Présenté hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC cette année, « Tant qu’il y aura del poussière » est un témoignage pour le moins original sur les forges de Clabecq en région wallonne, à (re)découvrir.
La thématique de la représentation de la classe ouvrière apparaît également en compétition nationale du Festival dans deux titres : « Staka » de Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier, Jean-Michel Degoedt et « Fermiers atypiques » de Kevin Cleeren. Le premier opte pour le registre de la science-fiction pour livrer son sujet tandis que le deuxième prend le parti d’un reportage. Le film de Marie Devuyst, en revanche, réalisé en 2009 dans le cadre de ses études à Sint Lukas à Bruxelles, mêle documentaire et film expérimental.
Sur fond d’images photographiées aussi statiques que l’endroit désertique qu’elles représentent, la réalisatrice pose habilement l’histoire d’Emile, ancien délégué du syndicat de la société sidérurgique située au sud de Bruxelles qui ferma ses portes suite à une faillite dans les années 90. Ses paroles en wallon interpellent tout d’abord par le sentiment de familière étrangeté que procure cette langue désuète et minoritaire, à la fois très proche mais très éloigné du français. Emile raconte le vécu des travailleurs de l’usine de manière très imagée et descriptive, avec nostalgie et émotion, sa voix superposée à l’image stérile tel le spectre d’un passé industriel glorieux qui définissait jusqu’il y a peu la société et l’économie de la Belgique francophone.
Revendication touchante et nécessaire de toute une classe démunie, « Tant qu’il y aura del poussière » renforce son contenu socialement engagé avec une forme esthétiquement et symboliquement chargée pour créer un fragment cinématographique hautement poétique.