Il s’agit d’une femme. D’une femme dans une baignoire. Sa baignoire, c’est son refuge, son domicile. Jour après goutte, goutte après jour, elle reste dans l’eau. Elle n’en sort pas. Elle n’y arrive pas. Pas parce qu’elle aime s’y prélasser. Mais parce que c’est une victime.
« Casus Belli » a tout du film de chevet. Présenté à Venise dans la section Orizzonti et projeté ces jours-ci au 4ème Festival du Film du Golfe, à Dubaï, au sein de la compétition internationale, il distille dans sa scène d’ouverture les ingrédients d’une intrigue pas si banale. Un caddie, un supermarché, une jeune femme, des produits à profusion, une voix microphonique, et une file d’attente apparaissent dans les premières minutes de cet opus expérimental grec.
« Jessi » de l’Allemande Mariejosephin Schneider suit la fugue et les yeux de chat d’une môme de 11 ans, dont la mère purge une peine de prison et dont la sœur a quitté l’ancienne demeure familiale. Lauréat du Grand Prix du Jury dans la catégorie films d’écoles européens à Angers, et projeté également aux Rencontres Henri Langlois, le film figure parmi les 21 titres de la compétition européenne du festival de Brive.
Pour son clip de commande, Werner Herzog a concocté un curieux documentaire qui se veut un exercice en contrepoint audiovisuel interpellant. Programmé récemment dans le cadre du festival Cinéma du réel, au Centre Pompidou, ce court transplante l’air célébrissime « O soave fanciulla » de l’opéra de Puccini dans le contexte d’une Éthiopie tiraillée.
Documentaire sur les rites mortuaires dans la région des Pouilles au sud de l’Italie, « Stendali (Suonano ancora) » pose un regard sur la féminité dans sa dimension expressive et émotive. Une œuvre obscure et fascinante de Cecilia Mangini, mise à l’honneur dernièrement au Festival de Films de Femmes de Creteil.
Simplicité complexe. Poésie psychédélique. Abstraction torturée. Musicalité pour enfants comme pour adultes. Noir, blanc et autres couleurs. Le travail d’Andreas Hykade, récompensé du Grand Prix à Anima pour “Love & Theft”, ne manque pas de combinaisons multiples. Entretien en fin de séance et en ouverture d’un nouveau chapitre.
Si la fiction roumaine a le vent en poupe, la qualité du cinéma d’animation reste en revanche bien modeste. Preuve en est la rétrospective accordée à Anima, en présence de Mihai Mitrica, le directeur du Festival Anim’est, qui s’excusait à l’avance du niveau des films présentés précisant qu’il n’y avait pas de réelle école d’animation dans son pays. On le regrette. Une grande partie des films d’animation (le cas roumain n’est pas isolé) se limite à l’innovation graphique, à l’effet visuel, à l’anecdote formelle sans vraiment élaborer la narration. Au-delà de l’exercice de style, certains courts métrages de la sélection ne manquent cependant ni d’esprit ni d’originalité.
Son trait et son style n’appartiennent qu’à lui : irrégulier, imparfait, crayonné, souvent drôle, de plus en plus émouvant avec les années. Ancien caricaturiste, Bill Plympton s’est glissé dans l’animation comme on s’introduit dans un pyjama, avec habitude, volupté et simplicité. Offrant à tour de bras des dessins de vaches et de chiens au Festival Anima, l’Américain aborde pour nous sa carrière, son indépendance face aux grands studios, et son intérêt pour l’animation pour adultes. Interview fleuve, avec en exclusivité l’animatique de « Cop Dog », le prochain court métrage de l’Ami Plympton.
« It was on earth that I knew joy » est un titre qui interpelle. L’évocation d’un film qui éveille la curiosité sans doute car lorsque l’on apprend son existence, il n’est pas encore visible, mais également parce qu’il est présenté comme un hommage à « La Jetée » de Chris Marker. Il n’en aura pas fallu plus pour se saisir de l’agenda. Une date de diffusion annoncée : 9 mars 2011, un site internet : Fubiz, le rendez-vous était pris !
Les films d’écoles offrent un intérêt particulier pour l’amateur de l’animation – ce genre à potentiel illimité où toute représentation imaginable semble réalisable –, dans la mesure où ils montrent à la fois une certaine fragilité chez ces artistes en bourgeon et une fraicheur désinhibée résultant d’une imagination riche. Ce n’est donc guère étonnant qu’Anima, le premier festival belge de l’animation, ait consacré deux séances de courts aux films d’écoles internationaux. Coup d’œil sur quatre coups de cœur.
Musical du début à la fin, « Miss Daisy Cutter » a tout d’un clip. C’est pourtant en tant que court-métrage qu’il a cette année été sélectionné au Festival International du Court-Métrage de Clermont-Ferrand et au Festival Anima de Bruxelles. Court-métrage donc, et d’animation qui plus est.
Déjà remarqué et apprécié lors de la sortie en festivals de « Espèce(s) de patate(s) », Yoann Stehr, étudiant à la Cambre, nous revient en force avec un petit film bien plus audacieux. Sélectionné à Anima cette année, « Contre, tout contre » ou le credo de la solitude et de la volupté puise dans le filet des images cinématographiques qui nous habitent et qui nous construisent pour traiter, non sans une mordante ironie, de la solitude contemporaine.
Dans une usine mexicaine de savon, « Roma », la rencontre de deux solitudes : une jeune fugitive, un ouvrier solidaire. Prix du scénario aux Rencontres Henri Langlois de Poitiers en 2010.
Film d’animation réalisé avec un impressionnant travail de stop motion sur des personnages en plastiline, « Hasta los huesos » offre un voyage surréaliste grâce à une proposition artistique et technique flamboyante. Puisant largement dans l’iconographie culturelle mexicaine, le réalisateur René Castillo nous adresse une invitation drôle et tendre à réfléchir sur la relation à la mort.
Honoré d’un Oscar il y a un an, le film « Logorama » est sélectionné dans deux catégories aux César 2011 (meilleur court-métrage, meilleur court-métrage d’animation). Réalisé par trois curieux experts de l’animation numérique, regroupé sous le sigle H5, il a connu un succès dans les festivals du monde entier. Ludovic Houplain, l’un des trois réalisateurs, revient sur le processus de production et de création du film, la place des logos dans l’imaginaire social et la reconnaissance faite aux pratiques de cinéma d’animation en France. À quelques heures du verdict, il nous donne l’occasion de comprendre les origines du film et nous fait part de sa confiance pour l’avenir de l’animation.
L’événement n’était pas anodin et le timing était parfait. Tout juste heureux lauréats du Grammy Award du meilleur album pour The Suburbs, les membres d’Arcade Fire sont arrivés tout sourire à la 61e Berlinale pour présenter Scenes from the Suburbs, court métrage écrit à six mains, entre les frères Butler, membres fondateur du groupe et Spike Jonze, également à la réalisation. Récit d’une fin d’amitié adolescente sur fond d’invasion militaire en banlieue pavillonnaire, « Scenes from the Suburbs » se présente à la fois comme l’incarnation visuelle de l’album rêvée par Arcade Fire mais également comme un film de science-fiction autonome et singulier.
« Big Bang Big Boom » est la nouvelle merveille de Blu, street artist spécialisé dans le graff animé, qui nous avait précédemment éblouis avec « Muto » et « Combo » (co-réalisé avec David Ellis). Le public du Festival de Clermont ne s’est pas trompé en lui offrant le bien nommé Prix du Public cette année. Prix mérité et logique, vu l’engagement de l’artiste auprès de ses fans, lui qui tient à ce que ses oeuvres soient largement diffusées sur internet avant toute diffusion en Festival.
Banu Akseki est de ces jeunes femmes que l’on garde en tête dès la première rencontre. Un regard franc et une voix réfléchie alimentent une discussion autour du cinéma. Venue présenter « Thermes » à la grand-messe du court métrage, la réalisatrice belge a su dès son premier film « Songes d’une femme de ménage » mettre délicatement en lumière la solitude des âmes à la dérive.
Edouard Salier est un habitué de la sélection Labo du Festival de Clermont-Ferrand, on se souvient de l’émerveillement provoqué par des oeuvres comme « Flesh » ou « Four », les années précédentes. Il est de retour cette année avec le premier clip du diptyque qu’il a réalisé pour l’album Heligoland de Massive Attack : le très envoûtant « Splitting the Atom » . Encore une fois, l’enthousiasme est au rendez-vous et cette nouvelle oeuvre nous conforte dans l’idée qu’Edouard Salier est l’un des réalisateurs les plus doués du Motion Design.
New York, janvier 2011. Les rues d’Astoria dans le Queens sont encore largement enneigées, le vent est glacial mais la maison de Jonathan Caouette, n’est plus très loin. Véritable décor de cinéma (« Tarnation » et « All Flowers in Time » y ont été tournés), le lieu déborde de vinyls, de dvds et d’affiches de cinéma. Un écran de projection est installé dans le salon, non loin d’un bureau où se monte le prochain long métrage de l’auteur prévu pour le printemps. Rencontre exclusive in situ autour du très beau « All Flowers in Time », Mention spéciale du Jury Presse Télérama à Clermont.