En 2017, le court-métrage Paul est là de Valentina Maurel avait reçu le premier prix de la Cinéfondation, la section consacrée aux films d’écoles à Cannes. Un film écrit, tourné et monté à l’INSAS, une école de cinéma belge et visible sur le compte Vimeo de l’école. Cette année, Valentina Maurel est de retour à Cannes, à la Semaine de la Critique cette fois, avec son nouveau court, Lucía en el limbo. L’occasion pour nous de revenir sur son film de fin d’études apparu à Cannes il y a 2 ans et projeté à notre toute dernière soirée Format Court aux Ursulines en juin 2017.
Paul est là raconte l’histoire d’une jeune femme, gardienne dans un musée, à la vie solitaire et routinière. L’arrivée brutale de son père va chambouler le quotidien de Jeanne interprété par Sarah Lefèvre. Bart Cambiers, de son côté, campe une figure paternelle un peu brusque et maladroite. Petit à petit, une tendresse se créé dans cette famille de solitaires : un père sorti de nulle part, une jeune femme sans ami, une mère absente.
Autour des deux acteurs, une dynamique du vide émerge : des cadres fixes, un décor pauvre, des dialogues courts. On les retrouve régulièrement dans une laverie avec des machines vides, assis seuls sur des chaises.
Le film s’ouvre sur Jeanne recroquevillée dans le séchoir d’une laverie comme un poisson dans un bocal, enfermée dans une solitude que son père va casser. Bart Cambiers est perçu dans un premier temps comme une figure masculine ambigüe. S’agit-il d’une relation intime passée ? Quel est le lien exact entre les deux personnages ?
La notion de paternité intervient dans ce film avec une accentuation du corps dans le cadre. Au milieu du film, les corps se dévoilent dans toute leur longueur et leur entièreté. Une boîte de nuit vide, le père au milieu de la piste dansant seul : corps mobile dans une lumière rouge sur une musique latine entraînante. C’est à ce moment-là que les corps s’étreignent et enlèvent la froideur distante qui existait jusque là. Tout est déshinibé jusqu’à l’expression du désir masculin : “Tu bandes?” dit Jeanne à son père alors qu’ils viennent de retrouver une complicité, le lien père-fille ravivé avec la danse et l’alcool. Ce passage un peu flottant reste en suspension. Rien n’est grave, tout est suspendu, un peu comme Jeanne qui traverse la vie sans vraiment la vivre dans cette Belgique grise où le temps y est morose.
Cette année, Lucia en el Limbo à la Semaine de la Critique, nous invite dans un univers autre que l’Europe. Le Costa-Rica, un changement d’atmosphère radical qui invite à se rendre au Miramar mardi 21 mai à 14h 15 au festival de Cannes afin d’apprécier le nouveau court-métrage de cette réalisatrice costaricienne.