19 courts-métrages de la Nouvelle Vague

Le double DVD des Films du Jeudi, édité par Doriane Films, est sorti récemment. Il propose à travers de multiples courts-métrages un véritable voyage dans les années 60. Format Court vous propose d’en remporter 3 exemplaires, via notre notre nouveau jeu-concours.

La bande des Jeunes Turcs, pour reprendre l’expression donnée aux critiques des Cahiers du cinéma, est ici représentée grâce à des courts-métrages multiples et divers. On y note la prédominance d’une obsession : filmer l’époque contemporaine, à savoir les années 60.

Cette obsession apparaît tant dans les courts-métrages de fiction que dans les courts-métrages documentaires. Ainsi en est-il du film de Resnais Le chant du styrène, qui va de pair avec Les Surmenés de Jacques Douniol-Valcroze ou de À la mémoire du rock de François Reichenbach. Il s’agit dans ces trois films d’interroger la modernité, l’importance qu’elle accorde à la technique et ses conséquences sur la jeunesse.

« À la mémoire du rock »

Les films de Jean Rouch se distinguent des autres par la précision de son œil de cinéaste documentariste quand il filme La goumbé des jeunes noceurs ou Les Veuves de 15 ans. Si le premier fait une large place à l’œil d’un cinéaste ethnographe qui cherche à rendre compte d’une réalité africaine peu connue en Europe, le second s’intéresse aux jeunes filles de la deuxième moitié du vingtième siècle, de leur légèreté apparente et de leurs désillusions.

La désillusion apparaît également dans l’ambigu Janine de Maurice Pialat. Ce court-métrage de fiction, en présentant un homme dont le divorce est à l’origine d’une misogynie viscérale, retrace les difficultés, pour les hommes d’aujourd’hui, de vivre avec des femmes libres et indépendantes.

D’autres courts-métrages de fiction présentent des jeunes femmes recherchant la liberté avec avidité. C’est le cas de Tous les garçons s’appellent Patrick de Godard, auquel répond Charlotte et son Jules, qui apparaît comme la suite du premier de ces deux courts. L’avatar botanique de Mademoiselle Flora, de Jeanne Barbillon, est absolument à découvrir, puisqu’il nous fait vivre avec la magnifique Bernadette Lafont l’ennui que ressent une jeune femme dans une vie étriquée et son besoin irrépressible de liberté.

Mais la modernité dont il est question ici n’est pas la seule modernité amoureuse : il s’agit également d’une modernité politique, qui apparaît notamment dans La Sixième face du Pentagone, co-réalisé par Chris Marker et François Reichenbach en 1968. Ce film nous invite à découvrir les manifestations d’opposants à la guerre du Vietnam.

Quelques films toutefois semblent vouloir inscrire cette même modernité dans un temps plus long. C’est le cas du Petit café de François Reichenbach (1963), qui filme le quotidien d’un café du Nord de la France suspendu hors du temps. À côté de son Chant du styrène, Alain Resnais a réalisé en 1956 Toute la mémoire du monde, qui délaisse l’industrie du premier de ces deux courts-métrages pour une institution pour le moins vénérable : la Bibliothèque nationale de France. Il nous y décrit longuement sa naissance, mais aussi son évolution permanente et la façon dont elle enregistre tout ce qui est publié sur le territoire. Une balade auprès des témoins de la mémoire historique apparaît également dans le Ô saison ô château d’Agnès Varda, réalisé en 1958, qui nous fait revivre les vestiges des siècles passés.

Ce lien entre la mémoire et le contemporain est également présent dans les deux courts-métrages documentaires d’Alain Resnais réalisés à la suite, en 1948 et en 1949, Van Gogh et Guernica. Dans ces deux films relativement précoces au vu de ce que sera la Nouvelle Vague, il annonce véritablement le genre du documentaire contemporain.

« Van Gogh »

Le petit coffret constitué de deux DVD est enrichi d’un livret présentant le personnage de Pierre Braunberger, qui produisit l’ensemble des courts-métrages réunis ici. L’ensemble rend hommage à ce producteur visionnaire, qui sut voir en de jeunes gens a priori banals de futurs grands réalisateurs.

Julia Wahl

19 courts métrages de la Nouvelle Vague : 2 DVD + le livret « Un avant-goût de la Nouvelle Vague » par Éric Le Roy (16 pages). Edition : Doriane Films

2 thoughts on “19 courts-métrages de la Nouvelle Vague”

  1. Bonjour,
    Passionné de cinéma français des années 30 à 80, je fais des recherches sur ces films, j’ai ainsi pu réaliser une interview de la fille de Jean Gourguet, par exemple, qui est un véritable testament.
    Ce coffret DVD me permettrait de découvrir des courts-métrages rares et qui ne manquent pas d’intérêt.
    Merci

  2. Enfant de 1980, j’ai toujours eu une immense attirance pour les années 60 et une certaine nostalgie comme si je les avais connu! J’ai hâte de découvrir ces magnifiques films!

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