Critique à Positif, Fabien Gaffez est le Directeur artistique du Festival international du film d’Amiens. Coordinateur du comité de sélection des courts métrages à la Semaine de la Critique, il a succédé à ce poste occupé pendant des années par Bernard Payen. Bref entretien autour de Cannes, de la place du court, des choix de la Semaine et de l’accompagnement des auteurs.
Format Court : À la Semaine, vous continuez à sélectionner des courts alors que Cannes est par excellence le lieu du long-métrage. Pourquoi ?
Fabien Gaffez : Cannes n’est en effet pas le meilleur endroit pour le court métrage. Pourtant à nos yeux, il s’agit d’une forme très libre et créative. C’est pour cela que nous prenons chaque année des courts, que nous invitons les réalisateurs et que nous montrons les oeuvres dans des programmes entiers de courts métrages.
Vous avez pris cette année des courts très différents : des histoires fantastiques, des films de genre, des chroniques sociales, des animations, … Y a-t-il quelque chose qui lie ces films ?
F.B. : Nous avons sélectionné des films en accord avec leur projet, des films non racoleurs, sans prétention. Les formes et les mises en scène libres nous intéressent. C’est probablement ce qui lie tous ces films.
Cela nous intéresse de montrer un film de genre comme Safari ou un film d’époque comme Boa Noite Cinderela. Nous souhaitons proposer des écritures, des mises en scène, des univers très différents d’un film à l’autre.
Cela comporte un risque, celui de surprendre le public qui n’a pas toujours l’habitude de passer d’un univers, d’une proposition à l’autre. C’est pour cela que lors de la première projection des courts à Cannes, on fait une coupure entre les films et que les équipes sont présentes. Cela favorise la réception et personnalise leur travail.
Quels films retiens-tu de la sélection de cette année ?
F.B. : J’ai été très touché par Boa Noite Cinderela de Carlos Conceiçao, un film très gonflé en ligne avec la nouvelle génération de cinéastes portugais. On a tenté un pari sur un premier film, celui de Laurie de Lassale, « Les fleuves m’ont laissée descendre où je voulais ». Parfois, on ose parier sur un réalisateur et un univers. On ne peut pas se permettre de le faire sur tous les films que nous prenons mais quand on sent une promesse, on a envie de l’accompagner.
À propos d’accompagnement, à la Semaine, vous avez mis en place un nouveau programme cette année, « Next Step ». De quoi s’agit-il plus précisément ?
F.B. : Les réalisateurs de courts que nous sélectionnons ont souvent l’envie de passer au long-métrage mais ils ne savent pas toujours comment y arriver et vers qui se tourner. Cela fait longtemps que nous souhaitons les accompagner dans cette étape. C’est la raison pour laquelle nous allons commencer à suivre les réalisateurs sélectionnés cette année dans leurs projets et que nous allons les réinviter à Paris dans le courant de l’année pour qu’ils puissent rencontrer des producteurs et aller de l’avant.
Propos recueillis par Katia Bayer
Photo de Fabien Gaffez ©Carmeline Taiello