Plongée dans l’univers de Gil Alkabetz demain à l’Animathèque de Paris

Invité à Lille à l’occasion de la Fête de l’Anim et de sa thématique Allemagne, l’Afca et les Rencontres Audiovisuelles proposent mardi 15 mars 2011 à 19h30 une soirée à Paris pour (re)découvrir le travail de Gil Alkabetz, en sa présence.

Né à Tel Aviv en 1957, Gil Alkabetz a suivi ses études en design graphique à l’Académie d’Art et de Dessin de Bezalel, à Jérusalem. Depuis 1984, il réalise des films d’animation. En 1992, son film Swamp lui vaut de remporter le Ruban d’or. Il travaille en Allemagne depuis 1995. Les films Rubicon et Morir de Amor lui ont valu de remporter déjà de nombreuses distinctions dans le monde entier. Ancien animateur du studio Filmbilder, il fonde en 2001 sa propre société de production, Sweet Home Studio.

De 2004 à 2006, il est successivement professeur aux prestigieuses école de cinéma d’animation de The HFF, “Konrad Wolf”, Potsdam Babelsberg et de la Filmakademie Baden Wuttermberg. Egalement connu pour les animations du long métrage Cours Lola Cours, la simplicité de ses dessins et son talent pour les scénarios ont fait de Gil Alkabetz l’un des plus importants réalisateurs d’animation allemande contemporaine.

Programme

Bitzbutz de Gil Alkabetz and Bezalel Academy of Art and Design, Israël, 1984, 2’45.
Deux créatures, une toute petite et un monstre, luttent l’une contre l’autre. Une allégorie animée sur la confrontation du Bien et du Mal, de la Lumière et des Ténèbres.

Swamp de Gil Alkabetz and Art Academy Stuttgart, Allemagne, 1991, 11’.
Une interprétation pacifique et remplie d’humour noir de la résolution des conflits.

Yankale de Gil Alkabetz and Studio Film Bilder, Allemagne, 1995, 9’10.
Un jour, Jakob L., employé de bureau, arrive en retard à son travail.

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Rubicon

Rubicon de Gil Alkabetz and Studio Film Bilder, Allemagne, 1997, 6’55
Tentative de résolution d’une devinette classique : comment faire traverser une rivière à un loup, un mouton et un chou, chacun son tour et sans que l’un ne mange l’autre ? La solution rationnelle de problèmes théoriques ne fonctionne pas vraiment dans la réalité.

The tampon is here de Gil Alkabetz and Studio Film Bilder, Allemagne, 1997, 2’.
Un petit film sur la menstruation pour « Dr. Mag Love », une émission pour parler de la sexualité aux jeunes sur la Chaine ZDF.

Trim Time de Gil Alkabetz and Studio Film Bilder, Allemagne, 2002, 2’30. _ Un arbre, un petit monsieur, une paire de ciseaux et un peigne… les quatre saisons !

Travel to China de Gil Alkabetz, Allemagne, 2002, 2’45.
Une seule image raconte l’histoire d’un homme qui passe toute sa vie a rêver de partir de chez lui et de voyager loin. Cependant son monde est immobile et, dans un tel monde, le voyage – comme le mouvement – n’existe que dans l’imagination.

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Morir de Amor

Morir de Amor de Gil Alkabetz, Allemagne, 2004, 12’40.
Tandis que leur propriétaire fait sa sieste, deux perroquets dans leur cage ressassent de vieux souvenirs.

A Sunny Day – Ein sonniger de Tag Gil Alkabetz, Allemagne, 2007, 6’20.
Le soleil se lève comme chaque matin, mais aujourd’hui, il découvre qu’il n’est pas aussi bienvenu qu’il l’espérait.

Knitted Nights – Wollmond de Gil Alkabetz, Allemagne, 2009, 6’25.
Une mamie ambitieuse s’est mis en tête de tricoter un pull pour la lune, mais elle n’a pas tenu compte dans ses calculs du fait que sa « cliente » croît et décroît. En dépit de sa déception, elle parvient à assouvir sa fièvre du tricot. Troisième épisode d’une série d’animations pour les enfants autour du temps.

The Da Vinci Time Code de Gil Alkabetz, Allemagne, 2009, 3’.
Un tableau est découpé et ses différentes parties, qui ont des formes similaires, nous permettent de découvrir des mouvements secrets.

Infos pratiques :

Mardi 15 mars 2011 à 19h30
Cinéma Le Denfert, 24 place Denfert Rochereau, Paris 14e – M°Denfert-Rochereau
Tarif unique : 5 euros. Gratuit sur présentation de la carte d’adhérent Afca ou d’une invitation, dans la limite des places disponibles.
Rens. Afca, 01 40 23 08 13, contact@afca.asso.fr

Durée approx. de la séance : 2h. Séance animée par Isabelle Vanini, programmatrice du Forum des images. En présence de Gil Alkabetz.

Retrouvez la programmation de la Fête de l’Anim, à Lille, du 17 au 20 mars, sur www.fete-anim.com

Article associé : la critique de Da Vinci Timecode

Derrière les films, des créateurs

Anima, le Festival d’animation, c’est merveilleux. Bien sûr, il y a les films qui permettent de s’enchanter, de voyager, de s’envoler loin très loin de la réalité morose et grisâtre du quotidien ronronnant de notre pauvre condition humaine…. Mais Anima, ce sont aussi des réalisateurs venus du monde entier pour nous faire partager un peu de leur univers et de leur magie.

Contrairement à beaucoup d’autres festivals de cinéma, où l’apparence prime sur l’essence, les professionnels de l’animation se distinguent bien souvent des autres par leur humilité et leur candeur. Pour être animateur, c’est clair, il faut une bonne dose de patience, beaucoup d’amour, et des tonnes de sincérité. On le sait, un film d’animation est un travail de Titan qui ne bénéficie pas de la même visibilité que le film de fiction. Pas de « people » en animation, mais des hommes et des femmes investis dans la création, des conquérants à l’âme d’enfant.

Les grands, les plus grands viennent donc à Anima, sans fards ni paillettes, accordant généreusement leur temps si précieux aux spectateurs.

Autour de la table, dans un nouveau resto bruxellois bondé, le papa de « Harpya », Raoul Servais et celui de « Kirikou », Michel Ocelot, se retrouvent pour déjeuner. Le premier, poursuit depuis plus de cinquante ans, son petit bonhomme de chemin, luttant contre vents et marées pour défendre un cinéma indépendant et le plus souvent auto produit. Le second, au contraire, compose avec les grands studios de production et les distributeurs du monde entier. À leur manière toute personnelle, ils se sont imposés dans le monde de l’animation avec la même noblesse et une intégrité sans faille, et chacun éprouve un respect admiratif pour le travail de l’autre.

« Azur et Asmar », c’est tellement beau, que je n’arrivais plus à suivre l’histoire. J’étais trop absorbé par les décors et les personnages », avoue le réalisateur belge à son confrère français. Pas question ici de discours théoriques sur les techniques, de propos alambiqués de professionnels : ce qui prime, c’est bien l’émotion, un point c’est tout !

Ils échangent leur sensation, parlent cuisine, se retrouvent sur leur amour pour le chocolat et discutent cinéma. Alors que Raoul Servais, curieux et boulimique, a déjà vu en salles tous les films récents, Michel Ocelot, lui, reste sur ses gardes : « Je ne vais plus au cinéma. J’y souffre trop. » De la souffrance à « Bambi », il n’y a qu’un pas, et les voilà qui embrayent sur les histoires qui font pleurer les enfants, et les films de Walt Disney. « Mon préféré, je crois que ça reste « Pinocchio» », confie Raoul à Michel, « Moi, c’est sans hésitation « La belle au bois dormant… » répond Michel à Raoul.

Il faut dire qu’en matière de princesses, Michel Ocelot s’y entend. Pour preuve, après « Princes et Princesses », il signe « Les Contes de la nuit », son dernier né, qui sortira en France en juillet, seul film français sélectionné lors de la dernière Berlinale. Le réalisateur y a associé le film en silhouettes découpées, inspiré du théâtre d’ombres, avec la technique actuelle de la 3D : « C’est fou que ce film ait été sélectionné à Berlin. Moi, je continue juste à faire mes petites histoires, mes petits contes, comme avec « Princes et Princesses ». J’ai laissé mes ciseaux et mon papier au profit de l’ordinateur, et bizarrement, ça ne fait pas vraiment gagner du temps. Par contre, ça permet des décors fous. C’est une orgie de couleurs, ce film ! » Et au vu de l’affiche qu’il a entièrement réalisée, cela en met en effet plein la vue.

Et ce film, va-t-il nous faire pleurer ? « On ne sait jamais quand on écrit une histoire si elle va faire pleurer. Ce qui est sûr, c’est que dans mes films, ce sont toujours les adultes qui pleurent, jamais les enfants ! »

Mais il est temps de se quitter déjà… car le train pour Paris attend. Michel Ocelot se promet de revenir dans cette ville qu’il aime. « Quand je viens ici, il faut que j’aille voir la Grand Place, c’est vraiment un endroit particulier. Bruxelles aussi, avec ses petits détails Art Nouveau ». L’allusion à l’art nouveau lui évoque immédiatement les dessins d’Aubrey Beardsley qu’il admire… les volutes noires et blanches de l’illustrateur britannique s’échappent, arabesques précieuses et irrévérencieuses au-dessus des toits… Décidément, la compagnie d’animateurs transforme le décor… en mieux, beaucoup mieux !

Sarah Pialeprat

M comme Miss Daisy Cutter

Fiche technique

Synopsis : Miss Daisy Cutter est un court-métrage animé par Laen Sanches sur la chanson Nux Vomica des Veils. Si Walt Disney s’était fait un mauvais trip sous acides, ça aurait pu ressembler à ça. On vous aura prévenu.

Genre : Animation

Durée : 5′40″

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Laen Sanches

Scénario : Laen Sanches

Dessin : Laen Sanches

Animation : Laen Sanches

Son : The Veils

Montage : Laen Sanches

Production : Laen Sanches

Article associé : la critique du film

Miss Daisy Cutter de Laen Sanches

Musical du début à la fin, « Miss Daisy Cutter » a tout d’un clip. C’est pourtant en tant que court-métrage qu’il a cette année été sélectionné au Festival International du Court-Métrage de Clermont-Ferrand et au Festival Anima de Bruxelles. Court-métrage donc, et d’animation qui plus est.

Pour la musique, le morceau rock « Nux Vomica » du groupe The Veils, bien qu’actuelle, est de circonstance, puisque Laen Sanches déclare avoir « voulu réinterpréter certains des archétypes de l’esthétique pop-rock-punk-psychédélique des années 60 et 70 ». On retrouve en effet dans ce film un psychédélisme similaire à celui du clip « The Wall » des Pink Floyd, de même que la marche mécanique des célèbres marteaux militaires, ici remplacés par des squelettes armés. La couleur n’est cependant pas au rendez-vous : c’est dans un noir et blanc brouillonné mais saillant que les images imprègnent nos rétines… Et quelles images !

Laen Sanches affirme avoir recherché son style graphique dans la peinture, la gravure, le manga et la bande dessinée. Il est vrai que « Miss Daisy Cutter » trouve son dynamisme avec ses planches « splitées » et ses onomatopées. En raison de sa forme composite, il a même quelques traits communs avec l’adaptation faite par Robert Rodriguez de « Sin City ». On pense aussi au « Renaissance » de Christian Volckman, du moins pour le noir et blanc.

Du reste, « Miss Daisy Cutter » est surtout un clip hallucinatoire. Or dans ce domaine, peu de films atteignent un tel degré de performance. Laen Sanches dit lui-même : « Si Walt Disney s’était tapé un mauvais trip, voilà à quoi auraient pu ressembler ses hallucinations ». Sanches a développé ce projet sans storyboard ni scénario. Il a fait ce film comme on rédigerait un cadavre exquis. Ses propos nous éclairent d’ailleurs sur sa technique d’ »improvisation »: « Travailler délibérément dans une approche surréaliste, créer et animer dans une technique de « dessin automatique », produire quelques secondes d’animation chaque jour sans penser à ce qui a été fait le jour d’avant ».

« Miss Daisy Cutter » respecte cependant le ton du texte original des Veils via des paroles adressées au Seigneur. Il ne s’agit pas de prières mais d’une suite de reproches qui s’étendent finalement à l’humanité.

On voit dans le film un œil ailé, figurant sans doute Big Brother, who is watching you. Des langues se dressent comme des serpents, pouvant tout aussi bien être des langues de vipères que les langues de bois des politiciens. Des torpilles explosent en amats de dollars, profits monétaires que sont les guerres pour les grandes puissances économiques de notre monde. Sous une série d’yeux voyeurs, le chevauchement de missiles se transforme en rodéo érotique ; le désir prenant le pas sur la raison, un homme initialement suspendu à un cerveau volant se retrouve suspendu à une femme nue. Les codes barres pleuvent, froids comme la neige. Les squelettes armés continuent leur marche sur fond de vagues de pouvoir qui écrasent tout sur leur passage. L’amalgame se fait entre homme et chien. La mort rôde. Les morts versent des larmes épaisses, ils pleurent l’or noir qui causa leur perte. Des fourmis, prolétaires en rébellion, sont attaquées par une armée de serpents. La hiérarchie mène la danse d’une main de fer et toute tentative d’éclaircie s’échappe en une fumée noire. Mais quand l’insecte travailleur s’en prend à l’hégémonique figure du profit, ce sont des flammèches colorées qui s’envolent anéantir tous les maux, notes d’espoir pour un monde meilleur. De quoi en prendre plein la vue, surtout que Laen Sanches ne s’est pas privé de nous livrer une version 3D de son film.

Rémy Weber

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FIDMarseille, inscriptions ouvertes jusqu’au 18 mars

Au cœur des choix artistiques du FIDMarseille ; le documentaire. Défendu comme un art du témoignage sans critère de format, le festival accueille des films et des artistes qui jouent avec la transversalité des arts. Depuis trois années, un tournant décisif a été pris, celui d’accueillir au sein de la sélection officielle, des films de fiction aux côtés des documentaires. Pour la sélection officielle du FIDMarseille 2011 (6-11 juillet), les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 18 mars 2011.

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Le site du Festival : www.fidmarseille.org

Contre, tout contre de Yoann Stehr

« Et même quand on baise, on est seul »

Déjà remarqué et apprécié lors de la sortie en festivals de « Espèce(s) de patate(s) », Yoann Stehr, étudiant à la Cambre, nous revient en force avec un petit film bien plus audacieux. Sélectionné à Anima cette année, « Contre, tout contre » ou le credo de la solitude et de la volupté puise dans le filet des images cinématographiques qui nous habitent et qui nous construisent pour traiter, non sans une mordante ironie, de la solitude contemporaine.

Rien de plus excitant pour un faiseur d’images que de s’exprimer en se servant d’images déjà réalisées par d’autres en les mélangeant, les superposant, les accolant, les découpant, bref, en les manipulant pour en offrir une interprétation nouvelle, hybride et personnelle. Ainsi pourrait se résumer le travail de Yoann Stehr, devenu en l’espace de deux films, une figure quasi incontournable du cinéma expérimental belge à l’instar d’un certain Nicolas Provost.

Pour « Contre, tout contre », il reprend de façon très convaincante la technique du Found Footage déjà aperçue dans certains films du réalisateur flamand. La forme y est littéralement au service du contenu et est traitée avec une réelle ingéniosité. Montrer le gouffre illusoire de la célébrité dans le milieu des strasses et paillettes du septième art en une surabondance d’images (prix reçus et extraits d’images de films et d’actualités) laisse entrevoir la terrible solitude qui lui fait écho, celle dont on ne parle qu’en hommage d’une star éteinte.

Yoann Stehr pose un regard pertinent et caustique sur ce monde étincelant et pas toujours cohérent : « tout ce qui fout la merde est sponsorisé ». Par ailleurs, la voix off renvoie toujours à la (vraie) réalité qui se cache derrière les images, elle permet un décalage intéressant et critique et ouvre une dimension métadiscursive à ce petit film expérimental riche et dense. Le ton irrévérencieux qui le guide en fait un produit hétéroclite prodigieux permettant,  » à la lisière du monde, (de) se rencontrer enfin ».

Marie Bergeret

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S comme Sinna Mann

Fiche technique

Synopsis : Lorsque la maman-poisson meurt, Boj n’y tient plus. Il trouve dans son
imagination la force d’aller de l’avant. Un film sur des secrets qui ne devraient pas rester
secrets.

Réalisation : Anita Killi

Scénario : Anita Killi adapté du roman « Sinna Mann » de Gro Dahle

Genre : Animation

Durée : 20′

Année : 2009

Pays : Norvège

Image : Anita Killi

Animation : Anita Killi, Triin Saarapik, Maral Charyeva

Son : Håkon Lammetun

Compositing : Hege Rimestad

Montage : Simen Gengenbach

Voix : Runi Arnekleiv, Herborg Kråkevik, Henrik Mestad, Svein Tindberg, Gro Dahle

Production : Anita Killi Production / Trollfilm

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Anita Killi

Sinna Mann d’Anita Killi

« On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre »

Apparu sur la scène de l’animation il y a deux ans à peine, « Sinna Mann » a déjà fait le tour du monde où il a raflé nombreux prix et honneurs. Sélectionné au festival Anima cette année, ce petit récit adapté du roman de Gro Dahle par Anita Killi joue sur les contrastes de la forme et du fond pour aborder un sujet difficile, celui de la maltraitance domestique.

Boj a un papa très fort et il aimerait lui ressembler quand il sera plus grand. Seulement voilà, son papa est habité par un méchant monsieur colérique qui détruit tout sur son passage. Quand « l’homme fâché » sort de son papa, Boj se cache sous ses couvertures et attend que cela passe. Un jour, l’enfant partage son terrible secret avec son chien et ensemble, ils décident d’écrire au roi de Norvège.

Dans « Sinna Mann » les animaux parlent, les rois sont cléments, les pères abusifs reconnaissent leurs torts, les bons sont très bons et les méchants très méchants, pas de doute, on est bien dans un conte merveilleux si ce n’est que celui-ci, d’une facture plus moderne,nous plonge dans les oppositions d’une forme simple et enfantine pour traiter un sujet grave et douloureux. Narré par la parole de la jeune victime, fragile et vulnérable, les événements prennent alors une importance d’adulte et touchent le spectateur empathique au-delà de ses espérances.

Le film d’Anita Killi est un film fort qui se sert d’une esthétique naïve et expressionniste pour faire passer un message engagé, celui de briser les secrets et les tabous qui provoquent des actes de violence insensés.

Marie Bergeret

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Article associé : l’interview d’Anita Killi

Format Court remet un Prix au Festival Anima !

A l’occasion des 30 ans d’Anima, le festival belge de l’animation, Format Court attribue pour la première fois un Prix, celui du meilleur court métrage, catégorie films professionnels. Le Jury Format Court, composé de Katia Bayer, Marie Bergeret, Adi Chesson, Désiré Dupas, Nadia Demmou et Julien Savès, dévoilera l’identité du gagnant dimanche prochain, lors de la cérémonie de clôture du festival. Le lauréat bénéficiera d’un focus personnalisé sur Format Court et verra son film projeté dans des salles bruxelloises et parisiennes. Rendez-vous dimanche soir sur le site pour en savoir plus…

Voici la liste des films concourant pour le Prix Format Court

* 20 anos, Barbaro Joel Ortiz (C)
* Abstract Day (an), Oerd van Cuijlenborg (NL)
* Amar, Isabel Herguera (E)
* Big Bang Big Boom, Blu (I)
* Black Dog’s Progress (the), Stephen Irwing (GB)
* Blind Date, Nigel Davies (GB)
* The Cow Who Wanted to Be a Hamburger, Bill Plympton (USA)
* Family Portrait (a) Joseph Pierce (GB)
* Fast Forward Little Riding Hood, Sjaak Rood (NL)
* Fresca – Blestemul lui Dragulea, Ion Octavian Frecea (RO)
* Get Real!, Evert de Beijer (NL)
* Going West Martin, Andersen Line Andersen (GB)
* Journaux de Lipsett (les), Theodore Ushev (CDN)
* Kleine und das Biest (der), Johannes Weiland, Uwe Heidschötter (D)
* Kleinere Raum (der), Cristobal Leon, Nina Wehrle (CH / D)
* Let’s Pollute, Geefwee Boedoe (USA)
* Lost Thing (the), Andrew Ruhemann, Shaun Tan (AUS/ GB)
* Love & Theft, Andreas Hykade (D)
* Miss Daisy Cutter, Laen Sanches (F)
* Moj Put / My Way, Veljko Popovic, Svjetlan Junakovic (HR)
* Muzorama, Elsa Brehin, Raphaël Calamote, Mauro Carraro, Maxime Cazaux, Emilien Davaud, Laurent Monneron, Axel Tillement (F)
* Old Fangs, Adrien Merigeau, Alan Holly (IRL)
* Os Olhos do Farol, Pedro Serrazina (P)
* Pixels, Patrick Jean (F)
* Poppy, James Cunningham (NZ)
* Rubika, Claire Baudean, Ludovic Habas, Mickaël Krebs, Julien Legay, Chao Ma, Florent Rousseau, Caroline Roux, Margaux Vaxelaire (F)
* Silence sous l’écorce (le), Joanna Lurie (F)
* Sinna Mann, Anita Killi (N)
* Spin, Max Hattler (GB/ F / D)
* Syntymapaiva, Jari Vaara (FIN)
* Tussilago, Jonas Odell (S)
* Viagem a Cabo Verde, José Miguel Ribeiro (P)
* Videogioco (Loop Experiment), Donato Sansone (I)
* Whistleless, Siri Melchior (DK)

Anima 2011, les trente animées

Le festival belge de l’animation fête ses noces de perle cette année. Pour marquer le coup, le festival propose, du 4 au 13 mars, 118 courts métrages, 9 longs métrages en compétition, 3 longs métrages inédits hors compétition, 9 rétrospectives, et 9 événements avec des invités prestigieux tels que Bill Plympton, Peter Lord, Andreas Hykade, Gil Alkabetz et Bruno Collet.

Format Court, partenaire d’Anima depuis deux ans, accompagnera le festival pendant plusieurs jours et remettra pour l’occasion le Prix Format Court dans la catégorie « Meilleur court métrage, catégorie films professionnels », à l’issue du festival.

Retrouvez dans ce Focus :

Interviews

Andreas Hykade, réalisateur de « Love & Theft » (Allemagne)

Gil Alkabetz, réalisateur de « Der Da Vinci Timecode » (Allemagne)

Anita Killi, réalisatrice de « Sinna Man » (Norvège)

Bill Plympton, réalisateur de « The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » (Etats-Unis)

Peter Lord, réalisateur et co-fondateur du studio Aardman (Royaume-Uni)

Reportages

Rétrospective roumaine : en attendant la (nouvelle) vague

« Trait scolaire sur l’écran Anima »

Derrière les films, des créateurs

Critiques

Le DVD Best of 7, le Best of d’Anima en 2010

« Miss Daisy Cutter » de Lean Sanches (France)

« Contre, tout contre » de Yoann Stehr (Belgique)

« Sinna Mann » d’Anita Killi (Norvège)

Actus

Jonas Odell remporte le Prix Format Court à Anima pour son film « Tussilago »

Anima, le palmarès 2011

Les courts métrages en compétition internationale

Les films d’écoles en compétition internationale

Les films en compétition nationale

Ainsi que nos sujets précédents liés aux films présentés au festival :

Interviews

L’interview d’Andrea Martignoni, compositeur de « Big Bang Big Boom »

L’interview de Joseph Pierce, réalisateur d' »A family Portrait » (Royaume-Uni)

L’interview de Sébastien Laudenbach, réalisateur de « Vasco » (France)

Critiques

« Les arbres naissent sous terre » de Manon et Sarah Brûlé (Belgique)

« The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » de Bill Plympton (Etats-Unis)

« Love & Theft » d’Andreas Hykade (Allemagne)

« Big Bang Big Boom » de Blu (Italie)

« A Family Portrait » de Joseph Pierce (Royaume-Uni)

« Miramare » de Michaela Müller (Croatie, Suisse)

« Nuit blanche » d’Arev Manoukian (Canada)

« Vasco » de Sébastien Laudenbach (France)

Roma d’Elisa Miller

Dans une usine mexicaine de savon, « Roma », la rencontre de deux solitudes : une jeune fugitive, un ouvrier solidaire. Prix du scénario aux Rencontres Henri Langlois de Poitiers en 2010.

Une chaine de montage : des objets qui défilent, des mains d’ouvriers au travail. C’est ainsi que commence le nouveau court métrage de la Mexicaine Elisa Miller, déjà responsable de « Ver llover », son premier film (2006) : une plongée au cœur de l’aliénation, un regard apparemment « neutre » porté sur le monde.

Le prologue de « Roma » instaure une belle dialectique entre images documentaires et fiction, une transitivité comportant à la fois une fictionalisation de fragments documentaires et une « documentarisation » de segments fictionnels : mobilité de la caméra collée aux personnages, des plans réitérés (la fissure du fourgon par laquelle les migrants en voyage gardent un lien avec le monde extérieur). Les prometteuses cinq premières minutes préfigurent un récit épuré et un dépouillement formel non gratuit.

Malheureusement, la suite dément en partie la poétique mise en acte dans le prologue. Parfois excessivement géométrique dans la mise en cadre et en espace de ses personnages (des poses théâtrales contradictoires), le film s’avère schématique dans l’écriture du rapport de solidarité entre « marginaux » et incohérent dans son minimalisme convenu et naïvement métaphorique (la guêpe enfermée à l’intérieur qui bat inutilement des ailes en se leurrant sur la possibilité d’une fuite par le vitre translucide). On a du mal à accepter, à la fois, une scansion elliptique des faits, même si concentrés dans une seule journée (présentation de l’espace de l’usine, arrivée de la migrante, fermeture de l’usine, la jeune femme profitant des douches, ouverture de l’usine, rencontre avec l’ouvrier, solidarité entre les deux, départ de la migrante) et une dilatation temporelle invraisemblable dans d’autres passages, issue d’un voyeurisme déconcertant (pourquoi tous ces plans caressant le corps nu de la femme et filmant son interminable douche ?) plutôt que de la poétique zavattinienne du cheminement. En définitive, « Roma » est un objet maladroit malgré ses (bonnes) intentions et son remarquable début.

Manuel Billi

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La Mina de oro de Jacques Bonnavent

La patrie de Frida la brune réserve bien de jolies surprises aux amateurs d’humour noir. Le film de Jacques Bonnavent, La Mina de oro, aperçu notamment à Clermont-Ferrand où il a remporté le Prix de la jeunesse, est une pépite savoureuse. Le Festival Travelling de Rennes n’a d’ailleurs pas hésité à le sélectionner.

Betina, quinquagénaire romantique, vit seule et vient de découvrir les plaisirs des sites de rencontres virtuels. Ses moments de pause et ses nuits solitaires, elle les passe désormais en compagnie de son ordinateur qui lui donne des nouvelles de celui qui la courtise assidûment, un rondouillard au charme certain et aux ambitions de s’engager pressantes. Lorsqu’il lui envoie une bague de fiançailles avec un ticket d’autobus pour le rejoindre, l’amoureuse ne se fait pas attendre.

La mina de oro est d’un cynisme grinçant. Il regorge de touches expressionnistes qui en font une œuvre dans laquelle le spectateur rentre facilement. Il s’identifie naturellement à Betina qui se fourvoie dans l’illusion d’une idylle à cinquante ans passés sans jamais se rendre compte des éventuels dangers du virtuel. Les personnages, légèrement similaires à ceux de la famille Addams jouent sur les apparences en se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas par opportunisme morbide.

Riche d’un univers nourri par l’imagerie mexicaine, le film est une tragi-comédie absolument immorale offrant un final des plus surprenant.

Marie Bergeret

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M comme La Mina de oro

Fiche technique

Synopsis : Betina, la cinquantaine passée, rencontre l’amour grâce à Internet. Elle laisse derrière elle sa vie monotone de citadine pour rejoindre son fiancé virtuel à l’autre bout du pays.

Réalisation : Jacques Bonnavent

Scénario : Jacques Bonnavent

Genre : Fiction

Durée : 10′

Année : 2010

Pays : Mexique

Image : Ramón Orozco Stoltenberg

Son : Mario Martínez Cobos

Montage : Alexis Rodil

Musique : Marc Lejeune

Interprétation : Alfonso Dosal , Cristina Michaus , Paloma Woolrich

Production : IMCINE

Article associé : la critique du film

Les César, Paroles de nommés

« Paroles de nommés ». Récemment, sont apparues sur YouTube des entretiens filmés des différents candidats nommés au César du Meilleur Court Métrage. Réalisateurs et producteurs reviennent sur leur souvenir n°1 des César, leur parcours et le film qui les a accompagnés pour cette 36ème cérémonie.

Logorama

Monsieur l’Abbé

Une Pute et un Poussin

Un Transport en commun

Petit tailleur

Festival International de Films de Femmes de Créteil/points de vues courts

Créé en 1979, le Festival International de Films de Femmes de Créteil accueille des réalisatrices du monde entier, avec près de 150 films qui défendent avec talent le regard des femmes sur leur société. Sa 33ème édition se déroulera du 25 mars au 3 avril 2011 avec 27 courts en compétition.

Compétition internationale

France

… un ange passe de Leyla Bouzid

Cees de Viola Groenhart

Chacun son goût de Hyun Hee Kang

Dr Nazi de Joan Chemla

Le faux pas de Sonia Buchman

L’invention des jours heureux de Sandrine Dumas

Like Love de Sarah Cunningham

Tre Ore d’Anna-Rota Zambrano

O’Moro d’Eva Offrédo et Christophe Calissoni

Europe

12 sketches on the impossibility of being still/ 12 Esquisses sur l’impossibilite d’être immobile de Magali Charrier

Ámár d’Isabel Herguera

Dìgame de Joséphine Frydetzki

(The importance of) Hair de Christina Höglund

Hanoi-Warsaw de Katarzyna Klimkiewicz

Little Children, Big Words de Lisa James Larsson

Into the middle of nowhere d’Anna Frances Ewert

Thermes de Banu Akseki

Qué divertido! de Natalia Mateo

Monde

Au milieu de nulle part ailleurs/elsewhere d’Annick Blanc

Buriganga de Michelle Coomber

Los infantes de Barbara Lago

J’étais une enfant de survivants de l’holocauste d’Ann Marie Fleming

Los minutos, las horas de Janaina Ribeiro

One from Afar de Noa Osheroff

Penchalamma de Tangella Madhavi

The Winter Boy de Rachel House

Place de l’élégance d’Annie Deniel

Pera Berbangê (Arpeggio ante Lucem) d’Aran İnan Arslan

“You won’t be understood, winglessness” – Ece Ayhan

Sélectionné cette année à la 61ème Berlinale, le court métrage « Pera Berbangê » du Turc Aran İnan Arslan présente, dans un cadre bucolique kurde, une allégorie soignée sur la liberté, cet oiseau illusoire.

Le jeune Bişkov et son petit frère, déplacés de leur village vers la grande ville à cause des hostilités civiles en région kurde, gagnent leur vie en vendant des pigeons en captivité aux vétérans de guerre soucieux d’expier leur culpabilité, pour que ceux-ci leur rendent leur liberté. Les garçons récupèrent ensuite les mêmes oiseaux pour les remettre ‘sur le marché’.

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Basé sur cette prémisse ironique, le scénario juxtapose des scènes narratives avec des séquences descriptives et des images purement réflexives voire métaphysiques. Grâce à son rythme posé, le cinéaste parvient à prendre le parti de la sobriété tout en se permettant une grande part de lyrisme. Ceci est principalement dû à un travail de l’image et à une picturalité parlants et hautement expressifs : aux côtés des plans sombres des réfugiés, évocateurs des icônes classiques, et voilés dans un chiaroscuro digne des grands maîtres de la Renaissance, surgissent des vues panoramiques de paysages caucasiens, entre idylle pastorale et contrée ravagée où la nature et les éléments font loi, transmettant au spectateur un sentiment de majesté teinté de désolation. En même temps, un certain réalisme se manifeste dans les plans froids de la ville où les garçons se rendent quotidiennement.

Le dialogue fait également écho à ce contraste entre le poétique et le prosaïque, et renforce l’ambiance apocalyptique du récit. Réservées aux réfugiées et à la grand-mère de Bişkov, les rares répliques ont un aspect prophétique, sibyllin et fort imagé, tels « des mots suspendus dans les airs », pour citer un personnage qui philosophe avec un langage tantôt élevé tantôt bien vil. La grand-mère, en revanche, lamente son déracinement forcé de manière vocifère, quelque peu trop littérale et quasi documentaire, avant que le réalisateur, par le biais d’une coupe sonore impressionnante, interrompe son discours tragique au profit du roucoulement des pigeons, les vrais protagonistes de cette allégorie, à laquelle s’ajoute une bande-son musicale solennelle, non intrusive et austère.

En dotant son court d’une retenue remarquable et une dimension énigmatique (résumée parfaitement par la citation finale reprise ci-dessus), İnan Arslan parvient à introduire de l’onirisme dans un univers déchiré par une réalité brutale. Son souhait avoué lors du festival de Berlin était que « Pera Berbangê » provoque une discussion sur la condition politique actuelle en Turquie. Son vœu est clairement exaucé dans la mesure où le film suscite une réflexion sur le sujet en berçant le spectateur dans un monde qui enchante et dérange dans un même envol.

Adi Chesson

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P comme Pera Berbangê

Fiche technique

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Synopsis : Un village est évacué et sa population est déplacée à la frontière d’une grande ville. Biskov et son petit frère vendent des pigeons aux croyants sur la place du marché. Les pigeons sont mis en liberté. Plus tard, Biskov les recueille et les ramène chez lui. Que signifie la liberté? Qui prend la décision de la donner ou de la reprendre?

Genre : Fiction

Année : 2010

Durée : 15′

Pays : Turquie

Réalisation : Aran İnan Arslan

Scénario : Aran İnan Arslan

Interprétation : Alican Pınar, Ana Rından, Erdal Ceviz, Mirza Metin, Yoldaş Toy

Image : Senem Tüzen

Musique : Mehmet Atlı

Production : Metin çelik

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E comme Entrevista con la tierra

Fiche technique

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Synopsis : Alors qu’ils marchaient dans les montagnes qui entourent leur village, Nico et Amalio, deux enfants mexicains d’une dizaine d’années, ont assisté à la mort brutale de leur ami, suite à une chute. Au cours d’entretiens, Nico et Amalio, ainsi que d’autres villageois, évoquent le défunt.

Réalisation : Nicolás Pereda

Scénario : Nicolás Pereda

Genre : Documentaire fictionnalisé

Durée : 18′

Année : 2008

Pays : Mexique

Image : Sebastián Hiriart

Son : Nicolás Pereda

Montage : Nicolás Pereda

Musique : Marcela Rodrigue

Interprétation : Amalio Miranda, Nico Miranda

Production : Nicolás Pereda, Sebastián Hiriart, Enchinga Films

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Entrevista con la tierra de Nicolás Pereda

L’expression visuelle et l’originalité narrative de Entrevista con la tierra, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, laisse entrevoir une réalité qui, à tout instant se dérobe au spectateur. Présent dans la capitale bretonne pour le Festival Travelling, le film de Nicolás Pereda évoque la rencontre magique d’un Mexique primitif attaché à ses traditions.

C’est par touches impressionnistes que le réalisateur mexicain nous dévoile un coin de réalité qu’il connaît bien, celle qui touche un village de son enfance. Là, les hommes et les femmes sont de petite taille et ont la peau foncée prouvant leur appartenance au peuple amérindien. Les superstitions demeurent indissociables des croyances et la mort omniprésente. Entrevista con la tierra parle des sentiments paradoxaux où sont plongés les proches de David, un jeune garçon mort après une chute accidentelle alors qu’il se promenait à la montagne avec ses amis Nico et Amalio et dont la mère rend ces derniers coupables de la disparition de son fils.

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Lors d’entretiens filmés dans la nature, on découvre l’amitié qui liait David à Nico et à Amalio, son frère. Mais quand on pense saisir la vérité, elle nous échappe, car par pudeur ou par honte, Nico refuse de reconnaître la disparition de son meilleur ami. Plongé dans le déni, il parle de lui au présent tout en déviant petit à petit vers un passé fragile. Parce que l’âme mexicaine mêle spontanément vie et mort, jouissance et tragédie, on s’étonne à peine de voir la mort prendre place dans un imaginaire reconstruit par la voix de l’enfance. Grâce à une mise en forme des plus audacieuses, le réalisateur offre une œuvre poétique sur le deuil, la culpabilité et les possibilités de les surmonter malgré l’incommunicabilité flagrante existant parmi les différents personnages.

Entre mise en scène travaillée et fragments de réalité, le film prend par moments une dimension plus mystique, ce que nous montre la scène finale où, symboliquement, Nico le protagoniste, tient une perche et tente de capturer le moindre bruit dans le cimetière où repose le corps de son ami, l’absence totale de son lui faisant alors étrangement écho. Par ailleurs, la musique de Marcela Rodriguez reprenant des sons et des instruments traditionnels achève d’apporter une touche métaphysique au documentaire qui s’engouffre dans les mystères de la forêt en même temps qu’il cherche à capter l’essence d’une culture en voie d’extinction.

Marie Bergeret

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