“Ma fille, cette héroïne au regard si grave”
Lauréat de l’envieux Bayard d’or du meilleur court métrage international au FIFF, « On The Beach » se présente comme une traversée intime des sensations d’une adolescente en quête d’elle-même.
Qui ne se souvient pas, le sourire aux lèvres, de « Mon père ce héros » où Marie Gillain fit sa première apparition à l’écran. Un film joyeux, comique et tendre qui traitait du sujet délicat des enfants issus du divorce. Un peu plus de 20 ans plus tard, Marie-Elsa Sgualdo qui avait déjà abordé la séparation dans « Bam Tchak » approfondit le sujet en le montrant à travers les yeux d’une adolescente de 15 ans.
D’une facture plus sérieuse, la Sara de « On the Beach » diffère grandement de la Véronique de Gérard Lauzier. Elle ne passe pas ses vacances à l’île Maurice en compagnie du paternel qu’elle appelle par son prénom. Non, chez Sgualdo, le père laisse la fille (ou l’abandonne) avec son petit frère à l’entrée du camping de vacances où résident sa mère et son nouveau petit ami. Sara se retrouve à s’occuper de son petit frère en attendant le retour de sa mère. En 20 ans, l’adolescence semble avoir pris en responsabilité tandis que le monde adulte rattrape sa jeunesse en discothèque sur le dernier tube à la mode.
Posant sa caméra au plus proche du corps et du visage de Sara, magnifiquement interprétée par Joanne Nussbaum, la réalisatrice arrive à transmettre chaque doute, hésitation et souffrance de la jeune fille qui a du mal à supporter la frivolité de sa mère. Quand le petit frère disparaît un moment, mère et fille, unies dans la même douleur, ne peuvent s’empêcher de s’affronter, de se confronter et de se culpabiliser. Et les vacances estivales, qui devaient être un moment joyeux, se transforment petit à petit en une troublante et indispensable quête de soi.
Ayant un besoin farouche d’indépendance et une envie inévitable de se sentir désirable, Sara s’isole de la main maternelle, protectrice, tout en voulant s’y réfugier.C’est finalement dans la nature, seule vraie complice et à l’écoute de son mal-être, qu’elle décide de s’abandonner.
Sensible et sensuel, grave et sérieux, « On The Beach » est assurément le plus abouti des films de Marie-Sgualdo. Un Bayard d’or plus que mérité.