Jolie découverte que « Le Gosse », sélectionné à la 34ème édition du Festival International de films de femmes de Créteil. Ce moyen-métrage documentaire n’est autre que le travail de fin d’études de Louise Jaillette, étudiante de la Fémis issue de la section montage.
Thibaut est un gamin de l’Ardèche, un fils de fermier. À Chambonnet-Haut, il arpente les collines, suit le courant de la rivière et nourrit les chèvres. Il déteste l’école autant que possible car elle l’empêche de sortir et de respirer cette nature qu’il semble avoir totalement apprivoisée.
La caméra, toujours maintenue à une certaine distance, filme les sentiments avec pudeur et la nature avec humanisme, sans jamais porter de jugement attendri ou même condescendant. Loin des adultes – il faut dire qu’aucune place ne leur est accordée dans le film -, Thibaut et son amie Ophélie parlent de l’avenir avec une maturité qui dénote, mais quand plus tard, du haut d’un rocher, Thibaut tente une approche maladroite, c’est l’enfance qui refait surface avec ses audaces candides et ses hésitations délicates. On se prête alors à penser à Marie et Jacques de « Au hasard Balthazar » de Robert Bresson.
« Le Gosse » ne serait qu’anecdotique s’il ne dégageait pas une intensité cinématographique qui dépasse la réalité qu’il entend filmer. Serait-ce en raison du parfait équilibre que la réalisatrice a su trouver entre l’importance à accorder au sujet et à l’environnement qui l’entoure ? Serait-ce dû à l’indéniable charisme de son personnage principal ? Ou serait-ce grâce à la beauté de l’Ardèche et de ses secrets d’un ailleurs imaginaire qui transparaît dans chaque plan ?
Dans la lignée des films sur l’enfance, le documentaire de Jaillette aborde avec une justesse harmonieuse le passage crucial qui conduit à l’adolescence puis à l’âge adulte. Elle installe le film dans une durée qui mêle objectivité et subjectivité pour nous offrir une des plus belles fables bucoliques vues depuis bien longtemps.
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