Pour la première fois en cinq ans, le jury décernant le Prix du Meilleur Court Métrage en compétition nationale (Fédération Wallonie-Bruxelles, ex-Communauté française) du FIFF ne s’est pas trompé. C’est que parmi la vingtaine de films sélectionnés cette année, celui d’Emmanuel Marre est, disons-le franchement, celui qui a le plus d’intérêt.
Pourtant, Le Petit chevalier est un film boiteux. C’est un travail maladroit, pas tout à fait abouti. Mais c’est parce qu’il est hésitant et plein de bleus qu’il bat toute une sélection de productions stylisées qui, faute d’un point de vue documenté, font la pose. Le Petit chevalier est trop long, trop improvisé; cependant il a la qualité de montrer simplement une société (en l’occurrence la cellule familiale) en essayant d’être objectif. Ce n’est pas tant l’histoire d’un divorce, de la garde d’un enfant, des mouvements dilettantes d’une mère et d’un père qui nous intéressent mais plutôt les questions : « Qu’est-ce qu’une mère ? Qu’est-ce qu’un père ? Qu’est-ce qu’un fils ? ». « On ne le sait plus », nous répond le film, et ce plus particulièrement dans son dernier plan. Le Petit chevalier est en fait un film à voir ne serait-ce que parce qu’il nous épargne cette insoutenable pesanteur du « dramatisme », tant en vogue aujourd’hui au cinéma, qui consiste à toujours rendre les choses sentimentales. Le reproche qu’on pourrait lui faire est d’y avoir quand même cédé quelques fois.
Sans ce petit chevalier qu’est Emmanuel Marre, il n’y aurait pas d’article à écrire sur ce Palmarès. Sans lui on aurait, encore une fois, accordé le Prix du Meilleur Court Métrage au premier prix au folklore blafard de « Dimanches » de Valéry Rosier, ou bien à l’alcoolisme falot de « Mauvaise Lune » de Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron, soit des films sur lesquels il n’y a pas grand-chose à dire mais qui ont tout de même gagné des prix ici et ailleurs (Bruxelles, Semaine de la Critique, Le Court en dit long…). Mais on ne peut en vouloir aux jurys pour ces quelques déceptions; ils n’ont le tort que d’avoir été prévisibles. Hélas pour la nouvelle Fédération !
Pierre Esquivel
Et bien voilà une critique qui me semble bien présomptueuse !
On pourrait presque croire à une jalousie mal placée.
Oui, en voilà une critique, tout simplement. Et c’est très bien…