Coquette dans son audace, narcissique dans sa pudeur, l’artiste toscane Isobel Blank réalise en 2009 son autobiographie, « Selfportrait », programmé hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC. Dans ce morceau délectable d’art vidéo, les codes conventionnels du septième art se retournent sens dessus-dessous pour se retrouver aux côtés de l’art contemporain expérimental.
Munie de son pinceau, la caméra fixe, de son canevas, le salon, et de son coup distinctif, le jump cut, Blank dresse en quelques minutes fugaces un portrait d’elle-même, artiste, femme. Se cachant et se dévoilant tour à tour, elle investit l’espace à sa propre manière, insoucieuse des considérations de la narration classique. Alternant gros plan et plan rapproché, cette philosophe de formation fuit le regard du spectateur qui, conformément à la réalité, ne s’en sort qu’avec une très vague idée de qui est cette Mme Blank nommée avec tant d’à-propos, même si le caractère déjanté, provocateur et créatif de l’artiste est clairement transmis. Sa manière particulière de filmer le féminin ‘au féminin’ rappelle la démarche initiale de Chantal Akerman : le spectateur de « La Chambre » et de « Je, tu, il, elle » ne se retrouvait-il pas lui aussi face à un exhibitionnisme trompeur, son regard sollicité par un personnage insaisissable voire imperceptible ?
Dans « Selfportrait », Isobel Blank utilise peu de moyens pour déployer la vaste palette de ses talents pictural, musical, cinématographique, … Bizarre et excentrique, « Selfportrait » est le reflet de son auteur, et certainement un des plus atypiques des Showreels !