« Et même quand on baise, on est seul »
Déjà remarqué et apprécié lors de la sortie en festivals de « Espèce(s) de patate(s) », Yoann Stehr, étudiant à la Cambre, nous revient en force avec un petit film bien plus audacieux. Sélectionné à Anima cette année, « Contre, tout contre » ou le credo de la solitude et de la volupté puise dans le filet des images cinématographiques qui nous habitent et qui nous construisent pour traiter, non sans une mordante ironie, de la solitude contemporaine.
Rien de plus excitant pour un faiseur d’images que de s’exprimer en se servant d’images déjà réalisées par d’autres en les mélangeant, les superposant, les accolant, les découpant, bref, en les manipulant pour en offrir une interprétation nouvelle, hybride et personnelle. Ainsi pourrait se résumer le travail de Yoann Stehr, devenu en l’espace de deux films, une figure quasi incontournable du cinéma expérimental belge à l’instar d’un certain Nicolas Provost.
Pour « Contre, tout contre », il reprend de façon très convaincante la technique du Found Footage déjà aperçue dans certains films du réalisateur flamand. La forme y est littéralement au service du contenu et est traitée avec une réelle ingéniosité. Montrer le gouffre illusoire de la célébrité dans le milieu des strasses et paillettes du septième art en une surabondance d’images (prix reçus et extraits d’images de films et d’actualités) laisse entrevoir la terrible solitude qui lui fait écho, celle dont on ne parle qu’en hommage d’une star éteinte.
Yoann Stehr pose un regard pertinent et caustique sur ce monde étincelant et pas toujours cohérent : « tout ce qui fout la merde est sponsorisé ». Par ailleurs, la voix off renvoie toujours à la (vraie) réalité qui se cache derrière les images, elle permet un décalage intéressant et critique et ouvre une dimension métadiscursive à ce petit film expérimental riche et dense. Le ton irrévérencieux qui le guide en fait un produit hétéroclite prodigieux permettant, » à la lisière du monde, (de) se rencontrer enfin ».
Merci pour cette judicieuse critique qui nous pousse à relativiser un instant notre sentiment parfois carcéral d’isolement en un monde auto-digéré/dirigé/dérégit par les sirènes assourdissantes de la multitude conformistifiente…
Nous reviendrons, hache luisante munis. J’ai dit./ ; )
Cela est peut-être dû à mon installation
mais la vidéo ne démarre pas!
Jacques.
Bonjour, la vidéo semble fonctionner correctement sur le site ainsi que sur la page vimeo du réalisateur. Avez-vous pu vérifier si ça marche en cliquant sur le lien « vimeo » dans la vidéo? Le problème peut aussi être lié à votre navigateur (je crois par exemple que vimeo ne supporte pas les versions beta), ou encore à votre flash player. Bien à vous.