R comme Roma

Fiche technique

Synopsis : Un train entre dans une fabrique de savon. A l’intérieur: des immigrés clandestins. L’une d’eux quitte le train. Dans l’usine, elle trouve du secours, de l’aide et de la solidarité.

Genre : Fiction

Durée : 26’

Pays : Mexique

Année : 2008

Réalisation : Elisa Miller

Scénario : Elisa Miller

Images : Christian Rivera, Maria José Secco

Son : Federico Schmucler

Montage : Ares Botanch

Interprétation : Jaime Estrada, Marcela Cuevas

Production : Centro de Capacitación Cinematográfica

Articles associés : l’interview de Luc Engélibert, la critique du film

Luc Engélibert : “Ce qui est captivant dans ce métier, c’est qu’on peut déjà prévoir ce qui va se passer dans la cinématographie des cinquante ans à venir. »

Les interviews de directeurs artistiques se poursuivent sur Format C. Après Bernard Boulad du Festival de Brest, c’est au tour de Luc Engélibert des Rencontres Henri Langlois de s’exprimer sur le court en général, et les films d’écoles en particulier. Entretien-brasserie, Place du Trocadéro, en compagnie du bruit, du thé, et des changements de service.

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Quels ont été vos liens avec le cinéma, avant de vous rapprocher du Festival de Poitiers ?

Je me suis toujours intéressé au cinéma et à la fabrication d’images. J’ai animé le ciné-club de mon école, puis après le bac, j’ai suivi plusieurs formations dont des études de cinéma à Paris 3. Relativement vite, j’ai fait des courts métrages que je n’ai pas trouvés bons, et qui n’auraient pas intéressé beaucoup de monde, à mon avis ! Ces films, je les faisais sans aucun moyens, avec un peu de pellicule, et des caméras empruntées. Très rapidement, je me suis rendu compte que la réalisation n’était pas pour moi. Comme j’aimais beaucoup parler des films, les décortiquer, et analyser les émotions que provoquait le cinéma, je me suis dit que ma place serait mieux dans un rôle de passeur ou de vecteur, entre les oeuvres et le public. C’est comme ça que j’ai cherché à être exploitant de salles d’art et d’essai, plutôt dans l’action culturelle, et que j’ai créé une société de distribution et un complexe de cinéma, avec d’autres personnes. Ce qui m’intéressait, c’était de faire découvrir des cinéastes, des auteurs, à un public. Cette envie est restée, avec le temps.

L’exploitation est plutôt liée au long. Est-ce que vous montriez des courts en première partie de programme dans vos salles ?

Non. Aujourd’hui ce n’est plus possible de le faire sauf si on mène un acte très volontariste avec l’Agence du court métrage, avec le RADI [Réseau Alternatif de Diffusion], qui permet d’avoir accès à un certain nombre de courts, et de les montrer. Deux problèmes se posent : d’une part, le RADI ne fait plus entrer personne parce qu’il n’arrive plus à avoir assez de copies pour pouvoir le faire, et de l’autre, une séance pareille a forcément un coût puisqu’en France, le court métrage n’a pas le droit de prendre sa recette sur le billet du long. Quand on passe un court, c’est systématiquement dans la part de l’exploitant qu’on prend de l’argent pour payer le court, et non sur le ticket d’entrée. C’est pour cela que j’ai préféré privilégier des rendez-vous et des rencontres autour du court métrage tous les mois, quand j’étais exploitant à Paris.

Comment s’est établi le rapprochement avec le festival de Poitiers ? Le connaissiez-vous, le suiviez-vous ?

Je le connaissais, mais je n’étais jamais allé à Poitiers même. J’y suis allé une fois à Tours en 85 ou 86, lors des premières années du festival, quand il était encore centré sur les films de fin d’études. Je n’y étais pas retourné depuis. Il y a cinq ans, le Directeur général de la Scène Nationale de Poitiers m’a appelé. Il venait de récupérer les Rencontres Henri Langlois des mains du maire et m’a proposé de reprendre l’événement. J’ai accepté, et depuis septembre 2004, je fais partie de cette aventure.

https://www.youtube.com/watch?v=iRZuUPeLUVw

Comment aborde-t-on un festival, alors qu’on y a été qu’une seule fois, il y a longtemps, dans une autre ville, et sous une dénomination différente ? En arrivant, vous a-t-on de demandé de rester dans la continuité des éditions précédentes ou d’apporter votre touche personnelle ?

L’idée n’était surtout pas de rester dans la continuité des éditions précédentes, pour une raison simple. Depuis sept ans, le festival perdait de l’argent, et les trois dernières années avaient été un gouffre financier fantastique, au point que la Mairie, la Ville, le Département, la Région, et l’Etat avaient décidé de ne plus verser de subventions. Le festival était en liquidation quand le maire de l’époque a décidé d’en racheter le nom et de le confier au Théâtre National de Poitiers. En voyageant à l’étranger, il rencontrait de nombreuses personnes qui savaient qui était Henri Langlois, mais personne ne savait où se trouvait Poitiers. Il a décidé de maintenir le festival et de refaire le tour des financiers, de convaincre l’Etat, la Région, le Département, etc de remettre le couvert. En le confiant au responsable du Théâtre, il lui a dit qu’il voulait que le festival garde son renom”. Il n’a pas donné d’autres cahiers des charges que celui-là.

Après, pour la touche personnelle, j’ai eu envie de rester fidèle au projet de Langlois (une compétition uniquement composée de films d’écoles), mais de l’enrichir d’autres rendez-vous, de rencontres professionnelles, d’ateliers en faveur des jeunes, de sections de films d’écoles françaises, et de focus particuliers sur une Région du monde dont on reçoit peu de films alors que beaucoup de choses qui s’y passent, cinématographiquement parlant.

Le festival est né à Tours et a déménagé par la suite à Poitiers. Quel était l’intérêt de Henri Langlois pour les films de fin d’études ?

Langlois est décédé quelques semaines avant le festival. Ses intentions de départ étaient claires. Il avait consacré toute sa vie à conserver la mémoire du cinéma, il voulait désormais donner un coup de main aux nouvelles générations pour que le renouvellement de cette histoire du cinéma puisse être soutenue et aidée.

Le festival, au moment où Langois l’a créé, était centré sur les films de fin d’études. Il y a trente ans, il y avait beaucoup moins de grandes écoles de cinéma qu’aujourd’hui. Il y en avait une quinzaine dans le monde (l’école de Łódź, la FAMU à Prague, le VGIK à Moscou, la NFTS à Londres, l’IDHEC et l’école Louis Lumière à Paris, la Columbia University à New-York, …. ). À cette époque, il y avait des écoles qu’on ne connaissait pas encore, soit parce qu’elles n’existaient pas soit parce qu’elles ne s’étaient pas encore fait remarquer. Le festival était un espace plus restreint pour les nouvelles générations et pour les films de demain.

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Comment se fait-il que depuis l’an 2000, le festival se soit ouvert à tous les films courts réalisés par des étudiants en cinéma ?

Depuis quelques années, le festival s’est recentré sur les films d’écoles car on a constaté qu’il y avait parfois des films très aboutis en deuxième ou troisième année. Cependant, vous posez la question du court, mais le film d’écoles n’est pas seulement court. Les films d’écoles sont majoritairement des courts, mais on reçoit quand même quelques longs.

Vrai, vous en avez un de 92 minutes, cette année, « Der Die Das » [Sophie Narr, Allemagne]…

On en montre un, mais on en a reçu onze ou douze. Dans les écoles scandinaves, allemandes, et sud-américaines, certains étudiants font des longs métrages. La majorité reste du court, mais c’est surtout dû à des questions de moyens et de temps de production. Pour moi, le court et le long sont deux formats de films différents, mais tous deux sont des films d’écoles.

Concrètement, comment s’organise la sélection des milliers de films reçus ?

Je n’aurais jamais la prétention et la possibilité de les voir tous. Fatalement, j’en vois beaucoup moins. Dans le comité de sélection composé de 15 membres, chacun doit avoir vu 300 films, et chaque titre doit avoir été vu par 3 personnes pour passer à l’étape suivante où on en garde seulement 10%. Ensuite, avec mon équipe et les membres du comité qui veulent aller jusqu’au bout, on voit les 120 films restants, et on constitue un premier programme. Le critère le plus important est l’émotion, qu’elle soit provoquée par la manière d’écrire le scénario, l’idée générale qui a sous-tendu le propos du film, ou un parti pris de mise en scène très affirmé.

Je n’ai pas de voix prépondérante dans le comité, mais j’arrête le travail quand on est à peu près aux trois-quart des discussions. On regarde si il y a des régions du monde qui ne sont pas représentées. Si on n’a rien montré d’Asie, d’Afrique, d’Amérique Latine, alors qu’on a des films de ces endroits, on essaye de les repêcher. Sur quelques titres, la décision est donc un peu politique : on essaye de représenter un panorama assez complet de la nouvelle création. Après cela, on reprend le débat pour les derniers films.

La sélection se fait aussi par rapport à la durée. Quand on sait qu’on a onze programmes d’1h30, on en connaît le nombre total de minutes. Cette année, on a retenu 40 films, alors qu’il y a des années où on en a sélectionné 56 et même 63. Il y en a une vingtaine qu’on aurait vraiment voulu garder, mais on a voulu montrer le long métrage de 92 minutes. Un film pareil prend la place de six courts, donc on en montre moins. Ceci dit, la sélection à Poitiers reste une sélection extrêmement dure : 40 films sur 1300, c’est seulement 3%.

Quel regard portez-vous sur le niveau de ces films ?

Le niveau de ces films réalisés par des jeunes gens âgés d’une vingtaine d’années est étonnamment fort. Ce qui est captivant dans ce métier, c’est qu’on peut déjà prévoir ce qui va se passer dans la cinématographie des cinquante ans à venir. Le Mexique prend le pas depuis plusieurs années, l’Uruguay aussi. À Poitiers, on a vu arriver la cinématographie argentine et coréenne. On sait que le cinéma allemand est en train de se renouveler depuis sept/huit ans. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si il y a quand même neuf films allemands sur quarante dans la compétition…

Vous avez cité à plusieurs reprises le mot « émotions ». Pourriez-vous me parler d’émotions précises provoquées par des films programmés cette année ?

« Roma » [Elisa Miller, Mexique] par exemple, raconte, l’histoire d’une jeune fille qui descend d’un train, et qui s’introduit dans une usine pour se laver. Elle y rencontre un vieil ouvrier qui lui apporte du savon et une serviette pour qu’elle puisse se doucher. Cette rencontre, en très peu de mots, est filmée dans des champs/contrechamps avec un mouvement, une fluidité de caméra, qui donne à penser que quelque chose de très pudique, de très retenu se passe entre eux. L’usine de ce film est également très bien filmée. Rarement, on voit aussi bien filmé le travail, et un lieu de travail. Devant un film pareil, on se dit immédiatement, que la réalisatrice sait écrire, et qu’il y a quelque chose de formidable en elle.

Le documentaire « Mother of exiles » [Damian John Harper, Allemagne] m’a aussi beaucoup touché. Sous forme de portraits, le réalisateur traite de la vie dans les quartiers new-yorkais. Le film a l’intelligence d’être à la fois extrêmement documenté sur les lieux de la ville et la vie au quotidien. L’auteur a compris comment le réel pouvait s’intégrer dans la fiction et comment le documentaire pouvait s’approprier le réel, pour lui donner cette espèce de chair, de vérité. Lui aussi, il a cette capacité à écrire des choses très fortes, très émouvantes.

De l'autre côté de Nassim Amaouche

Avec le temps, qu’est-ce qui continue à vous animer dans le film d’école ? Les rencontres, l’effet de surprise, ou la possibilité d’attraper de nouvelles émotions ?

Découvrir des gens capables de provoquer à un moment donné des choses en moi, et transmettre ce plaisir-là à d’autres personnes est primordial. Chaque année, c’est un véritable plaisir de découvrir des films et de voir arriver tous ces jeunes qui repartiront enrichis par leurs rencontres et expériences. C’est ce que nous a dit Nassim Amaouche, Juré de cette édition, par exemple. Avant son premier long métrage, « Adieu Gary », lauréat du Grand Prix de la Semaine de la Critique, il avait été récompensé en 2004 à Poitiers, avec son court métrage « De l’autre côté » [Prix Spécial du Jury et le Prix Découverte de la Critique Française]. Cette année, il m’a dit : “je ne peux pas dire que Poitiers m’a aidé à trouver les moyens de financer mon long métrage, mais c’est le festival qui m’a donné l’envie, l’énergie, et le courage, pour écrire, me lancer, et me confronter à un public, parce que j’avais été repéré et mis en avant par ces Rencontres-là. »

Est-il resté en contact avec les autres réalisateurs rencontrés en 2004 ?

Je peux déjà vous dire qu’il est resté en contact avec une réalisatrice qu’il a rencontré à Poitiers, puisque c’est sa femme et la mère de son fils ! C’est formidable ! Quand ça se passe comme ça, on est aux anges !

Propos recueillis par Katia Bayer

Consulter les fiches techniques de « Roma », « Mother of exiles » et « De l’autre côté ».

Concours de scénario : Le goût des autres

L’association Gindou Cinéma lance un concours de scénario ouvert aux jeunes de 12 à 20 ans résidant dans les régions Aquitaine, Limousin et Midi-Pyrénées. Les participants soumettront un projet de court métrage de fiction ayant trait aux sujets de l’immigration et/ou des rapports interculturels, soit sous la forme d’un scénario, soit sous la forme d’une vidéo de 10 minutes maximum préfigurant l’idée de court métrage et son contexte en présentant une petite fiction ou un entretien documentaire.

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Un cinéaste professionnel sera recruté pour chaque projet présélectionné afin de mener avec les auteurs un travail d’écriture qui visera la finalisation d’un scénario et d’un dossier d’argumentation répondant aux exigences d’une réalisation professionnelle. Ce travail se fera sous la forme d’ateliers et par correspondance de février à mai 2010. La sélection finale aura lieu fin mai 2010 en présence des auteurs, des cinéastes et du jury. Le 1er prix désignera un projet lauréat dont le scénario sera réalisé avec des moyens de production professionnels engagés par Gindou Cinéma.

Date limite des candidatures : 22 janvier 2010

Pour plus d’infos et les inscriptions en ligne : www.goutdesautres.fr

Poitiers 2010, les quelques photos

Eté, automne, hiver… Depuis quelques saisons, les quelques photos restaient très discrètes. Délaissées au profit d’autres images, elles reviennent, intimidées, en ce début d’année, à dix-sept, pour figurer dans l’album de Poitiers. Parmi elles, se cachent tant bien que mal :

  • Des visuels de films sélectionnés en 2009  ou précédemment : « Anna » de Rúnar Rúnarsson, « Roma »  de Elisa Miller, « Elkland » de Per Hanefjord, « Racines »  de Eileen Hofer, et « De l’autre côté » de Nassim Amaouche.
  • Les interviewés de notre Focus, Rúnar Rúnarsson, lauréat du Grand Prix du Jury et Luc Engelibert, Directeur artistique du Festival, ainsi que des crevettes plutôt fières de poser avec K.B. et deux des réalisateurs sélectionnés (Helen Piercy, Royaume-Uni; Per Hanefjord, Suède)
  • L’accessoire phare de cette 32è édition : des lunettes en plastique jaunes adaptées pour poser pour le trombinoscope et conserver l’anonymat dans les ruelles poitevines.
  • Des images glanées au Théâtre national de Poitiers, l’un des lieux de projection, et chez le philatéliste passionné du coin.

Ecole Louis Lumière : Ouverture des inscriptions

L’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière propose une formation initiale professionnalisante, à la fois théorique et pratique, technique et artistique, propre à satisfaire les attentes des professions de l’image et du son. Elle dispense un enseignement dans le cadre de trois sections – cinéma, son, photographie – sanctionné par un diplôme de niveau Bac +5. Les inscriptions au concours 2010 sont ouvertes jusqu’au 19 février 2010.

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L’Ecole compte 150 élèves répartis par promotions de 16 dans chaque section. La scolarité est gratuite. Placée sous la tutelle du Ministère de l’Éducation Nationale – Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, l’Ecole est un établissement public d’enseignement supérieur qui recrute à Bac +2 par voie de concours.

Section Cinéma

Phase 1A

* 26 mars 2010 : Epreuves des tests QCM (Centrex)
* 2 avril 2010 : Publication de la liste des admissibles en Phase 1B

Phase 1B

* 12 avril 2010 : Epreuves écrites avec projections à l’ENS Louis-Lumière
* 12 mai 2010 : Publication de la liste des admissibles en Phase 2

Phase 2

* 25 au 28 mai 2010 : Entretiens et épreuves pratiques à l’ENS Louis-Lumière

Section Son

Phase 1A

* 26 mars 2010 : Epreuves des tests QCM (Centrex)
* 2 avril 2010 : Publication de la liste des admissibles en Phase 1B

Phase 1B

* 13 avril 2010 : Epreuves écrites avec projections et dispositifs d’écoutes à l’ENS Louis-Lumière
* 12 mai 2010 : Publication de la liste des admissibles en Phase 2

Phase 2

* 2 au 4 juin 2010 : Entretiens et épreuves pratiques à l’ENS Louis-Lumière

Section Photographie

Phase 1

* 26 mars 2010 : Epreuves des tests QCM et écrits (Centrex et ENS Louis-Lumière)
* 16 avril 2010 : Publication de la liste des admissibles en Phase 2

Phase 2

* 3 au 5 mai 2010 : Entretiens et épreuves pratiques à l’ENS Louis-Lumière

Pour plus d’informations : www.ens-louis-lumiere.fr

Anna de Rúnar Rúnarsson

Rúnar Rúnarsson est de retour. Celui qui aurait eu le cancer ou des hémorroïdes s’il n’avait pas fait de cinéma a probablement trinqué à la brennivín (alcool de pomme de terre) en apprenant qu’« Anna », son dernier film, très côté en festival depuis sa sélection à la Quinzaine des Réalisateurs, avait remporté le Grand Prix du Jury aux dernières Rencontres Henri Langlois. Tout comme « Smáfuglar », son précédent court, « Anna » est un film profondément personnel et juste, nourri de transitions, de choix, d’absences, de puretés, et d’émotions contrastées.

Évoqué comme “un film qui ne ressemble pas à un film d’écoles“ par le Jury du dernier Festival de Poitiers, « Anna » scrute le visage et le corps d’une enfant en proie à de nombreux changements. Anna, âgée de douze ans,  vit seule dans un petit village de pêcheurs, avec sa mère sur le point d’accoucher. Abandonnée par son père, elle maintient un lien virtuel avec celui-ci, en s’occupant de son chalutier à l’abandon. Anna a bien un ami, Ole, avec lequel elle passe ses journées et boit des grenadines, seulement, cette relation ne lui suffit pas. Son cœur est triste, sa solitude est grande, et son corps se transforme. Tout comme le monde qui l’entoure, Anna change irrémédiablement.

Interpellé par l’isolement et le passage à la maturité, Rúnar Rúnarsson s’est imposé, en trois films (« The Last Farm », « Smáfuglar », et « Anna ») par la délicatesse de ses histoires, les cadrages très serrés de ses comédiens non professionnels, sa photo douce signée Sophia Olsson, et ses plans prenants, comme celui d’une adolescente dans sa baignoire ou d’une main timide au contact d’un mur.

Pour le réalisateur diplômé de la Danske Filmskole, l’adolescence est “une période où tout peut réellement changer. Dans « Anna » et « Smáfuglar », les personnages sont naïfs, purs, et innocents, et sont confrontés à un contraste violent, très négatif, pour eux. Pour s’en sortir, ils sont forcés de mûrir et de passer à l’âge adulte“. Dans « Anna », son  film de fin d’études, le personnage principal (captivante Marie Hammer Boda) est sujet à plusieurs transitions difficiles à vivre. Son mal-être est filmé à vif, et alterne avec des brefs moments de répit, d’espoir, et de sérénité.

Nulle originalité. Ce film-ci allie lui aussi sobriété et pudeur, comme d’autres titres chroniqués sur ce site. Il prend en plus le temps de construire une histoire, de la voir évoluer, et de lier connaissance avec une petite héroïne tourmentée. En 35 minutes, Anna est de tous les plans, tour à tour dubitative, colérique, jalouse, triste, tranquillisée, touchante. Touchante.

Katia Bayer

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Rúnar Rúnarsson

Poitiers 2010

Il était une fois une autre année, un autre mois, et un autre festival. En décembre Zéro Neuf, à l’instar des éditions précédentes, les 32èmes Rencontres Henri Langlois mettaient à l’honneur les écoles de cinéma, les films d’étudiants, et les jeunes réalisateurs. Créé à Tours par Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque française, le festival, initialement consacré aux films de fin d’études, s’est ouvert en l’an 2000 à tous les films d’écoles, sans distinctions d’années ou de cursus.

Cette année, le Festival a retenu 40 films en compétition, et a orchestré des séances parallèles autour de l’Asie du sud-est, des écoles françaises, des documentaires européens, des « droits de suite » africains,et des « Gay friendly ». On aime, on soutient…

Retrouvez dans ce Focus :

Le palmarès de cette édition

L’interview de Rúnar Rúnarsson, lauréat du Grand Prix du Jury

La critique de « Anna » (Rúnar Rúnarsson, Danemark)

La critique de « The Electrician » de Miina Alajärvi (Finlande)

La critique de « Echo » de Magnus Von Horn (Pologne)

La critique de « Posrednikat »(L’entre-deux) de Dragomir Sholev (Bulgarie)

Les quelques photos de Poitiers

L’interview de Luc Engélibert, directeur artistique du Festival

La critique du DVD « 30 ans de films d’écoles »

Babelle/ trois courts métrages/au Balzac

babelle
Trois films, trois histoires, trois femmes perdues dans la ville. Voici Babelle, un projet né d’une rencontre entre  trois courts métrages : “Ata”, de Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti (2007, 26′) “Taxi Wala”, de Lola Frederich (2007, 16′), et “Corps étrangers”, de Naël Marandin (2007, 20′). Individuels à l’origine, ils sont réunis le temps d’une projection à Paris. Plus qu’une juxtaposition de trois métrages, ils se répondent, par leurs côtés intimes, personnels, et féminins.

La projection aura lieu samedi 9 janvier à 11h au cinéma le Balzac. Elle sera présentée par Benoît Basirico, en présence des réalisateurs.

Infos : Cinéma Le Bazac : 1 rue Balzac Paris 8e (Métro Étoile ou George V).
Tarif unique: 5€

R comme Revolver

Fiche technique

Synopsis : Dans un endroit désert, un homme et une femme se retrouvent fréquemment : amour, mystère, destin…

Genre : Fiction

Durée : 12’

Pays : Royaume-Uni

Année : 1991

Réalisation : Chester Dent

Scénario : Chester Dent

Production : National Film and Television School (NFTS)

Interprétation : Liam Neeson, Elaine Proctor

Article associé : la critique du film

 

S comme Skin Deep

Fiche technique

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Synopsis : Une nuit avec Romo, un garçon moitié anglais, moitié pakistanais, qui vit dans un quartier blanc et pauvre de la ville. Considéré comme un Blanc, il s’interroge sur sa réelle identité lorsque son gang s’en prend à un jeune Asiatique.

Genre : Fiction

Durée : 13′

Pays : Royaume-Uni

Année : 2001

Réalisation : Yousaf Ali Khan

Scénario : Yousaf Ali Khan

Images : David Katznelson

Musique : Andy Cowton

Montage : Nick Fenton

Son : Matt Rogers

Interprétation : Darren Sheppard, Scarlet Leibenhals, Mary Sheen, John Hudson, George Russo, Sydney Golder, James Bannerman, Freddie White, James Duggan, Marc Zuber

Production : Met Film Production

Article associé : la critique du film

E comme Emilie Muller

Fiche technique

Synopsis : Le « bout d’essai » d’une jeune comédienne, Emilie Muller.

Genre : Fiction

Durée : 20’24

Pays : France

Année : 1993

Réalisation : Yvon Marciano

Scénario : Yvon Marciano

Images : Pierre Befve

Son : Xavier Griette

Montage : Marianne Rigaud

Interprétation : Véronika Varga, Olivier Ramon

Production : Gradiva Films

Article associé : la critique du film

20 ans…Et pas une ride

À l’occasion de ses 20 ans, le Festival de Brest a eu la douce idée d’éditer, en 2005, un DVD « Spécial Anniversaire », en partenariat avec la revue Repérages. En présentant un large éventail de films venus de toute l’Europe, ce Festival est devenu une formidable passerelle entre les pays et les œuvres d’ici et d’ailleurs, pour le plus grand plaisir des cinéphiles et du grand public. Coups de projecteur, de parapluie, et de cœur, sur la présente sélection.

Revolver de Chester Dent (Royaume-Uni, 1992)

Dans un lieu désert, aux abords d’une autoroute, un homme au volant et une femme en robe de mariée se croisent. Amour. Mystère. Destin.

Premier coup de…REVOLVER. Une déflagration scénaristique. Un manifeste cinématographique du surréalisme. Des symboles en rafale. « Revolver » se construit autour d’incessants allers-retours entre passé et présent, réel et imaginaire, et multiplie les sauts temporels dont on ne sait réellement s’ils existent ou s’ils ne sont que le fruit de l’imagination du personnage masculin, Liam Nelson, dont la gravité superbe orne le visage.

Les clés de « Revolver » sont nombreuses. Pour peu qu’on ait l’esprit ouvert et la soif de décryptage, l’atmosphère du film mi-chimérique, mi-idyllique lui assure une certaine profondeur et poésie. « Revolver » claque, « Revolver » plait, « Revolver » intrigue.

Emilie Muller d’Yvon Marciano (France, 1993)

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Une jeune comédienne, Emilie Muller, se présente à un casting, pour un ‘’bout d’essai’’, et commence à détailler le contenu de ‘’son’’ sac, à la demande du directeur de casting. Elle se met à évoquer chaque objet, avec une allure presque enfantine et un air ingénu, Attendrissante et touchante, elle électrise le plateau de façon subtile et se joue finalement de tout le monde, du directeur de casting, de la caméra, et même, du spectateur.

Emilie Muller n’est pas que le nom fictif d’une comédienne ou d’un film. Allégorie du métier de comédien, cette épure à l’état pur inverse avec malice les règles du système. Sa double mise en scène séduit d’un bout à l’autre et sa mise en abyme rappelle avec malice que tel est pris qui croyait prendre !

Skin Deep de Yousaf Ali Khan (Royaume-Uni, 2002)

skin

Romo vit dans un quartier blanc de l’Est de Londres avec sa mère. Moitié anglais-moitié pakistanais, il a renié ses origines pour mieux s’intégrer à son environnement. Mais lorsque le gang de skinheads auquel il appartient s’attaque à un jeune Asiatique, il doit affronter ses propres contradictions.

« Skin Deep » est  un film quasiment autobiographique. Youssaf Ali Khan y transpose son histoire personnelle dans ses souvenirs, ses expériences, et son pays, l’Angleterre. À travers la trajectoire d’un personnage en marge, le cinéaste pose la question d’une société pétrie d’ostracisme qui ne tolère pas ceux qui vivent aux frontières de l’ordre établi et des règles en vigueur. Une société intolérante qui oppose les conventions à toute velléité de vie différente.

Sous les auspices d’un cinéma percutant et spectaculaire, le réalisateur distille les indices d’une crise existentielle subtile et profonde. « Skin Deep » ne cherche pas uniquement à désamorcer une violence presque insupportable, mais aussi à nous montrer que le monde est construit, voulu, et contrôlé. Une vision originale où l’individualité /l’identité se réinvente sous le regard aveugle d’une société incapable de franchir le seuil des apparences.

Amandine Fournier

Consulter les fiches techniques de « Revolver », « Emilie Muller », et « Skin Deep »

Brest -20 ans de courts-métrages (Collection : Repérages).  Suppléments : Génération court(s), un document d’Olivier Bourbeillon (23 mn), Galerie d’affiches des festivals de Brest de 1986 à 2005 , Bandes annonces des festivals de Brest de 2001 à 2005, Livret 24 pages, fiches et articles sur tous les films.

Finding Home de Christopher Daley

Dulce et decorum est pro patria mori

Avec « Finding Home », Christopher Daley, diplômé de KASK, livre un portrait franc, cru et poignant de la guerre. Film de fin d’études d’une grande maturité, « Finding Home » se lit surtout comme un témoignage de première main, en même temps qu’il relève maintes questions sur la nature néfaste et déshumanisante des conflits militaires.

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Michael, premier sergent du Corps des Marines américain retourne dans son pays après dix-neuf ans de service. Victime du post-traumatisme tel un Septimus Warren de l’ère Bush, il est rongé par la dépression et éprouve des problèmes d’adaptation sociale y compris avec sa famille immédiate, et un sentiment de culpabilité vis-à-vis de ses camarades morts. Un sujet fort et pertinent qui justifie la démonstration parfois trop explicite des émotions chez le protagoniste, notamment à travers les gros plans de son visage en larmes, mais qui dote en même temps le film d’une grande sincérité.

Dans la veine des documentaires « in your face » à la Michael Moore entre autres, « Finding Home » démontre sans gants ni euphémismes l’insanité de la guerre. À la différence de ces cinéastes, Daley prend le parti de subordonner sa propre vision de réalisateur au profit de celle de son personnage. Et ce n’est pas plus mal, car si chaque génération connaît ses guerres et conflits politiques, chacune s’y oppose à sa propre manière.

La grotesque succession d’atrocités à l’échelle mondiale est loin d’être terminée, mais il est au moins encourageant que même à l’échelle scolaire, le cinéma se charge humblement mais sûrement de relayer la voix du peuple déçu.

Adi Chesson

Consulter la fiche technique

F comme Finding Home

Fiche Technique

Synopsis : Un premier sergent du Corps des Marines des États-Unis approche de la retraite après 19 ans de service actif, incluant trois missions en Irak. Il rentre dans sa ville natale. Petit à petit, les effets de la guerre refont surface.

Genre : Documentaire

Durée : 25’30

Pays : Belgique

Année : 2008

Réalisation : Christopher Daley

Images : Alexander Van Waes

Musique : Neil Turkington, Bruno Deneckere

Son : Michel Coquette

Montage : Tom Denoyette & Christopher Daley

Production : KASK

Article associé : la critique du film

I comme Ill figure

Fiche technique

Synopsis : Un mannequin de vitrine qui s’est pris pour un homme nous raconte les 30 années de sa tragique existence.

Genre : Fiction expérimentale

Durée : 18’

Pays : France

Année : 2007

Réalisation : Raphaël Lambert, Romain Winkler

Scénario : Romain Winkler

Images : Raphaël Lambert, Romain Winkler

Son :  Pierre-Olivier Boulant

Musique : Terra Incognita, Krilla

Montage : Raphaël Lambert, Romain Winkler

Interprétation : John Loughney, Sarah Arnold, Sacha Basset-Chercot

Production : Quelquechose.tv

Distribution : La Big Family

Article associé : la critique du film

Ill Figure de Raphaël Lambert et Romain Winkler

Vie et mort d’un misanthrope imaginaire

« Ill figure » de Raphaël Lambert et Romain Winkler, tous deux sortis de l’ESAV, est une autobiographie posthume d’un mannequin de vitrine chimérique qui surfe sur les vagues d’un post-modernisme tragi-comique en évitant avec brio les écueils du cliché bateau. Dernier film de Côté Court # 2, le film fait preuve d’un éclectisme exaltant.

Illfig, sorte de beatnik après l’heure, relate avec une bonne dose d’humour et de cynisme l’histoire de sa vie. Tandis qu’amour, gloire et beauté alimentent les fondations de sa grande désillusion, hypocrisie, drogue et alcool participent activement au doux désenchantement qui la dominent. Sur les chemins balisés de paysages industriels sinistrés, notre héros de polyester erre sans but précis si ce n’est celui de trouver sa place dans une société hostile et peu solidaire.

Comme tout droit sorti de l’esprit psychédélique d’un William Burroughs, le film de Lambert et Winkler est un véritable pamphlet visuel dénonçant les affres d’une certaine misère urbaine. Avec comme arrière-plan l’explosion de l’usine chimique AZF, à Toulouse en septembre 2001, la narration de leur biopic en caméra subjective capte de bout en bout, la lente descente aux enfers du personnage qui s’est délibérément écarté des prairies polluées où des moutons de Panurge broutent servilement le béton des grises multinationales. Adoptant un montage très construit, les réalisateurs usent d’images fortes, allant du concret à l’abstrait, pour exprimer le mal-être d’une génération perdue, épave du naufrage consumériste.

À la fois plaisant et dérangeant, le film fouille subtilement, avec un génie indéniable, dans l’inconscient de la culture populaire et underground. Folie, rage et ironie s’entrecroisent dans une rhapsodie mouvante et remuante sur fond de chaos apocalyptique et misanthrope.

Marie Bergeret

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Les Vidéophages, soirée mensuelle

L’association Les Vidéophages (Toulouse) est née du désir de faire partager des émotions cinématographiques, d’expériences diverses autour de la création audiovisuelle dite «indépendante», de l’envie de créer des rencontres et de provoquer des échanges. Le 04 janvier, à 20h30, l’association proposera aux Pavillons sauvages, des films d’atelier, une avant-première du festival Concours de Courts, des images d’ailleurs, un voyage, de la danse, et de la musique.

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La programmation

Fonkokoz à Lalande *
Réalisation : Petipon
Production / Diffusion : Association Petipon  (Prod)
2009 | 9’15 mn | Fiction | Midi Pyrénées – France – Europe
Film réalisé dans le cadre d’un projet d’échange inter-génération nommé FOKONKOZ

Les silences d’Emma *
Réalisation : Schies Emmanuelle
Production / Diffusion : Atelier cinéma du lycée Raymond Naves  (Prod)
2009 | 6′ mn | Fiction | Midi Pyrénées – France – Europe
Un film sélectionné et primé aux rencontres lycéennes de vidéo de Bagnères de Bigorre Emma, une jeune fille de 17 ans ne sait à qui confier le lourd secret qui la tourmente …

Dans le cadre de la 7ème du Festival Concours de Courts

Un train de retard *
Réalisation : Gottesdiener Jeanne
Production / Diffusion : Film Talents  (Prod)
2007 | 12′ mn | Fiction | Paris – Ile de France – France- Europe
Une jeune femme un peu coincée et un quadra irascible et pleurnicheur se retrouvent dans un bar miteux et désert. Ils ne se connaissent pas mais ont une chose en commun : l’envie d’en finir exactement à la même heure. Le suicide, ça crée des liens mais une fois la conversation engagée, il est plus difficile de passer à l’acte… Film réalisé dans le cadre de la Collection « Ecrire pour… » Zoé Felix.

Lulli *
Réalisation : Gonord Gilles | Lucet Céline
Production / Diffusion : auto production
2008 | 6 mn | Expérimental | Midi Pyrénées – France – Europe
Tourné aux îles Lofoten, au nord-ouest de la Norvège. Sur une île au bout du monde, une femme fait face à une nature échappant à la compréhension. L’époque est incertaine, ou changeante. Cette l’errance se déroule au fil d’un texte de l’auteur norvégien contemporain Jon Fosse.

Mon amour
Réalisation : Jaillet Chloé
Production / Diffusion : auto production
2009 | 2’18 mn | Fiction | Paris – Ile de France – France- Europe
Une jeune femme prend le train pour rejoindre son amoureux.

GLONG !
*
Réalisation : Blanc Tailleur Romain | Pelletier Damien
Production / Diffusion : ENSAD  (Prod)
2009 | 7’11 mn | Animation | paris – Ile de France – France- Europe
Un personnage découvre par hasard les vertus acoustiques du sol sur lequel il repose ; il se met alors à jouer des la musique avec les formes qui l’entourent, mais son élan créateur provoque une transformation de son environnement et l’appartition d’un second personnage avec qui il devra composer.

Jeune fille sans cervelle *
Réalisation : Hoenig Guillaume
Production / Diffusion : auto production
2008 | 14’56 mn | Fiction | Midi Pyrénées – France – Europe
Amandine se sent comme une petite sardine emboîtée dans sa routine. Surprenant mélange d’expérimentations visuelles et sonores. Un film décalé, inventif et utopiste.

+ Ecran libre

Amenez vos films pour une diffusion in extrémis !

Infos

Adhésion annuelle : 4 Euros + Participation volontaire
* = en présence des réalisateurs

Les Pavillons Sauvages – Soirée Mensuelle
35 avenue Jean Dagnaux – 31200 Toulouse
Le lundi 04 janvier 2010 – 20h30
Le site : www.lesvideophages.free.fr

Espèce(s) de Patate(s) de Yoann Stehr

Petite animation crapoussine fraîchement cueillie dans les champs de la Cambre, « Espèce(s) de Patate(s) » de Yoann Stehr dresse un inventaire de l’espèce humaine au travers d’une taxonomie de tubercules. Malgré ses faux airs de film noir américain, ce film n’est pas une insulte, comme son titre pourrait le laisser sous-entendre.

À la manière d’un documentaire ringard des années 50, ce court retrace l’histoire de la pomme de terre de Mozart à nos jours en passant par une visite hallucinante de la chambre de Van Gogh. Yoann Stehr, le jeune animateur à l’origine du film, mêle dessin et 3D pour illustrer ce conte cocasse porté par une voix-off tour à tour raconteuse et angoissante. Tout au long de ses racines, l’allégorie abonde dans le film, la culture végétale servant de métaphore de la civilisation moderne, son développement, son climax et sa dégradation.

Inventif, hilare et intelligent dans sa mise à mal des catégories et étiquettes sociales, le film de Stehr se vante également d’un humour autodérisoire, notamment dans le générique de début : « un film bricolé par », « bande son expurgée par », … Sensé et (im)pertinent, ce court séduit l’œil et l’estomac par son aspect carrément spécial, à la fois déjanté et psychédélique.

Adi Chesson

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E comme Espèce(s) de Patate(s)

Fiche technique

Synopsis : Pomme de terre : n.f. Tubercule produit par l’espèce Solanum tuberosum, appartenant à la famille des Solanacées. Homo Sapiens : n.m Espèce de primate appartenant à la famille des hominidées.

Genre : Animation

Durée : 6’

Pays : Belgique

Année : 2008

Réalisation : Yoann Stehr

Scénario : Yoann Stehr

Images : Joseph Krommendijk

Musique : Seal Phüric

Interprétation : Joseph Krommendijk

Narration : Jean-Paul Dermont

Production : Ateliers de production de la Cambre

Article associé : la critique du film