Le « Seder » est un repas de Pessah, une fête, se déroulant à Pâques, célébrant la libération du peuple juif et la sortie d’Egypte. Après un parcours son à la Fémis, Ondine Novarese nous invite avec ce film à participer au Seder de sa famille et notamment à celui de son grand-père en 1959. Le film est en ce moment diffusé dans la thématique Jeune création au FIPADOC 2023 qui met à l’honneur des films de réalisateur.ice.s produits dans le cadre de leurs formations. À l’ère du numérique et du Covid, le film nous montre comment tentent de survivre traditions religieuses et familiales. Un dialogue entre images d’archives et prises de vues réelles.
Le film s’ouvre sur des images d’un soir de Pessah de 1959 filmé par le grand-père de la réalisatrice. Une suite de plans présente une famille réunie autour d’un repas composé de plusieurs petits plats. Ces archives permettent à la réalisatrice de convoquer ses propres souvenirs du Seder et d’introduire une nouvelle temporalité : le Seder 2020, puis 2021. Rapidement, la réalisatrice nous inclut au coeur des retrouvailles familiales depuis son ordinateur, filmées avec une petite caméra et enregistrées depuis son écran. On rejoint une réunion Zoom dont les participants ne semblent pas connaître tous les usages. Le repas débute et le film décortique chaque étape de cette fête au fur et à mesure que cette famille tente de reproduire les gestes traditionnels. À l’image, les vignettes sur Zoom sont nombreuses, elles défilent et accroissent le sentiment de confusion de la scène. Plus personne ne sait vraiment comment célébrer le Seder.. Avec ce film, Ondine Novarese aborde la nostalgie d’un savoir qui évolue avec le temps mais où le désir de prolonger une mémoire familiale résiste. Les liens virtuels de cette séquence ne font que renforcer l’importance de ce moment pour cette famille. La réalisatrice filme un repas et on retrouve avec tendresse des comportements familiaux usuels.
S’entremêlent ainsi les images du passé : au coeur du récit, son grand-père. Il filme avec une caméra Super 8 et prend le son avec un enregistreur à bande magnétique. Ce sont ses souvenirs, des images de la vie courante. Les images se répètent, des visages reviennent. Les archives nous laissent entr’apercevoir une famille et un repas dont on ne connaît pas très bien les codes. La figure du grand-père s’impose ici comme lien intergénérationnel, gardien d’une mémoire transmise à travers le Seder.
Radiadio est un film de famille. Les images d’archives répondent aux images actuelles où l’importance de se réunir unit les personnages. Le film nous accueille au sein de ces souvenirs familiaux, et nous fait partager à tous Pessah. Radiadio témoigne de la question mémorielle qui se transmet de génération en génération. La réalisatrice souhaite faire perdurer des traditions qui vivent pour et par son grand-père afin de continuer à partager des instants uniques avec les siens. Ondine Novarese nous fait spectateur de ces moments de compassion, simples et chaleureux. Son travail de captation depuis 2020 est aussi un travail d’archives où la question de la transmission encre le film dans ses temporalités diverses.
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Article associé : l’interview de la réalisatrice