May El Hossamy est une artiste complète. Peintre, photographe et vidéaste, elle se met en scène dans « Défense d’aimer », un court métrage interpellant. Pour ce film, sélectionné au Cinéma du Réel, elle a choisi de questionner ses proches au sujet de l’amour et de l’une de ses multiples facettes.
« Défense d’aimer » se présente comme un conte où May El Hossamy mène une enquête auprès de sa mère, un sage et un homme religieux pour tenter de découvrir si en Egypte, une musulmane a le droit d’épouser un chrétien. Grâce sa manière de filmer tour à tour chaque personne, El Hossamy arrive à nous faire pénétrer dans l’intimité d’une société toujours fortement influencée par les écrits religieux.
En passant de la sphère privée à la sphère publique, El Hosssamy confronte les arguments. Alors que la mère a peur que sa fille ne se marginalise trop en choisissant un « amour impossible », le sage, lui, préfère s’en remettre à Dieu, quant à l’imam, il dévoile le côté clairement misogyne de la religion en citant le verset du Coran disant que les hommes ont autorité sur les femmes.
Conçu dans le cadre des Ateliers Varan, « Défense d’aimer » donne l’impression d’avoir été tourné dans l’urgence. On y sent le manque de moyens (caméra mobile, éclairage naturel, bruits parasites), ce qui pourrait lui conférer le qualificatif de » film de famille », pourtant à y regarder de plus près, on comprend soudainement l’envie de la réalisatrice de dénoncer une injustice profonde. Dans sa volonté de ne jamais apparaître en face caméra, d’être le contrechamps des personnes qu’elle interroge, elle démontre, que dans la société égyptienne, il n’y a pas de réel rapport d’égalité entre les personnes mais au contraire, que les rapports sont mis sur le mode de la confrontation. Ce n’est que dans les dernières minutes qu’on la voit dans la pénombre, face à l’homme qu’elle aimerait épouser. C’est qu’à ce moment-là, elle est bel et bien dans une relation égale.
Le manque de réponses satisfaisantes de part et d’autres mène les jeunes gens vers une impasse, celle qui interdit d’aimer librement l’élu de son cœur. Vers la voie de la démocratisation, il semblerait que dans le pays des pharaons, la plus grande des révolutions a l’amour pour nom.