Annecy, le palmarès courts métrages 2012

Le festival d’animation Annecy s’est terminé hier. Bien belle surprise que de voir « Tram » de Michaela Pavlátová, repéré à Cannes, remporter le Cristal d’Annecy et le Prix FIPRESCI (critique internationale) et « Edmond était un âne » de Franck Dion, programmé dans notre prochaine séance Format Court, obtenir le Prix spécial du jury. Voici le palmarès entier, côté court.

Le Cristal d’Annecy & le Prix Fipresci de la critique internationale : Tram de Michaela Pavlátová, France

Prix spécial du jury : Edmond était un âne de Franck Dion, France, Canada

Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre : The People Who Never Stop de Florian Piento, France, Japon

Mention spéciale : Seven Minutes in the Warsaw Ghetto de Johan Oettinger, Danemark

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Prix Sacem de la musique originale : Modern No. 2 de Mirai Mizue, Japon

Prix du jury junior pour un court métrage : História d’Este de Pascual Pérez, Espagne

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C comme 15 Iulie

Fiche technique

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Synopsis : Un après-midi en famille. Le père fait des réparations dans la salle de bain, la grand-mère regarde la télé, le gendre veut partir et la fille se retrouve au milieu.

Genre : fiction

Durée : 12’

Pays : Roumanie

Année : 2011

Réalisation : Cristi Iftime

Scénario : Anca Buja , Cristi Iftime

Interprètes : Lorena Zabrautanu, Coca Bloos, Adrian Titieni, Lucian Iftime

Image : George Chiper-Lilemark

Son : Ioan Filip, Alexandru Radu

Montage : Dragos Dulea

Production : UNATC « I.L.Caragiale »

Article associé : la critique du film

15 Iulie de Cristi Iftime

« Le temps prend son temps »

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De passage à Brasov, une jeune femme, accompagnée de son petit ami, rend visite à son père le jour de son anniversaire. Ils n’ont que quinze minutes devant eux car la mère les attend pour dîner. Seulement voilà que le père vient de faire des travaux et se trouve sale. Il s’en va prendre une douche laissant sa fille et son copain attendre avec la grand-mère. Assis tous les trois devant la télévision, les deux jeunes font mine de patience. Mais sitôt le père sorti de la salle de bain, il est déjà temps pour le couple de repartir. Au résultat, une scène qui n’a pas lieu, ou plutôt un lieu qui n’a pas de scène.

Ce qu’on retrouve souvent dans la vague des nouveaux films roumains, c’est leur attention au temps. Ils ne sont ni dans le passé, ni dans la projection mais dans une recherche de ce qu’est le présent. Ils mettent l’accent, de manière très particulière, sur le fait de filmer des temps différents qui se frôlent les uns aux autres, comme des courbes d’une figure fractale. « 15 iulie » est un film qui se passe pendant le temps que se passe l’histoire, c’est-à-dire : le temps d’une douche. Car, bien qu’il y ait des ellipses, on est bien là à attendre que cette douche se termine. Cristi Iftime, le réalisateur, s’intéresse à cette attente en ce qu’elle permet de voir se révéler le temps même de l’attente. Cette durée qui apparaît, ce sont les rapports familiaux non pas en termes de psychologie, mais plutôt en termes de physique : la fille qui aime son père ne peut pas le rejoindre dans son temps, et lui ne sait plus de quel temps vient sa fille (il est aussi question d’Est et d’Ouest dans cette histoire). Car cette fille, encore sans contrat d’embauche et habitant la capitale est trop prise par le temps des autres : celui du copain, celui de la mère, celui du père et ses projections. Entre elle et son père, il y a un amour si proche mais des temps si éloignés.

Un très beau plan montre la jeune femme en train d’attendre son père devant la porte de la salle de bain tandis que la grand-mère, hors champ, cause avec le père, lui aussi hors du cadre, laissant la fille muette, au centre. Ce qui est encore plus beau dans « 15 iulie », c’est la place de la caméra qui permet de voir ce qu’il y a entre les personnages, ce décalage des temps qui divergent. Et tandis qu’ils subissent la lourdeur du temps, nous, grâce à la mise en scène sobre et discrète du cinéaste, nous pouvons voir non seulement le sentiment, mais l’idée historique qui découle de ce temps.

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Croq’Anime, appel à film

Croq’Anime, le Rendez-vous du Film d’Animation de Paris prépare la 5ème édition de son Festival qui aura lieu les 7, 8 et 9 septembre 2012 à Paris. Vous pouvez d’ores et déjà envoyer vos films soit par internet en HD soit par courrier postal (pas en recommandé) à l’adresse suivante : 2 rue Boyer – 75020 Paris. Pour participer au Festival, vous devez remplir une fiche d’inscription et une déclaration sur l’honneur que vous renverrez par courrier, datées et signées à Croq’Anime.

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Conditions

– Toutes techniques.

– Pas d’années ni de thème imposés.

– Court-métrage d’une durée de 1 à 12 minutes maximum

Limite d’envois : 30 juin 2012

Plus de renseignements sur www.croqanime.org ou au +33 1 43 15 02 24.

T comme Tania

Fiche technique

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Synopsis : Dans une petite cité, Tania, 16 ans, se tient cachée, un marteau à la main. Elle observe un groupe de jeunes.

Genre : Fiction

Durée : 20’20’’

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Giovanni Sportiello

Scénario : Giovanni Sportiello

Interprétation : Claire De la rue du Can, Sylvaine Trebosc, Bruno Clairefond

Image : Denis Louis

Son : Christophe Vingtrinier

Montage : Aurélien Guégan

Production : 1.85 films

Article associé : la critique du film

Tania de Giovanni Sportiello

Un marteau nommé Tania

« Tania » est un film sur un coup de tête : il devait se passer quelque chose, il se passe autre chose. Le film qui en découle jouit de liberté et d’une certaine malice à enchaîner les détails. Tania, une jeune fille de 16 ans, attendait certainement que ce garçon avec qui elle a couché une fois revienne pour l’assommer d’un coup de marteau, juste parce qu’il ne répond pas au téléphone. Mais voilà qu’en l’attendant, c’est une vieille dame qui se prend un coup dans la figure en tombant. Comme par hasard.

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Tania s’empresse d’aider la vieille dame à se relever et l’accompagne jusqu’à chez elle. Mais elle ne sait pas comment l’aider à soigner ses blessures. Alors elle s’en va et retrouve enfin le garçon qui lui dit « qu’ils allaient quand même pas se marier ». Tania, qui n’a plus la tête à cogner sur lui, retourne à grands pas chez la vieille dame qui émet son dernier souffle. C’est terrible de voir quelqu’un mourir. Mais chez Giovanni Sportiello, c’est plutôt étrange. Car tout est étrange chez Tania et dans « Tania ». Le béton est étrange, les enfants sont étranges, la cité est étrange ; au final, il vaut mieux casser une porte à coups de marteau plutôt que de cogner sur la tête d’un garçon qui n’en vaut pas la peine. Est-ce la morale ? Bien sûr que oui. Et bien sûr que non.

« Tania » est un film qui fait du bien à voir parce qu’on ne peut pas le définir. Comme si Antonioni revenait, un marteau à la main, filmer dans la cité sans scénario. Car le scénario de ce film est tout aussi oisif que la caméra : l’un et l’autre se laissent guider par ce qui arrive, par le sens du vent, par l’ennui, même. Si la caméra oscille sans cesse entre le très proche et le très loin, ce n’est pas une manière de vouloir nous faire entrer ou sortir de la tête du personnage ; au contraire, le film semble plutôt à une place d’observation qui guette chaque regard, chaque souffle de la jeune fille. On ne peut pas parler de caméra subjective et dire que celle-ci voit ce que Tania regarde;  la caméra de Sportiello a sa curiosité propre – une curiosité bien égoïste, comme son héroïne -, elle regarde souvent à côté, là où il ne se passe pas encore quelque chose. En somme, on peut dire que dans « Tania », la caméra est aussi adolescente que son actrice. Une beauté.

Ian Menoyot

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Fyzal Boulifa : « Ce qui m’épate avec les non professionels, c’est de ne pas savoir ce qu’ils sont en mesure de faire et de donner, et de me laisser surprendre par leur potentiel »

Lauréat du Prix illy du court métrage (pour « The Curse ») à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, Fyzal Boulifa, cinéaste britannique d’origine marocaine, marche aux tranches de vie, à l’instinct, et à l’auto-apprentissage. Rencontre.

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Quel a été l’élément déclencheur qui t’a donné l’envie de faire des films ? Comment et pourquoi tu as appris ?

Je pense avoir été chanceux car je n’ai pas fait d’école. Le UK Film Council m’a financé pour faire des courts métrages. J’avais bien commencé une école, la London College of Communication, mais je m’en suis écarté très rapidement. Je voulais explorer, je préférais apprendre par expérience et erreurs que suivre le style et les goûts de personnes avec lesquelles je ne me sentais pas lié. Ça a été très instructif d’apprendre d’une autre façon qu’à l’école. J’ai pu ainsi faire trois films de cette manière.

N’est-ce pourtant pas à l’école qu’on peut apprendre et qu’on est autorisé à faire des fautes ?

C’est vrai. Mais quand j’ai commencé l’école, on n’avait pas vraiment le droit à l’erreur. L’accès à la réalisation était brigué par beaucoup de monde. On arrivait difficilement à faire concrétiser nos projets. J’avais besoin d’apprendre à diriger, c’était très clair dans mon esprit.

Comment as-tu identifié ce que tu voulais raconter dans tes films ?

Je suis obsédé par les images, j’y trouve une certaine excitation. Assembler les éléments m’intéresse, excepté pour « The Curse », qui part d’une anecdote familiale. J’essaye de travailler à l’instinct. Je ne me suis jamais senti fortement impliqué dans un groupe en particulier, je pense que c’est la raison pour laquelle mes personnages ont tendance à être des étrangers, à suivre leur propre chemin. L’individu contre le groupe, c’est quelque chose qui se retrouvait déjà dans mes précédents films. « Whore » raconte l’histoire de deux adolescents à problèmes partageant de manière égale l’attirance et le dégoût l’un vis-à-vis de l’autre, provoqués par des stéréotypes et des idéologies. Pour « Burn my Body », je m’intéressais au multiculturalisme, très vif en Grande-Bretagne, à la rébellion et à la seconde génération partagée entre les traditions et la société contemporaine.

Tu n’as jamais été tenté par le documentaire ?

Non, parce que je n’ai jamais eu de bonnes idées pour cela (rires) ! Mais j’apprécie le genre car je travaille en permanence avec des non professionnels. Ils se retrouvent constamment dans mes films. Quand j’étais à l’école, ce n’était pas quelque chose que j’ai appris. On reçoit de nombreuses leçons pour diriger les acteurs, mais on sait bien peu de choses sur les non professionnels. À travers mes courts métrages, j’ai pu éprouver leur importance, apprendre à les diriger.

Comment ta mère t’a parlé de l’histoire qui a inspiré « The Curse » ?

Elle l’a décrit comme le pire jour de sa vie (rires) ! Instinctivement, j’ai trouvé ça intéressant. Elle a grandi, comme orpheline, au Maroc, pays fort caractérisé par son unité familiale, maintenant, elle est très religieuse. Me retrouver dans ce monde où elle avait été jeune, rebelle, en conflit avec la société m’a permis d’explorer ma relation avec elle ainsi que mes origines. Je n’ai pas grandi en cultivant des liens forts à l’égard du Maroc, mais ce pays m’a progressivement fasciné.

Comment était-ce de tourner là-bas ?

Inouï, fantastique. On tournait en janvier, les productions américaines n’étaient pas très présents sur place, on a eu une super équipe. Les enfants, non professionnels, se sont montrés très performants. Ibtissam Zabara, qui joue le personnage de Fatin, était aussi une comédienne non professionnelle, je l’ai choisie à l’instinct. L’audition était épouvantable. Elle ne pouvait pas jouer, elle était terrifiée, elle n’arrêtait pas de regarder la caméra, mais je trouvais quelque chose de fascinant en elle. J’ai failli choisir une autre actrice, mais dans l’avion de retour, en visionnant tout ce qu’on avait fait, et en la revoyant, je me suis dit que c’était elle. C’était une évidence, même si c’était un gros risque à prendre. Mais j’ai placé ma confiance en elle. Après un long moment de répétition et de tournage, elle s’est vraiment épanouie et est devenue quelqu’un d’autre. Ce qui m’épate avec les non professionnels, c’est de ne pas savoir ce qu’ils sont en mesure de faire, de donner, et de me laisser surprendre par leur potentiel. C’est ce qui me plait le plus dans la réalisation.

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Qu’est-ce qui t’a plu exactement en elle ?

Ça n’avait rien à voir avec sa timidité, sa faculté de jouer ou non, d’être douée ou non. Telle qu’elle était, là, elle était la vraie essence du personnage. Tu sens ça, si la personne en face de toi a une présence, si elle te donne l’impression d’être paumée et atypique sexuellement, à la croisée de personnages masculins et féminins. Je voulais voir tout ça sur un visage, y croire, plutôt qu’engager une actrice professionnelle qui aurait joué toutes ces facettes.

La critique de ton film parue sur le site parle d’un « pays où il est pratiquement impossible de se cacher (le soleil, adulé dans certains pays, interdit ici toute intimité et tout secret et fait partie de la malédiction ». Comment prends-tu ces mots ?

C’est très beau. Ca renvoie au titre du film que j’aime beaucoup et qui a plusieurs significations : en anglais, il évoque l’impossibilité de s’échapper (ce qui est vrai : le soleil regarde Fatin, les enfants aussi, elle est en permanence observée, elle ne peut pas s’échapper), les règles de la femme (en argot), et par extension le “malheur” d’être femme. En même temps, en arabe, « the curse » renvoie à la malédiction de Dieu. Cette traduction me plait beaucoup car elle renvoie aussi à l’identité propre, aux hasards de la naissance dans tel lieu, tel corps, telle époque.

Question perso. Comment ta mère a-t-elle réagi devant ton film ?

Je lui ai parlé du projet, je lui ai demandé comment c’était de grandir, comme femme, dans une toute petite famille, dans un pays comme celui-là. Mais elle ne l’a pas encore vu, j’attends de le lui montrer dans une salle de cinéma. Elle est assez curieuse de la raison pour laquelle j’ai fait ce film-là. Je pense qu’elle éprouvera de la sympathie pour les personnages, ce qui ne m’empêche pas d’être un peu anxieux en prévision de la projection !

Propos recueillis par Katia Bayer

Articles associés : la critique du film, l’interview de Julie Bertuccelli

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E comme Eenentwintig + zeven

Fiche technique

Synopsis : Vibe, 7 ans, vit chez ses grands-parents. Le week-end, elle fait des kilomètres pour aller voir ses parents. La magie de l’enfance disparaît pour laisser place à la réalité.

Genre : documentaire

Durée : 30’

Pays : Belgique / Allemagne

Année : 2011

Réalisation : Kenneth Michiels

Scénario : Kenneth Michiels

Image : Kenneth Michiels

Son : Kenneth Michiels, Thomas Vertongen

Musique : Kenneth Michiels

Montage : Kenneth Michiels, Nico Leunen

Production : Kenneth Michiels

Article associé : la critique du film

Eenentwintig + Zeven de Kenneth Michiels

« 28 jours heureux »

Si « Eenentwintig + Zeven » de Kenneth Michiels, présenté en compétition nationale au Brussels Short Film Festival, ne laisse pas indifférent c’est qu’il est une expérience unique en son genre, un documentaire qui convie à une vraie rencontre entre le spectateur et Vibe qui, à sept ans, fait face à la dépression de sa mère avec une maturité déconcertante.

Vibe a 7ans, le nez qui coule souvent et un avis sur tout. Elle vit la semaine chez ses grands-parents où elle est scolarisée et le week-end chez ses parents où elle partage la chambre avec son petit frère d’un an. Quand Vibe trouve des coccinelles, elle s’amuse à compter leurs points sur les ailes afin d’apprécier ses jours de bonheur en perspective. Elle en a compté 21 + 7.

Dès le générique de début, Kenneth Michiel, issu du KASK, nous montre son envie de filmer une réalité inaccessible, une vérité qu’il tentera de dévoiler tout au long de son documentaire mais en vain. Des plans aériens sur la campagne flamande, sur une jolie musique de fosse, il ne restera que l’envie de trouver ailleurs ce qu’il ne peut trouver en lui. Car Kenneth nous parle de lui, sans trop de pudeur, ou plutôt de sa famille. Pour comprendre sa sœur qui vit une sévère dépression, il décide de filmer sa nièce et de réaliser un film témoignage. La grandeur du film est bien évidemment de dépasser le cadre personnel et familial du réalisateur grâce à la mise en place d’un dispositif formel qui à chaque instant semble l’emporter sur la réalité en se glissant dans ses interstices de façon quasi frénétique.

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La musique, principalement l’air du « Lac des Cygnes » de Tchaïkovski de la boîte à musique de Vibe, notamment restitue la magie de l’enfance que le réalisateur confronte à la terrible réalité, celle d’une mère qui vit la moitié du temps dans le noir et qui confie ses angoisses à son frère, étudiant en cinéma (« Je n’ai jamais voulu avoir d’enfants ») et qui, elle l’espère, montrera ses images à Vibe un jour. Dérangeant par ces confessions que l’on n’a pas l’habitude d’entendre et interpellant par la façon toute particulière qu’a le cinéaste de manipuler la réalité pour tenter de répondre à ses interrogations personnelles. Car il est évident que les questions qu’il pose à Vibe, c’est avant tout pour tenter de trouver des réponses pour lui-même et quand il filme sa sœur à son insu c’est sans doute pour capturer des éléments, au-delà de sa logorrhée suicidaire. Peut-être pense-t-il naïvement qu’avec sa caméra il renouera les liens familiaux et qui sait, guérira sa sœur? Avec son film « Eenentwintig + Zeven », Kenneth Michiels réussit le tour de force de donner à voir un documentaire où filmer l’autre devient en définitive une véritable quête de soi.

Marie Bergeret

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T comme Tuba Atlantic

Fiche technique

Synopsis : Tout le monde va mourir un jour. Oskar, 70 ans, va mourir dans six jours. Il est prêt à pardonner à son frère, qui habite de l’autre côté de l’Atlantique. Mais parviendra-t-il à le retrouver avant qu’il ne soit trop tard ?

Genre : fiction

Durée : 25’

Pays : Norvège

Année : 2011

Réalisation : Hallvar Witzø

Scénario : Linn-Jeanethe Kyed

Interprètes : Edvard Hægstad, Ingrid Viken, erje Rangnes

Image : Karl Erik Brøndo

Musique : Nils Økland

Montage : Vesa Happonen

Production : The Norwegian Film School

Article associé : la critique du film

D comme Darwaazon Wala Ghar (La Maison aux portes)

Fiche technique

Synopsis : Ce film propose, à travers l’histoire d’un homme et de sa chaise, un emétaphore des relations humaines entre la vieillesse et la jeunesse.

Genre : Fiction expérimentale

Durée : 6’23’

Pays : Inde

Année : 2011

Réalisation : Nishant Sharma et Rohit Sharma

Scénario : Nishant Sharma

Image : Sudesh Balan

Son : Sedeep Srivastava, Phani Damara

Montage : Phani Damara

Interprétation : Purshottam Petel, Kiran Gangadharan, Anmol Dharmadhikari, Debjani Roy

Production : Nishant Sharma

Article associé : la critique du film

Le Crépuscule des vieux

Cette année, davantage que les autres, la sélection du Brussels Short Film Festival révélait la noirceur de l’âme. Des films venus des quatre coins du monde qui déclinaient la même souffrance, la même peur d’exister et la même peur de mourir. Parmi ceux-ci Darwaazon wala Ghar (La Maison aux portes) de Nishant et Rohit Sharma et Tuba Atlantic d’Hallvar Witzø ont retenu l’attention grâce à leur façon poétique et originale de traduire le déclin de l’Homme.

Dans son essai La Vieillesse, publié en 1970, Simone de Beauvoir adressait déjà une virulente critique à la société française pour la manière dont elle considérait les personnes âgées. Taboue à bien des égards, la question demeure dérangeante même 40 ans plus tard. Chez nous en Occident, vieillir angoisse, car chaque année supplémentaire mène irrémédiablement vers la mort. Et la mort est synonyme de fin. Par cette considération existentielle, la vieillesse reste fort mal acceptée par la majorité des gens. C’est ainsi que l’homme moderne et civilisé, fort d’un emploi du temps hyper chargé, laisse choir les rêves et les illusions de ses aînés dans de jolies chambres aux murs décrépis, jusqu’à ce qu’ils reposent (définitivement) en paix.

Avec Darwaazon wala Ghar (La Maison aux portes), Nishant et Rohit Sharma signent une métaphore sensible des relations humaines. Sur le pas de sa porte, un homme d’un certain âge est assis et semble contempler l’activité de la ville. Quand ses voisins se débarrassent d’une vieille chaise et la jettent à la décharge, l’homme s’en va la récupérer, les voisins la reprennent et l’homme la récupère à nouveau jusqu’à ce qu’il décide de s’attacher à celle-ci quitte à être lui-même emporté à la décharge. Même s’il est vrai que Darwaazon wala Ghar est un film formel avant tout, il peut éventuellement se lire comme un questionnement sur la place des « Vieux ». Ainsi, dans un pays où les aînés sont vénérés, où une place de choix leur est accordée, le jeune tandem indien semble au contraire exprimer le désenchantement tangible d’une vieillesse caduque, attachée à des traditions considérées comme obsolètes. Comment évoluer dans un monde moderne qui vit à un rythme de plus en plus effréné sans se détacher un peu du passé ? Et comment vivre dans un monde qui abandonnerait les valeurs de ce passé ? C’est qu’au sein de la « plus grande démocratie du monde », croyances et traditions sont le lien même qui tissent les relations. Par le biais de panoramiques répétitifs, le film cantonne volontairement, la réalité dans un horizontal suffocant. La jeunesse ainsi confinée dans un carcan linéaire se retrouve incapable de communiquer avec ses pères et décide de s’en débarrasser tout simplement.

De son côté, Tuba Atlantic du Norvégien Hallvar Witzø prend le parti pris d’un cynisme nordique. Oskar, vieil acariâtre de 70 ans, apprend par son médecin qu’il lui reste 6 jours à vivre. En dispute avec son frère depuis des années, il est prêt à lui pardonner. Le problème est qu’il habite de l’autre côté de l’Atlantique. En lice dans la course aux Oscars du mois de février et lauréat du Prix des Médiathèques à Clermont-Ferrand, Tuba Atlantic est le genre de film qu’on n’oublie pas, tant le scénario, la mise en scène et l’interprétation sont une belle réussite. Mais Tuba Atlantic pourrait sembler morbide s’il n’y avait pas cet humour décalé parsemé tout au long du film. Pour filmer un homme en fin de vie, Witzø a également opté pour des mouvements horizontaux, non pas pour enfermer le spectateur mais pour renforcer la solitude d’Oskar en quête d’un dernier signe de réconfort avant le grand départ. La musique, toujours en contrepoint, souligne le côté décalé et maladroit du personnage et permet d’entrer une pointe de burlesque dans cette angoisse existentielle. Des paysages norvégiens, hivernaux et désolés, filmés dans des horizons lointains, se dégage une poésie sensible, palpable mais inexprimée. Comme si l’appel de l’ailleurs était plus fort malgré tout, comme si Oskar le savait mais qu’une dernière fois il lui fallait montrer au monde qu’il resterait ce grincheux solitaire, tueur de mouettes dont il déteste le cri.

Marie Bergeret

Consultez les fiches techniques de Darwaazon wala Ghar et de Tuba Atlantic

Focus Brussels Short Film Festival 2012

Cette année, le Brussels Short Film Festival fêtait ses 15 ans. Une édition qui comme chaque année a vu déferler bon nombre de spectateurs dans les salles du Vendôme, du Mercelis, du Flagey et du Bozar, pour apprécier pas moins de 3 programmes « Best of », une séance spéciale « anniversaire » et de jolies découvertes des cinémas basque, allemand, latino sans oublier les habituelles compétitions nationale et internationale.

Retrouvez dans ce focus :

La critique de « A New Old Story » d’Antoine Cuypers (Belgique)

La critique de « Tania » de Giovanni Sportiello (France)

La critique de « Eenentwintig + Zeven » de Kenneth Michiels (Belgique)

Le reportage « Le Crépuscule des vieux »

Le  palmarès

Et d’autres sujets dans les jours à venir.

Michaela Pavlátová : « Parfois, j’ai l’impression que mes films n’ont rien en commun, à part mon nom au générique »

Projeté il y a une dizaine de jours à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs, « Tram » s’insère dans un projet collectif, Sexpériences, qui conjugue animation et érotisme au féminin. En entretien, Michaela Pavlátová, la réalisatrice, d’origine tchèque, convoque travail en solitaire, réalisme et exagération, et lien “diamanté” au court.

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© KB

Format Court : Comment est né « Tram » ?

Michaela Pavlátová : « Tram » fait partie de Sexpériences, un film omnibus, composé de courts métrages et d’univers très différents, réalisé par des femmes. Dans cette collection, tous ces épisodes seront connectés entre eux par le biais d’une conductrice de métro qui s’arrêtera à tous les arrêts, et où les femmes se livreront à leurs fantasmes. « Tram » a été fini, les autres films sont en cours.

Initialement, j’avais fait quelques dessins, et esquissé une situation poétique où une femme était couchée, touchée par une multitude de mains animées. C’était assez sensuel mais la production m’a incité à tenter autre chose, à aller plus loin. Très vite, l’idée de « Tram » est apparue.

« Tram » comporte moins de personnages et couleurs que dans vos films précédents et votre trait est très différent. Est-ce qu’il y a eu une évolution dans votre travail ?

M.P. : Parfois, j’ai l’impression que mes films n’ont rien en commun, à part mon nom au générique. Chaque fois, le film est un peu différent, et ma façon de dessiner aussi. « Le Carnaval des animaux », parle de la joie de vivre, et est aussi très influencé par les dessins et les couleurs de mon mari, peintre. Dans « Words, words, words », le travail sur les couleurs et le dessin diffère aussi.

Ce film-ci est dessiné très simplement. Je voulais que le dessin fasse penser à quelqu’un qui ne savait pas dessiner ou qui dessinait mal, je voulais m’éloigner du réalisme à cause de l’histoire racontée, légèrement ridicule. Si « Tram » avait été très beau et que la conductrice de métro était apparue sous des traits plus réalistes, le film n’aurait pas marché de la même façon.

Vous avez beaucoup travaillé en court. Pourquoi avoir oeuvré autour de ce format depuis la fin de vos études ?

M.P. : Pour moi, le court métrage est un diamant qu’il faut couper et polir de façon très précise et attentive. On peut dire beaucoup en une durée courte, si on veut que les gens comprennent ce qu’on a à dire, il faut le faire de manière très rapide et claire. Pour moi, c’est un grand challenge, c’est aussi pour cela que je n’aime pas trop les longs métrages d’animation.

Pourquoi ?

M.P. : Parce que c’est une discipline tout à fait différente. Vous avez un temps additionnel : vous ajoutez des histoires, des personnages, des dialogues. C’est beaucoup plus risqué. En plus, en long, c’est très difficile de travailler seul. Personnellement, je ne fais pas souvent de films. J’ai envie de profiter de chaque étape, j’aime bien tout contrôler. Quand il y a d’autres personnes, il faut préparer le travail pour elles, ce qui veut dire qu’au début, on est censé savoir où on va. Quand vous travaillez seule, au milieu du film, vous pouvez subitement avoir une meilleure idée et refaire ce que vous avez fait auparavant.

Quelles meilleures idées avez-vous trouvé pendant « Tram » ?

M.P. : Quelque chose que mon mari, Vratislav Hlavatý, m’a suggéré. Quand je lui ai montré des tests, il m’a dit que c’était érotique mais indécent et ça m’a intriguée. Il m’a conseillé d’exagérer plus les choses, parce qu’au début du film, c’était trop réaliste : quand la femme se mettait à fantasmer, les manettes qu’elle manipulait étaient des pénis. Il m’a suggéré de les transformer, dans leur couleur et dans leur forme, et de les faire terminer par des poignées rouges. Soudainement, cette idée a pris du sens et marchait beaucoup mieux dans le film car elle avait une connexion avec la conduite du personnage féminin.

Votre apprentissage se poursuit-il encore dans vos films ?

M.P. : J’ai tellement d’enfants, pourtant, je ne me souviens pas de chacun d’entre eux ! On apprend toujours de film en film. Personnellement, je n’ai toujours pas appris à faire de grands mouvements et des actions compliquées, comme des courses poursuites. Dans mes scénarios, je préfère ôter toute action, c’est plus simple ! Je privilégie la simplicité pour montrer visuellement les pensées de mes personnages, surtout quand mes films ne comportent pas de dialogue, mais ce n’est pas toujours facile de trouver la bonne traduction.

Votre désir d’animation est-il resté le même depuis vos débuts ?

M.P. : Je constate un grand changement depuis que j’ai commencé. Une fois mes études terminées, c’était facile de poursuivre en animation. C’était une époque socialiste où les films n’étaient pas encore considérés comme des produits dans notre pays. Nous avions de grands studios de productions de courts et de documentaires, les films étaient financés par l’Etat, et nous n’avions pas à penser aux producteurs et aux distributeurs qui ne pouvaient pas vendre nos belles idées. Nos films, documentaires comme animés, pouvaient se permettre d’être artistiques et ils étaient montrés dans les cinémas, avant les longs métrages. Il y avait une forme de besoin, une forme de motivation à faire des films. Les étudiants pouvaient poursuivre, après leurs films de fin d’études, ils avaient la force de développer leur art. Pendant 3 ou 4 ans, la vie semblait si longue que moi aussi, je pouvais poursuivre. Les films prennent tant de temps que si vous en faites, vous avez besoin de public. Maintenant, j’hésite à consacrer du temps à faire des films que personne ne verra, qui iront dans certains festivals, qui n’auront aucune publicité, qui ne compenseront pas le temps perdu. C’est un peu frustrant. Ce qui me pousse pourtant à poursuivre, c’est que j’aime énormément ça et qu’à côté, je fais aussi de la fiction.

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La République tchèque aide-t-elle suffisamment les gens à faire des films ?

M.P. :Oui, mais ce n’est jamais assez. Si on a de la chance, on reçoit la moitié du budget prévu, mais on doit encore trouver l’autre moitié. C’est très difficile de convaincre les productions parce qu’il n’y a pas de marché. Heureusement, d’anciens étudiants montent des sociétés de productions qui s’entraident pour des séries et des longs métrages composés de courts. Mais si vous voulez faire des courts métrages en solitaire, ça reste très compliqué.

À l’époque, pouviez-vous raconter tout type d’histoire ?

M.P. : Sûrement pas, certaines histoires étaient interdites, comme Obři (“Giant”) auquel mon mari a participé, qui comportait des métaphores politiques très fortes et qui n’est sorti qu’en 1981. Certaines films recevaient des prix à l’étranger mais étaient contrôlés à l’intérieur du pays. Moi, je suis apolitique, je fais des films sur les relations humaines. J’ai terminé l’école quand les choses étaient bien plus faciles.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique du film

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Oyez, oyez. Soirée Format Court, le 14 juin prochain

Enfin, l’info. Après la séance Short Screens hier soir, à Bruxelles, Format Court vous propose d’assister à son ultime soirée de courts métrages avant la rentrée de septembre. La p’tite formule demeure inchangée : nous vous invitons à découvrir cinq films courts, repérés en festival, toujours au Studio des Ursulines, et de rencontrer les équipes de films présentes, avant d’échanger autour d’un verre, à quelques pas de la salle.

Programmation

Edmond était un âne de Franck Dion (Animation, 15′, France, 2012, sélectionné au Festival d’Annecy 2012)

Syn. : Edmond n’est pas comme les autres. Petit homme discret, marié à une femme attentionnée et employé efficace, il n’en ressent pas moins pleinement sa différence. Lorsque des collègues, par moquerie, l’affublent d’un bonnet d’âne, il a soudainement la révélation de sa vraie nature… et s’il semble s’épanouir dans sa nouvelle identité, celle-ci creuse toutefois entre lui et les autres un fossé d’incompréhension, qui va s’élargissant jusqu’à devenir infranchissable.

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Le Cri du homard de Nicolas Guiot (Fiction, 30′, Belgique, 2012, Grand Prix National du Festival du court métrage de Bruxelles 2012)

Syn. : D’origine russe et installée depuis peu en France avec ses parents, Natalia, six ans, attend impatiemment le retour de son frère, Boris, parti combattre en Tchétchénie. Le grand jour est arrivé, mais la fillette doit rapidement déchanter. Cet homme est-il vraiment le frère qu’elle a connu ?

Body Memory de Ülo Pikkov (Animation, 9′, 2011, Estonie. Prix du Meilleur Film d’Animation au Festival de Clermont-Ferrand 2012)

Syn. : Notre corps se souvient de plus de choses que ce que nous imaginons, notre corps se souvient également des peines et tristesses de nos ascendances. Notre corps garde en lui la mémoire et les histoires de nos parents, grands-parents et de leurs ancêtres. Mais jusqu’où peut aller la mémoire de nos corps ?

Wrong Cops de Quentin Dupieux (Fiction, 13′, 2012, France, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2012)

Syn. : Duke, un flic corrompu et mélomane, patrouille dans les rues de Los Angeles, musique à fond et fait la rencontre d’un jeune amateur de techno, David Dolores Frank. Consterné par les goûts musicaux du jeune adolescent, Duke s’investit d’une mission : lui donner une bonne leçon de musique.

L’oeil du paon de Gerlando Infuso (Animation, 13′, 2010, Belgique, Prix du Jury au Festival International du Film Francophone de Namur 2011)

Syn. : Sibylle chasseresse, artiste en fin de parcours, se met en quête du dernier coup de pinceau….

Infos pratiques

Jeudi 14 juin, 20h30
Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
PAF : 6 €

Pour accéder au cinéma : BUS : 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon).
RER : Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Epée).
Métro le plus proche : Ligne 7 (Censier Daubenton), en marchant un peu…

Réservations souhaitées : info@formatcourt.com

Evenement Facebook : par ici

Ernesto Oña : « La Collection Canal + a été pour moi, comme une expérimentation, un travail sur un nouveau format »

Ernesto Oña fait partie des huit réalisateurs sélectionnés dernièrement pour participer à la Collection Canal +. Son film, « La dette » , un film léger abordant le thème plus général et sérieux de la dette mondiale, raconte l’histoire de Yasmine, interprétée par l’actrice Sabrina Ouazani, qui décide de prendre les choses en main lorsque son petit ami annule leur week-end en amoureux à cause d’une dette qu’il doit rembourser à Merguez, un dealer du quartier.

S’il se considère comme novice en matière de court métrage, Ernesto Oña n’est pas pour autant un débutant à la réalisation, ayant déjà écrit et réalisé de nombreux films pour la télévision. Nous l’avons rencontré à Cannes où son film était projeté en séance spéciale à la Semaine de la critique afin qu’il nous parle non seulement de son expérience au sein de la Collection, mais également de sa manière de travailler en général et de sa définition de la citoyenneté.

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Pourquoi Sabrina Ouazani ?

Tout simplement parce que je la connais. J’aime beaucoup ce qu’elle est, ce qu’elle fait. J’avais déjà travaillé avec elle sur un téléfilm et j’ai d’autres projets avec elle. En fait, je ne connaissais pas du tout le milieu du court métrage, et encore moins la Collection Canal + avant ce film. C’est la productrice de La Parisienne d’Images – avec qui j’ai fait une trilogie pour Canal + en 2007/2008 – qui m’a informé de ce projet. Elle m’a fait remarquer que Sabrina faisait partie des personnalités participant à la Collection et comme elle sait que je l’apprécie, elle m’a demandé si j’avais une idée à proposer pour elle.

Dans ton film, il semble que les origines soient importantes puisque tous les personnages ou presque sont magrébins. Par conséquent, tu avais pensé particulièrement à elle pour interpréter ce rôle plutôt qu’à une autre des personnalités féminines participant à La Collection ?

En fait, non. Ce rôle aurait pu être joué par n’importe qui. J’aurais très bien pu le proposer à Claudia Tagbo mais il s’avère que j’aime bien Sabrina Ouazani. Ses origines ne représentent rien dans mon choix, tout comme celui de Hassen Bouhadane, le comédien qui l’accompagne d’ailleurs. En réalité, ce sont tous les deux des acteurs que je connais.

On constate effectivement l’idée d’un film fait « en famille » puisque la plupart des comédiens sont issus de l’agence Agent Agitateur à laquelle tu es lié, toi aussi. C’est une habitude pour toi de travailler avec des gens que tu connais ou qui sont dans un entourage proche ?

Oui c’est quelque chose de constant chez moi. Ce n’est pas que je sois d’une grande fidélité, mais je me sens toujours mieux en travaillant avec des gens que je connais et avec qui je partage autre chose que l’expérience d’un plateau. Je tisse des liens qui sont toujours au-delà de ce qu’on appelle les liens professionnels. Dans la réalité, ces personnes avec qui je travaille, font partie de ma vie de tous les jours. Je sais que ça peut générer parfois des déceptions ou des tensions, mais je n’arrive pas trop à dissocier les deux choses. Je privilégie les personnes avec qui je m’entends humainement plutôt que des personnes excessivement compétentes. Mon agent est un très bon ami et nous partageons beaucoup de choses ensemble. Certes, c’est aussi un collaborateur professionnel, mais c’est cette amitié qui fait que je lui fais entièrement confiance.

Puisque tu connaissais déjà la comédienne, Sabrina Ouazani est-elle entrée dans le processus d’écriture du scénario ?

Non, j’ai écrit seul, en amont. Je ne travaille pas avec les acteurs, sauf dans les cas rares comme par exemple, un engagement établi avec une production sur une lecture.

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Comment se passe le choix des scénarios pour la Collection ?

En fait, il y a une présélection. Sabrina m’a dit qu’elle avait reçu 45 projets écrits pour elle. Seulement cinq lui avaient été envoyés, après la première sélection faite par Canal +. Puis, c’est elle qui a choisi parmi les cinq derniers de la liste. Évidemment, elle me connait, mais elle a rencontré tout le monde et a discuté avec chacun. Quand j’ai appris que je faisais partie des cinq derniers, j’étais déjà en contact avec elle pour un autre projet qu’on développe ensemble. Par conséquent, je lui ai fait comprendre qu’elle devait être à l’aise avec son choix. Pour moi, réaliser un court métrage dans le cadre de la Collection était vraiment une parenthèse.

Parle-nous de ton rapport au court métrage.

J’en ai réalisé quelques-uns, mais finalement pas tant que ça. Avec la Collection, ça a été comme une expérimentation, un travail sur un nouveau format. Nous avons tourné « La dette » en décembre car Sabrina était prise par d’autres projets et tout a été très rapide. En effet, nous n’avons eu que deux jours pour le tournage et j’ai trouvé ça extrêmement frustrant. Je suis conscient que le temps de fabrication d’un film va avec l’économie qui l’accompagne et qu’en ce qui concerne le milieu du court métrage, ce n’est pas évident, mais là, on a clairement manqué de temps.

On imagine que le thème de la Collection Canal + de cette année 2011/12 – la citoyenneté – t’a suffisamment intéressé et attiré pour néanmoins te lancer dans l’aventure « précaire » du court métrage.

Oui, bien sûr. Ça me parlait et m’attirait. Au même titre que de nombreux sujets m’intéressent, dès qu’il y a une connotation politique ou un certain engagement, je suis preneur.

Fréquemment, la Collection Canal + propose un thème lié à l’actualité : cette année, c’était « La Collection donne la voi(e)x « , il y a deux ans, nous avions « La Collection pique sa crise ». On osera dire que ces courts métrages sont inscrits dans une certaine temporalité. Qu’en penses-tu ?

Les films que j’essaie de faire s’inscrivent toujours dans un temps, une époque, dans quelque chose que l’on vit à un moment donné. Cependant, je ne crois pas vraiment à une temporalité ou à une intemporalité d’un film. Par exemple, je ne suis pas persuadé que « La dette » ne soit pas d’actualité dans cinq ou dix ans. Je dirais même que ça ne m’étonnerait pas qu’il le soit ! La dette est apparue récemment dans l’actualité des Européens et on vit dans cette problématique dont on n’est pas prêt de sortir. Un film est toujours un instantané et porte l’odeur d’une époque. En même temps, il existe aussi toujours une sorte d’intemporalité. Pour le film de « La dette », je me suis inspiré d’un conte oriental très ancien, d’où l’idée d’intemporalité, que j’ai transposé à notre époque avec les problèmes actuels des banques, ce qui en fait son instantanéité.

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Dans ton film, on constate que le personnage féminin se rebelle face aux hommes et à leurs problèmes de dette. Comment expliques-tu cela ?

Souvent la femme est celle qui dit « stop » ou qui pousse à l’émancipation. Et de tout temps, on remarque que la femme a toujours dû plus lutter que l’homme pour défendre ses droits et pour exister socialement. Par conséquent, ce n’est pas étonnant que lorsqu’il y a une révolte ou des situations bloquées, des femmes soient présentes en tant que leaders. Concernant la dette, je sais qu’en Espagne ou en Grèce, des femmes connues ont été là et sont encore là, avec des mouvements émancipateurs. Et ça a été la même chose durant le Printemps arabe : c’est parce que les femmes ont l’habitude de lutter dans leur existence de tous les jours qu’elles sont au premier rang des crises et des révoltes. Et pourtant, je ne pense pas me tromper en disant qu’il n’y a pas une seule femme à la tête d’une banque mondiale. Si on prend a contrario l’exemple de l’Islande où les femmes sont très actives dans la vie sociale et professionnelle, c’est un pays qui a réussi à sortir de la dette justement.

Quelle est ta définition du citoyen ?

Être citoyen, c’est être gouverné et gouverner. Malheureusement, c’est souvent la première idée. Pourtant, selon moi, quand il n’y a pas les deux, ça ne peut pas fonctionner ou tout du moins, ce n’est pas ce qu’on peut appeler une démocratie. Par conséquent, les frustrations viennent du fait qu’on ne peut pas participer de façon active aux décisions qui sont établies.

Le citoyen n’y participe jamais de manière réellement active à ce qu’on appelle pompeusement la diversité. Au moment de voter, on fait confiance à notre clairvoyance et à l’éducation que nous avons reçue de la société pour juger un homme et son devenir. Et c’est le seul moment où il y a une participation active en tant que citoyen, même si l’action ne dure que quelques secondes. Aujourd’hui, descendre dans la rue ne sert plus à rien et les gens en sont d’ailleurs frustrés car ils vivent dans une incapacité d’action et dans l’impossibilité de prendre une décision. « La dette » parle de ça : d’une femme qui se retrouve au cœur d’une décision.

Penses-tu qu’à travers ta propre définition du citoyen dans ce film, tu peux réussir à faire passer un message, à faire évoluer les choses ?

En tant que cinéaste, on a bien entendu une parole, mais de là à dire que ça va faire changer les choses, j’en doute ! Disons que les réalisateurs, quels qu’ils soient, contribuent à une certaine diffusion de parole. Malheureusement, un artiste tout comme un citoyen n’a aujourd’hui que très peu d’emprise sur le monde qui l’entoure. Et moi, je suis comme tout le monde !

Propos recueillis par Camille Monin

Lorsque la Collection prend la voi(e)x de Cannes

Dix ans maintenant que Canal +, grâce au dynamisme de Pascale Faure et Brigitte Pardo, met le court métrage sur le devant de la scène à travers la Collection Canal+. Pour ceux qui ne connaissent pas (encore) ladite Collection, on résumera son concept de la manière suivante : chaque année, aux alentours du mois de juin, une dizaine de personnalités, acteurs, chanteurs, animateurs, sportifs, etc… se prêtent au jeu de la comédie le temps d’un court métrage qui aura été écrit spécialement pour eux, avec une « ligne éditoriale » à suivre. Depuis quelques années, force est de constater que la Collection se veut engagée ou tout du moins, teintée de l’actualité. Ainsi, en 2009, la Collection « piquait sa crise » et cette année, élections présidentielles obligent, elle « donnait la voi(e)x ».

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Au moment du Festival de Cannes, Canal + a à nouveau présenté le crû de sa dernière Collection dans le cadre de la Semaine de la Critique à l’Espace Miramar. Cette année 2012 a néanmoins fait preuve d’exception puisque les huit films courts avaient été projetés en avant-première, lors du dernier Festival de Clermont-Ferrand, de sorte à s’insérer dans l’actualité de la campagne électorale puisque chaque réalisateur avait pour « devoir » de proposer une (sa) vision de la citoyenneté. Pour les absents de Clermont, les films étaient à nouveau projetés à Cannes la semaine dernière, après un cocktail ensoleillé sur la Terrasse Fuji où Gaspard Proust, discret, sirotait une eau gazeuse avec Julien Courbey face à Claudia Tagbo bien plus hilare, comme à son habitude.

2012, ou plus exactement 2011 (année de production des films), est ce qu’on appellera un crû pas trop mauvais. En effet, aussi connue est la Collection au sein du milieu du court métrage, aussi fréquent est l’écho peu mémorable de ses films. Sans vouloir excuser ces derniers, on notera tout de même que les films en question sont censés être fabriqués en un temps record, d’où un choix de couple producteur/réalisateur confirmé effectué afin de mener à bien le défi prévu. Tous les ingrédients de la réussite sont donc censés être réunis (personnes expérimentées devant et derrière la caméra, pré-achat de Canal +, thème intéressant, …), l’urgence dans laquelle sont réalisés ces films étant parfois le challenge le plus difficile à relever.

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Au résultat, cette nouvelle Collection est plutôt agréable à regarder. Les huit réalisateurs pointent du doigt des aspects de la société qui les choquent, en adoptant néanmoins un ton très souvent léger, parfois candide, en tout cas, cartésien et passionné, de sorte que les films relèvent de l’ordre du divertissement. Concrètement, ce pot pourri révèle un Jean-Marc Barr faisant office de sondeur sur le boulevard de Belleville pour « Boulevard Movie », le faux documentaire de Lucía Sanchez, un Yann Barthès dont les mains prennent parti malgré lui dans la comédie loufoque « Arthur Flèche » de Samuel Hercule, une Sabrina Ouazani qui fait le choix du changement pour Ernesto Oña dans « La dette », une Linh-Dan Pham, ensanglantée et amoureuse de la différence dans « Zombie chéri » de Jérôme Genevray, un Gaspard Proust raciste envers les Britanniques dans le décalé « Fuck UK » de Benoît Forgeard, un Gaëtan Roussel touchant, à la recherche d’un SDF disparu dans « Ernest (45) » de Céline Savoldelli, une Claudia Tagbo intransigeante, responsable de l’immigration entre Rive Droite et Rive Gauche pour le « Schengen » d’Annarita Zambrano et enfin, une Zazie muette et vigoureuse allant épouser l’homme qu’elle aime en prison dans « Mon p’tit bouquet » de Stéphane Mercurio.

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Chacun y trouve bien entendu son compte selon son affection cinématographique et son degré d’engagement dans la citoyenneté, mais on osera tout de même dire que certains binômes acteurs/réalisateurs fonctionnent mieux que d’autres, comme par exemple celui formé par Gaspard Proust et Benoît Forgeard. Effectivement, l’univers barré des deux personnages, allié à leur arrogance naturelle donne naissance à un film à l’humour finalement « so british ». Quant au duo Sabrina Ouazani/Ernesto Oña, il est si instinctif qu’on en vient à se demander qui dirige qui. Idem pour le couple Gaëtan Roussel/Céline Savoldelli. Cette dernière a su rendre touchant le chanteur qui, pourtant, n’a rien d’un acteur (il l’avoue d’ailleurs lui-même), et ceci malgré les longueurs/langueurs du film. Quant à Samuel Hercule, il a, pour sa part, réussi à transposer l’animateur cynique du Petit Journal en une version masculine d’Amélie Poulain.

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Dans les semaines à venir, on se décidera à attendre avec plus ou moins de curiosité le crû 2012/ 2013 ou à tenter sa chance « d’écrire pour… » en se ruant sur le site de la chaîne Canal + dès le 11 juin prochain, pour connaître la liste des nouvelles personnalités qui auront accepté de se plier aux règles de la fameuse Collection.

Camille Monin

Article associé : l’interview de Ernesto Oña, réalisateur de « La dette »

Cannes, news 11 : Rediffusion des courts métrages sélectionnés en compétition au Festival de Cannes 2012

Ce jeudi 31 mai à 20h30, le Cinéma du Panthéon vous propose d’assister à la reprise des courts métrages sélectionnés en compétition au Festival de Cannes 2012, en présence de réalisateurs et des membres du jury.

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Infos pratiques

Jeudi 31 mai à 20h30
Cinéma du Panthéon  – 13 rue Victor Cousin 75005 Paris

Tarif unique : 5 Euros.

Projection suivie d’un verre au Salon du Panthéon.

Renseignements : 01 40 46 01 21 / www.cinemadupantheon.fr

Wrong Cops de Quentin Dupieux

En compétition à la Quinzaine des Réalisateurs, le court métrage Wrongs Cops de Quentin Dupieux – premier chapitre d’une série de six petits films sur la police américaine – révèle un Marilyn Manson surprenant et livre une critique désopilante d’une Amérique en quête de sens.

L’entrée en matière de Wrongs Cops rappelle à bien des égards la scène d’ouverture de Rubber, sorti en 2010 : une bande son électro martelée, un montage nerveux, une photographie lumineuse et volontairement surexposée, un flic véreux, des contre-plongées dévoilant les palmiers de la Californie. L’excès est annoncé de manière évidente dès le générique, l’humour aussi. L’intrigue tient en une ligne : l’officier Duke, interprété par Mark Burnham, revend dans la rue de la marijuana dissimulée dans des rats morts. Un jour, il croise la route d’un mélomane, fan de techno, au nom évocateur : David Dolores Frank. Ce dernier, interprété par un Marilyn Manson métamorphosé, est la victime désignée de l’officier qui le contraint à le suivre chez lui, avec le curieux dessein de lui apprendre ce qu’est la vraie musique.

Critique à la fois âpre et légère d’une certaine Amérique, le film met en scène un flic qui ne respecte rien ni personne, qui mâche sans arrêt du chewing-gum, qui fait des deals avec des jeunes de 13 ans, et qui occupe ses journées à faire des rondes dans un quartier résidentiel de Californie, à la recherche de proies faciles. La violence humoristique du film est amenée par les nombreux zoom avant et zoom arrière que Quentin Dupieux manie habilement. Ces mouvements de caméra installent un malaise physique chez le spectateur. Ces effets rappellent également le clip musical que le réalisateur connaît bien : cette esthétique de la nervosité permet à la fois de rendre efficace le récit (notamment dans la scène d’échange des rats contre de l’argent) mais aussi d’annoncer le malaise que provoque la rencontre entre deux êtres visiblement limités.

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L’humiliation est au centre du film. Le premier échange entre les deux protagonistes est de ce point de vue évocateur. Le champ contre champ provocateur qui révèle un échange inégal (le flic ne fait que poser des questions – « qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce que tu attends ? Tu tapines ? » – tandis que David Dolorès bredouille tant bien que mal quelque chose) est le reflet parfait d’une méfiance typiquement américaine. A cela, vient s’ajouter évidemment l’ennui profond du flic qui a besoin d’un plus petit que lui pour exulter. Exulter, c’est le mot : à l’intérieur de sa chambre aux allures adolescentes, le flic contraint l’ado à écouter ce qu’il considère comme étant la « vraie » musique, une sorte de soupe auditive qui excite l’homme de loi, désormais affublé d’un caleçon. Le cadre de la caméra demeure stable en position de témoin comme pour mieux montrer l’état extatique et ridicule dans lequel se met le flic qui simule, à l’écoute de sa musique, l’acte sexuel à plusieurs reprises. Drôle de programme que nous réserve Dupieux dans cette scène surréaliste. Après une telle séquence, il est dommage que le film glisse petit à petit vers un autre genre, celui du sitcom comique, lorsque le flic tue par erreur l’un de ses voisins et reprend sa voiture dans l’espoir de se débarrasser du corps, au son de sa techno préférée. La chute aurait méritée d’être plus soignée pour nous donner envie de suivre encore et toujours les personnages tordus que Dupieux prend plaisir à croquer.

Dounia Georgeon

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W comme Wrong Cops

Fiche technique

Synopsis : Duke, un flic corrompu et mélomane, patrouille dans les rues de Los Angeles, musique à fond et fait la rencontre d’un jeune amateur de techno, David Dolores Frank. Consterné par les goûts musicaux du jeune adolescent, Duke s’investit d’une mission : lui donner une bonne leçon de musique.

Genre : Fiction

Durée : 13’

Pays : France

Réalisation : Quentin Dupieux

Année : 2012

Scénario : Quentin Dupieux

Image : Quentin Dupieux

Son : Zsolt Magyar

Décor : Joan Le Boru

Montage : Quentin Dupieux

Musique : Quentin Dupieux

Interprétation : Mark Burnham, Marilyn Manson, Grace Zabriskie, Eddie Tapia, Daniel Quinn, Roxane Mesquida

Production : Realitism Films

Article associé : la critique du film