N comme Noise

Fiche technique

Synopsis : Un travail audiovisuel où le son tient le rôle principal. Les bruits qui s’immiscent dans l’appartement du protagoniste font l’objet de son interprétation, générant des images aléatoires qui entrent en interaction. Privés de leur corrélation visuelle, les sons évoquent des images qui sont souvent à cent lieues de leur source réelle.

Réalisation : Przemyslaw Adamski

Genre : Animation

Durée : 7’

Pays : Pologne

Année : 2011

Scénario : Katarzyna Kijek et Przemyslaw Adamski

Image : Katarzyna Kijek, Przemyslaw Adamski

Montage : Przemyslaw Adamski

Musique : Grzegorz Manko

Animation : Katarzyna Kijek, Przemyslaw Adamski

Interprétation : Wojciech Juchniewicz, Tomasz Stańko, Leszek Musiał, Izabela Pągowska, Oleh Kryzhanovskyy

Production : Małgorzata Kozioł / Studio Munka

Article associé : la critique du film

Festival de Clermont-Ferrand 2012

Comme chaque année au milieu de l’hiver, Clermont-Ferrand devient pour une grosse semaine le centre du monde de la planète Court Métrage. Pour sa 34éme édition et malgré les restrictions budgétaires importantes qu’imposent le climat général de crise, le Festival entend bien conserver toute son attractivité. Des compétitions internationale, française et labo prometteuses, des programmes parallèles originaux (Cuba, mouches et autres bestioles, le manifeste d’Oberhausen…), un marché international du film court toujours dynamique, forment cette année encore les fondements du pèlerinage incontournable pour tous les acteurs de la création de films courts.

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Retrouvez dans ce Focus :

Carte blanche à l’INSAS

L’interview de Jacky Goldberg, réalisateur de « In Loving Memory » (France, F6)

La critique de « Night Fishing » de Park Chan-wook et Park Chan-kyong (Corée du Sud, L2)

L’interview de Theodore Ushev, réalisateur des « Journaux de Lipsett » et membre du Jury International

– La critique de « Choros » de Michael Langan et Terah Maher (Etats-Unis, L3)

Critique croisée : Le Ciel en bataille de Rachid B. (F4) et Méditerranées d’Olivier Py (F9)

L’interview de Marc Boyer, producteur et co-fondateur de Lardux Films

La critique de « Opowieści z chłodni » (Récits de chambre froide) de Grzegorz Jaroszuk

La critique de « Mon amoureux » de Daniel Metge (France, F7)

La critique de « Boro in the Box » de Bertrand Mandico (France, F3)

La critique de « The Pub » de Joseph Pierce (Royaume Uni, L3)

Le reportage Soy Cuba”

– La critique de « Senes from the Suburbs (V2) » de Spike Jonze (Etats-Unis, DB 1)

La critique du « Songe de Poliphile » de Camille Henrot (France, L5)

La critique de « In Loving Memory » de Jacky Goldberg (France, F6)

La critique de « Oh Willy » d’Emma de Swaef et de Marc Roels (France, Belgique, Pays-Bas, F6)

La critique de « We’ll become oil » de Mihai Grecu (Roumanie, L2)

L’interview de Jean-Christophe Reymond, producteur de Kazak Productions

– Kazak x 3, le reportage sur la société de production Kazak Productions

– La critique de « Noise » de Przemysław Adamski (Pologne, I12)

Mais aussi nos articles déjà parus en lien avec la programmation 2012 :

Compétition internationale

La critique de « Body Memory » (Keha Mälu) de Ülo Pikkov (Estonie, I13)

Compétition Labo

La critique de « Killing the Chickens to Scare the Monkeys » de Jens Assus (Suède, Thaïlande, L5)

L’interview de Jens Assur, réalisateur de « Killing the Chickens to Scare the Monkeys »(Suède, Thaïlande, L5)

La critique de « Il Capo » de Yuri Ancarani (Italie, L5)

Compétition Nationale

La critique de « La détente » de Pierre Ducos, Bertrand Bey (France, F1, Scolaire)

La critique de ‘L’Attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace » de Guillaume Rieu (France, F4)

Le reportage sur « Tempête dans une chambre à coucher » de Laurence Arcadias et Juliette Marchand (France, F5)

La critique de « Sous la lame de l’épée de Hélier Cisterne » (France, F11)

La critique de « La France qui se lève tôt » de Hugo Chesnard (France, F11)

L’interview de Hugo Chesnard, réalisateur de « La France qui se lève tôt » (France, F11)

La critique de « Petite pute » de Claudine Natkin (France, F12)

L’interview de Laurie Lévêque, comédienne de « Petite Pute » de Claudine Natkin (France, F12)

Les Collections

« Pixels » de Patrick Jean (C1)

La critique de « Turning » de Saul Freed et Karni Arieli (Royaume-Uni, C3)

La critique de « Casus Belli » de Yorgos Zois (Grèce, C3)

L’interview de Yorgos Zois, réalisateur de « Casus Belli » (Grèce, C3)

Carte blanche Kazak Productions

La critique de « Même pas mort » de Claudine Natkin (France, CP 1)

La critique de « Junior » de Julia Ducornau (France, CP 1)

Programmes scolaires

La critique de « Bisclavret » d’Emilie Mercier (France, Ecole 3)

L’interview d’Emilie Mercier, réalisatrice de « Bisclavret » (France, Ecole 3)

Autres

Serge Bromberg à propos du « Voyage dans la lune » de Georges Méliès (Séance d’ouverture)

– La critique de « Scenes from the suburb de Spike Jonze (Etats-Unis, Canada, Décibels 1 !)

La critique du « Marin masqué » de Sophie Letourneur (France, Films en Région 1)

La critique des « Journaux de Lipsett » de Theodore Ushev (Canada, Ushev-Lipsett)

La critique de « La Madre » d’Alberto Evangelio (Espagne, Carte blanche Etrange Festival 6)

La critique de « La Gran Carrera » de Kote Camacho (Espagne, Carte blanche Etrange Festival 6)

Pointdoc : Allô le monde ?

Si le cinéma de fiction est l’art des points de suspension qui laisserait supposer une reconstruction imaginaire de la réalité, le cinéma documentaire, quant à lui, en serait un peu les deux points qui permettrait de l’expliquer et de la comprendre.

Grâce à l’intiative de passionnés, le Festival Pointdoc permet à tout un chacun de voir des films documentaires passant trop souvent inaperçus. A nouveau, la sélection eccléctique et principalement francophone de cette année nous plonge dans les univers de créateurs peu connus pour la plupart, ayant décidé de prendre leur caméra pour montrer, témoigner, partager, dénoncer ou encore magnifier un évènement qui les a interpellés. Aperçu de 6 docus coeurs.

Antisocial : de la fracture à la misère

Il est intéressant de constater à quel point les films sélectionnés abordent de façon récurrente le thème de la misère sociale. Dans un monde où le mot “crise” est sur toutes les lèvres, les cinéastes veulent en dénoncer les conséquences désastreuses sur les individus en marge du système.

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Avec leur film “Tiers-paysage”, ainsi appelé d’après les théories du paysagiste Gilles Clément, (“Tiers-paysage désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Il concerne les délaissés urbains ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de route, rives, talus de voies ferrées, etc …»), le tandem féminin Naïs Van Laer et Yasmine Bouagga dresse un portrait nuancé d’une famille de tziganes de la banlieue de Montpellier. A travers 3 générations de femmes, les réalisatrices rendent compte du passé et de l’avenir, des envies et des préoccupations d’un peuple rejeté de toutes parts. La volonté de rentrer délicatement à l’intérieur, de dépasser les frontières des préjugés donne au film toute sa force et sa sensibilité. Et l’envie de laisser les frontières floues entre la Roumanie et la France permet de donner une impression de voyager à l’intérieur d’une même réalité. Les réalisatrices dépassent le documentaire traditionnel en apportant une touche de poésie grâce à une démarche qui va de l’individuel vers l’universel où la façon d’aborder le sujet permet un questionnement profondément humain.

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“Un long cri mêlé à celui du vent” apparaît comme une réflexion esthétique sur les activités que génère le port de Marseille. Mais au lieu de montrer l’homme et ses gestes de travailleur, Julie Aguttes chosit de figer des images fixes et dépourvues d’action. La mer et l’ailleurs côtoient des témoignages audio. La cinéaste parle de la solitude des ouvriers en mêlant finement images fixes et images mouvantes, donnant ainsi écho à l’immobilité d’une classe qui n’a que peu d’espoir en son avenir. Les plans souvent métaphoriques appellent le spectateur à interpréter les images. Enfin, Julie Aguttes associe cinéma et littérature en insérant des extraits d’un roman de Sembène Ousmane, “Le Docker noir”, lus par la comédienne Aurore Clément, ce qui apporte une dimension onirique au film (le titre en est d’ailleurs un extrait). Tous ces choix viennent questionner le documentaire jusqu’à le remettre en question. La réalisatrice se joue de la ligne de démarcation entre les deux genres et accorde plus d’importance aux impressions provoquées par la réalité qu’à la réalité elle-même. Un documentaire d’une mouvance délibérément impressionniste.

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“Dans l’ombre” du Belge Bart S. Vermeer met en lumière les conditions de détention des immigrés placés dans des centres fermés dès leur arrivée en Belgique. L’attente interminable et la promiscuité sont le lot de tous les jours. Plaçant sa caméra volontairement à distance et en hors-champ, le réalisateur se rapproche petit à petit de son sujet et suit quelques personnes : une femme albanaise et sa fille, une famille tchétchène, une jeune africaine désillusionnée… Autant d’espoirs mis en sursis, le temps que la Justice tranche. Tous ont quitté leur pays d’origine avec l’espoir d’un avenir meilleur mais arrivés sur place, ils doivent faire face aux réalités d’un système partagé entre la compassion et la méfiance. Vermeer filme les choses à hauteur d’homme, sans condescendance ni idéalisme. Ses plans finaux sur les enfants est une ouverture d’espoir en même temps qu’un questionnement sur le futur de ceux qui grandissent “entre les murs”.

Etre ou ne pas être : en quête de soi, des autres et de Dieu

La deuxième récurrence flagrante est bien le thème de la quête, de la recherche de soi, de l’amour de l’autre ou d’une dimension spirituelle. Sorte de cardiogramme enregistrant les mouvements du coeur, le cinéma documentaire est un bon révélateur de l’état du monde.

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Le court métrage d’Elsa Levy “L’amour à trois têtes” nous parle d’amour à travers trois générations de femmes dont la réalisatrice fait partie. Elle poursuit la volonté de présenter des points de vue singuliers sur l’amour, celui de sa grand-mère, de sa mère et le sien. Ainsi, ce ne sont pas moins de 70 ans d’idées conçues, préconçues et décousues au sujet de Cupidon que balaie le film. Du témoignage de sa grand-mère, on pourra ressentir la nostalgie d’un romantisme épistolaire où les mots pouvaient encore brûler les sens et dépasser les actes et les paroles et la patience être une vertu indispensable. De celui de la mère, c’est le rejet du modèle d’une éducation “classique” et l’importance de l’indépendance, du respect de soi, de l’émancipation féminine, et de la narratrice, c’est un questionnement essentiel et confus (où? qui? pourquoi? comment? quoi?), perdu entre les fondations du passé et l’éclatement du présent, à la recherche de nouvelles balises. Entre pragmatisme détaché et romantisme obligé, les coeurs balancent, et à la narratrice de choisir un dispositif qui déshabille en filmant l’intime, pour mieux se comprendre. A la fois anecdotique et universel, le film d’Elsa Levy questionne les valeurs et les modèles qui nous ont construit et qui se sont effrités au fil du temps. De cette transmision intergénérationnelle, on pourrait croire finalement qu’il serait plus édifiant aujourd’hui de terminer nos contes pour enfants par ceci: “Ils vécurent en partie heureux, se séparèrent et eurent d’autres amours et éventuellement d’autres enfants et surent alors que l’amour et la vie de couple était loin d’être tout rose”.

Nicolas Gayraud filme le quotidien de moniales cloîtrées dans l’abbaye de Bonneval, dans l’Aveyron, une abbaye cistercienne fondée en 1147. “Le Temps de quelques jours” rassemble des témoignages inédits de quelques soeurs (de la plus jeune aux plus âgées en passant par la mère abbesse) et du cuisinier. La recherche de Dieu répond pour la majorité à un besoin de césure avec une société qui ne convient plus. La vie monastique serait “un acte contestataire” selon les mots de la mère abbesse, une volonté de se couper du reste d’un monde qui tourne trop vite, qui s’est éloigné de l’essentiel. C’est dans le respect du rythme des soeurs que le réalisateur les a suivies “des matines aux vespres”, en mangeant avec elles, en vivant avec elles. Le film apparaît comme un questionnement du cinéaste sur la société et sur le chemin de la religion. Chargées de beaucoup de bon sens, les déclarations des soeurs posent un regard sur le monde à la fois critique, contemplatif et amoureux. Les intertitres qui viennnent entrecouper le film, sorte de journal intime de l’artiste documentariste, se mêlent étrangement à la quête spirituelle des soeurs, à leur recherche de l’absolu et de la vérité. La recherche de Dieu n’est décidément pas une cause abandonnée et révolue…

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Véritable film ethnographique qu’aurait sans doute apprécié Jean Rouch, “Natpwe, le festin des esprits”, se présente volontairement comme un voyage initiatique dans l’inaccessible pays birman, à Taungbyon, lieu du plus important pélérinage du pays. Les hommes se travestissent en femmes, boivent et dansent pour honorer les dieux et les pélerins déambulent dans les rues pour admirer ces démonstrations exhibitionnistes autorisées. Dès les premiers plans, le film de Tiane Doan Na Champassak et de Jean Dubrel immerge le spectateur au coeur des croyances d’un peuple et d’une culture. Cette sensation de faire partie de la cérémonie ne le quittera jamais tant le film est construit comme une spirale envoûtante à l’image même des transes et des fervents appels des esprits initiés par les fidèles. Les images en noir et blanc prises sur le vif par Champassak, photographe de métier et reconnu de surcroît, apportent l’intemporalité nécessaire à cet évènement qui a lieu chaque année. Le vrai travail des réalisateurs a été réalisé en post-production. Le montage et la bande son intimement liés fonctionnent comme une fascinante danse primitive de laquelle il est impossible de se détacher. Les incantations des moines donnent le rytme aux images, ainsi les choix cinématographiques priment sur la réalité. Plus proche de la fiction que du documentaire et fort éloigné du film didactique par l’absence de commentaire audio, “Natpwe, le festin des esprits” est une oeuvre d’art où les artistes se servent, s’inspirent de la réalité pour mieux la modeler, la pétrir, la recréer afin d’en offrir une interprétation audacieuse.

Marie Bergeret

Consulter les fiches techniques de “Tiers-paysage”, “Un long cri mêlé à celui du vent”, “Dans l’ombre”, “L’amour à trois têtes”, “Le Temps de quelques jours” ,“Natpwe, le festin des esprits”

Festival pointdoc 2012

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Pour la seconde anné consécutive, le Festival pointdoc, premier festival de diffusion alternative de films documentaires a ouvert ses fenêtres sur la toile du net en présentant 20 films partagés en deux catégories, “Première création” et “Film jamais diffusé”. La sélection eccléctique et principalement francophone nous plonge dans l’univers de créateurs peu connus pour la plupart, ayant décidé de prendre leur caméra pour montrer, témoigner, partager, dénoncer ou encore sublimer des événements qui les ont interpellés.

Retrouvez dans ce focus :

– Le reportage Pointdoc : Allô le monde ?

Festival pointdoc, les films sélectionnés

– Focus pointdoc 2011

N comme Natpwe, le festin des esprits

Natpwe, le festin des esprits

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Synopsis : Taugbyon, minuscule village du centre de la Birmanie. Lieu de pèlerinage annuel pour des dizaines de milliers de croyants. Pendant cinq jours, fidèles et médiums célèbrent le culte des nats, les esprits du panthéon birman. Cinq jours d’offrandes, de cérémonies, de rituels de possession. Cinq jours de liberté, dans une société verrouillée à l’extrême.

Réalisation : Tiane Doan na Champassak et Jean Dubrel

Genre : Documentaire

Durée : 30’

Année : 2011

Image : Tiane Doan na Champassak

Son : Tiane Doan Champassak

Pays : France

Montage : Amélie Degouys

Montage son et mixage : Romain Colonna d’Istria

Conformation et étalonnage : Stanley Denizot

Production : Tiane Doan na Champassak et Jean Dubrel

T comme Le temps de quelques jours

Fiche technique

Synopsis : Ce film est l’une des rares expériences d’une rencontre avec des moniales cloîtrées, dans l’abbaye de Bonneval, dans l’Aveyron. Il se présente sous la forme d’une déambulation contemplative. Le film esquisse quelques portraits de femmes et interroge le spectateur sur son rapport aux autres, à la nature et au temps.

Réalisation : Nicolas Gayraud

Genre : Documentaire

Durée : 62’

Année : 2011

Image : Nicolas Gayraud

Son : Nicolas Gayraud

Pays : France

Montage: Nicolas Gayraud, Isabelle Mayor

Mixage : François Dumeaux

Production : Nicolas Gayraud

Article associé : le reportage Pointdoc : Allô le monde ?

A comme l’amour à trois têtes

Fiche technique

Synopsis : Une exploration des relations amoureuses entre hommes et femmes au travers de trois générations de figures féminines de la même famille: la grand-mère, la mère et la petite-fille – la réalisatrice du film. Ninette, Sylviane et Elsa: trois époques, trois visions, trois expériences qui s’affrontent et se confrontent. Derrière ces histoires d’amour, se dessine un questionnement autour de la transmission intergénérationnelle, de l’image féminine et du rapport mère-fille.

Réalisation : Elsa Levy

Scénario : Elsa Levy

Genre : Documentaire

Durée : 26’

Année : 2011

Image : Paul Guilhaume

Son : Masaki Hatsaui

Pays : Suisse

Montage : Yaël Bitton

Production : HEAD Haute Ecole d’Art et de Design

D comme Dans l’ombre

Fiche technique

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Synopsis : La Belgique, au cœur de l’Europe, apparaît pour beaucoup de réfugiés politiques comme la Terre Promise. Mais que faire lorsqu’on est noyé dans un système politique de contradiction et d’apathie et qu’on finit par se retrouver face à l’inverse de la liberté tant souhaitée ?

Réalisation : Bart S. Vermeer

Genre : Documentaire

Durée : 43’

Année : 2011

Image : Pablo Castilla Heredia

Son : Louis Storme

Pays : Belgique

Montage image: Nadia Touijer

Montage son : Loïc Villiot

Musique : Nico Hafkenscheid

Interprètes : Nedah et sa famille, Chava et Husein, Naim et sa famille,

Production : EPEIOS Production / Atelier de Production GSARA / VAF / CBA

T comme Tiers-paysage

Fiche technique

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Synopsis : Réalisé avec une famille tsigane vivant dans un bidonville à Montpellier, Tiers-paysage interroge le lieu des marges et ses habitants. Au travers des saisons se déroule le quotidien de cette famille, entre la ferraille, la mendicité, les allers-retours en Roumanie, les moments d’inquiétude et les moments de joie. Trois générations de femmes cohabitent dans ces cabanes précaires, tissent le fil de leurs histoires alors que, derrière elles, les grus étendent l’emprise de la ville.

Réalisation : Naïs Van Laer et Yasmine Bouagga

Genre : Documentaire

Durée : 52’

Année : 2011

Pays : France

Image : Naïs Van Laer et Yasmine Bouagga

Son : Naïs Van Laer et Yasmine Bouagga

Montage : Naïs Van Laer et Yasmine Bouagga

Interprètes : Veta, Mihai, Utsa, Toto, Puiut, Danciu, Mihai, Fernando, Darius, Minerva, Michela, Zina et Elvis Ciurar, Marico, Christophe…

Production : Les films de l’Arrosoir

L comme Un long cri mêlé à celui du vent

Fiche technique

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Synopsis : À Marseille, il y a ceux qui travaillent sur le port et les autres. Le mythe d’un monde impénétrable et d’une classe ouvrière contestataire est nourri de part et d’autre de cette frontière. Ce film propose une immersion fantastique et fantasmée au cœur de ce monde à part aujourd’hui voué à disparaître.

Réalisation : Julie Aguttes

Genre : Documentaire

Durée : 42’

Année : 2010

Image : Jérôme Olivier

Son : Cédric Deloche

Pays : France

Montage : Pamela Verala

Voix off : Aurore Clément

Production : GREC

L’OVNI Christelle Lheureux

Qu’elle ne se vexe pas et vous, chers lecteurs, n’allez pas y voir une dénomination péjorative. Si on peut comparer Christelle Lheureux à un OVNI, c’est avant tout parce qu’il est difficile de la mettre dans une seule et même case cinématographique.

Christelle Lheureux est née en 1972. Elle a étudié aux universités d’Amiens et de Paris 8, aux Beaux-Arts de Grenoble puis Le Fresnoy-Studio national des arts contemporains. Diplômes en poche, elle ne cesse de voyager, essentiellement entre l’Asie (Thaïlande, Chine, Japon), Genève et Paris pour créer et réaliser ses œuvres vidéos qui sont ensuite exposées dans les galeries et festivals aux quatre coins du monde. Entre ses différents travaux artistiques, Christelle Lheureux enseigne à la Haute école d’art et design de Genève (HEAD). En deux mots, pas évident de croiser la vidéaste tant son agenda est chargé. Pourtant, elle a su prendre le temps de nous répondre et surtout de nous envoyer un panel de ses travaux afin de tenter de dresser un portrait de celle à qui nous avons remis le Prix Format Court au dernier Festival du Film de Vendôme pour son film « La Maladie blanche ».

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Depuis 1998, Christelle Lheureux créé des installations vidéos sur un mode qui se veut volontiers, plus expérimental ou bien de l’ordre de l’Art Vidéo, mais plus son travail avance et plus la vidéaste se dirige vers une dramaturgie cinématographique probablement plus connue/ accessible du grand public. À cet égard, elle dit ressentir aujourd’hui l’envie et le besoin d’écrire de façon plus narrative, comme le prouve son dernier film « La Maladie blanche », très sollicité et primé en festivals « traditionnels ».

Néanmoins, ce n’est que la forme qui évolue puisque les thèmes de prédilection de Christelle Lheureux restent sensiblement les mêmes. C’est-à-dire la mémoire (conception et attachement aux passé/ présent/ futur), la nature (harmonie avec les plantes et les animaux), le conte (le rêve/ le cauchemar/ l’imaginaire onirique), le regard (la diversité des interprétations, le point de vue des enfants/ adultes). De même que ses films contiennent toujours un certain souci du réalisme. Cela pourrait d’ailleurs sembler contradictoire avec les thèmes qu’elle aborde, lesquels sont relativement éloignés du réel justement.

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Si bien qu’on demeure toujours perturbé, tout du moins sensible aux travaux de Christelle Lheureux, comme par exemple « Ghost of Asia » dans lequel, ce sont les enfants qui ont dirigé un comédien. L’image est documentaire/ documentée, voire même presque crue et ce sont les voix des enfants qui rythment la musique et le film en général, mais le montage est travaillé de telle sorte qu’on ne peut que se laisser transporter par une narration particulière qui est celle de Christelle Lheureux. Nous sommes face à une installation en deux fenêtres offrants deux vidéos différentes mais se reflétant : celle des enfants qui « prend son temps » et celle où le comédien évolue, en accéléré comme si, une fois adulte, tout allait beaucoup plus/ trop vite.

On soulignera que pour « Ghost of Asia », de la même manière que pour Second love in Hong-Kong, la vidéaste a collaboré avec son ami Apichatpong Weerasethakul. Tous deux travaillent ensemble depuis une dizaine d’années et on notera par conséquent la corrélation entre les thèmes qu’ils abordent chacun de leur côté (et ensemble) dans leurs œuvres, l’Asie/ l’Europe et cette frontière si fine qui existe entre l’expérimental et la dramaturgie plus classique.

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Dans « Second love in Hong-Kong », les deux réalisateurs nous plongent dans une histoire d’amour ou plus exactement, « une seconde histoire d’amour ». Tout est là pour provoquer le spectateur et ne pas en faire un être passif : une femme asiatique vêtue de rouge vif qui se retrouve étonnement seule à errer dans un bois occidental où se font entendre des bruits d’oiseaux et d’avion, puis une voix française par-dessus qui lit le texte d’une bande-dessinée asiatique « Rak kang ti song ti Hong Kong » de Tepakorn Na Tasala. Cette jeune femme est-elle l’héroïne de l’histoire ? On y croit en tout cas et pourtant, dans les dernières minutes du film, celle-ci se met à hurler le nom – à connotation italienne – de Luigi. Ensuite, la voix off reprend, mais cette fois en thaïlandais pour nous raconter la mort d’un chien. Faut-il y comprendre quelque chose ? C’est tout l’art de l’Art Vidéo justement : nous faire entrer dans un univers hors norme/ hors forme pour nous faire part des choses avec une narration plus poétique ou plus violente. Ce qu’il faut peut-être y voir, c’est que l’amour est toujours présent, qu’il soit envers un homme, un autre homme, un ami, un animal ou un membre de la famille (comme dans « Toutes les montagnes se ressemblent ») et que la mémoire est là pour en témoigner, même et surtout, lorsqu’il passe.

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De manière générale, Christelle Lheureux aime travailler en collaboration avec d’autres : Sébastien Betbeder, Marie Darrieussecq, Wajdi Mouawad ou encore Christophe Fiat. Au même titre qu’elle s’inspire beaucoup d’œuvres existantes, que ce soit dans la littérature, l’art plastique ou le cinéma. N’a-t-elle pas tout compris à l’Art, autrement dit apprendre des autres, partager les expériences et les regards pour mieux créer individuellement.

Aussi, on notera qu’elle porte une affection particulière aux plans fixes avec des voix-off par-dessus. Des voix-off qui souvent proviennent de personnages totalement extérieurs à ce qui est montré, comme par exemple L’expérience préhistorique, dont la vision et le récit éclairent, voire racontent les images. En bref, l’utilisation de l’expérimental chez Christelle Lheureux ne sert pas juste à provoquer le spectateur mais aussi à l’intégrer à l’histoire. Dans tous les cas, le travail de Christelle Lheureux est absolument unique en son genre, même s’il est justement et finalement identifiable mais malheureusement pas assez connu/ identifié.

Camille Monin

Consulter les fiches techniques de « Ghost of Asia », « Second love in Hong-Kong », « Toutes les montagnes se ressemblent »

Articles associés : l’interview de Christelle Lheureux, la critique de “La Maladie blanche”

T comme Toutes Les Montagnes se Ressemblent

Fiche technique

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Synopsis : Sous le soleil et dans la neige, elle lui raconte le rêve de la veille. Il lui parle pour la première fois de cette nuit où, dans la montagne, lors d’une randonnée au flambeau, son frère disparût.

Genre : Fiction, Expérimental

Durée : 12’

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Christelle Lheureux et Sébastien Betbeder

Scénario : Christelle Lheureux et Sébastien Betbeder

Image : Kevin Haefelin, Christelle Lheureux, Sébastien Betbeder

Montage : Christelle Lheureux et Sébastien Betbeder

Son : Roman Dymny

Musique : Ensemble 0

Interprétation : Clémentine Poidatz, Manuel Vallade, Adrien Michaux

Article associé L’OVNI Christelle Lheureux

S comme Second Love in Hong Kong

Fiche technique

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Synopsis : Un portrait minimaliste d’une fiction/ non fiction hybride dans la nature. Les réalisateurs se sont concentres sur le personnage imaginaire qu’est Hong (Swan) qui voyage de Thaïlande à Hong-Kong pour son travail de servante. Ce conte est extrait de la bande-dessinée « Rak kang ti song ti Hong Kong », Tepakorn Na Tasala. Le tournage a eu lieu en France avec une actrice d’origine mixte : Tiana Mille. La vidéo transforme l’histoire originaire pour en faire un portrait universel d’une personne déplacée. L’histoire évolue selon que les artistes étendent son univers. L’image de cette femme protagoniste provoque une narration multiple et est ouverte à diverses interprétations.

Genre : Expérimental

Durée : 30’

Pays : France

Année : 2002 – 2004

Réalisation : Christelle Lheureux et Apichatpong Weerasethakul

Scénario : Christelle Lheureux et Apichatpong Weerasethakul

Image : Christelle Lheureux et Apichatpong Weerasethakul

Montage : Christelle Lheureux et Apichatpong Weerasethakul

Interprétation : Tiana Mille avec les voix de Christelle Lheureux et Wachana Koomklong

Production : Pavillon Palais de Tokyo à Paris

Article associé L’OVNI Christelle Lheureux

G comme Ghost of Asia

Fiche technique

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Synopsis : Inspiration d’un fantôme qui erre sur les rivages alentours touchés par le Tsunami en décembre 2004. Dans un village sur une île thaïlandaise (Ko Samed), les deux réalisateurs ont mis un acteur à disposition de trois enfants de 4 à 6 ans, en les invitant à le diriger. Le personnage devient une marionnette qui s’agite au grès de leur imaginaire. Un support sur lequel les enfants se projettent. Le film est structuré sur la direction d’acteur enregistrée en temps réel, passant d’une activité à une autre, d’une émotion à une autre, sans hiérarchie. Un portrait de cette île vu par les enfants de la plage.

Genre : Installation

Durée : 9’13’’

Pays : France, Thaïlande

Année : 2005

Réalisation : Christelle Lheureux et Apichatpong Weerasethakul

Scénario : Jantrakansorn Sukkrajang, Sakda Poka, Nantawat Poonpeum

Image : Julien Loustau

Montage : Lee Chatameticool

Musique : Gandhi Anantagant

Interprétation : Sakda Kaewbuadee

Production : Cité Siam

Article associé L’OVNI Christelle Lheureux

Bruz. Courts d’écoles

En France, la formation au cinéma d’animation se porte bien. La Poudrière, les Arts Déco, Les Gobelins, l’EMCA, Emile Cohl, l’ESMA, Supinfocom Arles… Autant de noms ronflants pour des écoles prestigieuses qui accompagnent les talents émergents des films d’animation de demain. L’Association Française du Cinéma d’Animation (Afca) s’est récemment associé à la promotion de cette jeune création en dédiant une compétition spécifique à ces films de fin d’études lors de son Festival National du Film d’Animation de Bruz. Laboratoire d’expériences ouvert à tous les styles graphiques et techniques, banc d’essai artistique où s’exposent innovations et inspirations du moment, le Festival nous a fait découvrir avec près de 35 films issus de ces pépinières de talents, la réserve de créativité du cinéma d’animation français. Parmi eux, quelques coups de cœurs de Format Court.

Matatoro de Raphaël Calamote, Mauro Carraro et Jérémy Pasquet

Avec « Matatoro », les trois auteurs issus de la promotion 2010 de l’école Supinfocom, Raphaël Calamote, Mauro Carraro et Jérémy Pasquet, probablement inspirés par la culture populaire locale de la région d’Arles, nous font pénétrer dans le décor des antiques arènes pour vibrer au rythme hispanisant des spectacles tauromachiques. Le film qui mélange des techniques de dessin en 2D et quelques passages en 3D, nous propose une faena surréaliste dans le monde baroque de la corrida. Jouant sur la confusion du réel et de l’imaginaire, on suit le parcours émotionnel d’un torero maladroit affrontant fébrilement une bête terrifiante de l’élevage Miura, ainsi que la bronca impitoyable d’un public aficionado. Respectant l’univers ultra-codifié des courses de taureaux, le film nous fait traverser les étapes du spectacle en transfigurant les perceptions de son héros pathétique. Dévoyant aux valeurs traditionnelles qu’incarnent les matadors, ce torero de pacotille prend tour à tour les traits d’une danseuse de flamenco enchaînant les passes, d’un picador piteux monté sur les chevaux de bois d’un ancien manège, ou d’un trapéziste balancé dans les hauteurs d’un chapiteau lors du tercio de banderilles, alors que les peones masqués (toreros subalternes) dansent en ronde autour de la bête sauvage qu’ils font tourner en bourrique.

L’univers sonore du film est parfaitement ciselé, et mêle avec brio des ambiances musicales latines et foraines, et les interactions d’un public hyper-stylisé qui s’incarne selon les scènes en fines paires de moustache lorsqu’il s’agit de rire, en une nuée d’yeux sifflant implacablement la prestation, où en fourchettes frémissantes à l’heure de la mise à mort. Car dans le cirque tauromachique, tout termine toujours par une mort dans l’après-midi. L’estocade de « Matatoro » est une merveille du genre et dresse un tableau digne de Jodorowsky, tourné en 3D dans un silence de mort que seul interrompt le bruit d’une vague de fond. Au bout du compte, c’est finalement le torero qui est transpercé par la bête, finissant par se fondre complétement avec elle pour ne plus former qu’une espèce de minotaure christique planant dans les rayons du soleil au dessus d’une arène à genoux. « Matatoro », vainqueur du Grand Prix du film étudiant de Bruz, fait partie de ces films allégoriques qui savent vous troubler par sa puissance émotionnelle.

Laszlo de Nicolas Lemée

Avec « Laszlo » de Nicolas Lemée, l’école de La Poudrière produit un film très actuel qui, entre drame et comédie, dresse une chronique du monde contemporain et apporte un regard critique sur une certaine mondialisation. Au centre du sujet, la clandestinité et le destin de ces millions d’hommes qui, broyés par un système qui les dépassent, survivent entre les expulsions internationales. Dans le cas de « Laszlo », on est face à une fatalité, et le film commence par cette phrase : « La première fois que j’ai été expulsé, c’était du ventre de ma mère ». Dès lors, on suit le parcours chaotique d’un homme dont le seul tort est d’être né sans identité dans un pays en guerre, et qui, sans l’avoir jamais voulu, voyage du Kosovo à Paris, puis à Londres, Kaboul, Guantanamo, New York, Belgrade, au rythme d’expulsions administratives successives qui n’ont aucun sens pour lui. Absurdité d’une époque sans compassion où les hommes sont victimes d’un monde obstrué par la peur de l’autre, les coups de tampons s’abattent sur « Laszlo », touriste involontaire des camps de rétention et des règlements migratoires. Pris au piège de ce processus qui fait de lui un pantin désorienté sans aucune prise sur sa vie, dont seul l’amour offre un répit. Entre arrestations et déportations, une silhouette féminine ponctue le film, ouvrant des moments de pause dans ce mouvement anarchique où l’homme prend enfin sa vraie dimension. Réalisé image par image à partir de photos, de vidéos, et de détails visuels composites, le film joue sur la frontière entre réalité et fiction pour nous emmener dans une danse insensée qui nous renvoie à notre propre humanité.

Plato de Léonard Cohen

Issu de l’ENSAD, Léonard Cohen signe un film de fin d’études brillant et drôle qui jongle avec les potentialités graphiques de l’animation dessinée. « Plato », double Prix du meilleur film de fin d’études et du jury junior à Annecy, est avant tout un jeu de dessin génial qui, avec la simplicité du trait d’un crayon à papier, mélange les perspectives 2D et 3D dans un ballet géométrique en noir et blanc. Verticalité, horizontalité, angles, profondeurs, reflets, volumes, ombres, rotations, inversion des perspectives, « Plato » joue avec des repères mouvants qui bouleversent notre perception logique et l’impression du réel. Au début du film, une silhouette filiforme debout sur une ligne horizontale rappelle franchement l’ambiance « planche à dessin » de la fameuse série télé des années 80, « La Linea ». Le personnage est à la recherche d’une forme et trace des objets géométriques dans l’espace avec la pointe de son doigt. Soudain, c’est l’illumination, il crée le cube ! Mais voilà qu’à peine terminé, le cube glisse hors du plan vertical où il a été conçu pour prendre vie dans un univers tridimensionnel, échappant par la même à son créateur resté captif d’un monde en 2D. Dès lors s’engage entre le dessinateur et son cube, une course-poursuite vertigineuse où l’on bascule sans cesse entre des univers dimensionnels renversants. Exaltant le rapport entre le créateur et sa créature qui tour à tour s’engendrent, s’observent, s’opposent et s’affrontent pour finalement mieux ne faire qu’un, « Plato » nous fait voyager au cœur du processus créatif en jouant de la magie des univers dessinés.

Xavier Gourdet

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P comme Plato

Fiche technique

Synopsis : Un personnage trace des carrés dans un univers en deux dimensions, quand l’espace se révèle et le met face à un vrai cube en volume. Illusions, anamorphoses et passages du volume au papier emmèneront notre personnage dans cet univers graphique trompeur.

Réalisation : Léonard Cohen

Genre : Animation

Durée : 7’50 »

Pays : France

Année : 2010

Animation : Léonard Cohen, Manuel Lombion, Cyril Maddalena

Son : Romain Blanc-Tailleur

Montage : Quentin Romanet

Production : ENSAD, La Ménagerie, XBO Films

Article associé : Bruz. Le reportage sur les courts d’écoles

L comme Laszlo

Fiche technique

Synopsis : LASZLO est un homme sans racines qui aimerait juste vivre en paix, peu importe le lieu.

Réalisation : Nicolas Lemée

Genre : Animation

Durée : 4’

Année : 2010

Pays : France

Image : Sara Sponga

Son : Yan Volsy

Montage : Myriam Copier, Yves Françon

Interprétation : Nicolas Fine, Barabara Quion Quion

Production : La Poudrière

Article associé : Bruz. Le reportage sur les courts d’écoles

Emilie Mercier :  » Je trouve intéressant d’utiliser l’animation, un médium assez contemporain, pour faire resurgir un texte ayant plus de 800 ans »

Bien partie pour devenir illustratrice, Emilie Mercier est devenue animatrice grâce à une petite annonce évoquant le festival Anima. Son premier film, « Bisclavret », mêlant vitrail, lai et (in)fidélité, a remporté le Prix Média et le Prix Emile Reynaud au dernier festival de Bruz. Entretien autour des bonds dans le temps, des univers propres aux auteurs et du langage des oiseaux.

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Tu as commencé des études d’illustratrice à St-Luc, en Belgique avant de te tourner vers l’animation. Comment ce changement s’est-il décidé ?

J’ai toujours voulu être illustratrice, Mon chemin m’a menée vers la Belgique parce que je n’avais pas pu entrer dans les écoles françaises et il a bifurqué vers l’animation à cause d’une révélation, le festival Anima. Je suis entrée à l’école en 1987 et je n’ai entendu parler du festival que deux ans plus tard. discipline que j’étudiais à l’Institut Supérieur St Luc de Bruxelles. Mais mon chemin a bifurqué vers l’animation en découvrant le festival Anima. Un tirage au sort permettait d’assister J’avais gagné un concours dans le journal pour assister à un forum de quotidien sur le scénario organisé par le festival. Avec d’autres étudiants, j’ai pu rencontrer Youri Norstein, Bill Plympton, Peter Lord…

Je ne me souviens pas de leurs propos mais j’ai été frappée par leurs personnalités et par l’ambiance qui semblait régner dans ce milieu. Je me suis rendue compte que l’animation était un milieu très simple et très chaleureux, et ça m’a donné envie de faire ce métier. En découvrant les films et les auteurs en même temps, j’ai réalisé que je ne devais pas être illustratrice mais que je devais travailler dans l’animation. Du coup, après St-Luc, j’ai enchaîné sur une année d’études à Gobelins, avec comme but d’acquérir les connaissances permettant de réaliser un film d’auteur. en story-board et layout et puis, je suis entrée dans la série.

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Te souviens-tu des films que tu y as vu ?

Oui. J’ai été frappée par « A Grand Day Out » de Nick Park (personne ne connaissait Wallace & Gromit à l’époque), les succès du début de Plympton (« Your Face », « 25 Ways to Quit Smoking »). Je me souviens aussi d’avoir vu « Le Manteau » de Norstein. La pellicule a d’ailleurs brûlé pendant la séance : le film s’est détruit sous nos yeux, sans que nous puissons voir la fin. Même si c’était une copie, c’était un sentiment étrange d’être témoin de la fragilité d’un film.

Ca ne t’a pas manqué de délaisser l’illustration ?

Si, ça me manque encore d’ailleurs. Mais c’est un métier pour lequel je ne peux pas m’empêcher d’anticiper le fait que ça ne me fera pas vivre, alors qu’il faut faire les livres parce qu’on a envie de les faire.

Pour le coup, « Bisclavret », ton premier film, est quand même proche de l’illustration…

C’est très juste. L’idée de raconter une histoire en utilisant la forme du vitrail m’est venue à St-Luc. Incapable d’écrire moi-même une histoire, j’attendais de trouver la bonne. Dix ans plus tard, j’ai eu un coup de foudre pour un texte, mais comme à ce moment, j’étais passée à l’animation, il était évidement que cette idée allait devenir un film plutôt qu’un livre.

Tu as travaillé sur la série « Tintin » et sur le film « L’hiver de Léon ». « Bisclavret » est très différent dans sa forme…

C’est vrai que c’est un virage stylistique. Mais dans l’animation ou dans l’illustration, ce qui m’a toujours fascinée depuis l’enfance, c’est que chaque univers soit unique. En fait, ce que j’adore se résume en un seul mot : « auteur ». Ce qui me parle, c’est quand j’entre dans l’univers formel et narratif d’un auteur.

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Qu’est-ce qui t’a séduit dans le vitrail ? Les couleurs, la perspective, les motifs ?

Oui, j’aime beaucoup les motifs, la géométrie, les couleurs, ce qui est décoratif. Mais ce que j’ai essayé de faire avec « Bisclavret », c’est de garder certains paramètres visuels et authentiques et pas d’autres. Ca ne m’intéressait pas d’être dans l’imitation pure, dans le pastiche de vitrail. Par exemple, je n’ai pas mis les petites hachures qu’on pourrait y trouver. De même, les couleurs et la luminosité sont là mais les formes ne sont pas toujours les mêmes. Comme le texte de Marie de France me paraissait en plus très moderne, j’ai cherché à jouer sur des éléments visuels et musicaux tout aussi modernes pour ne pas obtenir à la fin une tarte à la crème médiévale !

Le film t’a pris dix ans. Comment as-tu maintenu ton projet en vie pendant toutes ces années ?

J’ai tellement adoré le texte que malgré ce processus de maturation très lent, j’étais sûre que j’irais au bout, que je le ferais. L’envie de le faire a toujours été aussi forte même dix ans après. Le coup de coeur ne s’est jamais affaibli, il s’est même renforcé au fur et à mesure de ma compréhension du texte. Au début, je l’ai lu comme tout le monde, après j’ai commencé à me poser des questions, à me demander quel était le vrai sujet du poème. Pourquoi sur douze poèmes de Marie de France, ai-je choisi celui-ci et pas les onze autres ? Les autres ne m’ont sûrement pas autant intriguée. Maintenant que j’ai appris à lire celui-ci, je vais certainement aborder les autres différemment.

Qu’est-ce qui t’a intéressée dans ce poème-ci ?

Les thématiques que je trouvais très féminines. À mon avis, le loup-garou est un prétexte pour parler d’une histoire de couple et de ce qui se passe entre un homme, une femme et la société. Chacun a décidé de vivre sa vie sexuelle comme il l’entend, lui, en vivant sa vie de loup, elle, en changeant d’homme. Ils font la même chose quelque part, ils deviennent maîtres de leur destin.

Je voulais garder quelque chose que j’adore dans le texte : une double lecture. Le film est accessible aux enfants qui le voient au premier degré, et il est riche en sous-entendus pour les adultes. C’est pour ça que je n’ai pas voulu insister sur la symbolique du loup, la rendre plus explicite que ça mais je pense que certains adultes la voient; certains ricanent quand ils voient le loup dormir dans le propre lit du roi, ils voient poindre l’allusion homosexuelle. et la comprennent encore mieux quand, à la fin, un vers évoque le roi et le baron : “Toute sa terre, il le lui rendit, et plus encore que je ne dis”. Comment ça, “et plus encore que je ne dis ?”. Hélène Vayssières d’Arte, qui s’est intéressée à ce projet et qui l’a soutenu, m’a aidée sur cette partie-là de l’histoire, sur la possible aventure entre le roi et le baron. La question qu’elle a été amenée à me poser était la suivante : “Entends-tu ce que dit le langage des oiseaux ?”. C’est une question que je vais me poser sur le restant de mes films, dans la mesure où je travaillerai sur le texte de quelqu’un d’autre, un scénariste ou un poète.

Comment as-tu choisi les vers que tu allais utiliser pour ton histoire ?

C’est une bonne question parce que j’ai eu beaucoup de mal. Pendant longtemps, j’avais tellement de respect pour le poème que je n’arrivais pas à commencer le travail d’adaptation. Il me semblait tellement fabuleux que je me sentais incapable de et n’osais rien couper. Je n’arrivais pas à écrire le scénario non plus, je sentais que ça allait dans trop de directions. J’essayais de faire les choses dans l’ordre comme on nous l’apprend en animation : d’abord le scénario, puis le storyboard. J’ai fini par me rendre compte que ce que j’écrivais ne fonctionnait pas, était trop dilué, du coup, je et me suis mise à faire le storyboard d’après le poème et non pas d’après le scénario. Après, j’ai écrit le scénario en lisant mes dessins. Sans eux, j’aurais été incapable de raconter cette histoire.

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C’est plutôt rare en animation d’associer des vers et un univers médiéval, non ?

Oui, plutôt. En vitrail, j’ai vu des livres illustrés, mais en animation, je n’en ai pas entendu parler. Je trouve intéressant d’utiliser l’animation, un médium assez contemporain, pour faire resurgir un texte qui a plus de 800 ans. Le texte est tellement ardu, beau, bien écrit… Ça a été un pari de transmettre un patrimoine aussi ancien et féminin. Pourquoi les problématiques d’une femme du 12ème siècle en font résonner une autre du 21ème siècle ? C’est étonnant, non ? Ça m’a toujours fascinée, cette proximité de deux époques aussi éloignées.

Maintenant que ton idée a abouti, comment envisages-tu la suite ?

J’ai des histoires en tête, liées à d’autres lais de Marie de France. J’aimerais ne faire que des films très simples. Même « Bisclavret », j’aurais voulu le faire plus simple, esquissé, gribouillé, bouillonnant d’énergie. Je serais fière de faire quelque chose de spontané, de ludique de moins laborieux. Je ne regrette rien de ce qui a été fait sur ce film mais si j’arrivais à être plus rapide, avec une esthétique moins travaillée, je serai contente. J’aimerais atteindre cela mais mon caractère est plus perfectionniste, plus lent.

« Bisclavret » est depuis peu accompagné d’un livre illustré. Comment as-tu abordé le fait de revenir au livre ?

Mon coproducteur Arnaud Demuynck m’a proposé de faire un livre pour accompagner le film. Pour cela, on a dû faire un choix d’images parmi celles du film. Il y a d’énormes ellipses, en 24 tableaux, il a fallu résumer toute la problématique du film. On en arrive à un extrême dépouillement, au squelette, à un livre pour enfants, finalement. Personnellement, ça me renvoie aussi à l’illustration de mes débuts, ce qui me réjouit. Une boucle s’est bouclée.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique du film

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Tempête dans une chambre à coucher ou quand l’animation se lâche !

C’est au Festival National du Film d’Animation de Bruz que Juliette Marchand, l’une des réalisatrices de « Tempête dans une chambre à coucher »,  nous a livré ses secrets de fabrication. Après des études à l’ENSAD, elle nous livre ici son troisième film d’animation en tant que réalisatrice. Alors qu’un vent frais et humide souffle sur la région bretonne, c’est dans la chambre à coucher du couple Cleveland, personnages du film de marionnettes animées de Juliette Marchand et Laurence Arcadias, que la véritable tempête a lieu.

Suzan et Duayne Cleveland, couple branché d’une banlieue chic des Etats-Unis, ont apparemment tout pour être heureux : une belle maison, une belle voiture et une belle garde-robe. Pourtant, il apparaît dès le début que leur vie sexuelle est sur le déclin. Les deux réalisatrices de « Tempête dans une chambre à coucher », film déconseillé aux moins de seize ans, ne font pas les choses à moitié : afin d’être sûres que tout le monde a compris, la première scène du film introduit le couple dans la fameuse chambre à coucher où souffle non pas un vent chaud mais un calme plat à mourir d’ennui, et cela malgré le costume coquin qu’arbore Suzan, et le film pornographique qui défile sur l’écran de télévision.

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Pour faire face à cette impasse, le couple décide de s’offrir un voyage dans le désert afin de mettre du piquant dans leur relation. Du piquant, Consuela, sorte de cliché de la femme de ménage mexicaine qui garde la maison des Cleveland en leur absence, elle, n’en manque pas ! Lorsqu’elle entre dans la chambre du couple, elle ne peut résister à l’envie d’essayer les vêtements sexys et luxueux de Suzan. Elle se met alors à danser et à se trémousser devant le miroir tandis que le plombier, qui passait par là, se rince l’œil. Commence alors une aventure torride entre le couple d’employés de maison qui vont se livrer à divers jeux sexuels. D’une situation cocasse à l’autre, le film de Juliette Marchand et Laurence Arcadias nous fait sourire et, avouons-le, nous émoustille quelque peu.

Pendant ce temps, les Cleveland parcourent les paysages désertiques d’un Ouest américain fantasmé, dont la sécheresse ne fait que renvoyer à la nature même de leur relation. La chaleur et l’exotisme du paysage ne parviendront pas à réchauffer le couple, tandis que même les cactus perdent leurs piquants et s’écroulent sous le passage de la voiture. Image plus qu’évocatrice, la subtilité n’est pas toujours de mise pour révéler la frustration sexuelle d’une Amérique puritaine, et plus particulièrement des habitants d’une banlieue chic aux aspects convenus. Les oppositions sont claires : le géométrisme froid de la maison des Cleveland s’oppose à l’effervescence de couleurs du quartier mexicain dans lequel demeure Consuela ainsi qu’aux courbes et à la chaleur des paysages de l’Ouest américain. Ces décors, constitués de maquettes ainsi que de photos agrandies et mises bout à bout, sont directement inspirés du voyage de Juliette Marchand et Laurence Arcadias aux Etats-Unis.

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Après une résidence à Baltimore, où Laurence Arcadias enseigne au département Animation du Maryland Institute College of Art, les deux réalisatrices se sont entourées d’une équipe d’animateurs, d’acteurs, et de compositeurs afin de concrétiser ce petit film coquin. La conception des marionnettes de « Tempête dans une chambre à coucher » s’est étalée sur plus d’un an. Il a fallu trouver les bonnes matières afin de permettre une liberté de mouvement des personnages. En effet, si on veut s’amuser avec le genre pornographique, il faut bien permettre aux personnages de se déhancher et aux corps de tissu de s’exprimer.

Lorsque l’on manipule les marionnettes que Juliette Marchand a apporté, on découvre qu’elles ont, pour office de bouche et d’yeux, de simples croix qui servent de repères. Ce sont des acteurs, filmés au préalable, qui ont prêté leurs yeux et leur bouche aux marionnettes, et dont les expressions du visage ont été fusionnées par ordinateur, permettant ainsi de donner une réelle expressivité aux personnages. Il est évident, lorsqu’on écoute Juliette Marchand, que les deux réalisatrices ont pris un malin plaisir à faire un film d’animation pornographique avec des marionnettes (mais du porno « soft » tout de même), et que leur projet plein de malice est à la fois un clin d’œil et un regard nostalgique vers l’Amérique.

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Réalisé en France, le film est emprunt d’une imagerie proprement américaine. Il réinvestit cette image du suburb typiquement américain où règne uniformité et conformisme, un ensemble fait, littéralement ici, de boîtes en cartons collées les unes aux autres et peuplées de couples frustrés, grands consommateurs de Prozac, ces petites « pilules du bonheur » auquel il est fait référence ici. Ces banlieusards, c’est ceux que l’on a pu voir dans des films au propos virulent comme « American Beauty » ou « Little Children », qui explorent le mal-être d’une Amérique en mal de rêve et d’émotions intenses. Cependant, « Tempête dans une chambre à coucher » est un film plus léger, drôle et ironique, peut-être parce qu’il dépasse les limites de la comédie dramatique. Il joue avec les codes de la comédie romantique et pousse les limites jusqu’à la pornographie. Tout cela agrémenté d’une musique d’ascenseur qui accompagne les personnages dans leurs mouvements et leurs fantasmes, de cris, de gémissements, et de gloussements, qui rappellent au spectateur que le plaisir n’est pas loin, il suffit de savoir, comme Consuela, saisir l’instant.

Agathe Demanneville

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