Son film Queen Size, comédie romantique autour d’un matelas s’est fait une place dans la compétition des César. Tout en simplicité, Avril Besson y raconte la rencontre inopinée de India Hair et Raya Martigny, deux femmes aux caractères décalés dans un moment de passage à vide avec sensibilité et humour. Réalisatrice mais aussi monteuse et ancienne étudiante de la Fémis, elle prépare maintenant son premier long-métrage Les Matins Merveilleux. Entre deux deux moments de pré-production, Avril Besson a répondu à nos questions sur sa double casquette et sa manière d’écrire en restant proche des acteurs et de la vie quotidienne.
Format Court : Vous êtes monteuse de formation et sur Queen Size, vous passez côté réalisation, comment se passe ce passage de l’un à l’autre ?
Avril Besson : J’ai toujours fait les deux un peu en parallèle. Dès le début de mes études à la Fémis, j’ai commencé à réaliser des courts dans le cursus et hors cursus. Ce n’est donc pas vraiment un passage de l’un à l’autre, j’ai toujours fait un peu des deux. Queen Size est le huitième film que je réalise, en comptant des films de commande, j’ai donc beaucoup réalisé pendant les études à la Fémis et après.
C’était selon les occasions qui se présentaient ou vous aviez des préférences ?
A. B. : À la Fémis, dès qu’on arrive, on nous propose tout de suite réaliser des courts-métrages, tout le monde doit réaliser ce qu’on appelle des « trois minutes ». A la fin de l’année, on doit faire une fiction en 16 mm, du moins à l’époque c’était le cas. J’ai pris goût tout de suite à la réalisation. J’avais plein de copains comédiens, des amis de ma sœur qui était actrice de théâtre. Tout s’est fait assez naturellement ; après, pendant un moment, j’ai fait plutôt du montage, puis j’ai eu envie de réaliser. J’ai réalisé un hors cursus avec les moyens de la Fémis, mais sans être intégrée au cursus de l’école. Puis j’ai saisi des opportunités, j’ai réalisé une masterclass pour l’atelier Arte Ludwigsburg Fémis que les étudiants des deux écoles écrivent et produisent Des étudiants de la Fémis les réalisent toutes sections confondues. J’ai réalisé un épisode pilote qui était produit par les étudiants en filière « série télé » de la Fémis. Ainsi, j’ai pu faire plusieurs choses différentes quand il y avait des opportunités qui se présentaient.
Vous êtes toujours la monteuse des films que vous réalisez ?
A. B. : Non, c’était la première fois. Je ne voulais pas le faire pendant très longtemps. J’ai monté mon documentaire de fin d’études mais c’est du documentaire, c’est assez particulier. Mais je m’étais toujours dit que je ne le ferais pas. Et là, comme le film a été fait quasiment sans budget, je ne voulais pas demander à quelqu’un de monter pour moi. Alors je l’ai fait. J’ai trouvé vraiment bien de monter mon propre film et je le ferai désormais. Mais je suis très entourée quand je monte toute seule, j’ai beaucoup de regards, beaucoup de personnes qui regardent très régulièrement, plein de versions. Quand j’ai des doutes sur une prise, j’envoie des bouts à bout au producteur pour qu’il choisisse.
Pour pouvoir garder du recul en quelque sorte ?
A. B. : Oui. Ce qui fonctionne bien pour moi, c’est le temps. C’est d’avoir des durées de montage très longues où on peut faire une pause de trois semaines, oublier complètement le film et revenir. C’est un peu le luxe quand on est tout seul, on n’embête personne. Je suis sur mon ordinateur chez moi, je fais ce que je veux. Je trouve qu’on monte les films trop vite, vraiment. Ce qu’il y a à faire devient évident quand on laisse ne serait-ce que deux semaines reposer. On oublie tellement vite, c’est fou, parfois on coupe quelque chose, on revient et on ne se souvient même pas de ce qu’on a coupé. Alors que deux semaines avant, cela nous paraissait impossible à enlever. D’un coup, le film parle pour lui-même, ce qui n’y est plus n’y est plus. Cela m’est arrivé sur des films que j’ai montés. Le temps de finir la post-prod, qu’il y ait la projection, il se passait trois semaines, un mois… On les revoit et on se dit : « Merde, là, je suis longue ou je suis courte, si j’avais revu à ce moment-là, j’aurais fait ça… ». J’ai eu beaucoup de regrets sur des montages où je me suis dit qu’avec un peu de temps, j’aurais mieux senti le rythme du film.
Combien de temps de montage a demandé Queen Size à peu près ?
A. B. : Un temps plutôt long. J’ai tourné deux jours au mois de mai et deux jours au mois de juin, à cause des disponibilités des comédiennes. J’ai commencé à monter ce que j’avais déjà tourné entre les deux sessions de tournage. Je me disais que c’était pas mal – comme c’était un peu improvisé comme projet – d’avoir du temps de montage entre les deux. La première sélection en festival, était Trouville en septembre de l’année d’après, il y a donc eu presque un an de montage. J’ai fait plein de pauses, je m’y suis mise, j’ai arrêté, j’ai fait d’autres trucs, je bossais sur d’autres projets en même temps etc… Il était fini en juillet de l’année d’après, il y a eu un an de post-prod. Comme il s’agissait surtout de copains qui me rendaient service, j’étais très tributaire de leur disposition, de leur disponibilité. Pendant plusieurs mois, il ne se passait rien puisque j’attendais par exemple que le mixeur finisse un projet. En tout, je dirais que c’était peut-être six mois de montage, avec une grosse pause.
Au moment de la réalisation, vous n’aviez donc pas encore le montage final en tête ?
A. B : Si quand même. Ce qui était difficile pour Queen Size, c’était le rythme, il y a deux rythmes dans le film. Un premier rythme qui est très sec, très saccadé et un deuxième rythme qui est beaucoup plus lent. J’avais aussi un désir de faire des digressions, je trouvais qu’il se passait des choses dans les digressions. Par exemple, la scène d’entretien d’embauche qui arrive très étrangement, durait beaucoup plus longtemps avec des blagues qui me faisaient beaucoup rire personnellement. Il fallait trouver exactement le bon dosage de ce que je pouvais me permettre en sortant de l’histoire intime entre les deux [personnages principaux]. Il faut éviter de perdre le spectateur, qu’il n’écoute plus rien ; il faut toujours doser et c’est très difficile de renoncer à des choses que l’on trouve bien. Cela demande d’avoir beaucoup de recul, le fait de couper. Le film faisait 26 minutes dans les premières versions de montage et je voulais qu’il en fasse 18. Je savais que ce film-là durerait 18 minutes, je sentais, j’avais une petite obsession sur ça. J’avais donc quand même huit minutes à couper, ce qui est énorme. Ça a pris énormément de temps, demandé de la distance. Parfois, je coupais des trucs entiers que j’adorais parce qu’on m’avait dit d’essayer et comme je montais seule, j’essayais tout ce qu’on me proposait. C’était un peu la règle que je m’étais fixée, ne jamais dire non à une proposition, même si je ne la trouve pas bien. C’était bien parce que je me laissais surprendre par des choses que je n’aurais pas du tout testées. Lorsqu’on on est monteur pour un réalisateur, on est déjà deux dans la salle, on se convainc entre nous et c’est plus difficile de faire marche arrière. Je coupais des gros morceaux, sur le moment, je me disais : « Mais évidemment que non ». Je revenais un mois après et parfois, je ne me souvenais même plus de ce qui était parti. C’était un peu la spécificité de ce montage-là, le film était beaucoup trop long, il fallait le réduire et j’avais du mal à savoir par où le prendre. Il y a encore une durée de trop quand les filles portent le matelas, on me l’avait dit, mais elle me plaisait beaucoup. C’est vrai qu’aujourd’hui, je ressens que ça aurait pu être un peu plus court, de peu, de 15 secondes. Le montage, c’est aussi se rendre compte que parfois, une réplique suffit à la place d’un moment de dialogue. Il faut aller chercher exactement le moment dans la scène qui raconte ce qu’on essaie de raconter et pas forcément s’étendre dessus pendant deux heures. Pour moi, c’était un film qui ne racontait pas grand-chose, donc je n’avais pas envie de raconter pas grand-chose pendant 25 minutes. Ce n’est pas un film contemplatif, donc il n’y a pas de raison de s’étendre plus que de mesure.
Vous avez un duo d’actrices qui ont une carrière déjà lancée, qui sont connues, comment sont-elles arrivées dans le projet ?
A. B. : India [Hair] et moi, on s’est rencontrées quand j’étais à la Fémis. Elle était au Conservatoire. On a fait un premier projet ensemble, un pilote de série que j’avais écrit et on est restées très amies. Ensuite, j’ai commencé à écrire mon premier long et naturellement, je l’ai écrit pour elle. Son personnage de Charlie, c’est donc avant tout un personnage d’une histoire longue, qui rencontre Marina [Raya Martigny] que j’ai castée. On a fait Queen Size à un moment où le financement du long patinait beaucoup. Je sentais que c’était peut-être plus judicieux de les réunir dans un format court plutôt que de passer des pages et des pages à essayer de raconter ce que je pensais filmer. On a fait ça un peu sur une impulsion, avec le peu de disponibilité qu’elles avaient, quatre jours coupés par un mois au milieu. Voilà comment cela s’est passé.
En parlant d’impulsion, il y a quelque chose d’assez naturel, de très réel dans ce film, à quel point était-ce improvisé et à quel point était-ce écrit ?
A. B. : C’est entièrement écrit, à cent pour cent. Il n’y a pas du tout d’improvisation. India n’aime pas trop ça, Raya non plus et objectivement, moi non plus. Parfois, elles changeaient un mot par un autre qui arrivait dans la réplique d’après, ce qui faisait une redite. Pour faire de la comédie, il faut jouer sur rythme, respecter un tempo. Et honnêtement, même si on avait voulu improviser, on n’aurait absolument pas eu le temps. On a tourné à grande vitesse, on était sur 4-5 décors par jour, à courir partout. Ce n’était même pas la peine de commencer à essayer de faire de l’improvisation. Il fallait déjà rentrer ce que l’on avait. Ensuite personnellement, l’improvisation, c’est quelque chose que j’ai du mal à diriger parce que je suis un peu gênée dès qu’il y a un temps mort. J’ai besoin que tout soit bien dans la prise. J’ai du mal à accepter qu’il y ait des choses qui ne marchent pas, mais qu’on va monter plus tard et que ça ira… J’ai besoin d’arriver à quelque chose qui fonctionne pour moi sur le moment. L’improvisation contient toujours des moments où ça s’épuise, s’essouffle un peu. On réécrit beaucoup ensemble. À la première prise, on se dit : « Ca, ça ne marche pas du tout, ça c’est très mal écrit ». Je change souvent des choses à ce moment-là, mais une fois qu’on arrive à une version qui fonctionne, on s’y tient et on travaille dessus.
J’avais une question au sujet du fait d’écrire de la comédie. Quelles seraient vos références en termes de comédie, de comédie aujourd’hui ? Comment on fait pour se lancer dans l’écriture de ce genre d’histoire ?
A. B. : Mes références de comédie sont souvent très anglaises. J’adore les films britanniques comme Harold et Maude de Hal Ahsby, qui n’est pas tant une comédie, mais qui a quand même des moments très drôles. J’adore Bagdad Café de Percy Adlon aussi, plus américain. J’aime bien les films assez sombres au final. L’ambiance est quand même assez dark, il y a beaucoup de morts ; j’adore quand le rire surgit d’un truc un peu glauque. Je trouve que ça surprend. Il y a des choses qui me font beaucoup rire dans le cinéma coréen, où parfois il ne se passe strictement rien dans une scène. Il y a trois banalités échangées et juste pile ce qu’il faut de temps mort, pour rendre ça hyper drôle d’un coup, parce qu’on se rend compte de l’absurdité de la situation. Ce genre de choses me fait rire, plus que d’écrire des vannes. Bien sûr, il y a les comédies américaines cultes qu’on adore et qu’on regarde en boucle, qui nous font rire parce que c’est très bien écrit. Mais ce que j’aime le plus, c’est le réel détourné. Des choses me font rire, mais je ne saurais pas dire pourquoi. Quand le personnage de Raya, Marina dit : « T’as pas de voiture ? » et que celui de India, Charlie répond « Non », elle me fait hurler de rire. C’est l’expression, la manière donc elle dit ce « non ». Quelqu’un de normal dirait : « Ah non, désolée », et elle, elle répond « Non » cash. Ce sont ces petites nuances qui font qu’avec ce personnage, quelque chose de marrant se passe.
Ce sont des personnages qui sont un petit peu à un moment charnière, à un moment compliqué, qui ne sont pas forcément tentés par la vie assez classique qui s’offre à elles. Et ça, c’est un thème que vous aimez bien, les personnages qui sont un petit peu alternatifs, un peu hors des clous ?
A. B. : Complètement. C’est évidemment la base de tout le comédie, avoir des personnages un peu décalés. Mais j’aime bien qu’on puisse s’y retrouver toute de même dans ces personnages. Je pars énormément de choses vécues qui me font faire rire et que je replace. Je pense qu’il y a une certaine vérité derrière tout ça. Par exemple, un personnage a déjà son nom sur une tombe, c’est quelque chose de vrai, ma grand-mère m’a vraiment réservé une place dans son caveau. Je vois ma copine le soir, je lui dis, et en fait, elle meurt de rire. Cela me fait réaliser que ça peut être drôle, en fait. J’avais pas vu ça comme comique, mais c’est vrai que ce n’est pas commun d’avoir sa tombe. J’ai beaucoup fonctionné comme ça. Mon Iphone est rempli de notes, de petites choses qui m’ont fait rire. Je disais tout le temps que j’ai arrêté de fumer mais « pas tout le temps ». Je trouve que ces petits détails racontent quelque chose, de petits échecs quotidiens. Ça m’inspire de l’empathie. Tout le monde essaie de bien faire mais voilà il y a des aveux comme ça, d’échecs ou carrément de la mauvaise foi totale comme la réplique : « J’ai arrêté, moi aussi, mais pas tout le temps ». J’aime bien m’accrocher à ces petits détails car j’ai besoin que mes personnages soient réels. Je sais que j’ai vécus ces détails, donc je sais qu’ils sont plausibles, du moins à mes yeux. Ensuite à partir de là, je construis le personnage, mais je ne me prends pas trop la tête sur la psychologie. Qu’est-ce qu’elle pense ? Qu’est-ce qu’elle ferait ? Qu’est-ce qu’elle dirait ? Je fonctionne plus par détails à des endroits du film, je sais qu’elle va dire ça à ce moment-là et après, on construit autour.
Est-ce que vous auriez envie de retravailler avec The Cup of Tea et Topshot Films ?
A. B. : Peut-être. C’est en train de se faire maintenant donc je peux pas trop en parler, mais en tout cas, Christophe Audeguis, qui a co-produit le court, produit le long-métrage. Les créateurs de Topshot Films (Bastien Daret, Arthur Goisset et Robin Robles) sont des amis de la Fémis. Cela nous a donné envie de travailler ensemble. Au début, on ne voulait pas tout mélanger parce qu’on est très proches et très amis. On se disait que ce n’était peut-être pas une bonne idée de travailler ensemble et finalement, cela c’est fait.
Et par rapport au fait que le film est arrivé jusqu’aux César, comment est-ce que vous vivez ça ?
A. B. : C’est carrément fou. Je me reverrais toujours quand ils m’ont appelée pour me dire que le film allait au festival de Trouville, c’était en juillet, je suis tombée de mon transat. Je n’y croyais pas du tout. L’ironie est que pour tous mes autres courts-métrages, j’en avais rêvé. Je les avais faits avec un espoir de festival, celui-ci est peut-être le seul que je n’ai pas fait pour ça. J’étais déjà dans la logique de mon long, j’avais un peu renoncé à avoir un jour un film en festival. J’étais vraiment contente. Autour de moi, on disait que c’est un super baromètre, que quand on commence par Trouville, c’est un très bon signe. Je gardais la tête froide. Ensuite, il y a eu des premiers festivals à l’étranger. J’ai trouvé cela énorme parce que pour moi, c’était une histoire complètement franco-française avec des blagues en français et je n’avais pas du tout l’impression que cela pouvait traverser quelque frontière que ce soit. Finalement, il a voyagé partout dans le monde et j’ai pu un peu l’accompagner grâce à Unifrance. C’est aussi grâce aux producteurs, personnellement, les César, je n’y aurais même pas pensé, mais eux ils savent comment cela fonctionne, qu’on avait une chance. En tout cas, c’est assez fou et en plus très encourageant puisqu’on est en train de faire le long, cela me donne de l’énergie dans la préparation.
Est-ce que ce court a fait évoluer le projet de long ?
A. B. : Complètement, premièrement au début, je ne connaissais pas si bien Raya. On s’était vues quelques fois, mais il n’y avait pas eu ces moments intenses qu’on a vécu sur le court. On a vraiment appris à se connaître, à se reconnaître. Ensuite, j’ai écrit avec sa voix dans la tête, je l’entendais. J’avais écrit Charlie avec la voix d’India dans la tête, mais j’avais moins écrit Marina. Après ça, dès les premières répétitions qu’on a refaites, cela sonnait super juste. Marina avait grandi en elle, et Raya avait grandi en moi. Quelque chose s’alignait bien. En lisant le le long, tout le monde dit : « Evidemment, Charlie c’est India, on l’entend, on la voit, c’est son phrasé ». J’ai une très forte mémoire des rythmes des gens. Quand j’écris des dialogues, j’ai vraiment la bouche qui bouge. J’entends les gens me parler. C’est pour ça que j’ai très souvent besoin de savoir exactement qui va jouer avant de pouvoir écrire. Si je n’ai pas d’acteur en tête, je n’arrive pas vraiment à écrire. Le court a apporté ce changement. Il y a également des dialogues du court que j’ai remis tels quels dans le long alors qu’ils n’y étaient pas à l’origine. Le fil s’est de plus en plus centré sur Charlie et Marina. Avant, il y avait beaucoup de personnages, c’était un peu plus choral. Maintenant, c’est vraiment très centré sur elles deux. Elles ont un peu imposé leur rythme.
Quelle est votre relation au court-métrage ?
A. B. : Jusqu’à maintenant, j’avais l’impression de ne pas avoir vraiment bien compris. J’ai eu du mal avec mes précédents courts-métrages, parfois, j’essayais de raconter une histoire trop grande, parfois une histoire trop petite. J’avais du mal à doser la durée de l’histoire par rapport à la durée du format court. De mes précédents courts, je trouvais que l’histoire ne s’adaptait pas bien au format. Là, j’en ai réécrit un que je vais tourner en novembre prochain. C’est aussi une rencontre, une sorte de « petite sœur dark de Queen Size », c’est deux jeunes filles, plus jeunes et qui vont moins bien, qui se rencontrent dans Paris la nuit et l’hiver, mais avec plus d’ellipses parce que ça se passe sur une nuit entière. Maintenant, j’ai l’impression de beaucoup plus m’amuser depuis que je me suis un peu libérée de cette question-là, de la temporalité par rapport au format. Que je cherche moins à trouver une histoire. En tout cas, ce que je trouve très cool, c’est que cela permet de faire les films dans des durées courtes surtout. Queen Size, je l’ai pensé, je l’ai écrit et je l’ai tourné en à peine un mois. L’autre film court, on est en train de le financer. Ça prend un peu plus de temps, mais en même temps, il n’y a pas eu beaucoup de réécriture. Il va se passer peut-être un an entre le premier jet et le tournage, c’est agréable. Le long, ça fait sept ans que je le travaille, c’est très difficile d’avoir cette endurance-là, de garder du recul sur ce qu’on écrit, j’ai dû faire 300 versions de scénarios. C’est très lourd à porter comme projet. Alors que le court, ça reste très frais, très agréable. Faire court ne veut pas dire que l’on ne va pas au fond des choses avec son histoire et ses comédiennes.
Propos recueillis par Rachel Laurand
Article associé : la critique du film