« Jessi » de l’Allemande Mariejosephin Schneider suit la fugue et les yeux de chat d’une môme de 11 ans, dont la mère purge une peine de prison et dont la sœur a quitté l’ancienne demeure familiale. Lauréat du Grand Prix du Jury dans la catégorie films d’écoles européens à Angers, et projeté également aux Rencontres Henri Langlois, le film figure parmi les 21 titres de la compétition européenne du festival de Brive.
Élevée par sa mère adoptive, Jessi s’ouvre très peu, préférant observer les choses plutôt que de les commenter. Plus sa mère de substitution s’obstine à entrer en contact avec elle, moins elle desserre ses dents de préadolescence. Ses mots, elle les destine à sa famille d’origine, sa mère incarcérée et sa sœur aînée, ayant toutes deux cessé de se parler. Entre les deux femmes, Jessi essaye de recréer un lien, en mentant, fuguant, et réclamant de l’attention. Seulement, la vie de Jessi, comme celle de sa famille, a changé. Les choses ne seront plus comme avant. Le refuser, c’est rester dans un passé qui n’est plus, l’accepter, c’est commencer à grandir. Entre les deux, Jessi doit faire un choix.
Le film de Mariejosephin Schneider se construit autour du secret, du silence, du sens du toucher et du regard chargé d’expression. L’éclatement de la bulle familiale, les problèmes de communication, et le renoncement représentent le premier matériau du film. Autour de lui, se greffent différents couples assortis malgré eux : l’insouciance de l’enfance et la dureté du monde adulte, le repli sur soi et l’ouverture à la société extérieure, la vie en prison et la liberté toute relative dans une situation que l’on n’a pas choisi.
Avec ses airs butés, son innocence enfantine, et ses gestes radicaux, Luzie Ahrens, l’enfant du film, campe une Jessi bien peu ordinaire. Jusqu’ici, sa seule apparition au cinéma avait eu lieu dans « Le Ruban blanc ». Espérons que d’autres réalisateurs que Haneke et Schneider continueront à la faire tourner.