« Ámár » est la dernière animation de Isabel Herguera, présente au Festival Anima en tant que membre du jury international. Son film est comme un carnet de voyage que l’on retrouve avec émotion, après des années, un petit livre composé de fragments de visages, de noms de personnes et de lieux, d’impressions sur une ville, sur un pays, de sentiments confus pour un amour perdu puis retrouvé.
Sélectionné l’an dernier au même festival bruxellois, le court métrage de la réalisatrice basque faisait partie cette année des 24 films composant les programmes consacrés à l’Espagne. On l’a dit, “Cortos de España”, de manière générale, dégage une sombre obscurité. « Ámár », en revanche évoque plus une tendresse nostalgique que le surréalisme fantastique.
Le film est un peu comme une déclaration d’amour à l’Inde, un pays que la réalisatrice connaît bien puisqu’elle y enseigne l’animation à l’Université d’Ahmedabad (National Institute of Design) depuis quelques années. Dès les premières images, le dessin est fluide, le trait se fait sensuel et fuyant, noir et délicat comme un pinceau trempé dans l’encre de chine contrastant avec la blancheur du fond. Par-ci, par-là, des touches colorées viennent souligner une atmosphère particulière et puis les sons, ceux de la rue surtout, envahissent l’animation comme une vague qui s’échoue sur une plage de souvenirs doux-amers.
Une voix off, celle de la réalisatrice raconte comment elle a rencontré, aimé et quitté Ámár, devenu fou et ayant été interné dans un asile. Comment ? Pourquoi ? On ne le saura jamais. Herguera laisse le récit ouvert à toutes les interprétations, esquissant les pistes sans les confirmer.
Comme ses premiers films réalisés à l’aide de découpures de photos, de collages et d’assemblages composites (« Spain Loves You » (1988), « Los Muertitos » (1994)), la créatrice aime expérimenter les formes pour rendre compte d’une œuvre mosaïque, plurielle et éclatée où l’histoire naît d’une technique ou peut-être que c’est le contraire. Avec « Ámár », Isabel Herguera confirme à nouveau son talent d’artiste conteuse.
Consultez la fiche technique du film
Article associé : l’interview de Isabel Herguera