Etrange Festival, billet 3

Lieu de rendez-vous privilégié pour tout féru d’images, le festival d’animation OFFF de Barcelone propose chaque année un générique d’ouverture créé par une société différente, avec la volonté de rendre hommage aux intervenants du festival à travers plusieurs morceaux de bravoure, en se servant des techniques les plus abouties du moment. L’Etrange Festival a choisi de nous présenter cette année, le générique d’ouverture 2011, qui met en scène avec brio un monde post-apocalyptique hi-tech et sombre. Pendant ce temps-là, au Brésil, une poupée robot, entourée de compagnons robotiques et informatiques, ondule dans un univers psychédélique au rythme d’une musique enfantine hystérique.

Générique expérimental d’un festival respecté contre clip musical tout droit sorti du cerveau dérangé d’un enfant robot, l’Etrange Festival a choisi pour ce deuxième programme de nous vriller la tête, pour notre plus grand bien…

YEAR ZERO – OFFF BARCELONA 2011 MAIN TITLES (Mischa Rozema – Pays-Bas – 2011 – 6’22 – Expérimental – Couleurs)

Et si l’avenir frappait à notre porte aujourd’hui ?

BONEQUINHA DO PAPAI (Luciana Eguti & Paulo Muppet – Brésil – 2010 – 4’31 – Animation – N&B)

Ce clip musical sur une poupée robot est aussi une ode aux technologies obsolètes.

À noter la présence d’autres petites merveilles dans cette sélection à voir en salle pendant le Festival : « We’ll Become Oil » de Mihai Grecu, chroniqué au moment du festival de Clermont-Ferrand sur Format Court et « Drained » de Nick Peterson, provenant des Etats-Unis.

WE’LL BECOME OIL (Mihai Grecu, Animation, Expérimental, 8′, 2011, Roumanie)

Synopsis : Des étendues désertiques portent les stigmates d’un méta-conflit, au delà des controverses politiques ou idéologiques visibles. Un état de crise continue et inexplicable envahit l’espace, transformant des paysages minéraux en scènes de guerre. L’histoire du pétrole prend le dessus sur l’Histoire.

DRAINED (Nick Peterson, Animation, 12’, 2011, Etats-Unis)

Synopsis : Un homme voit son égoïsme et ses sales habitudes détruire la femme qu’il aime.

Julien Savès

Biennale de Venise, les prix du court

L’info date de ce soir. Le 69ème Festival de Venise a rendu public son palmarès ce soir. Kim Ki-duk, Paul Thomas Anderson, Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix ont eu leurs récompenses. Côté court, deux films ressortent de la section Orizzonti, avec une belle exclamation de notre part devant l’un des lauréats, Yorgos Zois, le réalisateur de « Casus Belli », projeté en mai à notre séance Format Court et ce weekend au FIFI.

Le Jury des Orizzonti, présidé par Pierfrancesco Favinoand, composé de Sandra den Hamer, Runa Islam, Jason Kliot, Nadine Labaki, Milcho Manchevski et Amir Naderi, a attribué :

– le Prix Orizzonti Youtube du meilleur court métrage à Min-young Yoo (Corée du Sud) pour son film, « Cho-De » (Invitation)

cho-de

Synopsis : Mon mari est mort. J’ai trouvé une paire de chaussures dans sa voiture.

– la nomination aux European Film Awards (EFA) à Yorgos Zois (Grèce) pour « Titloi Telous ».

Synopsis : En Grèce, la publicité sur les panneaux d’affichage extérieur a été récemment interdite. En conséquence, des centaines de panneaux publicitaires vierges ne présentent pas de messages. Mais les cadres vides sont maintenant le message. Et la Grèce est hors du cadre.

Le petit bonus. Vous avez raté « Casus Belli » de Yorgos Zois ? Le voici !

Etrange Festival, billet 2

Attention, “Bubbleman Superstar” est parmi nous ! Ce sympathique super héros politiquement incorrect habite un univers trash, au ton décalé et visuellement proche du pop art et du collage. Au menu : sexe, drogue & blague potache. Vous pouvez d’ores et déjà découvrir le premier épisode des aventures de ce charmant protecteur de la veuve et de l’orphelin en ligne, avant sa projection à l’Etrange Festival, lundi soir (programme de courts métrages 2) et avant la suite de ses aventures à Zeroland.

Return of Blowfly de Alban Gily et Julien Vray – France – 2011 – 18’33 – Animation

Synopsis : Patty DOUGH contacte Bubbleman pour lui confier une urgente mission : livrer à Prez (président des U.S.A) de la mouche à merde, puissante substance aux vertus mutantes et hallucinogènes à LAQUELLE IL EST ACCROC… En effet, la mouche à merde, quand «y’en a !», transforme Blowfly en Prez !!!

A ne pas rater également dans ce programme, “APNOE” de Harald Hund et Paul Horn. Après “Tomato Heads” où les lois de la gravité étaient inversées, les réalisateurs continuent d’explorer les limites de l’attraction terrestre en transposant cette fois-ci des scènes ordinaires de la vie quotidienne sous l’eau, mais aussi “At the Formal” de Andrew Kavanagh, dont voici le teaser.

At the Formal de Andrew Kavanagh – Australie – 2011 – 7’44 » – Expérimental, Fiction

 

Synopsis : Rituels anciens et modernes se heurtent dans cette représentation macabre d’un bal de fin d’année.

Ces trois films font partie du Programme de Courts Métrages n°2 de l’édition 2012 de l’Etrange Festival, présenté lundi 10/09, à 19h30 au Forum des images.

Julien Beaunay

Etrange Festival, billet 1

Ce soir, l’Etrange Festival inaugure sa 18ème édition au Forum des images. Il s’y tiendra jusqu’au 16 septembre. 45 courts métrages issus du monde entier, répartis en cinq programmes, concourent pour le Grand Prix et le Prix du Public. Après avoir publié un Focus sur l’Etrange l’année passée, Format Court vous propose, jusqu’à la fin du festival, cinq billets en lien avec ces cinq programmes, avant de découvrir nos sujets « étranges » 2012.

Alors que les « terroristes suédois de la musique », déjà responsables du court culte « Music For One Apartment and Six Drummers » et du long « Sound Of Noise », se livrent à leur propre version anarchiste d’un chant de Noël dans leur dernière vidéo en date, le studio polonais d’animation Se-Ma-For nous propose un court métrage à l’ambiance oppressante, inspiré de la musique de Krzysztof Komeda sur « Rosemary’s Baby » de Polanski. Une fable métaphysique, très belle visuellement, qui souhaite réfléchir sur l’influence et le poids des ancêtres sur la vie de chacun, la pré-détermination indue par le contexte familial de la naissance. Activistes de la musique bousculant des retraités en mal de musique contre animation polonaise irréprochable et fascinante, l’Etrange Festival commence bel et bien sa programmation de courts métrages sur les chapeaux de roue.

MUSIC FOR ONE X-MAS & SIX DRUMMERS (Nilsson Stjärne & Simonsson Ola Johannes – Suède – 2011 – 5’ – Fiction – Couleurs)

Syn. : Six batteurs en costumes traditionnels pénètrent dans une maison de retraite.


UNDERLIFE (Jaroslaw Konopka – Pologne – 2010 – 8’32 – Animation – Couleurs)

Syn. : Un film qui soulève la question universelle des facteurs inconscients qui régissent notre vie. Inspiré du morceau “Kołysanka” (“Lullaby”) de Krzysztof Komeda, tiré de la BO de « Rosemary’s Baby ».

A noter également, la présence d’autres petits bijous dans cette sélection à voir en salle, pendant le festival : « Posledny Autobus » de Ivana Laucikova et Martin Snopek, projeté à la séance Format Court, le 10 mai, « The Centrifuge Brain Project » de Till Nowak et « Tabula Rasa » de Matthew Rankin, dont vous trouverez quelques teasers en cliquant sur les liens proposés.

Julien Savès

7ème Festival International de Films Indépendants (FIFI). Eclairage sur un Festival atypique

Du 7 au 9 septembre, entre Sioule et Allier, le FIFI récidive pour la septième année consécutive dans une zone rurale de la région Auvergne où la culture peine à sortir des ghettos institutionnels du patrimoine et du folklore. Au programme cette année encore, le FIFI offre trois jours de films courts, moyens et longs, de docus, de fictions, de films d’animation, expérimentaux, de concerts rocks, électro, de spectacles vivants, de rencontres, d’échanges et de fête où le brassage s’inscrit sous le signe de l’ouverture… des consciences !

A en croire l’affiche de cette 7ème édition, le FIFI se définit lui-même comme un Festival rue râle de films des terres minées où l’on « Libère sa rétine ». Comme un cri libertaire, le FIFI est d’abord et surtout un Festival engagé, un Festival militant qui choisit sa ligne éditoriale sur le critère de l’indépendance et la pratique du « Fais-y donc toi-même ». Entre événement contestataire à la culture officielle et initiative d’éducation populaire en zone culturelle sinistrée, le FIFI est par essence un Festival non compétitif dont le fonctionnement est assuré par la fréquentation des festivaliers à travers le principe égalitaire du prix libre, c’est à dire une participation libre et volontaire de chacun à hauteur de ses propres moyens, permettant d’ouvrir le Festival à tous, en jouant sur la solidarité entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas se payer de la culture. Utopie ou pédagogie d’un monde nouveau ? D’entrée, le FIFI propose un choix…

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Festival de Films Indépendants ou Festival Indépendant de films, le FIFI veut faire bouger les choses dans les têtes. La grille de programmation privilégie dans ce sens le fond des idées avec des films à fort contenu politique et social qui ne délaissent pas pour autant les aspects artistiques. Des auteurs comme Jean-Gabriel Périot sont donc naturellement des habitués du Festival, et cette année encore, sera présenté l’un des derniers films de l’auteur de « Eût-elle été criminelle », « The devil », film de montage expérimental à contre-courant de l’Obamania, sur la condition des noirs aux Etats-Unis et la lutte des Blacks Panthers. A noter que la programmation met aussi largement l’accent sur des films qui se déclarent eux-mêmes sous licence libre, c’est à dire qui relèvent d’une démarche volontairement non-marchande et anti-commerciale complètement opposée à la logique Hadopi. C’est le cas notamment de « De la servitude moderne » de Jean-François Brient, pamphlet révolutionnaire de conscientisation, ou encore de « Catastroïka » des réalisateurs grecs Katarina Kitidi et Aris Chatzistefanou qui analyse la politique systématique de démantèlement des services publics au profit du secteur privé dans l’Union Européenne d’aujourd’hui. La contribution à la programmation du Cinéma Voyageur, cinéma libre et ambulant, partenaire du FIFI pour la deuxième année consécutive, s’inscrit aussi dans le même esprit (www.cinema-voyageur.org), en particulier avec un film issu de la production indépendante Synaps-audiovisuel, « Mouton 2.0 – La puce à l’oreille », de Florian Pourchi et Antoine Costa, qui en analysant les oppositions au puçage électronique du cheptel ovin français, nous amène à nous poser des question sur les vrais moutons de France.

Le FIFI ne se contente pas seulement d’être un Festival de Films et de concerts, mais fait aussi la part belle aux actions de terrain en offrant une vitrine à plusieurs associations qui travaillent en profondeur dans le champ citoyen. On retrouvera donc cette année sur le site du FIFI, l’association Handi-gène qui prône une image positive de la personne handicapée et qui proposera un parcours d’accessibilité mettant le public en situation de handicap. Le Réseau éducation sans-frontière sera également présent pour sensibiliser le public à son action de lutte contre l’éloignement d’enfants étrangers scolarisés en France dont les parents sont en situation migratoire irrégulière. On pourra également découvrir le fonctionnement pratique d’un SEL, système d’échange local, qui offre une alternative aux échanges marchands traditionnels en s’appuyant sur le constat que tout individu possède des compétences, des moyens ou du temps qu’il peut échanger avec les autres sans utiliser d’argent.

Pour sa 7ème édition, le FIFI propose donc une grande fête où le spectacle ne sera pas que sur les écrans, puisque la Compagnie de cirque des Marchepieds ainsi que la troupe du théâtre Ap’art assureront des animations tout au long des trois jours de Festival. Cette année, Format Court participe aussi à l’événement à travers une carte blanche de huit films de fiction et d’animation, parmi ceux évoqués et/ou primés par le site au cours de l’année dernière ou diffusés dans les régulières soirées de projection au Studio des Ursulines : « Casus Belli » (Yorgos Zois), « Dripped » (Léo Verrier), « Oh Willy… » (Emma de Swaef, Marc Roels), « The Origin of Creature » (Floris Kaayk), « Body Memory » (Ülo Pikkov), « Danny Boy » (Marek Skrobecki), « Tanghi Argentini » (Guido Thys) et « Milovan Circus » (Gerlando Infuso).

Toutes les infos détaillées sur le site www.ptigart.com

Xavier Gourdet

Du Super 8 à la vidéo : les premiers films de Claire Simon

A revoir aujourd’hui les premiers films de Claire Simon, on réalise à quel point la réalisatrice de « Les Bureaux de dieu » et de « Récréations » nous montre, par sa façon d’appréhender le cinéma du réel, une jolie preuve de sa fascination pour l’Autre.

L’Autre et le Réel sont bien les moteurs de la démarche cinématographique de Claire Simon, ethnologue de formation. Autodidacte, c’est par le montage qu’elle est entrée dans le « milieu ». Au début des années 80, elle se munit d’une caméra Super 8 et prend conscience de sa volonté de filmer ce qui l’entoure. Elle décide de filmer « comme on peint », et se sert de la caméra comme d’un pinceau. Consciente de la liberté que lui offre la technologie, elle filme ses amis, sa famille. Ses premiers films seraient tombés dans la malle des films amateurs s’ils ne possédaient pas déjà la patte d’une grande cinéaste nouant un rapport au réel sensible et délicat, à la fois intime et universel.

Dans ce double coffret, Documentaire sur grand écran livre pas moins de 6 films de la réalisatrice française, des documentaires pour la majorité, réalisés entre 1981 et 1993. Et dès les premiers films on comprend que quand Claire Simon prend la caméra, c’est bien pour dresser un portrait, celui d’un individu qui, par sa particularité, met en évidence le tout dans lequel il s’immerge. Influencée par le cinéma direct de Jean Rouch mais aussi par Raymond Depardon, elle développe néanmoins un rapport différent face au réel, car même si on ne la voit pas à l’image, on l’entend poser des questions, on l’entend rire, on sent ses doutes aussi. Elle fait partie prenante des films, elle en est la narratrice externe en quelque sorte car c’est à elle que les personnages s’adressent, c’est à elle qu’ils racontent leur histoire, c’est avec elle qu’ils partagent leurs doutes, leurs émotions. Un peu comme Agnès Varda, Claire Simon a besoin de marquer le réel de sa personne, ce qui fait que ses films, qu’ils soient documentaires ou fictionnels, courts ou longs, sont autant d’autoportraits indirects qui témoignent de ses goûts, de ses préoccupations et de sa réflexion sur le monde.

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Ainsi, dans « Moi non ou l’argent de Patricia », plus que de montrer son amie, toujours fauchée, Claire Simon questionne la société française sur son rapport à l’argent. Prenant bien soin de ne jamais quitter Patricia des yeux, de la suivre presque en filature pour essayer de comprendre ce qui l’anime et les raisons de ses difficultés à nouer les deux bouts. Et par la magie du cinéma, Patricia qui rêvait de devenir actrice n’est plus seulement la secrétaire des Ateliers Varan mais incarne le personnage principal du film de Claire Simon en jouant sa propre vie. Cela, on le doit à l’immense talent de la cinéaste pour qui, fiction et documentaire sont intimement liés, et qui arrive à discerner le vrai du faux en racontant la réalité.

Elle réitère le procédé avec « Mon cher Simon » où à travers le personnage de Simon, elle met en évidence les problèmes associés à l’émigration et aux conséquences de vouloir rester en marge du système collectif établi. Pour « Une journée de vacances » dans lequel elle filme son père atteint de sclérose en plaques, elle avait envie de montrer les contradictions existantes entre son père paralysé et Henri, son assistant malgache. Celui-ci lui est indispensable, il est ses bras, ses mains, ses jambes. Elle suggère intelligemment le rapport de force nourri par le besoin d’aide de l’un et le besoin d’argent de l’autre. La cinéaste poursuit son intérêt de filmer l’Autre dans son quotidien pour en saisir les éléments significatifs dans son premier long-métrage tourné en vidéo « Les Patients », également inclus dans ce DVD. Elle suit un généraliste tout au long de son dernier mois de consultations.

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« Histoire de Marie » quant à lui traite d’un fait-divers assez confus. Le plus important pour Claire Simon, ce n’est pas le fait-divers en soi mais bien la manière dont elle décide de le faire raconter par Marie. A nouveau, la fiction intervient dans la réalité comme revers naturel et obligatoire. Petite exception dans ces films documentaires, « Scènes de ménage », une série de 10 petites fictions de 5’ chacune qui mettent en scène Miou-Miou, une femme au foyer, occupée à diverses tâches ménagères (laver les vitres, passer l’aspirateur…). Le temps de 5 minutes, elle songe, elle imagine un autre monde, une autre vie, une autre issue. On pense naturellement à « Saute ma ville » de Chantal Akerman où l’on retrouve cette même angoisse claustrophobe de la femme confinée à un lieu, à des tâches uniques, répétitives et aliénantes. Mais à la différence de la réalisatrice belge, Simon parle du couple en confrontant le personnage féminin à un masculin absent.

Les premiers films de Claire Simon reflètent bel et bien une filmographie portée par l’ouverture et la découverte de l’Autre. Ils sont à découvrir dans ce double coffret DVD, avec en suppléments une interview de la réalisatrice commentant son travail et un livret de photos et entretien.

Marie Bergeret

Coffret « Du Super 8 à la vidéo », les premiers films de Claire Simon (2 DVD – 6 films). Edition Collections particulières/Documentaire sur grand écran

Les Braves d’Alain Cavalier

Alain Cavalier, filmeur de longue date, ayant fait ses premiers pas avec un court, « L’Américain » (1958), est revenu il y a quelques années à la forme brève avec « Les Braves », trois témoignages inédits d’hommes “n’ayant pas eu froid aux yeux (…) et ayant refusé de se plier devant l’injustice”. Ces films, censés être les premiers d’une série de ce genre, ont été réunis sur un DVD l’an passé, par les Collections particulières de l’association Documentaire sur Grand Ecran.

Filmés en caméra légère, de face, en un seul plan fixe, trois hommes âgés, Raymond Lévy, Michel Alliot et Jean Widhoff, évoquent, séparément, leur histoire et le moment très précis où ils ont fait preuve de courage, dans leur vie de jeunes hommes. Les deux premiers ont pu se sauver et retrouver leur liberté, le dernier a osé refuser l’intolérable. Tous trois racontent d’une traite ce qu’ils ont vécu à vingt ans et des poussières, en faisant défiler leurs souvenirs de façon très minutieuse, en agrémentant leurs récits de détails, parfois difficiles à entendre.

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Les Braves 1. Raymond Lévy, ancien prisonnier politique, embarqué dans un train de déportation en 44, parle de l’enfermement de la soif, de la faim, de la chaleur, de la terreur, à 70 dans un wagon de marchandises. Il ouvre des parenthèses, les referme, parle de matelas humains, de poux tués, de lunettes cassées, et de son évasion quelques jours à peine avant son arrivée à Dachau.

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Les Braves 2. Membre de la famille d’Alain Cavalier, Michel Alliot était à la tête d’un réseau de résistance pendant la guerre lorsqu’il a été arrêté et torturé par la Gestapo après avoir été dénoncé. A plusieurs reprises, il devra « organiser la parade », en faisant semblant de s’évanouir au moment d’être pendu par les pieds dans une baignoire d’eau glacée, en s’évadant d’un train de marchandises ou en passant avec des faux papiers devant les Allemands.

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Les Braves 3. Jean Widhoff, jeune lieutenant pendant la guerre d’Algérie, a vu un officier de renseignement français torturer de façon insoutenable un Algérien et l’a sommé de s’arrêter, en le menaçant de le tuer, arme à la main. Relevé de ses fonctions, il a gardé « ça » pour lui, tout seul, dans son petit coin, ne comprenant pas ceux qui se sont montrés bienveillants face aux exactions pratiquées à cette période. Aujourd’hui, il reste très pessimiste quant à la nature humaine.

Rien n’interfère pendant ces plans-séquences, si ce n’est, de temps à autre, la voix extrêmement discrète d’Alain Cavalier, en début ou en fin de témoignages, mettant par exemple Raymond Lévy en confiance ou demandant à Michel Alliot son âge au moment de son arrestation. Ce qui importe, c’est le sujet, le récit, le témoignage, l’acte de bravoure, l’honneur retrouvé. Cavalier n’interrompt pas ses Braves, il ne se livre pas à un entretien avec eux. Ce sont eux qui disent ce qu’ils ont à dire, qui s’arrêtent quand ils le souhaitent, qui nous scotchent par leurs apparences de grands-pères aux destins tous tracés. Raymond Lévy et Michel Alliot auraient pu mourir dans un wagon de marchandises ou dans un camp de concentration, Jean Widhoff aurait pu laisser un homme sans défense continuer à se laisser torturer, mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Quand ils racontent, ces trois hommes ont le regard souvent perdu dans le vide, leurs pensées se mêlent à leurs souvenirs. Parfois, très rarement, ils regardent Alain Cavalier ou sa toute petite caméra. Alors, ils se mettent à sourire, terminent leur café ou ôtent leurs lunettes. Ce sont des fragments précieux, ces quelques secondes dénuées de toutes paroles.

Comment ces trois films ? Après avoir été à l’écoute de ses Braves, le filmeur reprend la parole, à l’occasion d’un bonus de six minutes, glissé sur le DVD. Il évoque son point de départ, la raison pour laquelle il a souhaité poser une « caméra fixe devant un résistant qui raconte un acte de courage très visuel, un homme âgé qui raconte son enfance de brave ». En parlant, il ne se filme pas, mais sa caméra immortalise une photographie, seul document extérieur à ce DVD, montrant une femme, très maigre, aux cheveux courts, au regard fixe, en haillons. L’image est  parue dans un journal, en 1945, A. Cavalier l’a toujours conservée.

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Les Braves d’Alain Cavalier. Trois portraits inédits. Edition Collections particulières/ Documentaire sur Grand Ecran : films + bonus

Documentaire sur grand écran

Créée il y a environ 20 ans, l’association Documentaire sur grand écran (DSGE) s’est donné pour mision de défendre le cinéma documentaire à une époque où il était trop peu visible. Peu à peu, ses objectifs se sont adaptés aux changements technologiques et médiatiques. Documentaire sur grand écran s’est ainsi ouvert à la distribution, à la programmation et à l’édition DVD à travers ses “Collections particulières” qui regroupent un choix ciblé de films rassemblés selon un concept précis, mêlant sujets forts et vision artistique du monde.

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Scènes de ménage (Claire Simon, 1991)

Il n’est donc pas étonnant que les premiers DVD de cette collection aient été consacrés à des personnalités aussi originales et enrichissantes que Jean-Pierre Duret et André Santana, Alain Cavalier ou encore Claire Simon. Pour ouvrir notre saison DVD, nous vous proposons de découvrir les deux compilations « courtes » de cette collection documentaire.

  • Les Braves d’Alain Cavalier
  • Du Super 8 à la vidéo : les premiers films de Claire Simon
  • Soirée Format Court, la rentrée aura lieu le 13 septembre !

    Après la pause estivale, les soirées Format Court reviennent au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La séance de rentrée aura lieu le jeudi 13 septembre, dès 20h, en présence des équipes et sera suivie d’un verre offert. Voici le détail de la programmation ainsi que les infos pratiques de cette projection.

    Heureux Anniversaire de Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière (Fiction, 12′, 1962, France), Oscar du meilleur court métrage (1963)

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    Synopsis : Une jeune femme prépare la table pour fêter son anniversaire de mariage. Le mari se trouve coincé dans les encombrements parisiens. Les quelques arrêts pour les derniers achats ne font que le retarder davantage.

    Bisclavret d’Emilie Mercier (Animation, 14′, 2011, France), Grand Prix Média et Prix Émile Reynaud au festival d’animation de Bruz (2011)

    Synopsis : Une dame, épouse d’un Baron, s’aperçoit que son mari s’absente souvent et le questionne : il lui avoue qu’il se dénude et devient Bisclavret. Transformé en loup, il saccage, pille et tue. Effrayée et prise de dégoût, la dame révèle ce secret à un chevalier qui lui fait la cour depuis longtemps…

    The Curse de Fyzal Boulifa (Fiction, 16′, 2012, Royaume-Uni, Maroc), Prix illy du court métrage à la Quinzaine des Réalisateurs (2012)

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    Synopsis : Fatine s’est aventurée loin du village pour retrouver son amant. Quand un petit garçon la surprend, elle n’a plus qu’une idée en tête, rentrer chez elle.

    Annie de Francia de Christophe Le Masne (Fiction, 32′, 2009, France), Prix spécial du jury au Festival de Clermont-Ferrand (2010)

    Synopsis : Deux sœurs et leur mère roulent à travers l’Espagne pour se rendre au mariage d’un cousin éloigné qu’elles n’ont jamais rencontré. Pour Annie, la mère, femme de quarante-cinq ans et fille d’un réfugié politique espagnol exilé en France, c’est l’occasion de renouer avec sa famille dont elle a perdu le contact, et de permettre à ses filles de quinze et vingt-cinq ans de retrouver leurs véritables racines.

    Tram de Michaela Pavlátová (Animation, 7′, 2012, France, République tchèque), Cristal d’Annecy et Prix FIPRESCI au Festival d’Annecy (2012)

    Synopsis : Comme chaque matin, les hommes prennent le tramway pour se rendre au travail. Ce jour-là pourtant, au rythme des tickets introduits dans le composteur, le véhicule s’érotise et le désir de la conductrice transforme la réalité en un délire surréaliste et phallique.

    Infos pratiques

    Projection Format Court, en présence des équipes + pot de rentrée, le jeudi 13 septembre.

    Séance : 20h. Projection de films : 20h30.

    Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

    PAF : 6 €

    Accès au cinéma : BUS : 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon).
 RER : Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Epée).
 Métro le plus proche : Ligne 7 (Censier Daubenton), en marchant un peu…

    Réservations souhaitées : soireesformatcourt@gmail.com

    # Coup de Cœur Format Court/Festival Silhouette

    La 11ème édition du Festival Silhouette se déroulera du 1er au 9 septembre 2012 entre les Buttes Chaumont et le CENTQUATRE. Après avoir proposé des focus autour de pays tels que l’Allemagne ou la Belgique, les programmateurs ont choisi de présenter cette année deux programmes de 18 films autour de la danse sous toutes ses formes. Entre boum adolescente et conservatoire classique, les silhouettes y oscilleront et tournoieront pour notre plus grand bonheur ! Format Court, partenaire du festival, attribuera à cette occasion un Coup de Coeur à l’un de ces films de danse, à l’issue de la manifestation, par l’intermédiaire de son Jury interne, composé de Nadia Le Bihen, Julien Beaunay, Julien Savès et Fanny Barrot. Le prix consistera en la publication du Focus Lauréat sur le site et la projection du film primé, le 11 octobre 2012, dans le cadre des soirées Format Court, au Studio des Ursulines.

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    Focus Danse #1 : Séance Au Centquatre/Salle 200 : Samedi 8 Septembre, 17h

    Choros de Terah Maher, Michael Langan – Animation Expérimentale – États-Unis – 2011
    Maraton d’Ondrej Hudecek – Fiction – République Tchèque – 2011
    Mitoz d’Agathe Bascou – Animation – France – 2011
    Nous Ne Serons Plus Jamais Seuls de Yann Gonzalez – Fiction – France – 2012
    Duo De Volailles, Sauce Chasseur de Pascale Hecquet – Animation – Belgique – 2011
    La Danseuse de Sviatlana Viarbitskaya, Michael Coja – Documentaire – Pays-Bas – 2011
    Przyjecie (Admission) de Maciej Bochniak – Documentaire – Pologne – 2011
    Je sens le Beat qui monte en moi de Yann Le Quellec – Fiction – France – 2012
    Unnamed Soundsculpture de Daniel Franke, Cedric Kiefer – Animation – Allemagne – 2012

    Focus Danse #2, Rétrospective aux Buttes Chaumont: Samedi 8 Septembre, 21h

    The Magnificent 4 de Stéphane Broc – Fiction Expérimentale – France
    Dounouia de Anthony Quéré et Olivier Broudeur – Fiction – France
    La Leçon de Danse De Philippe Prouff – Fiction – France
    Rue Des Petites Maries de Laurence Rebouillon – Fiction Expérimentale – France
    Danse Macabre de Pedro Pires – Fiction Expérimentale – France, Canada
    Birds Get Vertigo Too de Sarah Cunningham – Documentaire – France
    Deep End Dance de Conor Horgan – Fiction – Irlande
    Det Snurrar I Min Skalle de Johan Söderberg – Clip – Suède
    Je Vous Hais Petites Filles de Yann Gonzalez – Fiction – France

    Festival Silhouette, la compétition internationale

    Début septembre, le Festival Silhouette, que nous suivons de près cette année, proposera en plein air, au Parc des Buttes Chaumont, sept soirées de courts métrages venus de tous horizons. Voici les titres des films en compétition, accompagnés de leur jour de projection. Soyez au rendez-vous !

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    Compétition Internationale #1 – Samedi 1er Septembre – 21h

    Les Ficelles de Frédéric Bayer Azem – Fiction – France
    “Oh Willy…” d’Emma De Swaef & Marc James Roels Animation – Belgique
    32 Boulevard Magenta de Nadège Abadie – Documentaire – France
    Jeudi 19 de Raphaël Holt – Fiction – France
    Mauvais Coton de Sébastien Zaccoletti – Fiction – France
    Unnamed Soundsculpture de Daniel Franke, Cedric Kiefer – Animation – Allemagne
    Utan Snö (Sans La Neige) de Magnus Von Horn – Fiction – Pologne

    Compétition Internationale #2 – Dimanche 2 Sepembre – 21h

    Complet 6 Pièces de Pascale Bodet – Fiction – France
    River Rites de Ben Russell – Documentaire Expérimental -États-Unis, Surinam
    Les Meutes de Manuel Schapira – Fiction – France
    Le Garçon Lumière de Jérémy Van Der Haegen – Fiction – Belgique
    Topo Glassato Al Cioccolato (Frosted Chocolate Mouse) de Donato Sansone, Alias Milkyeyes – Animation Expérimentale – Italie
    Nos Jours, Absolument,Doivent Être Illuminés de Jean-Gabriel Périot – Documentaire – France

    Compétition Internationale #3 – Lundi 3 Septembre – 21h

    Fais Croquer de Yassine Qnia – Fiction – France
    Bao de Sandra Desmazières – Animation – France
    Prora de Stéphane Riethauser – Fiction – Suisse
    On Hold de Ab/Cd/Cd – Partizan – Clip – France
    The Centrifuge Brain Project de Till Nowak – Fiction – Allemagne
    Retour à Mandima de Robert-Jan Lacombe –Documentaire – Suisse

    Compétition Internationale #4 – Mardi 4 Septembre – 21h

    Os Vivos Tambem Choram (Les Vivants Pleurent Aussi) de Basil Da Cunha – Fiction – Suisse
    Snepowina (Sleepincord) de Marta Pajek – Animation – Pologne
    Nous Ne Serons Plus Jamais Seuls de Yann Gonzalez – Fiction – France
    I Have A Boat de Nathan Nill – Fiction – Allemagne
    Boro In The Box de Bertrand Mandico – Fiction – France

    Compétition Internationale #5 – Mercredi 5 Septembre – 21h

    Luz Da Manhã (Lumière Du Matin) de Cláudia Varejão – Fiction – Portugal
    Bigshot de Maurice Huvelin – Animation – France
    Le Sens de L’orientation De Fabien Gorgeart – Fiction – France
    Manque de Preuves de Hayoun Kwon – Documentaire / Animation – France
    Wan An (Bonne Nuit) de Yandy Laurens – Fiction – Indonésie
    Surveillant de Yan Giroux – Fiction – Canada
    Sync de Max Hattler – Animation Expérimentale- Danemark

    Compétition Internationale #6 – Jeudi 6 Septembre – 21h

    La Sole, entre l’eau et le sable de Angèle Chiodo – Documentaire / Animation – France
    Music For One X-Mas And Six Drummers de Johannes Stjärne Nilsson, Ola Simonsson – Fiction – Suède
    Zodiac de Konstantina Kotzamani – Fiction – Grèce
    Cold Star de Kai Stänicke – Fiction – Allemagne
    The Great Rabbit de Atsushi Wada – Animation – France
    Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne – Fiction – France

    Compétition Internationale #7 – Vendredi 7 Septembre – 21h

    Vilaine Fille Mauvais Garçon de Justine Triet – Fiction – France
    Compulsion de Andrew Mcvicar – Fiction – Royaume-Uni
    Przyjecie (Admission) de Maciej Bochniak – Documentaire – Pologne
    Bobby Yeah de Robert Morgan – Animation – Royaume-Uni
    Je sens le Beat qui monte en moi de Yann Le Quellec – Fiction – France
    The Devil de Jean-Gabriel Périot – Documentaire Expérimental – France

    Infos sur le site du festival : www.association-silhouette.com

    Anima 2013, Bruxelles : appel à films

    anima2013Anima 2013, le Festival International du Film d’Animation, se déroulera à Bruxelles, en Belgique, du 8 au 17 février 2013. Comme chaque année, de nombreux prix seront attribués :

    – Prix du meilleur long métrage
    – Prix pour les meilleurs courts métrages
    – Prix du meilleur court métrage d’étudiant
    – Prix de la meilleure publicité
    – Prix du meilleur vidéo clip
    – Nomination pour le Cartoon d’Or

    Outre la compétition de courts et longs métrages, cette 32e édition proposera également des rétrospectives, des rencontres professionnelles (Futuranima), des conférences et divers événements qui mettront l’animation à l’avant-plan. Chaque année, le festival rassemble plus de 35.000 spectateurs, professionnels, journalistes, étudiants mais aussi un public varié d’adultes et d’enfants.

    Délais : Fiche d’inscription + DVD de visionnement : 1er octobre 2012. Il n’y a pas de frais d’inscription.

    Visitez le site web du festival pour compléter les fiches d’inscription en ligne ou télécharger la version papier. Vous y trouverez également le règlement et les informations générales concernant le Festival : http://www.animafestival.be

    Short Screens #19 : Beyond Bollywood – un autre cinéma indien

    ss19

    À l’occasion de sa prochaine séance, Short Screens vous convie à une soirée de projections consacrée aux courts métrages issus de « la plus grande démocratie du monde ». Sept titres qui posent un regard différent, intérieur ou extérieur, sur cette culture plurielle, tout en se détachant du cinéma commercial, pour révéler un autre cinéma indien!

    Rendez-vous le 30 août 2012 à 19h30 à l’Actor’s Studio, Bruxelles!

    amar-carre

    Ámár
    Isabel Herguera
    Espagne/2010/animation/8’
    Inés part pour l’Inde afin de revoir son ami Ámár, qui a vécu pendant quatre ans dans un asile. Inés se remémore les derniers jours qu’ils ont passés ensemble et sa promesse de revenir.




    bureaucracy-sonata-carreBureaucracy Sonata
    Vinay Shukla
    Inde/2011/fiction/26’
    Dans la tourmente de l’Etat d’urgence proclamé par Indira Gandhi en 1975, quatre jours dans la vie d’un geôlier, déchiré entre sa passion de la musique et une tentative d’évasion qui se prépare.



    darwaazon-wala-ghar-carreDarwaazon Wala Ghar
    Nishant Sharma et Rohit Sharma
    Inde/2011/fiction expérimentale/6’
    Ce film propose, à travers l’histoire d’un homme et de sa chaise, une métaphore des relations humaines entre la vieillesse et la jeunesse.




    last-portrait-carreLast Portrait
    David Varela
    Espagne/2011/documentaire expérimental/10’
    Lente traversée contemplative le long du Gange.






    song-of-the-butterflies-carreSong of The Butterflies
    Torsha Banerjee
    Inde/2011/documentaire/20’
    Un petit village de l’Est de l’Inde. Dans un monde de lumière et de couleurs, une école pour enfants aveugles instaure une relation différente entre les lieux et leurs habitants.




    gaarud-carreGaarud
    Umesh Kulkarni
    Inde/2009/fiction expérimentale/13’
    Une pièce dans un pavillon ombragé, situé près de la gare d’une petite ville. Des gens habitent dans la pièce et ne peuvent en sortir. Aperçus d’existences, impressions insignifiantes mais significatives.



    horn-ok-please-carreHorn Ok Please
    Joel Simon
    Royaume-Uni/2006/animation/9’
    Une journée dans la vie d’un conducteur de Taxi à Mumbai qui rêve de s’offrir le Taxi de ses rêves.

    Festival Off-Courts de Trouville, les films en compétition

    La 13e édition du Festival Off-Courts de Trouville aura lieu du 31 août au 8 septembre. Voici les titres des films québécois et français retenus.

    QUÉBEC

    Au pays des chevaux de Jérémy Comte
    Bydlo de Patrick Bouchard
    Dans la neige de Alexis Fortier-Gauthier
    Echo d’un moment de Sébastien Duguay
    L’appartement de Michel Lam
    L’arbre au cœur qui bat de Alexandre Desjardins
    L’empreinte de Claudia Hébert
    La Fantaisie de Louis-Thomas Pelletier
    La ronde de Sophie Goyette
    Le chevreuil de Rémi St-Michel
    Le poids du vide de Alain Fournier
    Les 5 ans de Félix de Fabrice Barrilliet
    Mikka de Alexandre Carrière
    Ne pas reculer de Dominique Laurence
    Nostradamos de Maxence Bradley
    Paparmane de Joëlle Desjardins-Paquette
    Première neige de Michaël Lalancette
    Rossignols en décembre de Theodore Ushev
    Sainte-Félicité de Gab Germano
    Trotteur de Arnaud Brisebois et Francis Leclerc
    Vent solaire de Ian Lagarde

    FRANCE

    Aalterate de Christobal De Oliveira
    Alimation de Alexandre Dubosc
    Au poil de Hélène Friren
    Bad Toys II Daniel Brunet et Nicolas Douste
    Bigshot de Maurice Huvelin
    Bonjour de Maurice Barthélémy
    D’un bord à l’autre de Rémi Mazet
    Jump Into The Wild de Will Witters et Béatrice Amaury
    La dernière caravane de Foued Mansour
    Lapse de Gilles Guerraz
    Les chiens verts de Colas et Mathias Rifkiss
    Les Meutes de Manuel Schapira
    Matriarche de Guillaume Pierret
    Merci mon chien de Julie Rembauville et Nicolas Bianco-Levrin
    Paris In Love de Christopher Guyon
    Wonder Landes Morgan (Morgann) Tanière (Tanco)
    Polaroïd Song de Alphonse Giorgi et Yann Tivrier
    Quatre colombes sur l’antenne télé de Martin Tronquart
    Tennis Elbow de Vital Philippot
    Tram de Michaela Pavlatova
    Vends chien qui parle, 10 euros de Lewis-Martin Soucy
    Wonder Landes de Morgann Tanco

    Festival Courtscourts, le palmarès

    Samedi 28 juillet, le palmarès de cette troisième édition du festival Courtscourts a été révélé à à Tourtour (Provence). Le voici sur FC.

    Les prix du Jury, le “malon d’or”, a été décerné à « Fais croquer », de Yassine Qnia , suivi de très très près par « Dubus », de Alexei Dmitriev qui a reçu le “malon d’argent”. Le prix du public a été attribé à « Bouton d’or », de Boris Vial, suivi de La dernière caravane, de Foued Mansour.

    Pour plus de détails et quelques photos du festival sur le site www.festivalcourtscourts.fr ou sur facebook : https://www.facebook.com/pages/Festival-CourtsCourts/279576237069?ref=hl

    (Pas de titre)

    Après avoir rencontré des auteurs, parlé de films et de festivals, en parallèle à l’organisation de nos séances de courts parisiennes et bruxelloises, nous faisons une petite pause estivale bien méritée.

    A la rentrée, nous reprendrons la route des festivals, avec le retour des Prix Format Court (focus personnalisés sur le site & projection des films lauréats en salle). En premier lieu, un Coup de Coeur sera attribué à l’un des films des deux programmes « Danse », mis en place cette année par le festival Silhouette (1-9 septembre, Paris).

    focus-ete1

    Parce que le ciné court se pratique aussi en région, nous participerons à nouveau à Court Métrange (25-28 octobre, Rennes), un festival sensible au « cinéma fantastique et insolite ». Après avoir élu « Danny Boy » de Marek Skrobecki en 2011, nous y remettrons un deuxième Métrange du Format Court dans la compétition européenne. Nous serons également partenaires du festival du court métrage de Brest (13-18 novembre), un festival dont nous suivons la programmation de près depuis plusieurs années, et où nous attribuerons pour la première fois un prix dans la compétition européenne.

    La rentrée nous permettra aussi de retrouver les soirées Format Court, organisées depuis le mois de mars au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Tous les deuxièmes jeudis du mois, cinq films (grands classiques, films primés en festival, Prix Format Court, …) s’y laisseront (re)découvrir sur grand écran. Prenez d’ores et déjà rendez-vous avec nous le jeudi 13 septembre, à partir de 20h30, pour la première séance de l’année, suivie pour l’occasion d’un pot de rentrée.

    En attendant, la fin de l’été sera ponctuée de news autour du court et de plusieurs coups de coeur DVD, à apprécier à toute heure de la journée.

    Fanny Barrot et Katia Bayer

    P.S. : Sapristi ! On a oublié le titre à la plage…

    Festival d’Angers, appel à candidature

    La 25e édition du Festival Premiers Plans se déroulera à Angers du vendredi 18 au dimanche 27 janvier 2013. La sélection est ouverte aux premiers et seconds longs métrages, aux films d’écoles et aux premiers courts métrages produits en Europe en 2011 ou 2012.

    CATEGORIES OFFICIELLES

    Vous pouvez soumettre votre film dans l’une des sections suivantes : premiers et seconds longs métrages, premiers courts métrages, films d’école, films d’animation. La fiction, l’animation et le documentaire sont acceptés pour la compétition. Les courts métrages en 3D-relief et les films expérimentaux forment des panoramas hors compétition.

    MODALITES D’INSCRIPTION

    Si vous souhaitez inscrire un film :
    – remplissez le formulaire d’inscription
    – et envoyez un DVD à : Festival Premiers Plans d’Angers, C/O C.S.T. – 22-24, avenue de Saint-Ouen – 75018 Paris (les envois en recommandé ne sont pas acceptés)

    DATE LIMITE D’INSCRIPTION : 17 octobre !

    Règlement (pdf)
    Formulaire d’inscription
    Formulaire spécial 3D-relief (pdf)

    Le site du festival : www.premiersplans.org

    Festival pointdoc, appel à films

    Le festival pointdoc connaitra sa troisième édition du 13 janvier au 13 février 2013. Dès à présent, il lance un appel à film documentaire d’auteur. Vous avez jusqu’au 15 octobre 2012 (date limite d’inscription) pour envoyer vos créations selon les deux catégories proposées :

    @ Films jamais diffusés (quelle que soit son année de réalisation)
    @ Premières créations (réalisées à partir du 1er janvier 2010).

    pointdoc

    Comme l’année précédente, le Festival pointdoc s’attachera à sélectionner des regards particuliers sur le monde portés par des auteurs qui s’engagent aussi bien sur le fond que sur la forme. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Festival pointdoc est un festival en ligne de films documentaires créé pour ouvrir le cinéma documentaire au plus grand nombre. Il se déroulera sur internet pendant 1 mois. 20 films documentaires d’auteurs seront en accès gratuit, visibles à n’importe quelle heure et partout dans le monde.

    Pas de prix… mais des coups de cœur, seront attribués à la fois par le public et par un jury de professionnels reconnus du documentaire, composé de réalisateurs, de producteurs et de techniciens. Les films « coups de cœur » auront la chance d’être diffusés sur grand écran lors de la soirée de clôture.

    Vous pouvez retrouver la fiche d’inscription le site web du festival : http://www.festivalpointdoc.fr

    Yassine Qnia : « J’avais beaucoup de choses à dire mais je n’arrivais pas à m’exprimer, je me suis alors approprié cet outil, le cinéma »

    Fais croquer est une expérience de maturité où le héros, exposé à l’isolement entre rêves et humiliations, déclenche le rire et notre admiration. Discutons-en avec son réalisateur et coscénariste, Yassine Qnia.

    yassine-qnia

    © Millerand

    Tu disais que tu avais besoin de connaître les comédiens….

    (Rires) Oui. J’ai besoin de connaître les comédiens dans leur vie, comment ils se comportent avec leur famille, leurs amis. Pour moi, c’est primordial. C’est ce qui me permet d’aller un peu plus loin dans le scénario et même dans le jeu. Parce que certaines fois, lorsqu’ils sont contents ou contrariés, certains de mes potes font des têtes ou des mimiques bien à eux, et le savoir m’aide. Quand je suis occupé sur le scénario ou sur le tournage et que je n’arrive pas à avoir ce que je veux, je leur dis : « Mais, si, rappelle-toi ! A tel moment quand lui, il a fait ça et toi, tu as fait telle mimique, tel geste… ». Du coup, c’est plus simple parce que je les connais un peu.

    Combien de temps te faut-il pour connaître les comédiens, leur environnement ?

    Ah, il faut du temps ! D’habitude, je ne parle même pas du film avec la personne. Je n’ai même pas envie de lui parler de ça. J’ai juste envie de la connaître et de sympathiser avec elle tout simplement. Je ne le préviens pas, je ne lui dirai rien et je continuerai à faire sa connaissance, à rigoler avec elle, pour voir à quel moment, je peux l’intégrer dans le projet et si elle s’y intègre aussi, si elle peut l’emmener plus loin. Ça a été le cas pour Fais croquer. Les comédiens étaient tellement faits pour leurs rôles qu’ils ont porté le film.

    Donc, tu ne crois pas au principe des casting….

    Absolument pas. Je suis contre les castings mais alors, à 300%. Ca fait peut-être bizarre de dire ça parce que je suis jeune. Ça fait le mec qui se la raconte (sourire). Tu peux faire des bonnes trouvailles dans les castings, mais après, il faut connaître la personne. Tu prends quelqu’un, tu le prends tout de suite, mais c’est compliqué parce qu’un film, d’abord, tu l’écris. Tu mets beaucoup de ton temps, de ta vie, beaucoup d’amour et beaucoup d’émotion et tu prends quelqu’un que tu ne connais pas C’est bizarre. (….) Après, ce qui m’importe, c’est de savoir si j’aime le comédien ou pas, si j’ai envie ou pas envie de jouer avec lui.

    Oui, mais comment rencontrer les gens ?

    C’est ça, le truc. Je ne sais pas. Il faut écumer les soirée, dès que tu entends parler d’une soirée théâtre, d’une soirée concert, tu y vas. Le plus important, c’est les festivals de cinéma, parce que tu y fais de bonnes rencontres. Tu parles de ton film avec d’autres personnes. Pour Fais croquer, c’est un peu facile pour moi parce que je l’ai fait avec des gens que je connais depuis que j’ai 12-13 ans. Je sais qui est qui, comment je peux obtenir des choses à tel moment. C’est magnifique quand tu connais bien les gens. Il n’y a pas de règles, mais, moi, je travaille comme ça en tout cas.

    Tu n’as jamais été naïf à propos du cinéma ?

    Je ne sais pas. J’ai été très tôt humilié ou charrié. Tout le temps, quoi. Dès que tu avais des rêves, tu te faisais tout le temps humilier par tes potes, tes camarades. C’est le sport national, ici (sourire). Du coup, je n’aurais pas eu de prétention parce que je me faisais bien charrier.

    Tu as besoin de bien connaître les lieux pour filmer…

    Salma Cheddadi, une réalisatrice, dit quelque chose de magnifique : « J’ai besoin de ne pas connaître les lieux pour pouvoir mieux voir ». Quand tu es habitué, tu ne vois pas les choses, je trouve ça intéressant, alors que moi, l’endroit où j’ai grandi m’inspire. Peut-être aussi que je suis lucide. Je suis géomètre de profession, je ne sais pas si ça m’a aidé ou pas dans cette profession, mais je m’intéresse aux détails.

    Comment fais-tu pour te démarquer de tout ce qui a déjà été dit sur la banlieue ?

    Comment je fais ? Je me centralise sur une personne. C’est dur de dire ça parce que c’est mon premier film, mais même dans les prochains, je me centraliserai sur une personne tout le temps. Une. Un personnage. Je n’essayerai pas d’avoir une vision globale sur un film comme si j’étais porteur d’un message. Parler d’une personne est, pour moi, plus profond. Là, j’ai fait un film en banlieue parce que c’est chez moi. Mais tu vois, Fais croquer aurait pu se faire en Lorraine ou à Bangkok : il s’agit d’une personne qui veut faire son film en fonction de son entourage.

    En 22 minutes, dans Fais croquer, pas mal de sujets qui sont abordés : la malbouffe, l’échec scolaire, l’illettrisme, la dyslexie, le racisme, le surpoids….

    Plein de choses. Le rapport au groupe pour pouvoir exister alors qu’on sait qu’on est inférieur physiquement, par exemple. L’histoire parle d’une personne et de sa façon d’interagir avec son environnement. On était quatre à l’écriture (Carine May, Hakim Zouhani, Mourad Boudaoud et moi-même) et on était tous conscient de ça à ce moment-là. Pour commencer, on était très méchant entre nous (sourire). On savait qu’on ne nous ferait pas de cadeaux. On était très exigeant entre nous pendant l’écriture du scénario. On se ridiculisait : « C’est de la merde, ce que t’as fait ! ». Mais on gardait en tête le fait que l’histoire partait d’une personne. On est une personne mais on est aussi le monde. C’est beau ce que je viens de dire (rires).

    Tu disais tout à l’heure que c’était ton premier film, mais avant ça, il y a eu pas mal d’ateliers.

    J’ai fait beaucoup d’ateliers, oui. Je travaillais sur les chantiers en tant que géomètre et j’en avais marre parce que j’avais l’impression de grandir un peu plus vite que mes camarades. Je ne voulais pas passer le cap de l’adolescence à celui de l’âge adulte. J’ai dit aux gars : « Il faut qu’on fasse un film, qu’on écrive des choses ». L’OMJA (l’Office Municipal de la Jeunesse d’Aubervilliers) a crée un festival qui s’appelle Génération Court qui est parrainé par Luc Besson et Anne-Dominique Toussaint. Je ne sais pas pourquoi Luc Besson a voulu le parrainer car on ne le voit jamais (rires), c’est pour ça que j’ai voulu le charrier un peu dans Fais croquer (dans le film, lorsque ses potes lui citent Luc Besson, l’acteur M’Barek Belkouk, alter ego de Yassine Qnia répond : « Luc qui ?! »). Néanmoins, il donne un peu d’argent, c’est quand même respectable. Des jeunes qui ont envie de faire un film sont suivis pendant un an pour qu’ils puissent faire un petit film d’atelier.

    Comment ces jeunes sont-ils retenus ?

    Sur un synopsis et une lettre de motivation aussi. Il n’y a pas de territoire : ce n’est pas parce que ça passe à Aubervilliers que les personnes doivent y vivre. J’encourage vraiment toutes les personnes qui ont envie de cinéma de suivre ce festival-là, parce que c’est un peu une école. L’appel à candidature se fait en septembre, la sélection se fait en octobre. On est entre 8 et 12, pas plus, par atelier. Ensuite, on te suit : tu as droit à des petits stages de trois jours en scénario, de deux jours en image, d’un jour en montage. Ensuite, on te donne trois jours pour faire ton film avec un budget d’à peu près mille euros et tu es accompagné, non par des éducateurs mais par des professionnels de l’image. Marianne Tardieu (réalisatrice formée à l’institut Louis Lumière) m’a par exemple suivi, elle a d’ailleurs fait l’image de mon film, Fais croquer et j’espère qu’elle en fera d’autres aussi. Quand tu es jeune et que tu apprends avec des gens comme ça, on te fait pratiquer tout de suite. On ne te fait pas faire une analyse de film, on te demande de créer tout de suite. Tu racontes ton histoire, ce qui te tient à cœur : on te conseille dès le début de raconter des choses qui te sont proches.

    fais-croquer

    C’est à partir de quel âge ?

    Il y a les jeunes pousses de 13 à 20 ans, puis, les adultes, de 20 à 25 ans. Le gagnant de ce festival se voit offrir une formation dans une école de cinéma grâce au soutien financier de la mairie, de Luc Besson et des partenaires. Moi, je n’ai pas gagné (rirse), mais six personnes ont bénéficié d’une formation pendant trois ans. C’est énorme, c’est beaucoup d’argent. Voilà comment je me suis formé, en participant à d’autres projets, et en faisant mon film. Pour moi, c’est intéressant de faire les choses tout de suite pendant que l’on te fait croire que tu es un génie (rires). Ce qui est important, c’est de créer tout de suite.

    Rappelle-moi comment tu as connu ce concours.

    (Rires). Je voulais encore m’amuser avant de grandir. Et puis, une fille mignonne l’avait passé, donc j’ai dit à mes potes : « On va faire un film et s’il est réussi, on pourra la revoir ! ». Et puis, j’étais aussi un peu complexé. J’avais beaucoup de choses à dire mais je n’arrivais pas à m’exprimer, alors, je me suis approprié cet outil, le cinéma. Et puis, après, une chose en amène une autre. Mon tout premier film, avant Fais croquer, il ne faut pas le voir (rires). C’est une histoire d’arnaque à la con. Mais une fois que tu comprends un peu l’outil cinéma, tu te dis que tu peux faire des choses intéressantes.

    C’est quoi, l’outil cinéma ?

    L’outil cinéma, c’est quand tu filmes une personne simplement. L’image et le son tout simplement. Je ne sais pas, j’ai mes codes à moi… Je suis Bressonien (sourire). C’est important de connaître les personnes, d’avoir des modèles. Il n’y a pas de musique dans mes films.

    Pourquoi ?

    Cela n’a pas lieu d’être. Des fois, tu sens les choses sans avoir besoin d’en rajouter. La musique, comme dit Bresson, est un puissant modificateur. Des fois, dans les films, on te met une musique pour te faire comprendre qu’à tel moment, tu dois avoir peur ou être triste. Tu n’as pas besoin de ça, c’est faux. Dans la vie, quand tu es triste, quand tu viens de te faire quitter par ta copine, tu n’as pas une petite musique derrière qui surgit. Tu sais que tu es triste, tu le sens derrière ton regard, tu n’es pas bien.

    photo-tournage-fais-croquer

    Avec les comédiens, vous répétez beaucoup ?

    On ne répète absolument pas. Mais par contre, on fait beaucoup de prises. J’ai un problème avec mes comédiens parce qu’ils sont très fainéants ! Ils ne m’écoutent pas vraiment. C’est un peu dur. J’espère que par la suite, ils vont comprendre et que l’on pourra explorer d’autres choses. Là, on rigole mais il y a d’autres choses que j’ai envie d’aller chercher dans le « ventre » des gens. Avec eux, on ne répète pas, ils ne veulent pas répéter ! Le premier film que j’ai écrit faisait 13 pages. Les gars ne voulaient pas lire : c’était trop long, 13 pages (rires) ! Mais ça a été. Les gars arrivaient sur le tournage, ils n’avaient pas lu le scénario, alors, on faisait une lecture. Ils m’écoutaient, c’était cool de leur part.

    Tu dis que dans ton film, il n’y a pas de musique. Pourtant, je suis surpris par le générique de fin de Fais croquer.

    C’est mon pote musicien, Madibé Cissé, qui a grandi avec nous, qui a toujours été « barré » qui l’a faite. Je suis né avec le rap, j’ai écouté ça toute ma vie. Mais quand j’ai commencé à grandir et à réfléchir, les musiques, pour moi, étaient comme des clés. C’est dur ce que je vais dire mais ce n’est pas parce que j’habite en banlieue que j’écoute uniquement du rap. On a des grands rappeurs qui habitent ici et j’aime beaucoup le rap mais j’ai eu envie de changer. (…) Et Madibé, il est là dedans. C’est pour ça qu’on a choisi ce son et non du rap. Et puis, la musique qu’avait faite Madibé était un peu mélancolique. J’aimais bien cela.

    Comment est apparue l’idée des deux mômes à trottinette, les deux petits caïds ?

    Ayant bénéficié des ateliers de l’OMJA, je m’occupe depuis trois ans de jeunes pousses qui ont 12-13 ans. Je les aide à faire leurs films. Ceux-ci sont mis en compétition et c’est un peu « la guerre » des quartiers. Toute l’année, ils m’ont pris la tête : « Yassine, quand est-ce qu’on fait un film ? Quand est-ce qu’on fait un film ? ». Ca m’a donné l’idée d’écrire une scène sur des jeunes, comme eux, qui m’embêtent, mais dans la scène, il n’y avait qu’un seul petit. Le jour du tournage il y a eu un autre môme qui était grave jaloux, qui ne voulait pas que l’autre fasse la scène sans lui. Ils se sont disputés : « C’est moi, le meilleur ! », « Non, c’est moi le meilleur ! ». Donc, c’était compliqué, on les a fait répéter la scène à deux et séparément, et ça se mariait bien. Ca a été une chance du tournage. Ce n’était pas dans le synopsis. Il a fallu avoir l’humilité de comprendre et d’accepter que c’était mieux que ce qu’on avait écrit.

    Il y a plein de sujets sensibles dans Fais croquer mais ils sont très bien servis par l’humour.

    Ça fait passer plus de choses (rires) ! Mais, ça, c’est une vieille recette, ce n’est pas moi qui l’ai inventée. Encore une fois, j’ai été bien accompagné. On a écrit le scénario à quatre. Le scénario s’est écrit en deux mois. Ce n’est pas beaucoup mais c’est quand même deux mois de travail, quatre personnes, quatre cerveaux. Et, oui, l’humour, fait triompher, toujours. Des fois, c’est marrant parce qu’on n’est pas pris au sérieux. Certaines personnes trouvent que c’est un film sans ambition. Ca me fait toujours rire. Je le prends bien, parce que je pense être capable de faire un film sérieux. Mais un gars qui fera un film sérieux ne sera pas capable, je pense, de faire ce qu’on a fait sur Fais croquer.

    fais-croquer-yassine-qnia

    Un film sérieux ?

    Un film qui se prend trop au sérieux, où tu demandes à quelqu’un de faire des choses basiques. Faire rire, ce n’est pas simple. Faire un film où la personne n’est pas contente contre son employeur, faire crier deux personnages, pour moi, c’est simple, encore faut-il que ce soit bien joué évidemment. Mais faire rire, trouver des situations qui sont marrantes, dénicher des têtes, des comédiens capables de faire passer des émotions, ça, ce n’est pas simple.

    Pendant que vous tourniez ces scènes-là, vous arriviez à en rire ?

    Ah, ouais. On était mort de rire. J’ai eu un petit choc au montage. Je me suis demandé si on avait fait un film marrant ou pas (rires), parce qu’il y avait quand même des trucs durs dans le film. Il y a une règle dans la comédie qui date maintenant : c’est souvent des choses les plus dures que l’on rigole le plus. Dans le film, le héros se fait quand même ratatiner. Comme ça me touchait beaucoup, vu que c’est une histoire personnelle, j’ai beaucoup appris en faisant ce film sur qui j’étais. Il y avait des moments, au montage, où j’avais mal, mais on en rigolait. A la base, c’était fait pour ça. Je vais dans la comédie. J’aime bien les situations burlesques, les films de situation. J’aime bien rire.

    Tu as prévu de faire d’autres courts ? Es-tu pressé de faire un long ?

    Je ne suis pas pressé de faire un long. Je suis pressé de faire d’autres courts métrages. Mais le souci, c’est que, quand Fais croquer a commencé à tourner, on a reçu une proposition d’en faire un long métrage. C’est bizarre de refaire un peu le même film. On avait réussi à négocier que l’on ne prendrait aucune scène du court métrage et qu’on irait, si possible, plus en amont : qui est Yassine ? Que se passe-t-il après l’histoire de Fais croquer ? Je suis donc en écriture du long métrage mais je suis pressé de faire d’autres courts métrages. Après le long, si tout se passe bien, j’attaque sur du court et du documentaire.

    Qu’est-ce qui te fait préférer le court ?

    J’aime bien la forme brève et la liberté du court métrage. Tu n’as pas ça en long métrage où tu dois rendre des comptes. Quand tu écris quelque chose et que tu veux le faire avec un comédien que tu aimes, même s’il est bon, il n’est personne si il n’est pas connu. Et en commençant à faire du long métrage, toi aussi, tu es personne. Il faut l’accepter, plus le fait qu’on ne met pas deux ou trois millions d’euros sur des inconnus. Il faut que le film puisse marcher, rapporte de l’argent, c’est la règle du jeu, il faut la comprendre. Mais personnellement, ça ne me dérange pas de faire des films qui ne sont pas vus en salle; pour le moment, je n’ai pas envie qu’on m’impose une vedette pour que mon film puisse marcher. Ca me poserait problème que mon film intéresse les gens pour un nom et non pour ce que j’ai à raconter. Je ne suis pas du tout humble avec ça (rires) ! C’est pour ça que j’aime bien le court métrage : tu es subventionné, tu es libre, tu fais ce que tu veux.

    Certains réalisateurs font pourtant des films avec des comédiens peu connus…

    Oui, il y a Bruno Dumont dont j’aime beaucoup le travail et Jacques Audiard à ses débuts. Moi, j’aime bien l’idée de progresser petit à petit, d’y aller doucement, de ne pas être trop pressé. Je ne veux pas me faire piétiner et qu’on me demande de « cibler » mon public. C’est un truc qui m’exaspère, moi, je n’ai pas envie de cibler mon public ! Après, ce que je dis, c’est quand même un peu égocentrique, c’est très mal. Des fois, en discutant avec d’autres personnes, je m’entends dire : « Yassine, redescends un peu sur terre… ».

    Franck Unimon

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