique et qui permet de mettre en relation l’auteur avec un compositeur ; l’Atelier 3e personnage qui offre à des jeunes compositeurs, la possibilité de rencontrer des binômes réalisateur/ producteur ayant proposé un projet de court ; et enfin, l’Espace Kiosque, journée sous forme de speed dating professionnel entre plusieurs producteurs et auteurs sélectionnés avec leur projet de court-métrage.
Sur le plan des projections de courts-métrages hors-compétition, on remarquera la Nuit du court-métrage, dont la programmation a été faite par le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF) et qui a permis aux festivaliers d’Aubagne de déguster une fondue géante sous 20 degrés juste avant la projection ! Les films proposés y étaient radicaux, expérimentaux, musicaux, etc… en tout cas résolus. Autre programme hors-compétition : la carte blanche offerte au producteur des Films d’Avalon, Philippe Braunstein avec sa sélection des « Courts qui rendent heureux » démontrant que les courts-métrages ne sont pas toujours moroses. Pour ce programme spécial existant depuis maintenant six ans à Aubagne, le public se rue devant la salle de cinéma une heure avant et certains spectateurs sont même assis à même le sol. Mais ne serait-ce pour se plier en deux devant « Comme le temps passe » de Cathy Verney ou chanter devant « Le coq est mort » de Zoltan Spirandelli », on est prêt les imiter.
Il y a une semaine, s’achevait le festival d’Aubagne. Jusqu’ici, nous ne vous avions pas encore parlé de ce festival qui marie image et son et qui met les compositeurs à l’honneur. L’erreur est réparée puisque cette année, nous avons profité de la présence sur place d’une membre de l’équipe pour ouvrir un nouveau focus.
Les infos cannoises commencent peu à peu à filtrer. Le Festival de Cannes accueillera le 23 mai son Jury de la Cinéfondation et des courts métrages qui sera présidé cette année par Jean-Pierre Dardenne (réalisateur, scénariste et producteur belge) récompensé, avec son frère Luc, en 2011, par le Grand Prix pour le « Gamin au vélo », après deux Palmes d’or en 1999 pour « Rosetta » et 2005 pour « l’Enfant » et le Prix du scénario en 2008 pour « le Silence de Lorna ».
Le jury, composé de cinq personnalités du cinéma et de la littérature, réunira Arsinée Khanjian (actrice canadienne), Karim Aïnouz (réalisateur et scénariste brésilien), Emmanuel Carrère (écrivain, scénariste et réalisateur français) et Yu Lik-wai (directeur de la photographie et réalisateur chinois).
Ils devront choisir parmi les films d’écoles de cinéma de la Sélection Cinéfondation, les trois premiers Prix, dotés de 15 000€, 11 250€ et 7 500€. Le Jury décernera ces prix vendredi 25 mai à Cannes, lors d’une cérémonie salle Buñuel, suivie de la projection des films primés. Le jury devra également désigner la Palme d’or du court métrage, remise lors de la cérémonie de Clôture du Festival, dimanche 27 mai.