Force est de constater que dans une société individualiste telle que la nôtre, le religieux habite toujours la représentation. Des hommes préhistoriques aux « enfants de Freud et de Coca-Cola », des grottes de Lascaux aux dernières superproductions cinématographiques, la volonté de parler de ce qui anime et dépasse la matière n’a eu de cesse de se renouveler et de se transformer. Présenté à Media 10-10 en compétition nationale, « L’Appel », le film d’école de Cécile Mavet issue de l’IAD, aborde le sujet avec une touchante sensibilité.
Anna est une ancienne danseuse classique et une jeune novice vivant dans une communauté religieuse. Au moment où elle s’apprête à prononcer ses vœux, le doute l’assaille et l’appel du corps associé à une troublante sensualité vient s’opposer à l’appel de Dieu.
Avec « L’Appel », Cécile Mavet ne parle pas de la religion à proprement dit mais au contraire de l’être religieux, de ses choix moraux, de ses doutes ainsi que des contraintes et limites qui se cachent derrière l’habit, venant ainsi se confronter aux exigences d’une doctrine parfois considérée comme intransigeante. Le film tente de mettre en lumière les peurs intrinsèques liées aux choix décisifs qui dessinent notre chemin dans la vie, la force de la foi et le caractère immanent du sacré.
Dans un monde marqué par les clivages de la perte de croyance d’une part et par le retour d’un certain fanatisme religieux d’autre part, il n’y a que trop peu de place pour celui ou celle pour qui le corps et l’esprit ne font qu’un. Pourquoi devoir nécessairement choisir entre l’un et l’autre ?, semble se demander la jeune réalisatrice qui démontre un talent évident pour la mise en scène et la réalisation. « L’Appel » fait partie des films qui viennent marquer le retour des croyances. Comme si le 21ème siècle était en définitive bien plus spirituel qu’il n’y paraît.
La petite cecile que je gardais à larchmont?