Donato Sansone avait déjà été repéré avec son animation précédente « Videogioco » qui avait fait le tour des festivals dont celui d’Anima. Il revient au Festival d’Animation de Bruxelles avec son nouveau court, « Topo glassato al cioccolato », une pépite audacieuse et ténébreuse.
Entièrement construite à partir de dessins au crayon noir, cette très courte animation en 2D présente une panoplie d’images en constante métamorphose, plus cauchemardesques qu’oniriques, sexuelles, parfois violentes et des associations tantôt claires tantôt obscures (un coup de balle éclate dans la tête d’un homme; une personne androgyne en sort; à son tour, celle-ci se divise en deux et déclenche une volée d’oiseaux qui se transforme en poissons; un mystérieux lapin observe toute la scène). Dans cette fantasmagorie décousue, abondant en « symboles de la métamorphose » à la Jung, la cohérence est assurée par la bande son. Austère et puissante, celle-ci conduit les différents détails visuels et les transitions des fois abruptes, notamment les passages entre les éléments de l’air, de l’eau et du feu.
Conforme à son pseudonyme entre pathologique et angélique, Milkyeyes (yeux opaques ou rêveurs, c’est selon), le jeune animateur italien aime manifestement provoquer. À l’instar du flip-book animé en volume qu’était « Videogioco », « Topo glassato » n’a rien d’innocent. Le titre non appétissant se traduit comme « souris glacée au chocolat », sous-entendant un jeu de mots emprunté de l’anglais entre mouse et mousse, mais défaillant autant en italien qu’en français. Au-delà d’un exercice de style, qu’il faut reconnaître comme très réussi, le film se prête à une lecture complexe : les identités plurielles, l’être fractionné, le cycle de la création, la mort et la renaissance… Sansone semble creuser au fond de lui-même pour nous livrer un portrait déroutant de la psyché collective.
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