Il y a peu, la France et la Croatie s’affrontaient en finale de la coupe du monde. À cette occasion, Format Court vous propose de découvrir un court métrage d’animation franco-croate : Biciklisti (Cyclistes).
Veljko Popović, le réalisateur, nous fait voyager dans son pays natal, la Croatie, en nous dépeignant une de ses petites villes de bords de mer. Les couleurs vives et chaudes, le mouvement hypnotisant de la mer et le bruit incessant des cigales : tout y est. En un rien de temps, nous voila transportés ailleurs, on sentirait presque l’air iodé sur notre visage.
Les couleurs bleue et rouge s’affrontent ici dans une compétition de vélo. Il s’agit de l’attraction principale du village et tous les habitants suivent avec attention le périple des athlètes. Nous aussi.
Ces derniers doivent braver les côtes et la chaleur du littoral croate. Heureusement, les sportifs ont de quoi se motiver : en plus du trophée, ils comptent tout deux sur la victoire pour obtenir les faveurs d’une femme. À moitié dénudée, celle-ci les observe depuis sa fenêtre. Le vent marin fait voler ses rideaux et sa robe blanche. C’est une figure simple et efficace de l’érotisme qui fait naitre des fantasmes chez nos cyclistes.
Avec une impressionnante fluidité, ce court-métrage nous fait circuler de leurs songes à la course en jouant sur plusieurs techniques d’animation, de séquences au crayon très épurées à d’autres bien plus chargées. L’univers visuel est d’ailleurs très différent de celui des autres films de Veljko Popović, habituellement beaucoup plus froids, triste et saccadés.
Ses autres travaux abordent en effet des thématiques plus pesantes et sociales comme la société de consommation dans She who measures en 2008, la routine dans Dove sei Amor Moi en 2011 ou la difficile paternité via sa contribution à Father en 2012. Avec Biciklisti, directement inspiré du travail de Vasko Lipovac, artiste pluridisciplinaire croate qui a bercé son enfance, Veljko Popović nous propose un film plus joyeux à l’animation plus lisse et colorée.
La limpidité du film est également rendue possible par la bande-son et la musique de Pablo Pico. Comme dans Dripped (2010) de Léo Verrier, le jazz envoûtant du compositeur donne corps au film, s’adaptant à ses moindres besoins. Ici, notes de jazz, souffles des athlètes, échos de la nature, du village et des ébats se confondent pour ne faire plus qu’un. Cet ensemble sonore capte et transmet particulièrement bien l’essence de ces villages du littoral méditerranéen.
Mention spéciale du jury au dernier Festival international du film d’Annecy, Biciklisti, ce très beau film reste avant tout léger et drôle, parfois absurde. C’est, en somme, une parfaite parenthèse de vacances, une respiration avec ses 7 délicieuses minutes d’été.