En 2007, les Rencontres Henri Langlois, grandes partisanes de films d’étudiants, enregistraient leur 30ème édition, et éditaient en DVD une sélection de 14 courts métrages primés en interne, pour accompagner cet anniversaire. Après vision, trois d’entre eux s’installent en toute impunité dans cette chronique très marquée par le noir et blanc.
Dvier (La Porte) de Vladimir Kott (Russie, 2004)
Une maison, une explosion, le néant. Une porte intacte s’ouvre tout doucement, devant le visage d’un homme ahuri, recouvert de poussières. Pourchassé par des policiers, l’individu s’enfuit, dissimulé derrière sa porte, avant de réaliser qu’il n’est pas l’objet des poursuites en cours. Après plusieurs rencontres et situations, il se débarrasse de sa moitié boisée, quand soudain, trois petits coups se font entendre…
Tourné dans un harmonieux noir et blanc, « Dvier » (La Porte) est un conte surréaliste à l’allure poétique nourri de scènes très visuelles liant un homme à sa porte et ses caractéristiques (son oeilleton, sa poignée, son poids, et sa taille). Lauréat du Prix Spécial du Jury et du Prix des Réalisateurs à Poitiers, en 2005, le film de fin d’études de Vladimir Kott, ancien étudiant moscovite, combine tendresse et humour pour révéler à terme une vérité peu connue : une porte peut se révéler bien utile dans certaines circonstances…
Meska sprawa (Une affaire d’hommes) de Slawomir Fabicki (Pologne, 2001)
Bartek a 13 ans. Sa vie en sépia se partage entre son père violent, sa mère docile, son frère cadet, son carnet de mauvaises notes, sa bande de copains, et son entraîneur de foot vindicatif. Sensible aux aléas d’un quotidien difficile, il trouve du réconfort auprès d’un vieux chien malade, surnommé Bouquet.
Prix de la Photographie, de la Jeunesse, et de la Presse à Clermont-Ferrand en 2002, et Grand Prix du Jury à Poitiers en 2002, « Meska sprawa » (Une affaire d’hommes) est un film émotionnellement magnifique. Par certains aspects, il fait penser à « The Ground Beneath », un court australien, qui traite lui aussi du rapport au père, aux adultes, et à la violence. Mais ce film-ci va plus loin : il intègre parfaitement une réalité sociale, à l’aide de plans très crus et d’une caméra à hauteur de mômes. La souffrance, l’humiliation, et la pauvreté sont les tristes reines de ce beau film dur, importante contribution à l’enfance maltraitée.
Overtime de Oury Atlan, Thibaud Berland et Damien Ferrié (France, 2004)
Ce vibrant film d’animation musical dévoile l’existence d’une multitude de poupées de chiffons rassemblées auprès de leur créateur trépassé. Visuellement proches de Kermit la Grenouille, ces marionnettes cousues main continuent à gesticuler aux côtés de leur maître, tout en essayant tant mal que bien de lui redonner vie.
Réalisé par Oury Atlan, Thibaud Berland et Damien Ferrié, trois anciens de Supinfocom, « Overtime » se partage entre nostalgie, poésie et mélancolie. Film-hommage à Jim Henson, le créateur des Muppets, ce court métrage bicolore orchestre, le temps de quelques partitions kletzmer, un réjouissant ballet chorégraphique en images de synthèse. Jugé Meilleur film d’école à Annecy, et lauréat d’une mention pour la qualité de sa photo à Poitiers, « Overtime » renvoie l’homme à son côté obscur en même temps qu’il inscrit avec rythme les mouvements de pantins-amphibiens dans la postérité d’une fable graphique.
Katia Bayer
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Rencontres Henri Langlois : 30 ans de films d’écoles – Petits bonus : Fiches film, biographies des réalisateurs, affiches et photos du Festival.