La vie est plutôt paisible en Gironde. Après y avoir honoré le patrimoine culturel (vins, châteaux, huîtres, bastides, crépinettes,…), le touriste se repose sur la plage, inconscient du drame que connaît l’un de ses résidents légitimes : le pachygrabsus marmoratus. Appelé communément chancre mou ou, plus souvent, crabe dépressif, celui-ci est raillé depuis 120 millions d’années à Arcachon comme à Tizac-de-lapouyade (canton de Guîtres) par les tourteaux et autres habitants maritimes.
Comment voulez-vous donc crâner lorsque pendant toute votre vie de crustacé, vous avez dû respecter la ligne droite qui vous a été attribuée ? Carrés, pas beaux, puants, même pas bouffables, ces bestioles-là n’ont pas le droit de pouvoir tourner, contraintes de toutes leurs pattes de se déplacer toute leur vie selon la même trajectoire. L’une d’entre elles, devenue philosophe (une première dans la mer), reconsidère pourtant les choses et redonne un semblant de dignité à ses potus pachygrabsus marmoratus.
Anim’ en noir et blanc réalisée en Flash, perle d’humour noir au sujet plus que décalé et à la voix-off impayable, « La Révolution des crabes » a rallié en son temps (2004) de nombreux festivals à sa cause : Anima, Annecy, Ottawa, … . Lille également où le film a remporté le Prix du public et une mention du jury en 2005 et où il vient d’être projeté à l’occasion des dix ans du festival. A l’époque, Arthur de Pins préparait une version longue de sa révolution (« La Marche des crabes »). On l’attend plus que jamais, tant la cause de ces crabes cons et rebelles nous tient à cœur.
10 ans de festival… Depuis une semaine, le Festival international du court métrage de Lille se partage entre les gros gâteaux d’anniversaire et les courts métrages aux apparences variées (anims, clips, fictions, très courts, …). Quelques heures avant la Nuit de l’animation, retrouvez notre focus en court.
Tout juste récompensé du Prix du Jury au FIFF, « Aglaée », le troisième film de Rudi Rosenberg dénote par son ton et son humeur avec le pessimisme ambiant des films récemment présentés à Namur. Interprété par une bande d’ados, le film est porté par un duo masculin/féminin tout en contraste : un mâcheur de chewing-gum invétéré et une handicapée toute en retenue.
Rudi Rosenberg. Prénom repérable, nom de rose, tronche et C.V. de comédien. Vous l’avez vu marié et sexy dans « Le Tango des Rashevski » (Sam Garbarski) et dans d’anecdotiques séries télé. Vous le retrouvez en réalisateur frais et pas con, après un passage par l’EICAR (École Internationale de Création Audiovisuelle et de Réalisation), la pub et le court (« 13 ans », « Une histoire louche »).
Le monde de la jeunesse et les accents autobiographiques, RR connaît. Dans « 13 ans », son film de fin d’études, un ado prépubère tentait d’avoir l’air cool en se prenant un Fanta à la soirée de la fille dont il était secrètement amoureux. Dans « Aglaée », un garçon à peine plus âgé se voit contraint de proposer à une fille de sa classe, vulgaire et handicapée, de sortir avec lui.
Tout y est : les filles écervelées, les mecs coincés, les jeux débiles, les secrets d’alcôve, les défis personnels, les émois débutants, la difficulté de se faire accepter par le groupe, le ressenti de la différence, l’expérience de l’humiliation, les boums pourries du samedi, les adultes inexistants ou gênants, …
Avec ironie, humour et douceur, Rosenberg capte le monde de l’adolescence comme si il n’avait pas grandi, comme si ses souvenirs étaient restés intacts, comme si finalement, Jonathan (« 13 ans ») et Benoît (« Aglaée ») étaient des intimes du passé, des doubles, des mini-lui. Jolie surprise que ce film frais et honnête dans ses intentions : rarement, le monde complexe et narquois de l’adolescence avait été si bien scénarisé et interprété.
Synopsis : C’est une journée particulière dans la vie de Nola : c’est sa première permission de sortie après des années de détention. Le portrait d’une femme autour de qui le monde vacille est ainsi tiré…
Genre : Fiction
Durée : 25’
Année : 2010
Pays : Tchad, France
Réalisation : Askia Traoré
Scénario : Askia Traoré
Images : David Chizallet
Montage : Frédéric Baillehaiche
Interprétation : Mata Claudine Gabin, Sophie Vaude, Satya Dusaugey
Premier film du Tchadien Askia Traoré, « Nola » montre d’emblée la grande maturité et la sensibilité de l’auteur. Dévoilé en compétition internationale cette année au Festival International du Film Francophone de Namur, ce court dresse un portrait émouvant de la détention et de la liberté.
Nola fait sa première sortie après des années de prison. Avec des pas prudents, un regard méfiant et un manque de confiance flagrant, elle tâche de se réintégrer, le temps d’un souffle, dans la vie normale. Entre des souvenirs de sa relation affectueuse avec sa compagnon de cellule, elle erre dans la ville et essaie de profiter du peu de temps dont elle dispose. Mais lorsqu’une rencontre amoureuse dans un bar dérape au point d’enclencher une réponse violente de sa part, elle se rend compte que la liberté, ne fût-ce que temporaire, n’est pas chose aisée pour une détenue.
Le rôle principal de « Nola » est splendidement interprété par Mata Gabin, dont le visage, mis en valeur par le biais de gros plans, traduit avec justesse chaque angoisse, chaque crainte et chaque joie ressenties par le personnage. Une séquence particulièrement réussie illustre le jeu remarquable de l’actrice : installée dans son bain, Nola vit un moment de répit, où elle savoure pleinement et désespérément cette bribe de liberté qui lui manque tant, tout en sachant que celle-ci est temporaire. Effectivement, beaucoup de choses passent par la gestuelle et le silence du personnage et par l’image en général, ce qui explique par ailleurs les dialogues et le scénario minimalistes.
Traoré penche pour le parti pris d’une narration indirecte, épaulé par sa maîtrise précoce de la technique. Il exploite notamment l’encadrement pour faire passer le sentiment d’enfermement de façon presque subliminale : les gros plans de Nola contrastent souvent avec des plans très larges de son environnement ; et elle est souvent vue à travers des vitrines, des grilles ou encore à travers l’œilleton de la porte de prison, où elle se fait épier par une codétenue antipathique. Ce même regard réapparait tel un cauchemar pour Nola et représente à la fois l’absence totale d’intimité dans sa séquestration et le jugement critique porté par la société.
Si l’humanisme au cinéma se transmet mieux par l’accompagnement du ressenti que par l’explicitation des faits, le plus grand mérite de « Nola » est sa faculté à susciter de l’empathie chez le spectateur. Une qualité dont toute bonne fiction devrait jouir.
Synopsis : Il s’agit d’une descente dans le maëlstrom des angoisses d’Arthur Lipsett, célèbre cinéaste expérimental canadien, mort à 49 ans. Journal intime transfiguré en bombardement d’images et de sons, exploration d’une prodigieuse frénésie créatrice, ce tableau illustre la chute vertigineuse d’un artiste dans la dépression et la folie…
La compétition internationale du Festival du film francophone de Namur, composée cette année de 11 titres (dont deux belges chevauchant la compétition nationale), était marquée ces jours-ci par une grande richesse de sujets, de formes, de genres, de durées, de nationalités, … Pourtant, une certaine noirceur s’était glissée en filigrane à travers toute la sélection, démontrant la grande sobriété et le sérieux qui imprégnaient chaque court et qui régnaient dans la salle.Aperçu global d’une sélection hétéroclite.
Parmi les films visionnés à Namur, le thème de la violence familiale était présent dans pas moins de trois titres. Le plus dur à voir et le plus littéral dans son propos étaitassurément « Khouya » (Mon frère) de Yanis Koussim, venu tout droit d’Algérie. Tract appuyé sur la violence dans un foyer sans père où le frère est roi, ce court plonge son spectateur dans un monde terrible de non respect et de brutalité envers les femmes, et ce faisant décrit une réalité universellement interpellante. Toujours dans la logique de rapports fraternels, « Musafirul » (L’invité) de Razvan Tache Alexandru (Roumanie) montre, sur un ton beaucoup plus léger, les périples d’un frère possessif récemment sorti de prison, obsédé par les activités de sa jeune sœur. Qu’il prenne en otage un vieux couple pour mieux épier celle-ci n’est nullement problématique pour le spectateur qui assiste dans cette tragicomédie à un renversement de situation où le tyran devient le tyrannisé et où les victimes deviennent les êtres bienveillants. En dernier lieu, le réalisateur français Nicolas Sarkissian offre sa propre version de l’agression domestique, sous forme d’un essai psychologique nommé « Fracture ». Ce film a le mérite de bénéficier d’un travail cinématographique impeccable, même si il est peu crédible en ce qui concerne l’histoire, qui met en scène la trop grande rupture entre une vie parfaite et le « mal invisible » ressenti par le protagoniste, montrée par le biais de gros plans et d’une bande-son subjective.
Deuxième thème, moins hostile mais pas pour autant plus réjouissant : le vol, matériel dans « Lord » du Roumain Adrian Sitaru ou plus métaphorique dans « Dans la jungle des villes » de Stéphane Demoustier et Denis Eyriey (France). Tout comme « Valuri » (Vagues) réalisé par Sitaru en 2007, « Lord » charme par l’innocence et l’ironie apportées à un sujet potentiellement pesant pour créer un réalisme sobre et un humour doux-amer que l’on associe au cinéaste roumain. Le deuxième film propose en revanche une sorte de « Mr Ripley » transposé à Strasbourg, où le vol d’un sac provoque une rencontre fatidique entre les trois protagonistes. Mais à l’inverse du drame noir américain, ce court français se clôt sur un ton plus allègre. Notons que le jeu d’acteurs (dont les deux rôles masculins sont assurés par les réalisateurs eux-mêmes) est en lui-même digne d’une comparaison avec le film culte de Minghella.
L’échec est autre thème saillant dans cette programmation bigarrée. Un court belge, « Nuit blanche » de Samuel Tilman, offre un regard très humain et quasi documentaire sur une nuit dans la vie d’un gendarme de secours en montagne, qui essaie de sauver trois jeunes alpinistes perdus dans un orage. Autre film issu du pays plat, « Pour toi je ferai bataille » de Rachel Lang dresse le portrait intime d’une jeune fille à la recherche d’elle-même se soumettant aux supplices de l’armée française. Enfin, « Nola », une coproduction franco-tchadienne, qui fait sa première au FIFF, suit le parcours d’une détenue lors de ses jours de sortie, dont le sentiment d’enfermement est habilement traduit à l’image par le réalisateur Askia Traoré.
Histoire de poursuivre avec la noirceur, relevons deux courts axés autour du thème du suicide, provenant conjointement du Canada. « Les Poissons » de Jean Malek se présente telle une vignette très courte et archi lyrique sur le « cri ultime » de trois jeune filles prématurément exténuées. À l’instar du sublime « Virgin Suicides » de Coppola fille, « Les Poissons » transporte son spectateur dans l’univers intérieur de ses protagonistes, par le biais d’une bande-son émotionnellement chargée, d’un texte hautement poétique et d’une image très onirique. « Les Journaux de Lipsett », signé Théodore Ushev, est plutôt une fiction-animation frénétique qui transmet avec acuité le tourment mental du réalisateur québécois Arthur Lipsett, qui s’est donné la mort en 1986. L’image surchargée répond parfaitement au texte dense composé à partir de scénarios de Lipsett. Ushev interprète ceux-ci à sa guise pour inventer sa propre narration, sa démarche mettant en évidence la question de la représentation de la réalité dans une optique biographique.
Petit dernier, le Français Rudi Rosenberg apporte heureusement un vent frais avec « Aglaée » et transmet avec justesse et audace ces sentiments troublants qui accompagnent l’éveil sexuel et provoquent autant de cruauté que de souffrance chez l’adolescent.
Que le fil rouge tourmenté qui semble traverser la sélection internationale soit symptomatique de quelque phénomène de marasme universel ou d’une annus horribilus particulière, une chose est bel et bien certaine : au FIFF, la qualité des films choisis reste le critère premier. Quelque soit l’opinion qu’on en ait, même si « ils ne rigolent pas ici », dixit un gamin causeur dans la salle.
Synopsis : Bien qu’il déteste les chiens, Toni cherche des animaux perdus dans le but d’opérer un chantage auprès des maîtres et de se faire de l’argent. À cause d’un vieux et laid Pékinois dont Toni n’a pas réussi à se débarrasser, des sentiments d’affection finissent par naître chez lui.
Synopsis : Trois sœurs, un frère et leur mère ; tels sont les protagonistes de « Khouya », un huis-clos qui se déroule dans un intérieur algérien ordinaire. Le frère bat ses sœurs, et la mère le laisse faire. Quand l’une de ses filles refuse un mariage arrangé pour elle, c’est le drame. La violence atteint alors un point de non retour…
Le temps d’un week-end, le FIFF a réuni nombre de petits films aux voix lointaines, douces et graves venues des différents coins de la Francophonie. Dans la compétition nationale où 15 films concouraient, l’inflexion était parfois excessive, tremblante, hésitante et maladroite mais elle s’est tout aussi bien montrée jouissive, vraie, profonde et torturée. Aperçu de cinq cris de cœur.
Caniche de Noémie Marsily et Carl Roosens
Un clebs tout émoustillé par une revue féminine d’où s’échappent des conseils de beauté désuets, un coiffeur zoophile et des « Desperate housewives » endimanchées. Quoi de plus naturel en somme ? Rien ne l’est plus dans l’univers de Marsily/Roosens… Le duo d’illustrateurs nous livre une joyeuse animation, libre de toute contrainte narrative classique. Un trait souple et crayonné, presque enfantin, auquel s’ajoutent des photos de visages collées nonchalamment sur des bourgeoises rigides, reflète le décor idéal d’un esprit délicieusement dérangé. À l’image de la citation de Céline qui clôt le film, cette courte démonstration animée des amours canines unit absurdité, humour et nihilisme. Oui, sans aucun doute, l’amour, c’est l’infini mis à la portée des caniches, mais des caniches qui ont leur dignité, eux !
Pour toi, je ferai bataille de Rachel Lang
Délicat et sensible, proche d’un cinéma intimiste à la Doillon, ainsi se présente le film de fin d’études de Rachel Lang, issue de l’IAD. Lauréate du Léopard d’argent à Locarno, la Strasbourgeoise se sert du langage cinématographique pour exprimer les doutes d’une jeune fille paumée qui trouve dans le service militaire un guide rassurant. Le film ne serait qu’une ode à cette structure spartiate et polémique s’il ne dépassait pas grandement son sujet par une mise en scène résolument confidentielle. La réalisatrice réussit tout simplement à aller au-delà du paraître pour atteindre l’être dans sa fragilité et sa vulnérabilité dans une histoire où l’armée n’est finalement qu’un prétexte à un texte bien plus profond, plus existentiel, plus métaphysique. Car Lang nous parle d’elle-même, de nous, d’une jeunesse sacrifiée prête à faire des choix extrêmes pour trouver un sens à sa vie, tout en restant si vraie. Une vérité qui se confirme dans l’interprétation à fleur de peau de Salomé Richard. Avec un souci du ton juste, une fraicheur et une spontanéité naturelles, l’actrice porte le film sur ses frêles épaules et s’offre sans retenue à une caméra qui tente invariablement de lui ouvrir le cœur.
Na wewe de Ivan Goldschmidt
Dans la région des mille collines, par un matin calme de l’année 1995, la vie de Jean-Luc Pening, agronome belge installé au Burundi, bascule dans le noir. Une balle dans la tête, tirée à bout portant lui ôte la vue. Sur l’écran noir de ses nuits blanches, il rêve de dénoncer l’absurdité de la guerre dans un récit simple et touchant. « Na wewe », signifiant « toi aussi » en kirundi, est une histoire essentiellement humaine, sans amertume ni rancune qui met en scène l’assaut de passagers d’un mini-bus par des rebelles, désireux de séparer les membres de la compagnie selon leur appartenance ethnique. Les acteurs, non professionnels pour la plupart, interprètent une situation fictive maintes fois vécue dans leur réalité d’autochtones. L’expérience cinématographique apparaît dès lors comme une réelle catharsis permettant d’exorciser les démons du passé. Malgré une tension palpable tout au long du film, face à un conflit absurde et dénué de sens, Pening et Goldschmidt ont pris le parti de l’humour. Un humour qui déconcerte dans un premier temps, mais qui fait très vite place à l’empathie pour des personnages criants de sincérité.
Nuit blanche de Samuel Tilman
Quotidiennement, des sauveteurs interviennent en haute montagne pour aider des touristes égarés ou en danger. Tous les jours, des hommes et des femmes tentent de réussir l’impossible pour sauver des vies. Nuit blanche raconte quelques heures dans la vie de Serge, l’un de ces « surhommes », en une fiction habilement réalisée par l’auteur de Voix de garage. Grâce à un montage dynamique, on passe de la centrale où se trouve Serge, lieu de chaleur et de réconfort à l’hostilité nocturne de la montagne qui emprisonne en son sein, Ariane et deux de ses amis. La nuit tombe, le vent glacial annonce un redoutable blizzard et les trois solitudes n’ont plus qu’une voix humaine, celle de Serge, pour les réchauffer, pour les réconforter. Même si au fond de lui, il sent que les chances de les garder en vie sont faibles. Le contraste des lieux et le choix de ne jamais montrer les victimes forcent le spectateur à adopter le point de vue de Serge et à se retrouver à attendre comme lui, les nouvelles d’Ariane qui surviennent au compte goutte. Suspense et confinement contrastent avec l’immensité de cette nature immaculée, sorte de paradis perdu qui peut aussi se montrer terrible et impitoyable.
Thermes de Banu Akseki
Avec son second opus, Banu Akseki confirme son talent de réalisatrice et sa volonté de faire un cinéma social qui se démarque fortement de ses aînés. Thermes ou la violence des échanges en milieux humides nous plonge dans les abysses d’une relation mère/fils problématique. La mère (admirablement interprétée par Sophia Leboutte) sombre dans l’alcool, le fils, quant à lui, est dans un mutisme proche de l’autisme. Et dans cette impossibilité de communiquer, chacun se côtoie tout en restant dans sa bulle. Lorsque Joachim gagne des places pour les thermes de Spa, c’est tout naturellement qu’il invite sa mère dans ce lieu de détente et de bien-être. Il faut croire que Banu aime filmer les femmes dans le désarroi, « Songe d’une femme de ménage » montrait une nettoyeuse turque, en proie à une crise existentielle. À l’instar de Cassavetes qui filme Gena Rowlands dans Une femme sous influence, Akseki capte la déchéance physique et psychique de la mère en un magnifique plan-séquence à travers le spa. Le luxe et la quiétude des lieux contrastent violemment avec son mal-être. Et si seule la dignité vaut la liberté, pour la cinéaste, seule l’immersion complète permet de refaire surface !
Du 1er au 8 octobre, la 25ème édition du Festival du film francophone de Namur a consacré cinq séances aux courts métrages en compétition, ainsi que de nombreuses autres projections accompagnant les longs, une mise en valeur importante de la production du genre court à travers le monde de la francophonie.
With Der Da Vinci Timecode, screened at this years Silhouette Festival in Paris, animation director Gil Alkabetz proposes a highly sophisticated and inventive animation of Da Vinci’s Last Supper.
On the backdrop of a fiercely neo-baroque soundtrack signed Alexander Zlamal, the Germany-based Israeli director, Gil Alkabetz works up an innovative exercise in deconsctruction and reconstruction of what is probably the best-known Da Vinci painting after the Mona Lisa. Alkabetz finds curious details from The Last Supper, which he reshapes freely so as to weave new narrative fragments into an iconography deeply ingrained in the Western imagination: a play of gestures, accusatory glances and chaotic movements leading gradually towards the central figure of the Christ who, with one raised finger, silences the crowd, before the scene zooms out to a wide shot of the painting such as we know it.
Alkabetz does indeed draw on the excessive media attention and mystification showered upon Da Vinci’s works in recent years. In the film’s synopsis, he speaks of discovering “secret movements” in the Cena. However, this cryptic dimension is soon surpassed. First of all, making the most of the painting’s one-point perspective and the almost theatrical frontality of the subject, Alkabetz manages to attract the spectator-as-voyeur and attributes the painting with a dramatic tension. With the help of a rigorous editing technique, similar to that of Soviet montage, the director breaks from the bounded static frame of the canvas to create a cyclic, almost perpetual motion, thereby instilling a frenzy in the otherwise placid, solemn subject. At the same time, the choreography of gestures brings about a whole new narrative text to the work (which incidentally was also used by Peter Greenaway in 2008 for his installation “Nine classic paintings revisited” in which he “animates” the tableaux with sundry lighting effects).
Much like Duchamp’s LHOOQ, Der Da Vinci Timecode questions the conventional reading of classic art. But unlike the nonconformist considerations of Dadaism, Alkabetz uses a more postmodern approach which aims at perceiving a work differently and drawing new meaning from it. One might almost think the moral of Alkabet’z’s story is: “Let us not make a song and dance about the Florentine master, but instead savour his art for what it is. Amen! »
Pour sa 7e édition, le Festival international « Itinéraires » images et réalités de l’Amérique latine aura comme thème central : « 2010, bicentenaire de plusieurs indépendances latino-américaines, et le centenaire de la Révolution mexicaine ».
La programmation de cette 7ème édition portera « un regard rétrospectif et contemporain sur les luttes passées et présentes qui conduisent les peuples à se libérer et à revendiquer leur souveraineté politique, économique, sociale et culturelle ».
Programmation de courts
– Presidio Modelo de Pablo Alvarez Mesa – Colombie / Canada
– No me ama de Martín Piroyansky – Uruguay / Argentine
– Livros no quintal de Vinicius Cruxen – Brésil
– Una historia si nombre de Dairo Cervantes – Colombie
– Marina la esposa del pescador de Carlos Hernandez – Colombie
– Um Animal menor de Pedro Harres et Marcos Contreras – Brésil
– Salida de los obreros de la fabrica de Carmen Guarini – Argentine
Où ? : Espace MAGH, rue du Poinçon 17, 1000 Bruxelles Quand ? : du 11 au 19 octobre 2010
Découvrez la programmation et d’autres informations utiles sur le site du Festival.
Bayard d’Or du Meilleur Court Métrage – Prix François-Bovesse : « Lord » d’Adrian Sitaru (Roumanie)
Prix du Jury : « Aglaée » de Rudi Rosenberg (France)
Compétition Nationale
Prix du Meilleur Court Métrage : « Caniche » de Noémie Marsily et Carl Roosens (Belgique)
Prix du Jury : « Dissonance » d’Anne Leclercq (Belgique)
Prix de la Meilleure photographie : Sara Sponga & Digital Graphics pour le film « Le Concile Lunatique » de Christophe Gautry et Arnaud Demuynck (Belgique/France)
Prix d’interprétation : Catherine Grosjean pour le film « L’Heure bleue » de Michael Bier et Alice De Vestele (Belgique)
Prix du public : « Nuit Blanche » de Samuel Tilman
Rendez-vous incontournable du nouveau cinéma, le Festival européen du film court de Brest célèbre cette année son 25e anniversaire. Avec plus de 48 000 entrées, il est le deuxième événement cinématographique dans sa catégorie en France, s’avérant un véritable lieu de découverte de talents. Pascale Ferran, Lukas Moodysson, Michel Gondry, Jean-Marc Moutout, Joachim Lafosse y ont notamment été révélés.
La sélection rassemble quelque 200 films, surtout des œuvres de fiction qui composent la compétition. Au menu de sa prochaine édition : le cinéma britannique et une rétrospective des meilleurs courts européens des 25 dernières années.
Ménage de Pierre Salvadori (France, 1992, 35 mm, couleur, 12 mn)
Syn. : Blanche est une maniaque du ménage ; Colette, après avoir passé une nuit blanche très mouvementée, lui rend visite…
Kill the Day de Lynne Ramsay (France/Royaume-Uni, 1996, 35 mm, couleur, 17 mn. VOST français)
Syn. : Glasgow, 1996. Des journées à tuer, de l’argent à trouver, une peine de prison à tirer, et la drogue toujours là, comme solution et comme menace.
Syn. : Une nuit d’été lumineuse où un groupe de jeunes adolescents passe de l’innocence à la dure réalité de l’âge adulte.
Nue de Catherine Bernstein (France, 2008, 35 mm, couleur, 8 mn)
Syn. : Une femme est nue. Elle est filmée par sa fille qui s’attarde sur des détails de son corps.
Universal Spring de Anna Karasinska (Pologne, 2009, Beta SP, couleur, 17 mn. VOST anglais)
Syn. : Des tranches de vies saisies lors d’une journée de printemps dans une tour d’HLM évoquent la fragilité de la vie.
Le signaleur de Benoît Mariage (Belgique, 1997, 35 mm, noir et blanc, 18 mn)
Syn. : Le “vieux” est pensionnaire dans l’hospice d’un petit village. Il n’a plus guère qu’un plaisir : tirer au sort laquelle des quatre tartines qui composent son repas il mangera en premier…
Infos : Soirée Bref, « Carte blanche au 25ème festival de Brest » : mardi 12 octobre · 20:30 – 22:00 – Séance à 20h30
MK2 Quai de Seine – 14 Quai de la Seine – 75019 Paris – M° Jaurès ou Stalingrad – Entrée payante
Synopsis : Un engagement émotionnel avec le poète et traducteur Edwin Honig, un homme dont la vie était composée de mots mais qui est maintenant souvent limitée aux sons.
Alan Berliner, à ne pas confondre avec Alain Berliner (réalisateur belge) et avec Alan Berliner (avocat de Columbus/travailleur social à Seattle/photographe de Los Angeles) consulte régulièrement ses albums de famille et creuse du côté de ses racines lorsqu’il se met en tête de faire des films considérés par la critique et le public comme drôles/intimistes/expérimentaux/identitaires.
Entre autres à l’origine d’un documentaire fascinant, « The Sweetest Sound » qui fait le point sur son patronyme et ses homonymes, Alan Berliner (le « vrai », le réalisateur indépendant de Brooklyn) est également l’auteur d’un film-portrait sensible et profondément universel, « Translating Edwin Honig : A Poet’s Alzheimer’s » projeté actuellement au festival de New York .
Pendant quatre ans, le réalisateur a rendu visite à son cousin, ami et mentor Edwin Honing, un poète et traducteur, atteint de la maladie d’Alzheimer. À travers un découpage en chapitres, il filme de près un homme de 91 ans, en proie à d’importantes pertes de mémoire et de langage, qui ne se rappelle plus celui qu’il a été. Patiemment, Berliner interroge Honing, revient à la charge, reformule ses questions, le confronte à des contre-vérités. Assis dans son fauteuil, son homologue, beau et digne, a bien des moments de lucidité et de conscience mais il ne peut se raccrocher au moindre souvenir (« I remember what I’ve forgotten and I forget what I’ve remembered »). Toutefois, Honing, le poète de jadis, a conservé son humour et un sens du rythme, des mots et de la musicalité.
La pertinence de ce court tient à son humanité et son montage. « Translating Edwin Honig : A Poet’s Alzheimer’s » est loin d’être un film voyeur et obscène sur la vieillesse et le déclin de l’esprit humain. Tout au contraire, c’est une preuve d’amour cinématographique (Berliner aime Edwin même si celui-ci a oublié qui il l’est et quels rapports ils entretenaient par le passé) qui suscite l’empathie par son sujet omniprésent à l’image, qui constitue un essai éclairé sur la dignité des personnes âgées et offre un regard sans fard et concessions sur ce mot mi-étrange mi-barbare que représente celui d’ »Alzheimer ». Grâce à des coupes fréquentes et à des inserts répétitifs, Berliner joue avec les nombreux plans, sons et mots capturés par la caméra de son directeur photo, Ian Vollmer, pour livrer un portrait incroyablement vivant de son ami filmé à différents stades de sa maladie.
Toute réalisation renvoie à soi. Travaillé par les notions d’identité et de mémoire (dans tous les sens du terme), Berliner, en filmant Honing, ne peut s’empêcher de penser à son grand-père et son père atteints des mêmes symptômes dans leurs dernières années de vie ainsi qu’à sa propre angoisse éprouvée face à la vieillesse et à la perte de mémoire. Il imagine aussi que Honing n’aurait pas rejeté l’idée d’être filmé, comme si il offrait au monde « un dernier geste poétique ». Courant 2011, ce geste devrait gagner en intensité vu que Berliner est en train d’achever « Lost in Memory Lane », un long métrage centré sur la perte de mémoire et sur la personnalité de son oncle, qui a donné en cours de route le film actuel. La curiosité est de mise, tant l’émotion éprouvée devant son dernier travail est puissante.