Carrefour du cinéma d’animation, dès demain au Forum des images

Dans les temps. Pour son 10e anniversaire, le Carrefour du cinéma d’animation propose, du 22 au 25 novembre 2012, une incursion dans l’image animée d’hier et d’aujourd’hui. Pendant quatre jours, le Forum des images, hôte de la manifestation, accueillera le meilleur de la jeune création française, des avant-premières, un gros plan sur le cinéma d’animation argentin, un hommage au maître tchèque de la marionnette, Jirí Trnka, et au père de ce petit fripon de « Fritz the Cat », de Ralph Bakshi. De nombreux rendez-vous autour du court métrage, qu’on vous recommande, sont prévus tout au long de ces quatre jours.

carrefour-du-cinema-d-animation_programme

Jeudi 22/11

14h30 : Le P’tit Ciné-concert n°2. Un ciné-concert interprété par les trois musiciens du Philarmonique de la Roquette qui jouent en direct sur des films d’écoles récents en laissant une grande place à la bande-son en tant qu’élément narratif.

15h00 : Écoles de cinéma d’animation et studios de production : un dialogue direct. Table ronde animée par Dimitri Granovsky. En entrée libre. Intervenants : Jean-Jacques Benhamou (Mac Guff), Olivier Catherin (Les 3 Ours), Lionel Fages (Cube Creative), Caroline Souris (TeamTo).

16h30: Quirino Cristiani, The Mystery of the First Animated Movies de Gabriele Zucchelli. Jeune Italien arrivé à Buenos Aires en 1910, Quirino Cristiani découvre l’animation en bricolant des courts métrages avant de réaliser El Apostol en 1917, premier long métrage animé argentin, dont il ne reste aucune image aujourd’hui. Ce documentaire présente sa vie, ses oeuvres, à travers des entrevues avec différents professionnels et spécialistes de l’animation. Il est précédé du court métrage d’animation For a Tango (5 min) de Gabriele Zucchelli.

18h30 : Films du Collectif des producteurs de courts métrages d’animation – 1re partie. Le Collectif des producteurs de courts métrages d’animation regroupe la quasi-totalité des producteurs actifs en France dans ce secteur. Cette séance rassemble la première partie d’une sélection de leurs tout derniers films, pour certains à peine sortis des laboratoires.

19h00 : Panarama 2012 – 1ère partie : Films d’écoles. Ce premier panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

Vendredi 23/11

14h00 : Carrefour du cinéma d’animation : 10 ans de cour(t)s d’écoles ! Depuis sa création voici 10 ans, le Carrefour du cinéma d’animation a diffusé plus de cinq cents films d’étudiants ! Précédée des dix bandes-annonces du festival réalisées depuis 2003, cette sélection rétrospective rassemble quelques coups de coeur produits par les écoles au cours de cette belle décennie.

16h00 : Panorama 2012 – 2ème partie : Films d’écoles. Ce deuxième panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

18h00 : Films du Collectif des producteurs de courts métrages d’animation – 2e partie Courts métrage. Le Collectif des producteurs de courts métrages d’animation regroupe la quasi-totalité des producteurs actifs en France dans ce secteur. Cette séance rassemble la deuxième partie d’une sélection de leurs tout derniers films, pour certains à peine sortis des laboratoires.

18h30 : Jirí Trnka, à la source du cinéma d’animation tchèque par Marcel Jean : Si Jirí Trnka n’est pas le premier à avoir réalisé un film en volume sur le territoire de la République tchèque, c’est son oeuvre et son exemple qui, dans l’immédiat après-guerre, donnèrent naissance à l’école tchèque de cinéma d’animation. Cette leçon aborde non seulement le cinéma de Trnka, mais aussi la place singulière qu’il occupe. Marcel Jean , le nouveau directeur artistique du Festival international de cinéma d’animation d’Annecy. En entrée libre.

20h30 : Best of du Computer Animation Festival Siggraph 2012 Courts métrages : Le SIGGRAPH est le festival professionnel international le plus important dédié aux images de synthèse, aux effets spéciaux et aux techniques interactives. Au cours de cette séance HD, l’Electronic Theater du Computer Animation révèle la “crème de la crème” de la production mondiale.

21h00 : Courts métrages de Jiří Trnka Rétrospective Jiří Trnka. Séance présentée par Marcel Jean.

Samedi 24/11

15h00 : Les Mondes de Ralph de Rich Moore : Le tout dernier Disney à découvrir en avant-première exceptionnelle, précédé de Paperman de John Kahrs (2012, 6min30)

15h30 : Rencontre avec Juan Pablo Zaramella//Focus Argentine : Reconnu dans le monde entier pour son animation image par image, Juan Pablo Zaramella, réalisateur et animateur indépendant, revient sur sa carrière, présente ses courts métrages récompensés dans de nombreux festivals ainsi que ses projets en cours.

16h00 : Making of films de fin d’études : Secrets de fabrication de quatre films de fin d’études programmés dans les séances Panoramas 2012, présentés par les étudiants, après la projection de leurs films.

17h30 : Panorama 2012 – 3ème partie Films d’écoles : Ce troisième panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

19h15 : Anima Buenos Aires de Maria Verónica Ramirez, Carlos Loiseau, Pablo Rodriguez Jauregui, Florencia Faivre, Pablo Faivre, Carlos Nine : Un portrait composite de Buenos Aires réalisé par les grands animateurs argentins du moment, dont Juan Pablo Zaramella, responsable des séquences de transition. En avant-première.

21h30 : Musique et son : Ce programme rassemble une sélection de clips animés et de courts métrages récents, où les ambiances sonores et les notes jouent une partition majeure dans les histoires racontées.

Dimanche 25/11

14h30 : Carte blanche au festival Anima Bruxelles : Le codirecteur du festival Anima, Philippe Moins, propose le temps d’une séance, ses derniers coups de coeurs, en matière de courts métrages européens.

15h30 : Carte blanche au Festival Anima Cordoba : Après la Belgique, au tour de l’Argentine de mettre en avant la crème de l’animation, à travers la sélection établie par Alejandro R. González, le directeur du festival Anima Cordoba.

17h30 : Panorama 2012 – 4ème partie Films d’écoles : Ce quatrième panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

19h15 : Films de la résidence de l’Abbaye de Fontevraud : Depuis 2006, l’Abbaye de Fontevraud accueille en résidence des réalisateurs d’animation qui souhaitent mener un travail d’écriture sur un projet personnel de court ou de long métrage. Ce programme de dix films en est le reflet.

Toutes les infos sur le Carrefour de l’Animation ainsi que les détails des séances se trouvent sur la page du Carrefour de l’Animation, hébergée sur le site du Forum des images : jetez-y un oeil (et même deux yeux) curieux !

Nous avons 10 x 2 places à vous offrir ! Cliquez donc pour en savoir plus !

Festival de Bruz, la liste des films étudiants

Du 12 au 18 décembre 2012, le festival d’animation de Bruz, à proximité de Rennes, proposera une sélection de 41 films d’étudiants, répartis en 3 programmes (sur 150 films soumis). Avant notre focus consacré au festival, voici leurs titres.

11847 – Antoine Blandin – EMCA, 2011, 07 ‘ 53

500MG – Clément Courcier – EMCA, 2011, 06 ‘ 45

Aux gambettes gourmandes – Clémence Bouchereau – Ecole Emile Cohl, 2011, 04 ‘ 50

Azùl – Rémy Busson, Francis Canitrot, Aurélien Dyhayon, Sébastien Iglesias, Maxence Martin, Paul Monge – Supinfocom Arles, 2012, 08 ‘ 15

Bleus à petits pois – Aline Faucoulanche – La Poudrière, 2011, 04 ‘ 39

Burning house – Pierre Mazingarbe – ENSAD, 2012, 03 ‘

Carn – Jeffig Le Bars – Ecole Emile Cohl, 2011, 05 ‘ 20

Caverne – Boris Labbé – EMCA, 2011, 06 ‘ 40

Cinétique – Boris Labbé – EMCA, 2011, 05 ‘ 53

Conte de faits – Yumi Yoon – La Poudrière, 2011, 03 ‘ 59

Contre Temps – Jérémi Boutelet, Thibaud Clergue, Gaël Megherbi, Tristan Menard, Camille Perrin, Lucas Veber – Supinfocom Arles, 2012, 08 ‘ 25

Dans l’ombre – Stéphanie Clément, Paolo Didier, Marion Hassan, Thomas Bertrand-Battle, Emmeline Gautheron – Supinfocom Arles, 2012, 07 ‘ 10

De riz ou d’Arménie – Hélène Marchal, Samy Barras, Romain Blondelle, Céline Seille – Supinfocom Valenciennes, , 07 ‘ 20

Folksongs & Ballads – Mathieu Vernerie, Pauline Defachelles, Rémy Paul – Supinfocom Valenciennes, 2011, 07 ‘ 35

Frictions – Steven Briand – ENSAD, 2012, 04 ‘ 30

Fur – François Barreau, Marion Delannoy, Claire Fauvel, Rachid Guendouze, Vincent Nghiem, Benoit Tranchet – Gobelins, 2011, 03 ‘ 55

Histoire courte et absurde du suicide d’un bourreau – Jérémie Balais – Ecole Emile Cohl, 2011, ‘

Je ne suis personne – Jonas Schloesing – ENSAD, 2011, 05 ‘ 55

Kinobuss Parade – Cléo Biasini – ENSAD, 2012, 16 ‘ 38

L’air de rien – Cécile Milazzo – La Poudrière, 2011, 03 ‘ 16

L’Ere Bête – Thomas Caudron, Ingrid Menet, Laurent Meriaux, Clement Tissier – Supinfocom Valenciennes, 2011, 06 ‘ 45

La goutte de miel – Melissa Plantaz – Ecole Emile Cohl, 2012, 02 ‘ 50

La Ravaudeuse – Simon Filliot – La Fémis, 2011, 09 ‘ 50

La sole, entre l’eau et le sable – Angèle Chiodo – ENSAD, 2011, 15 ‘

La théorie de la pieuvre – LISAA Collectif – LISAA Collectif, 2011, 01 ‘ 47

La veuve caillou – Agnès Patron – ENSAD, 2011, 07 ‘ 45

Le bruit des flocons – Martial Coulon – Ecole Pivaut, 2011, 08 ‘ 40

Le Jardin enchanté – Viviane Karpp – La Poudrière, 2011, 03 ‘ 55

Le Taxidermiste – Paulin Cointot, Dorianne Fibleuil, Antoine Robert, Maud Sertour – Supinfocom Valenciennes, 2011, 06 ‘ 45

Les aimants – Cerise Lopez – ENSAD, 2011, 11 ‘ 30

Les chiens isolés – Rémi Bastie, Nicolas Deghani, Jonathan Djob-Nkondo, Paul Lacolley, Nicolas Pegon, Jérémy Pires, Kevin Manach – Les Gobelins, 2011, 06 ‘ 30

Mer des pluies – Violaine Picaut – EMCA, 2011, 02 ‘ 56

Motha – Emilie Robin, 2011, 04 ‘

Pamela – Meriem Bennani – ENSAD, 2011, 08 ‘ 26

Première loge – Ecole Emile Cohl, 2011, 2 ‘ 50

Rosette – Romain Borrel, Gaël Falzowski, Benjamin Rabaste, Vincent Tonelli – Supinfocom Valenciennes, 2011, 05 ‘

Superstition – Anaïs Dauvergne – EMCA, 2011, 09 ‘ 58

Swing of change – Harmony Bouchard, Raphaël Cenzi, Andy Le Cocq, Joakim Riedinger – ESMA, 2011, 06 ‘ 32

The Gathering dusk – Amy Brutton, Yann Drevon, Audric Escales, William Ohanessian, Raphaël Tillie – Supinfocom Arles, 2012, 06 ‘ 35

Un oiseau qui aime une fleur – Mi-Young Baek – EMCA, 2011, 02 ‘ 30

Vieille courge – Claire Sichez – La Poudrière, 2011, 02 ‘ 03

Festival de Bruz, la sélection des films professionnels

Le festival national du film d’animation de Bruz proposera cette année, entre le 12 et le 18 décembre, sa nouvelle sélection de films professionnels. Sur 120 films de professionnels reçus, 35  films courts ont été retenus. Voici leurs titres.

A Shadow of blue – Carlos Lascano – Les Films du Cygne, 2011, 12 ‘

Aalterate – Christobal de Oliveira – Autour de minuit, 2011, 9 ‘ 44

Agnieszka – Izabela Bartosik – Les Films de l’Arlequin, 2011, 10 ‘

Au poil – Hélène Friren – Parmi les lucioles films, 2012, 7 ‘ 40

BAO – Sandra Desmazières – Les Films de l’Arlequin, 2012, 11 ‘

Ceux d’en haut – Izù Troin – Foliascope ; Folimage ; La Boîte,… Production ; Nadasdy, 2012, ‘

Duo de volailles, sauce chasseur – Pascale Hecquet – Les Médias Associés, Ambiances…asbl, 2011, 6 ‘

Ecofaubourgs – Pierre-Emmanuel Lyet – Doncvoilà Productions, 2012, 02 ‘ 06

Edmond était un âne – Franck Dion – Papy3D Productions, ONF, 2011, 15 ‘

Fleuve rouge, Song Hong – Stéphanie Lansaque, François Leroy – Je Suis Bien Content, 2012, ‘

Gruik – Sylvain Boutroue, Aymeric Roussel – ass. Gruik, 2011, ‘

Kali le petit vampire – Regina Pessoa – Folimage, 2012, 09 ‘ 19

Le banquet de la concubine – Hefang Wei – Folimage, ONF, 2012, 12 ‘ 46

Le peuple de l’herbe – Parler le fracas – Thomas Fourniret – Autoproduction, 2012, 04 ‘ 25

Le printemps – Jérôme Boulbès – Lardux Films ; les Trois Ours Production., 2012, 15 ‘ 13

Le Soleil chante – Delphine Burrus – Ignatub, 2011, 04 ‘ 07

Le syndrome du boucher – Morgane Defaix – Marmitafilms et Cine Passion en Périgord, 2012, 18 ‘ 41

Les morceaux d’amour – Géraldine Alibeu – Autoproduction, 2011, 05 ‘

Les souvenirs – Renaud Martin – Blue Spirit Animation, 2012, 08 ‘ 38

Merci mon chien – Julie Rambauville et Nicolas Bianco-Levrin – Folimage, ONF, 2012, 07 ‘ 47

Oh Willy… Emma de Swaef, Marc James Roels – Beast Animation, IkkiFilms , Vivement lundi, 2012, 16 ‘ 35

Palmipedarium – Jérémy Clapin – Papy3D Productions, 2012, 12 ‘

Partir – Joanna Lurie – Lardux Films, 2012, 03 ‘

Peau de chien – Nicolas Jacquet – Joseph Productions, 2012, 13 ‘ 40

Pinchaque – Caroline Attia Larivière – Nativa, 2011, 05 ‘ 07

Sommeil paradoxal – Florentine Grelier – Autoproduction, 2011, 01 ‘ 40

Son Indochine – Bruno Collet – Vivement Lundi !, Blink Productions, 2012, 09 ‘

Tempête dans une chambre à coucher – Juliette Marchand, Laurence Arcadias – –JPL Films, Amorce Films, 2012, 10 ‘ 58

The caketrope of Burton’s team – Alexandre Dubosc – Autoproduction, 2012, 01 ‘ 40

The Great Rabbit – Atsuchi Wada – Sacrebleu Productions, 2011, 07 ‘ 00

The people who never stop – Florian Piento – Autour de Minuit, 2012, 03 ‘ 30

Tram – Michaela Pavlátová– Sacrebleu Productions, 2012, 07 ‘ 00

Un spectacle interrompu – Christophe Gautry, Arnaud Demuynck – Les Films du Nord, 2012, 10 ‘

Vertige – Christophe Gautry, Mathieu Brisebras – Les Films du Nord, 2012, 08 ‘

Via Curiel 8 – Mara Cerri– Sacrebleu Productions, 2011, 08 ‘ 30

Jan Kounen : “Dans le court métrage, il faut bien sentir ce qu’on a envie de faire. A un moment donné, si on se cogne à un mur, il faut savoir comment le contourner”

Artiste multiple venu des arts décoratifs, intéressé par l’exploration de styles divers et variés, Jan Kounen est l’un des cinéastes les plus frondeurs et imprévisibles du cinéma hexagonal. Nous l’avons interviewé à l’occasion de la dix-huitième édition de l’Etrange Festival où il était invité pour la programmation d’une Carte Blanche, explorant le large spectre de ses influences (Sam Raimi, Godfrey Reggio, etc.). Rencontre avec un réalisateur unique dans le paysage cinématographique moderne, ayant inspiré toute une génération d’apprentis cinéastes.

Article associé : la critique de « Panshin Beka Winoni » de Jan Kounen

Prematur de Gunhild Enger : Prix Format Court au 27ème Festival de Brest !!

Composé de Marie Bergeret, Camille Monin et Katia Bayer, le Jury Format Court a récompensé samedi soir « Prematur » de Gunhild Enger, un film norvégien de 17 minutes, parmi les 41 courts métrages issus de la compétition européenne du Festival de Brest. Ce film qui touche au sentiment d’oppression sans le nommer et qui prend le prétexte d’un trajet de voiture pour révéler des non-dits familiaux, sous la forme d’un huis-clos, a séduit le jury Format Court. Il a également reçu le Prix européen du Conseil régional de Bretagne et le Prix des Passeurs de courts, à la clôture du Festival.

Dans le cadre du Prix Format Court, la lauréate bénéficiera d’un focus consacré à son travail sur le site www.formatcourt.com et verra son film projeté jeudi 14 mars 2013, à l’occasion de la carte blanche offerte par Format Court au Festival de Brest, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Synopsis : Prematur narre l’histoire d’un norvégien, Martin, et de sa petite amie espagnole, Lucia, qui attend un enfant. On suit le couple pendant leurs quinze premières minutes ensemble sur le sol norvégien, et notamment la rencontre de Lucia avec cette nouvelle culture, et surtout sa belle-famille.

Le palmarès du 27e festival européen du film court de Brest

Hier soir, a eu lieu la remise des prix du 27e festival européen du film court de Brest. Les différents jurys, dont l’officiel composé de Simon Ellis, Nabiha Akkari, Kris, Ludovic Henry, et Mihai Mitrica, ont rendu publics leurs choix. Ces choix, les voici.

Grand Prix du Film Court de la Ville de Brest : Tiger Boy, de Gabriele Mainetti (Italie).

Prix Européen du Conseil régional de Bretagne : Prematur, de Gunhild Enger (Norvège).

Prix du Premier Film ou Film d’École du Conseil général du Finistère : Le Cri du homard, de Nicolas Guiot (Belgique – France).

Prix Révélation : Flow, de Hugues Hariche (France).

Prix de la meilleure direction photo : Dos au mur, de Miklos Keleti (Belgique).

Prix d’interprétation : Claire Thoumelou dans Le Cri du homard, de Nicolas Guiot (Belgique – France).

Prix France 2 : Stronger, de Victor Rodenbach et Hugo Benamozid (La Femis, France).

Prix Beaumarchais : Chacun sa nuit, de Marina Diaby.

Prix Canal + Cocotte Minute : Noise, de Przemyslaw Adamski (Pologne).

Prix des Passeurs de courts : Prematur, de Gunhild Enger (Norvège).

Prix Format Court : Prematur de Gunhild Enger (Norvège).

Prix du Jury Jeune : Prora, de Stéphane Riethauser (Suisse).

Prix du public : Rhinos, de Shimmy Marcus (Irlande).

Prix du Jury presse : Pin-up, de François Gallou (France).

Mentions du jury : Abgestempelt, de Michael Rittmannsberger (Autriche) et Prochainement sur vos écrans, de Fabrice Maruca (France).

Festival Média 10-10 : le palmarès 2012

L’édition 2012 du festival namurois du court métrage s’est clôturée le 17 novembre. Découvrez les films primés !

Prix du Meilleur Court Métrage de Fiction
Offert à Nicolas GUIOT pour son film « Le cri du homard »

Prix du Meilleur Court Métrage d’Animation
Offert à Margot REUMONT pour son film « Si j’étais un homme »

Prix du Meilleur Court Métrage Documentaire
Offert à Aude VERBIGUIE pour son film « A nos terres »

Prix du Meilleur Court Métrage OVNI
Offert à Salomé LAMAS pour son film « Encounters With Landscape (3x) »

Prix Format Court du Meilleur Court Métrage OVNI
Offert à José Alberto PINTO pour son film « Antero »

Prix des Auteurs – Documentaire
Offert conjointement, par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) et la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM) à Aude VERBIGUIE pour son film « A nos terres »

Prix du Meilleur Court Métrage Professionnel
Offert par la Promotion Artisitque Belge de la SABAM à Sandra FASSIO pour son film « I Rafi » (La couture)

Prix de la Meilleure Image Numérique
Offert à Manu DACOSSE pour le film « A new old story de Antoine CUYPERS

Prix de « la trois » pour un film d’étudiant
Offert à Richard GERARD pour son film ‘L’incertitude d’Heisenberg »

Prix de la Presse
Offert à Françoise DUPAL pour son film « La terre ou le ciel »

Concours de pitch

Prix uMedia
Offert à Maxime PISTORIO

Prix Smartbe
Offert à Robin ANDELFINGER

Antero de José Alberto Pinto : Prix Format Court OVNI au Festival Média 10-10

Cette année, pour la deuxième fois, Format Court  a décerné son Prix du Meilleur Film OVNI (objet visuel non identifié) au festival namurois du court métrage, Média 10-10. Le jury était composé de Julien Beaunay, Marie Bergeret, Adi Chesson et Nadia Le Bihen-Demmou.

    © Photos : Olivier Cellière © Photo : Olivier Cellière

Le lauréat, « Antero », film portugais signé José Alberto Pinto, a été annoncé par Marie Bergeret et Adi Chesson lors de la cérémonie de clôture le samedi 17 novembre 2012.

Le prix comprendra un focus spécial dédié au film gagnant ainsi qu’une projection en salle à Paris, lors d’une séance Format Court au Studio des Ursulines.

antero

Synopsis : Un film qui ressort du domaine païen et populaire, à propos d’un homme qui s’appelle Antero. Antero récite des vers et des pensées populaires, Antero rit. Antero récolte des objets perdus et répare tout ce qu’il trouve. Comme l’a dit Joseph Beuys, chaque homme est un artiste.

Brest. Courts européens & petits comédiens

Vite. Il ne nous reste plus qu’une heure avant de découvrir le palmarès de Brest, une heure seulement pour vous révéler nos derniers coups de coeur cinématographiques, rejoignant un focus déjà bien fourni. Avant de vous présenter prochainement « After », un documentaire édifiant sur Auschwitz (compétition européenne n°6), qui mérite un papier à lui tout seul, voici deux films, sans liens apparents, qui donnent à voir et à aimer le cinéma européen, qui font émerger deux auteurs particulièrement pertinents, un italien et un autrichien, et qui comptent au casting des comédiens fabuleux, pas plus haut que quelques pommes.

Tiger Boy de Gabriele Mainetti

Dans ce film italien ultra réussi, un petit garçon de neuf ans, Matteo, se fabrique un masque identique à celui de son héros : « Le Tigre », un lutteur d’une banlieue de Rome. Il se met à le porter et refuse de l’enlever, tout au long de la journée et de la nuit, malgré les demandes réitérées de sa mère. Au même moment, le proviseur de l’école abuse de sa position et s’intéresse de trop près à l’enfant, en lui répétant de ne pas se sentir coupable. Matteo, livré à lui-même, se réfugie dans le monde de la lutte, avec ses figurines, et assiste en cachette à un combat du vrai Tigre, son héros, qu’il acclame lorsque celui-ci domine son adversaire, sur un ring. Le lendemain, lorsque le proviseur croise Matteo à l’école, celui-ci commence à résister à son tour et refuse de le suivre dans son bureau.

Un enfant anonyme que presque personne ne remarque, si ce n’est à cause de son masque. Un monde adulte absent ou oppressant. Des gros plans sur les visages et les yeux. Le désir malsain d’un adulte et la quête de modèle d’un petit homme né après les années 2000. Un caprice qui n’est rien d’autre qu’un appel au secours. Une honte subie et un retournement de situation. Un passé douloureux et un avenir à (se) construire. « Tiger Boy » de Gabriele Mainetti (compétition européenne n°7) vaut tous les détours, autant pour l’interprétation de son petit tigre en puissance (Simone Santini) que pour son image et sa musique très soignées. On a très, très envie que ce film ait un prix ce soir. Jury, si tu nous entends…

Abgestempelt de Michael Rittmannsberger

Autre titre remarquable et remarqué au sein de cette compétition européenne, voici « Abgestempelt » (compétition européenne n°3), un film venant d’Autriche. Dans ce court très, très bien construit, un petit garçon ne comprend pas pourquoi son père, immigré, se fait contrôler à un abribus et pourquoi son sac est fouillé par la police. Lorsqu’il demande à son aîné où est le mal, son père ne dit mot. Surpris, il garde les yeux grands ouverts, ne devinant pas ce qui se joue devant lui. Son étonnement redouble lorsque dans le bus, un jeune homme, à qui son père a sauvé la mise en lui évitant une amende des contrôleurs malveillants, se met à être agressif à l’égard d’eux deux. Pourquoi certains hommes s’en prennent-ils à d’autres ? Qu’ont fait ces derniers de mal pour se voir ainsi réprimander et inquiéter ? A ces questions, l’enfant, trop petit, n’est pas en mesure de répondre. Sauf que son père, embarrassé et abasourdi, ne sait pas quoi lui dire. Car le mal, dans le film de Michael Rittmannsberger, n’est peut-être pas là où le croit…

« Abgestempelt » est un film qui déjoue les clichés scénaristiques et les expectatives du spectateur (la chute n’est pas celle à laquelle on s’attend). Il soulève des questions légitimes, par la bouche d’un enfant, qui s’interroge sur le bien et le mal, sur l’innocence et la culpabilité, mais aussi sur la peur, la passivité et la prise de risques. Mais c’est aussi un film tout en regards, en sensations et en silences, qui mêle une situation fictionnelle à un vécu réaliste, des images de tournage à des images de vidéosurveillance, qui multiplie les gros plans, et qui fonctionne superbement par la relation extrêmement naturelle entre le père et le fils, nouée entre les deux comédiens principaux. Pour toutes ces raisons et parce que la subjectivité l’emporte, ce film, qui n’est que le deuxième de son auteur, est pour l’auteure de ces lignes, LE meilleur film de Brest.

Katia Bayer

Consulter les fiches techniques de « Tiger Boy » et de « Abgestempelt »

Article associé : l’interview de Michael Rittmannsberger, réalisateur de « Abgestempelt »

A comme Abgestempelt

Fiche technique

Synopsis : Après un contrôle de la police, un jeune père d’origine arabe ne sait pas comment expliquer la situation à son fils, qui ignore que des événements plus inexplicables sont encore à venir…

Réalisation : Michael Rittmannsberger

Genre : Fiction

Durée : 11′

Pays : Autriche

Année : 2012

Scénario : Michael Rittmannsberger

Image : Andreas Daxer

Montage : Wolfgang Auer, Michael Rittmannsberger

Son : Gregor Rasek, Matthias Ermert

Interprétation : Sami Loris, Simon Schober, Michael Fuith

Production : DCS Filmproduktion

Article associé : le reportage « Brest. Courts européens & petits comédiens »

T comme Tiger Boy

Fiche technique

Synopsis : Ce qui parait être un caprice est en réalité un appel au secours que personne ne semble entendre.

Réalisation : Gabriele Mainetti

Genre : Fiction

Durée : 20′

Pays : Italie

Année : 2012

Scénario : Nicola Guaglianone

Image : Michele D’Attanasio

Son : Fabio Melorio

Musique : Gabriele Mainetti

Interprétation : Francesco Foti, Lidia Vitale, Simone Santini

Décors : Martina Castagnoli

Montage son : Mirko Perri

Production : Goon Films

Article associé : le reportage « Brest. Courts européens & petits comédiens »

P comme Prora

Fiche technique

Synopsis : Prora, au bord de la Mer Baltique. Un centre de vacances érigé par les Nazis aux dimensions infinies. Dans ce colosse de béton, Jan et Matthieu, un Allemand et un Français, 17 ans, s’embarquent dans une aventure qui va confronter leurs identités et mettre en péril leur amitié. Fable sur l’adolescence et la découverte de soi, Prora est une tendre histoire d’amour et d’amitié.

Genre : Fiction

Durée : 23’

Pays : Suisse

Année : 2012

Réalisation : Stéphane Riethauser

Scénario : Stéphane Riethauser

Image : Marcus Winterbauer

Son : Carlos Ibañez Diaz

Interprétation : Tom Gramenz and Swen Gippa

Production : Lambda Prod

Article associé : la critique du film

Prora de Stéphane Riethauser


« Du haut de ces murs de béton, plus de 40 ans d’autoritarisme vous contemplent ».

Présenté au Festival de Brest dans la compétition européenne, « Prora » de Stéphane Riethauser apparaît comme une troublante traversée des frontières au beau milieu de l’île de Rügen, lieu où dominent les vestiges de l’ancienne station balnéaire imaginée par les nazis.

Jan et Mathieu ont 17 ans. Ils sont amis. Et comme tous les amis, ils partagent leurs considérations sur le monde et les filles. Passant leurs vacances sur la côte baltique, ils se retrouvent à Prora. Et la structure de béton, aussi froide qu’elle soit, va accueillir la transformation de leurs relations.

A bien des égards, l’architecture de Prora, située à 300 km au nord de Berlin,  fascine par son gigantisme, effroyable reflet d’une idéologie mégalomane. De son côté, « Prora », le film de Stéphane Riethauser envoûte par sa façon d’associer le pur et l’impur, l’ignominie nazie et la relation sensuelle de Jan, l’Allemand et de Mathieu, le Français.

Dans une mise en scène qui joue avant tout sur l’opposition (le visage angelot de Jan est le revers du ténébreux Mathieu, la rigidité de la construction contraste avec l’érotisme dégagé par les adolescents), le réalisateur suisse utilise l’Histoire collective comme berceau d’une histoire individuelle. Les reliques du passé et l’histoire d’amour se mêlent pour offrir une réflexion pertinente sur la notion de souvenir encombrant tel que peut l’être « Prora ». De magnifiques plans aériens de la construction laissée à l’abandon traduisent à la fois la force et l’inutilité des sentiments que Jan nourrit pour Matthieu car tous les deux le savent bien, à la fin de l’été leurs chemins vont devoir se séparer. La caméra de Riethauser plonge alors les amants dans les couloirs labyrinthiques des vestiges nazis pour les engouffrer dans un monde où tout devient possible, un monde où les frontières n’existent plus. Le lieu de villégiature des masses laborieuses du IIIè Reich se fait alors soudainement le tendre complice de leur quête identitaire et sexuelle. Maîtrisé et pertinent, poétique et sensuel, « Prora » est une jolie surprise de la compétition européenne.

Marie Bergeret

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Vegtelen percek de Cecília Felméri

Adapté d’une nouvelle de János Szántai, « Vegtelen percek », ou « Infinite minutes », pour ceux qui ne parlent pas la langue de Cioran, nous propose d’adopter l’espace d’un instant le point de vue de plusieurs personnages tous liés à un même lieu. Déjà remarqué au Festival de Locarno en 2011, il est sans aucun doute l’un des meilleurs courts métrages proposés au Festival européen du film court de Brest cette année.

Ce film est construit comme une équation mathématique où les destins de chaque personne se nouent inéluctablement et non sans grâce. La structure du film est analogue à la figure du cercle : on entre et on sort du film exactement au même moment de l’histoire, celui où un médecin- collectionneur est en train d’admirer le tatouage d’un serpent sur un corps, formant un cercle parfait, dans une morgue. Chaque scène rejoue ce même instant et propose une version personnelle des quelques minutes écoulées. Implacablement, le puzzle prend forme et les personnages se dévoilent.

L’action débute dans la morgue d’un hôpital avec un amateur de tatouage, puis, tandis que le récit avance, nous montons d’un étage pour nous retrouver avec un chirurgien tourmenté, et de fil en aiguille, nous continuons à gravir les différents niveaux du bâtiment pour faire la connaissance d’une infirmière gourmande, d’une patiente faisant la sourde oreille et enfin d’un directeur d’hôpital libidineux, avant de redescendre inexorablement vers la fin de l’histoire et boucler la boucle.

A partir de cette métaphore, la réalisatrice Cecília Felméri tisse les fils de son histoire avec une grande minutie et un sens du détail remarquable. L’articulation des scènes et l’emboîtement des intrigues sont exécutées avec une précision d’horloger suisse. Chaque action, même anodine, fait écho à l’autre et participe à la fatalité de la situation. De petites touches d’humour grinçant viennent heureusement alléger le propos et donner ce ton particulier au film. Par exemple, lorsque chacun des personnages entre en scène dans le champ de la caméra, une petite fiche en indique une description lapidaire (nom, âge, profession et traits de caractères) dans un coin de l’écran. Aussi efficaces que des aphorismes, ces didascalies permettent en quelques secondes de donner une épaisseur et une complexité tout à fait surprenante aux personnages.

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Un va-et-vient se met en place entre ces petits détails qui peuvent paraître insignifiants et la grande histoire qui en est la somme. « Vegtelen percek » est en quelque sorte une variation de l’allégorie des battement d’ailes d’un papillon qui provoque une tornade à l’autre bout du monde, en d’autres mot la « théorie du chaos ». Cecília Felméri parvient à créer un univers complexe et subtile sans compromis, en clôturant son film avec une surprenante ironie.

« Vegtelen percek » appartient à la catégorie des films qui ne s’épuisent pas au premier visionnage. Richesse des thématiques, précision de la mise en scène et maîtrise du langage cinématographique : l’ensemble du film contribue à faire coïncider le fond avec la forme. On a hâte voir le prochain film de Cecília Felméri !

Julien Beaunay

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« Vegtelen percek » est projeté au Festival du film européen du film court de Brest, dans le cadre du programme européen n°7,  le jeudi 15/11, à 20h et le samedi 17/11 à 10h30

V comme Vegtelen percek

Fiche technique

Synopsis : Un après midi d’été, un homme se renverse son café dessus, un autre nourri des pigeons, un autre tue une abeille, un autre meurt, un autre copie des motifs, un autre écoute la radio, un autre passe un coup de fil, un autre … Et il existe peut être des liens entre eux …

Réalisation : Cecília Felméri

Genre : Fiction

Durée : 19′

Pays : Hongrie, Roumanie

Année : 2011

Image : György Réder

Son : Rudolf Várhegyi

Montage : Péter Politzer

Décors : Sandra Sztevanovity

Interprétation : József Bíró, György Honti, Kata Losonczi, Csilla Varga, Zoltán Tamási, Bea Lass, Tünde Szalontay

Production : Inforg Studio, Argo Audiovisual Association

Article associé : la critique du film

Aperçu de la sélection française à Brest

Le court métrage français a de beaux jours devant lui. La sélection du Festival de Brest de cette année est là pour nous le prouver : des films aboutis, plutôt engagés, souvent drôles et particulièrement bien mis en scène. Un joli cru qui n’annonce en rien la fin du monde !

Au programme de cette compétition 1 de courts métrages français, nous retrouvons pêle-mêle des parapluies capricieux, des hommes nus, un poisson, un nouvel amour et une mauvaise surprise. En somme, un éclectisme cinématographique bien appréciable.

Dans « Les parapluies migrateurs », Mélanie Laleu exploite un univers aussi énigmatique que celui de « Brazil » (du grand Terry Gilliam. On a connu comparaison esthétique moins flatteuse !), au confins du réel et de l’imaginaire. Sa recherche visuelle (des gris contrastés et une pluie constante) s’oppose à sa recherche auditive (une bande-son plutôt entraînante et joyeuse), offrant un résultat très plaisant et bourré d’humour. Sans compter que les parapluies, en plus d’être migrateurs, n’en sont pas moins capricieux! « Mary Poppins » chez Terry Gilliam ? Un mélange surprenant aux saveurs subtiles.

L’humour est également une des caractéristiques de « Stronger », court métrage de Victor Rodenbach et Hugo Benamozid. Sur ouverture de voix-off masculine, deux « amis » devenus « ennemis » se retrouvent dans une salle de cours de dessin, à poser nus devant une dizaine d’élèves. Si le propos s’attarde sur les questions de confiance au sein d’une relation amicale, la mise en image décomplexée et pourtant pudique de ces chairs masculines confère aux dialogues un angle sarcastique. Et à la fin ? Nos deux compères sont toujours nus, mais peut-être réconciliés.

Dans « La sole, entre l’eau et le sable » d’Angèle Chiodo, nulle question de réconciliation, puisque le conflit est absent. On retrouve cependant une voix-off (féminine cette fois) qui parle de la sole, accompagnée d’une illustration visuelle inattendue. La réalisatrice offre un travail sur les formes, les matières et les couleurs très surprenant et d’une grande originalité.

De voix-off féminine, il est encore question dans le court métrage d’Alphonse Giorgi et Yann Tivrier, «Polaroïd Song ». Dans les années 90, un groupe de rock exclusivement féminin est racontée par sa photographe, une jolie jeune femme métissée en passe de découvrir l’amour. Le parti pris assez risqué de la faire parler en face caméra, comme s’adressant aux spectateurs, aurait pu être un flop total (le procédé est dépassé s’il est mal utilisé), mais les réalisateurs se dépatouillent du pire à merveille. Il est fort appréciable de découvrir un film assez féminin, qui parle des femmes sans s’adresser uniquement à elles, et qui plus est mis en image par deux hommes !

Cette sélection se clôture par un film d’Émilie Cherpitel, « Les filles du samedi ». Une femme (interprétée par Cécile Cassel) se réveille dans un appartement lumineux. Elle cherche les choses (on comprend ainsi rapidement qu’elle n’est pas chez elle), passe d’une pièce à l’autre, et se retrouve nez à nez avec un enfant. Il est le petit frère de l’amant de la nuit, parti au golf comme tous les samedis et qui compte bien sur sa conquête nocturne pour s’occuper du bambin ! Un goujat qui aurait pour seul excuse le fait d’être orphelin et responsable par « obligation » de son petit frère. Le duo imposé trouvera finalement de joyeuses occupations… Un court qui en dit long sur l’humour de la réalisatrice, qui joue avec des dialogues pinçants et des rebondissements bien amenés. En dire plus serait gâcher la surprise, car dans Les filles du samedi, rien n’est tout à fait ce que l’on croit.

Même éclectisme dans la compétition 2, avec plus de noirceur cependant et une forme évidente de renoncement au bonheur ultime. Dans « Chacun sa nuit », Marina Diaby brosse les portraits croisés de ces femmes qui, derrière un écran, procurent des moments de plaisirs à des hommes solitaires. Des échanges pour de l’argent, que certaines considèrent comme un travail. Juste un travail. Mais comment renoncer au bonheur d’aimer pour de vrai, pour de bon, même si la rencontre se fait par le biais d’un écran ? L’une d’elles y croit… Mais les fées, cela n’existe que dans les contes.

« Cendres », de Jérome Farrugia, a également quelque chose du conte. Une jeune femme en détresse, un preux chevalier, un château et des « méchants ». Si l’histoire est assez banale, la mise en image, elle, relève vraiment de l’onirisme. Esthétiquement, un noir et blanc très contrasté, ne laissant sortir que le rouge comme autre couleur (la robe de la femme, le sang, certaines armures, etc.). Au fil du court, le rouge, qui n’était que tâche ponctuelle, devient de plus en présent, envahissant, angoissant, et les plans disloquent et morcellent les corps. « Cendres » est un voyage en terre inconnue, persistant comme un rêve, perturbant comme un cauchemar.

Le noir et blanc est aussi la clef esthétique du film de Hu Wei : « Le propriétaire ». Une histoire complexe (autant que sa chute ?) dont vous pouvez découvrir la critique ici. « Le sourire du plombier » n’est pas celui que vous croyez ! Le court métrage assez bref (3 minutes et 30 secondes) de Guillaume Chevalier se déroule dans une cuisine, avec une vieille dame, son fils (qui ne fait que passer) et un plombier. Drôle, vif et sans concession, ce court est comme un sketch, agrémenté de la cruauté réjouissante que seules certaines situations peuvent offrir !

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Dernier court métrage de cette sélection mais pas des moindres, « Que puis-je te souhaiter avant le combat ? », de Sofia Babluani, nous entraîne dans l’univers d’une jeune femme muette, vivant à la campagne avec son père et sa soeur. Un quotidien bien réglé jusqu’à l’arrivée d’une « étrangère » qui chamboulera leur existence pour toujours. Comme ses personnages, « Que puis-je te souhaiter avant le combat ? » est une oeuvre généreuse, plaidant l’amour et la tolérance envers et contre tout(s).

Géraldine Pioud

Cocotte Minute : la pression monte

Pour cette 27ème édition du Festival européen du film court de Brest, les programmateurs ont concocté un condensé de 13 films très courts assemblés dans leur désormais incontournable Cocotte Minute.

Qui y a-t-il dans cette cocotte ?

Le principe du programme reste inchangé : il consiste en une compétition de courts métrages européens de moins de dix minutes et sans dialogue. Cette année, onze pays européens sont représentés et les films issus des productions des pays du sud de l’Europe brillent toujours par leur déconcertante absence. Seule la Grèce tire son épingle du jeu avec la programmation de « Extrem walks », de Agnes Sklavos et Stelios Tatakis, un court métrage composé à la façon d’un jeu vidéo.

Si l’on regarde du côté des perles de ce programme, ce sont sans aucun doute les petits pays du Benelux (le Luxembourg et les Pays-Bas, la Belgique n’étant malheureusement pas représentée) qui relèvent cette année le niveau de la cuvée Cocotte Minute avec notamment le très léché « Year Zero » de Mischa Rozema, certes filmé à Prague mais entièrement post-produit à Amsterdam.

La comédie. Une force centrifuge.

Les programmes de films très courts ont toujours fait la part belle aux drôleries de tous types. Seulement, en période de crise économique et sociale, il semblerait que les cinéastes aient envie, et besoin d’exprimer des sentiments moins joyeux même dans les petites formes. Le programme Cocotte Minute, lui, est réputé être une compétition de films audacieux et souvent drôles ou tout du moins ludiques. Pourtant, les films proposés en 2012 semblent refléter une certaine morosité ambiante dont les auteurs et réalisateurs ont du mal à s’extraire.

Par chance, le programme est tout de même rythmé par trois films où l’on sourira faute de rire à chaudes larmes, et dans ceux là, les codes du genre sont respectés. Dans « What It Seems » de Jakob Schmidt (Allemagne), le spectateur est pris dans la tourmente d’un film à chute où l’ambiance sordide bascule inévitablement dans la grosse blague. Du côté des sketches et du burlesque, on se tourne vers le sympathique « Oh! Merde » de Guillaume Ducreux et Aliocha Itovich (France). On retrouve d’ailleurs dans ce film l’humour décalé de « Le monstre géant suceur de cerveaux de l’espace » dans lequel officiait Itovich en tant que comédien. Et puis, comment ne pas citer la douce moquerie « Riders to the Sea » de Orla Walsh (Irlande) qui traite de la difficulté d’être un(e) surfeur(se) épanoui(e) dans un monde où la combinaison en latex régit vos actes et gestes… Au-delà de ces trois films, très proches de la blague, le reste du programme surfe par contre sur une vague plus douce-amère et avoisine même le bord de la déprime.

Apocalypse is now

Dans ce programme, les hommes sont souvent représentés en tant que créatures profondément inadaptées au monde dans lequel ils vivent. Qu’il s’agisse de l’environnement urbain comme dans « Extrem walks » (Grèce) où une jeune femme aveugle doit affronter les obstacles de la ville, ou bien d’un monde futuriste dans « Ibijazi » de Luc Feit (Luxembourg) où l’héroïne subit l’aseptisation à outrance de son quotidien, l’univers semble ne plus être en adéquation avec ses habitants.

Ce sentiment de mal-être est doublé d’une mutation physique du genre humain dans le perturbant « Year Zero » qui pousse le cauchemar jusqu’à dépeindre un monde totalement apocalyptique. Il n’y aura bien que « (In) » de Mikko Kallinen (Finlande) pour tenter une réconciliation entre les hommes et leur environnement. Dans cet univers, les hommes communiquent par la danse avec des organismes amis. Maigre consolation que celle-ci face au marasme ambiant remarqué dans les productions européennes montrées à Brest, dans ce programme Cocote Minute : le monde y est dépeint avec un tel cynisme qu’il ne semble y avoir que peu de place pour la rédemption.

L’enfer c’est les autres.

Pour abonder dans le sens du désenchantement présenté dans les films précédemment cités, les autres courts métrages s’intéressent à la difficulté de vivre en compagnie d’autres personnes. On aborde ici les thématiques de l’incivilité, du vol, de la norme, de la difficulté de la vie en communauté… bref, toutes ces choses qui compliquent un peu ou beaucoup l’existence.

Si l’on regarde du côté de « Melvin » de Benoît Monney et Sami Khadraoui (Suisse), le bon samaritain représenté devient vite dans les esprits le gentil garçon dont on abuse, même si la chute du film permet une ouverture presque plus spirituelle où le héros peut apparaître comme une sorte d’ange gardien. Dans « .363 ep.2 » de Jessy Deshais et Daniel Albin (France) ou encore dans « Noise » de Przemyslaw Adamski (Pologne), il n’y a même plus de place pour la nuance : les hommes sont mauvais. Dans le premier, on assiste au racket d’un dépanneur par toute une kyrielle de gens bien propres sur eux, alors que dans le second, on est témoin de la vie d’un homme qui ne supporte plus les bruits engendrés par son voisinage. Bref, dans ces films, la vie avec ses semblables ressemble à un véritable enfer.

Quand on pourrait espérer que le cercle familial serait préservé de l’attaque des réalisateurs-en-crise, celui de « Waterbaby » d’Andrea Harkin (Royaume-Uni) se charge de contrecarrer cette supposition en narrant toute la difficulté d’un jeune homme à comprendre ce que peut impliquer son rôle de père. Le climax du genre se retrouve dans le film suédois « Jäsningen » de Åsa Maria Bengtsson qui propose une inversion de la norme. En effet, le handicap moteur devient la règle et celui qui n’est pas handicapé est banni de ce qui ressemble de près où de loin à une secte. Drôle de point de vue que de prôner ce type de discrimination sans concession.

Happy end

Malgré tout, LE facteur commun de tous les films du programme Cocotte Minute reste le happy end. Si le ciel manque de tomber sur la tête de la grande majorité des protagonistes des films, il existe toujours une ouverture positive. Elle peut être anecdotique et décalée comme dans « What it seems » où un soldat est pris dans un drôle de quiproquo ou plus lourde de sens comme dans « Der Philatelist » de Jan-Gerrit Seyler (Allemagne), où une rencontre va transformer la morne vie d’un homme solitaire en un bonheur simple.

Les films flirtent donc cette année avec des petites joies du quotidien, des surprises modestes et de drôles d’accidents. En somme, rien de bien tangible mais plutôt des instants fugaces de tensions positives ponctués de petites victoires sur soi-même ou sur les autres !

Cocotte Minute : un laboratoire d’idées et d’expérimentation

Pas facile pour les programmateurs de composer une sélection de très courts européens cohérente en termes de contenu. La Cocotte 2012 peut être prise comme une occasion de découvrir des films de jeunes réalisateurs qui expérimentent le cinéma. Les films d’écoles semblent trouver leur place dans cette compétition avec « What It Seems », « Der Philatelist » et « Waterbaby ». Les trois sont des films assez académiques qui s’appuient sur des références et des codes classiques en termes de narration et de réalisation mais qui sont dans l’ensemble de bonne facture. On relèvera à ce propos le beau traitement presque expressionniste des décors dans « What it seems ».

D’autre part, on remarquera cette année la quasi absence des animations auparavant bien plus représentée dans cette compétition. Autre fait suffisamment marquant pour être mentionné ici : deux films présentés sont des films de promotion. « .363 ep.2 » est le pilote d’une série et « Year Zero » n’est autre que le film de présentation du festival barcelonais OFFF ! Même si ces films sont de qualité – cela est tout particulièrement vrai pour « Year Zero » qui est sans conteste techniquement le meilleur film de la sélection –, ont-ils une place dans une compétition de courts métrages ? La production européenne de très courts est-elle si pauvre qu’on ne peut sélectionner d’autres films pour une compétition ?

Ne nous méprenons pas. Le programme Cocotte Minute est malgré tout un agréable moment à partager. Les films montrés sont propices à la discussion tant sur leurs fonds que sur leurs formes. Et même si l’ambiance cette année n’est pas à la franche rigolade, les films sont suffisamment décalés pour interpeler les spectateurs qui ne manqueront pas d’avoir un avis sur le film à primer.

Fanny Barrot

Le programme Cocotte Minute est projeté au 27ème Festival européen du film court de Brest le mercredi 14 novembre à 18h et le samedi 17 novembre à 10h

Hiljainen viikko de Jussi Hiltunen

« Où est Laura ? Parle ! »

Quelques images suffisent pour se rendre compte qu’on a affaire à un grand film. « Hiljainen viikko », film finlandais sélectionné à Brest, dans la compétition européenne, suit deux inconnus, une jeune fille et un agent de sécurité, avant, pendant et après une tragédie qui les réunit, malgré eux. Magistral.

Premiers temps.

Montage parallèle. Un être filmé de face, au volant de sa voiture : Kati. L’autre, suivi de dos, en plein travail d’observation : Aki. Le premier vient chercher sa soeur Laura et son petit ami Panu, à la sortie d’une boîte de nuit, au petit matin. Le deuxième est agent de sécurité dans ladite boîte. Lorsqu’un de ses collègues lui demande si tout va bien, il lui répond : « toujours » d’un air entendu. Et oui, tout va bien, ce jour-là. La discothèque ferme bientôt ses portes, les fêtards sont sur le départ. D’ailleurs, la voiture de Kati arrive à l’instant sur le parking. Laura se dirige même vers sa soeur, quand une détonation se fait entendre. Un jeune, à l’extérieur, s’écroule, atteint par les coups de feu. Aki hurle : « Tout le monde à l’intérieur ». Laura repart en courant, vers la porte, mais elle est prise à son tour pour cible, et meurt. Kati ne bouge pas. Le forcené s’approche de sa voiture et retourne son arme sur lui. Les secours arrivent. Kati et Aki, choqués, se regardent, en silence.

Deuxième temps.

Tous deux retrouvent leurs proches : Kati, ses parents, Aki, sa petite amie. Tous deux souffrent de la mort accidentelle de Laura, tous deux éprouvent un sentiment de solitude et n’arrivent pas à s’ouvrir aux autres. Tous deux ressentent de la culpabilité, tous deux sont accusés par Panu, le petit ami de Laura : celui-ci reproche à Kati d’être arrivée en retard sur les lieux et à Aki d’avoir tué son amie, en ne faisant rien pour la sauver, le jour de la fusillade.

Troisième temps.

Aki se blesse (volontairement?) au sauna. Quand l’infirmier qui l’accompagne à l’hôpital réalise qui il est, il le remercie d’avoir sauvé la vie de son fils, présent dans la discothèque ce soir-là. Aki se met à pleurer. Après s’être inquiétée, sa petite amie lui parle d’un coup de fil de Kati. Tous deux se rencontrent dans un café, avec le poids de leurs chagrins respectifs. Générique.

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Quatrième temps.

Loin de mettre des images sur un banal fait divers, « Hiljainen viikko » ne s’interroge pas sur les motifs d’un meurtrier frappant à l’aveugle et de sang froid, dans un milieu juvénile. Le film de Jussi Hiltunen s’intéresse aux répercussions de tels actes dans la vie de deux individus, deux témoins au lien désormais indéfectible. Comment gérer une disparition subite et injuste ? Comment surmonter la perte, le chagrin, la culpabilité ? A qui parler ? Peut-on pardonner ? En soulevant ces questions, en s’appuyant sur une mise en scène très affirmée et en étant interprété par deux comédiens principaux épatants, ce film relève du coup de poing cinématographique. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas ressenti cela dans un court de fiction.

Katia Bayer

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« Hiljainen viikko » de Jussi Hiltunen est projeté au Festival européen du film court de Brest, dans le cadre de la compétition européenne n°6, le jeudi 15/11 à 16h et le vendredi 16/11 à 21h30

H comme Hiljainen viikko

Fiche technique

Synopsis : Un film court sur la culpabilité et le pardon. Une fusillade a lieu devant la discothèque d’une petite ville au Nord de la Finlande. Deux témoins doivent surmonter leurs sentiments de perte, chagrin, et culpabilité.

Réalisation : Jussi Hiltunen

Genre : Fiction

Durée : 17′

Pays : Finlande

Année : 2011

Scénario : Jussi Hiltunen

Image : J-P Passi

Montage : Jussi Rautaniemi

Interprétation : Antti Luusuaniemi, Rosa Salomaa

Production : Making Movies

Article associé : la critique du film

Le Propriétaire de Hu Wei

En 2012, en France, le jour du Nouvel an chinois, un Asiatique d’une quarantaine d’années entreprend des démarches administratives afin d’obtenir sa carte de séjour. Après plusieurs heures d’attente, celles-ci échouent, à cause d’un avis de domiciliation prochainement invalide. Toute la journée durant, notre inconnu part alors à la recherche de M. Ding, le seul à même de lui fournir le papier vital. Mais Mr Ding est introuvable…

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Si « Le Propriétaire » est une fiction, c’est aussi une terre d’élection pour le documentaire. Les premières minutes nous montrent principalement des hommes, aux portes d’une administration, attendant d’être reçus. Ceux-ci, plutôt nombreux dans la rue, patientent en silence. Plusieurs visages et corps de différentes nationalités défilent en un panorama filmé, caméra à l’épaule. Nous comprenons que cette attente est une nécessité. Puis, la caméra s’attarde sur notre « homme », l’acteur Quoc Dung Nguyen : « Le Propriétaire » va nous parler de lui. On pourrait partir du postulat que c’est parce qu’il sort du lot qu’il devient le sujet principal. Mais les autres hommes, et les rares femmes ou enfants, que nous avons aperçus précédemment auraient pu également l’être, le film nous laissant souvent la possibilité de plusieurs voies comme de plusieurs interprétations. Ainsi, l’acteur Quoc Dung Nguyen a un faux air de l’acteur chinois Tony-Leung-Chiu Wai, lequel a réalisé un certain nombre de prestations mémorables au moins dans des films policiers ou d’action (« Infernal Affairs », « Hero »), mais aussi dans des films romantiques (« In The Mood for Love »…). Cette ressemblance peut sembler anecdotique. Sauf que la recherche de Mr Ding, qui est au départ plutôt une enquête sociale se convertit très vite en une enquête policière. Un certain nombre de codes du film noir se déploient : une disparition, une inspection, la sollicitation discrète d’un réseau de connaissances susceptibles de détenir la précieuse information, une « filature » avec un clin d’œil quasi incontestable aux films noirs des années 70, voire au « Samouraï » de Melville. Notre héros est doué du pouvoir de ne laisser aucune trace derrière lui; on ne l’entend jamais ; il récupère sa voiture à la fourrière sans être vu par les policiers présents ; à la limite de la clandestinité, il recherche un disparu. Autre particularité : aucune musique ne figure au générique du «Propriétaire » qui nous expose ainsi une série d’actions et de faits et s’exempte de tout racolage sonore.

Néanmoins, comme dans tout film noir, le réalisateur nous fait entrer dans un milieu habituellement réservé à des initiés. Ici, il s’agit du « milieu » chinois, un univers dans lequel notre protagoniste semble aussi à l’aise que dans la pratique de certaines mœurs françaises. Dans les deux cas, il ne montre aucune attache. Il y est à chaque fois de passage comme son statut d’immigré fait de lui une personne de passage en France ; lorsque la fonctionnaire blasée lui explique que son papier de domiciliation est erronné et qu’il va lui falloir revenir, il obtempère sans moufter. Lorsque sa voiture disparaît car mal garée un jour de marché, il sait s’adresser au policier approprié. Obstinément, notre « bonhomme » s’en tient à ses buts, sans relâche et sans affolement. On le suit, à la fois par empathie, par curiosité et parce que nous sommes entraînés par son activité méthodique. Comme si cela était insuffisant, Hu Wei renforce l’attrait pour son récit en captant notre attention avec des manifestations quasi surnaturelles : un oiseau tombe mystérieusement sur le pare-brise de la voiture du personnage dès les premières minutes ; un reportage télévisé en anglais s’interroge sur tous ces oiseaux qui tombent du ciel ; un dé est retrouvé dans un raviolis frits que notre protagoniste mange dans un restaurant asiatique et dont il prend un cliché avec son appareil photo numérique qu’il semble toujours emporter avec lui.

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Des événements étonnants, un personnage qui prend des photos à des moments plutôt incongrus : voilà comment donner davantage d’épaisseur à un protagoniste et une histoire qui en ont déjà de façon assez conséquente. On peut alors penser à des influences comme celles du film « Un Prophète » de Jacques Audiard (pour l’apparition subite du cerf sur la route) ou certaines nouvelles de Raymond Carver. Mais la pirouette continue. Au bout des vingt quatre minutes et trente secondes que dure « Le Propriétaire », force nous est de constater que nous étions encore loin d’avoir fait le tour du propriétaire comme de notre personnage : nous le voyions comme un immigré chinois, un peu étrange et paumé, au regard parfois attendrissant. Le cadavre nu d’une femme blanche qu’il exhume du coffre de sa voiture et qu’il jette dans le trou qu’il a creusé dans une forêt nous le fait subitement percevoir autrement. Notre homme est aussi un criminel. Est-il le meurtrier ou le complice d’un meurtre ? La nudité de la victime implique une certaine intimité avec elle. S’agit-il d’un crime passionnel ? Quel est ce sourire qu’il a lorsqu’au dessus de la tombe, il adresse à la victime un mot qu’il a écrit? Un sourire de repentir ou une satisfaction personnelle devant le meurtre accompli ? A nouveau, son calme et sa méthode se manifestent : il semble avoir tout son temps et être rôdé à ce genre de situations. Voir et revoir le film nous impose le constat suivant : cet homme n’a jamais cessé de nous échapper et de nous troubler.

Dans la forêt, maintenant, la nuit est tombée. Dans l’obscurité, notre « héros » prend une dernière photo avec flash cette fois-ci, mais nous ne voyons pas ce qu’il photographie. Et la dernière image s’arrête sur le portrait d’une chouette ou d’un hibou. Sacré Monsieur Hu !

Franck Unimon

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