« Love & Theft » d’Andreas Hykade, film allemand en compétition Labo à Clermont, témoigne de l’actuelle inventivité de la patrie de Goethe dans le domaine de l’animation. Constituée d’un morphing animé de célèbres figures de cartoons, de formes extravagantes et de symboles issus autant de l’inconscient collectif que de l’histoire de l’art, cette œuvre est visuellement scotchante. Ses dessins, animés ensemble, créent un univers inédit, totalement psychédélique et monstrueux.
Les films « abstraits » du Québécois Félix Dufour-Laperrière s’inscrivent parfaitement dans ce genre fugace, insaisissable et intriguant pour lequel est conçu la compétition Labo du festival de Clermont-Ferrand. Le réalisateur s’exprime sur son style hybride et multi-facette.
Le dernier court métrage du Suisse Anthony Vouardoux, sorti de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et vivant à Berlin, se base sur le genre de la science-fiction mais est plutôt un essai ironique sur l’incommunicabilité et la soi-disant suprématie de l’Homme par rapport à son environnement.
Le 33ème Festival de Clermont-Ferrand ouvre cette année une belle fenêtre sur le travail d’un artiste intuitif, François Vogel, avec deux films en projection : « Rébus » dans la programmation restrospective des 10 ans du Labo, et « Terrains Glissants » en compétition nationale.
Stimulé par le jeu et le naturel des ados, Rudi Rosenberg fait des films avec eux après être passé par la case comédien. Son dernier film « Aglaée » a remporté le Prix CCAS et le Prix d’interprétation féminine à Angers et part bientôt pour Clermont-Ferrand. Rencontre entre deux villes, dans un café apaisant, à peine chamboulée par les rongeurs d’opéra.
Ce court-métrage muet semble tombé d’une étagère poussiéreuse de l’un des premiers bureaux de production cinématographique. Tout prête en effet à croire qu’il date d’une période révolue : le noir et blanc, les intertitres, les décors, les costumes… Cet OVNI nous plonge un siècle en arrière et s’il n’était pas de 2010, on jurerait que David Lynch se serait passé la bobine avant de réaliser « Eraserhead ».
Concentré sur ses projets, Sébastien Laudenbach lève rarement la tête. Heureusement, il y a Bruz pour faire sortir cet ancien élève et actuel prof aux Arts Décoratifs de Paris. Invité au festival d’animation pour dévoiler les secrets de « Regarder Oana », il profite des canapés mous pour faire ses autres confidences.
Avec son titre digne d’un roman de Zola, le film de Grammaticopoulos dépeint un univers gris et impersonnel où des scientifiques mettent au point des techniques qui permettent d’augmenter la production alimentaire. Sélectionné à Bruz, l’animation aux accents (sur)réalistes révèle l’angoisse grandissante de la société du trop plein.
Il est peut-être curieux d’évoquer Annecy dans le cadre du focus Bruz. Annecy accueille un festival international depuis 50 ans, Bruz reçoit un festival national pour la première fois cette année. Il n’empêche, les deux événements défendent le cinéma d’animation, le court métrage, et des artistes jeunes comme confirmés. Et comme cette année, nous n’avons pas pu consacrer un focus à Annecy comme en 2009, nous profitons de l’actualité animée pour parler du DVD édité à l’occasion des 50 ans du festival.
En 2004, la collection Selected Shorts, éditée par le Festival du court métrage de Louvain (IKL), voyait le jour avec le but de publier chaque année un DVD reprenant une anthologie de films courts primés ou simplement sélectionnés au Festival. Florilège de 5 films.
Avec « Nuit blanche », le Canadien Arev Manoukian nous plonge droit dans un esthétisme pulsionnel teinté de l’hyperréalisme absolu. Présenté au festival du court métrage de Louvain dans la programmation Labo, ce court métrage déborde de romantisme et, le temps d’un regard, caresse les sens.
A travers la redécouverte d’images d’archives longtemps conservées à Bordeaux chez mes grands parents, je raconte mon enfance passée à Mandima, un petit village du nord-est Zaïre où je suis né. En partant d’une photo panoramique du grand départ, j’observe et je repense à ces dix premières années de ce petit garçon qui doit, un beau jour, partir ailleurs pour la ville, pour le lycée. Derrière lui, il laisse ses amis et toute une culture. La vie, sa mentalité, ses codes seront à réapprendre.
Réal. : Robert-Jan Lacombe
Documentaire, 10′, 2010
Suisse
Programmé dans la sélection Labo au festival de Louvain cette année, « Kwa Heri Mandima » (Goodbye Mandima), Pardino d’or à Locarno, frôle les genres du documentaire et de l’expérimental. Son auteur Robert-Jan Lacombe, encore étudiant à l’ECAL (Lausanne), dresse un portrait intime et poignant sur le thème du déracinement.
Programmé à Poitiers dans le cadre du focus accordé au cinéma d’Europe centrale, l’animation slovaque « About Socks and Love » de Michaela Čopíková est un clin d’œil amusant à ceux qui voient encore le couple comme un modèle d’équilibre indestructible.
Ezra rishona. First Aid. Premier secours. Soin généralement donné par un non-expert à une personne malade ou blessée jusqu’à ce qu’un traitement médical lui soit apporté. « First Aid », c’est également le titre du film de Yarden Karmin, diplômé de la Sam Spiegel film school de Jérusalem, retenu à la dernière messe cannoise et à l’actuel festival de Poitiers.
En dix minutes, Mihai Grecu nous fait voyager dans les terres arides du Chili avec son film « Centipède Sun ». Nom révélateur au sens où centipède est un gros animal dangereux comme le soleil du désert. Ces terres hypnotiques, poétiques font bouillir notre imagination par une musique qui nous transporte et nous envoûte. À la limite de l’oppression, ces airs mystérieux nous dévoilent des paysages calmes et reposants.
Influencé par le rythme propre de Dominique A et repéré dans les festivals d’animation mais pas seulement (Semaine de la Critique, Média 10-10, Vendôme, …), « Vasco » de Sébastien Laudenbach illustre en noir, blanc et rouge l’étrange destinée d’un personnage tiraillé entre ses sentiments, son amour pour la mer et son sens aigu de l’imaginaire.
Sélectionné en compétition OVNI au Festival du court métrage de Namur, « Morgenrot » fait pleinement honneur à cette appellation. Le clip vidéo réalisé par Jeff Desom sur la musique de Hauschka est une véritable expérience esthétique en tempo di valse.
Dussolier, non pas l’acteur fétiche de Resnais mais l’explorateur visuel, celui qui tutoie l’Histoire avec un grand H sur les toits des mondes virtuels et qui aime immerger sa caméra en des plongées vertigineuses et citadines est venu amarrer son « Babel » à Brest, le temps du Festival du court métrage.
Premier court du réalisateur américain culte, bien avant qu’il se lance dans le mythique « Monty Python », « Storytime » ouvre le festival européen du court métrage de Brest ce soir. Au rendez-vous, la triple histoire loufoque d’un cafard joyeux, d’un Einstein relativement méconnu et de cartes de vœux qu’il vaut mieux ne pas envoyer. Un humour sardonique qui est encore aujourd’hui la marque de fabrique de la bande pythonienne.