V comme Voyage autour de ma chambre

Fiche technique

Synopsis : Retiré dans sa chambre, un cinéaste parle des territoires et de ses voyages, réels ou imaginaires. À partir d’images récoltées au fil des années, le film interroge d’une façon poétique la difficulté de chacun à trouver sa juste place au sein du monde.

Genre : Documentaire, fiction

Durée : 26’

Pays : Belgique, France

Année : 2008

Réalisation : Olivier Smolders

Scénario : Olivier Smolders

Images : Louis-Philippe Capelle , Olivier Smolders

Musique pré-existante : André Klenes , Frédéric Chopin , Guillaume Lekeu

Son : Marc Bastien

Montage : Olivier Smolders, Philippe Bourgueil

Voix, texte : Olivier Smolders

Effets spéciaux : Paul Englebert

Production : Les Films du Scarabée

Article associé : l’interview de Stéphane Saint-Martin

Stéphane Saint-Martin : “Le milieu du court est parfois fermé sur lui-même. Il imagine que ce format n’est pas destiné à un public non éclairé. Moi, je pense totalement le contraire.”

Sur la porte d’entrée, une pancarte dévoile leur cachette. Installés à proximité de l’arrêt République, les Lutins du court métrage attribuent depuis treize ans différents prix à une sélection de films courts.Stéphane Saint-Martin, son fondateur et directeur, revient sur son histoire, son évolution et ses obstacles.

Comment l’idée des Lutins est-elle apparue ?

À l’âge de 23-24 ans, j’ai travaillé comme opérateur projectionniste au CNC. Tous les films, qu’ils soient longs, courts ou même pornos, passaient par le service de la classification des œuvres. Les projectionnistes avaient la possibilité de tout voir, y compris ce qui ne sortait pas forcément en salle, en particulier les courts métrages. À ce moment-là, je mettais un casque, et je dévorais tout ce qui passait à l’écran, en me disant que le nombre de films – et de courts métrages en particulier – produits en France était stupéfiant. L’idée des Lutins est née de cette manière, mais aussi de Jamais vu, une association que je dirigeais avant les Lutins, qui montrait des films peu vus parce qu’ils étaient soit sulfureux, soit borderline. Les séances avaient lieu au cinéma La Clef et rencontraient un franc succès, notamment grâce aux facs du coin. L’expérience m’a plu, et m’a donné envie de monter un nouveau projet portant le nom des Lutins.

Pourquoi justement lui avoir donné ce nom-là ?

Le nom est né d’une nuit un peu arrosée dans un bar, avec des amis. Le lutin nous plaisait par son côté mythologique, espiègle, intelligent, et petit. Les Lutins du court métrage véhiculaient une autre image du cinéma.

Entre tout visionner et montrer le peu ou le jamais vu, qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné, on décide de remettre des prix à des courts métrages ?

J’ai vécu dans une petite ville où le lien qu’on avait avec le cinéma passait le plus souvent par la petite lucarne. En dehors de toutes les séries américaines ingurgitées à cette époque-là, je me souviens de la Cérémonie des César. Le court métrage y était très peu représenté. Au départ, les César remettaient trois prix pour le court métrage (animation, documentaire et fiction), depuis quelques années, il n’en existe plus qu’un : le César du Meilleur court. C’est étonnant, d’ailleurs : la production de courts métrages est énorme en France, les corps de métiers (producteurs, décorateurs, ingénieurs du son, costumiers, …) font preuve d’une énergie assez folle et au final, ils ne sont jamais primés. À la place, on prime tout le temps les auteurs. L’idée est donc venue de leur offrir leur propre cérémonie.

En débarquant à Paris, tu avais vraiment l’idée d’essayer de te positionner par rapport aux César ?

Mais oui ! Pourquoi ne pas mettre en lumière les autres corps de métiers ? Ce n’était pas ma seule envie. L’autre était de séduire un public non averti. Le milieu du court est parfois fermé sur lui-même. Il s’imagine que ce format n’est pas destiné à un public non éclairé. Moi, je pense totalement le contraire. Certes, il y a un cinéma intellectuel et hermétique, mais il y a aussi un certain nombre de films qui sont accessibles.

À quoi ressemblaient les Lutins à leurs débuts ?

Au début, il y avait un Festival des Lutins annuel qui durait une semaine. Les courts nominés étaient regroupés en cinq programmes, et la clôture était consacrée à la Nuit des Lutins. En 1998, la première nuit des Lutins n’était réservée qu’aux professionnels. On ne leur envoyait pas de DVD, ils avaient droit à des séances spéciales. Les professionnels participaient au vote, ce qui avait un avantage énorme. Ceux qui votaient étaient uniquement ceux qui se présentaient à l’ensemble des projections, donc on était sûr qu’ils voyaient tous les films, exceptés sauf ceux qui dormaient dans la salle ! L’année suivante, le système a changé : on s’est ouvert au public.  L’année suivante, on s’est ouvert au public en proposant  à MK2 de diffuser les films nominés dans leur salles.

Aujourd’hui, les Lutins n’ont plus que leur Nuit. Pourquoi le festival a-t-il disparu ?

Les projections avaient lieu dans les cinémas MK2. On avait un énorme succès, mais MK2 n’a pas voulu poursuivre l’aventure. Je n’ai jamais compris les raisons de cette séparation, mais cela m’a donné la rage de monter un événement national, le Tour de France des Lutins, dans différentes villes, avec comme partenaire Pathé, puis Pathé-Gaumont.

Avec MK2, le public était gagné d’avance. Ce n’était pas le cas en arrivant dans des salles dites commerciales comme celles de Pathé-Gaumont où le public ne savait souvent pas ce qu’était le court métrage. Et pourtant… Depuis des années, la moitié des gens qui viennent au Tour de France se renouvelle et n’a jamais vu de courts métrages.

Quels films montre-t-on à un public qui ne s’y connait pas en court ?

On fait très attention au programme qu’on diffuse. Cette année, 29 films sont nominés aux Lutins, et on en montre entre cinq et sept pendant la Nuit. On ne veut pas effrayer le public avec un programme trop élitiste et trop compliqué dans sa forme et son fond, mais on montrera quand même un film plus complexe que les autres. Cette année, ce film sera « Voyage autour de ma chambre » d’Olivier Smolders, un documentaire philosophique un peu particulier qui reste accessible si on prend le temps de le regarder. C’est un risque de le programmer, mais j’ai envie de le montrer. L’an passé, nous avions montré « Erémia Erèmia » d’Anthony Quéré et Olivier Broudeur. Les gens ne comprenaient pas pourquoi on l’avait programmé : ils n’aimaient pas le film, il leur apparaissait trop compliqué dans sa forme. Nous, ça nous a permis de montrer autre chose, un film différent.

Question pratique. Quels sont les films qui peuvent prétendre à une inscription aux Lutins ?

Aux Lutins, on est totalement différent du mode d’inscription en festival. Là-bas, l’inscription est volontaire : un producteur, un réalisateur, ou un ayant droit inscrit son film et envoie une copie au festival de son choix. Chez nous, c’est un peu différent. Pour être inscrit aux Lutins, il faut avoir un visa d’exploitation, comme pour les César. Ce mode rend les choses plus professionnelles et restreint aussi le nombre de films à visionner. À Clermont, le nombre de films français inscrits avoisine un nombre supérieur à 1.000. Notre but est de recentrer une production et d’amener à la lumière seulement quelques films.

La production annuelle française se compte en plusieurs centaines de films. 29 titres retenus, à l’arrivée, ce n’est pas beaucoup…

Le problème avec la mise en lumière du court, c’est qu’il y a tellement de films qu’on est obligé de réduire leur nombre, si on veut essayer de toucher un public non averti, ne serait-ce que la presse qui a déjà tellement de mal à parler du format court.

Qui intervient dans la sélection de ces films ?

Aux Lutins, il y a deux tours. Au premier tour, les films sont repérés par des professionnels du secteur qui s’intéressent toute l’année à la production française ou internationale. Ça va des télévisions (Arte, France 2, France 3, Canal+, …), aux festivals (Clermont, Pantin, Brest, Paris Cinéma, Silhouette, …), en passant par les commissions (le CNC, Unifrance, …). Le problème, c’est que ce premier tour évolue assez peu, et que les gens restent au même poste pendant des années. Idéalement, il faudrait qu’un jour, apparaisse à côté de ce groupe assez fixe, un autre comité qui changerait chaque année de membres (producteurs, réalisateurs, acteurs, techniciens, …), et qui accepterait de visionner 500 films. Mais aux César, ils rencontrent le même problème, à la différence que nos films retenus ne sont pas forcément les mêmes que les leurs, qu’ils ont moins de titres en présélection, et qu’ils ont un système de points alors que nous fonctionnons avec un système de voix. En gros, aux Lutins, pour qu’un film soit retenu, il faut un minimum de cinq voix en moyenne.

Pour le second tour, les choses ont évolué. Avant, on envoyait le coffret des films nominés à une liste de professionnels reprenant tous les corps de métiers. Environ 1500 professionnels votaient ainsi pour l’ensemble des prix. Depuis l’année passée, on a ouvert ce vote au public : on donne aux gens la possibilité de devenir adhérents, d’acquérir le coffret, de découvrir l’ensemble des films, et de voter, moyennant la somme de 25 euros.

L’an passé, vous vous ouvriez au vote du public. Cette année, vous envisagez de vous mettre au numérique. Pourquoi ce nouveau changement ?

Cette année, le tour de France s’appellera la Nuit des Lutins. On sera présent dans plus de 35 villes, et on passera le 3 juin le même programme de films en numérique. Mais ce n’est pas tout. On aimerait également retransmettre dans toutes les salles, juste avant les films, la remise des Prix qui aura lieu à Paris. Simplement, ce n’est pas si simple que ça, parce que l’économie des Lutins n’est pas très florissante, que la retransmission satellitaire du faisceau coûte très cher, et que les courts métrages n’ont pas de fichiers numériques précis (DCP) pour être diffusés. Ce qui veut dire qu’on devrait les fabriquer nous-mêmes, pour qu’ils soient utilisés dans plus de 35 villes en même temps. Les devis des laboratoires sont très chers et nous ne sommes pas en mesure de les payer. Nous avons sollicité une aide spéciale au CNC, mais ils refusent de nous soutenir sur la numérisation d’un programme de 2 heures. Difficile de comprendre cette position alors que la Présidente Véronique Cayla tient un discours sur le numérique, mais ne bouge pas dans ce sens.

Qu’est-ce que représente un prix-Lutin aujourd’hui pour un film ?

C’est un prix honorifique. Vu qu’on a déjà du mal à se financer nous-mêmes, aller chercher des partenaires pour doter les prix, c’est encore moins évident. Les récompenses ne sont pas délivrées par des petits comités de jury de festival, mais bien par des professionnels issus de milieux différents. Comme les César ou les Oscars, ces prix honorent les films.

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Y a-t-il des équivalents des Lutins dans les autres pays ?

Depuis 13 ans qu’on existe, on est unique au monde ! À Clermont-Ferrand, j’ai eu une discussion avec des responsables allemands, et je leur ai soumis l’idée qu’on puisse faire naître d’autres événements autour du court métrage avec d’autres pays, pour établir un réseau. Si on arrive à créer des Lutins à l’étranger, on pourra constituer un programme européen. Mais pour cela, il faut que chaque pays organise son propre événement en réunissant un certain nombre de films. Nous faisions déjà ce travail avec notre Lutin du meilleur film européen à l’époque. Pour des questions financières, ce prix a été malheureusement suspendu. La représentation de films européens était effectivement un plus.

Il y a quelques années, un film pouvait être récompensé du Lutin de la presse. Ce prix-là n’existe plus non plus. Pour quelle raison ?

C’est important de le dire. On était content de ce prix. La presse était présente, le comité pouvait compter jusqu’à 20 journalistes dont certains de Libération et des Inrocks. Ils participaient à ce prix, mais n’en assuraient pas la couverture, prétendument pour des raisons de place. Ce n’est pas simple : la presse est très souvent concentrée uniquement sur la question du long. C’est dommage : elle pourrait aussi parler d’événements importants autour du court métrage, faire des articles de fond sur les films, et non pas seulement donner les dates d’un festival.

Il y a trois ans, le DVD “10 ans, 10 films“ est sorti dans le commerce. Est-ce une initiative que vous pensez reconduire à l‘avenir ?

C’était intéressant de faire ce DVD pour marquer le coup, et ce serait bien de reconduire l’idée. Néanmoins, la question de la VOD m’intéresse plus. Le DVD est un bel objet, mais il reste cher à fabriquer et à acquérir. Si demain, un système sécurisé permettait aux adhérents de voir des films de la même qualité que sur un support DVD, je serais tout autant preneur. Peut-être envisagerons-nous de faire quelque chose autour de “20 films, 20 ans”, ou si on est trop impatient autour de“15 films, 15 ans” !

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : La critique du DVD « Les Lutins du court métrage : 10 ans, 10 films »

Consulter les fiches techniques de « Voyage autour de ma chambre » et d’ « Erémia Erèmia »

Le site des Lutins : www.leslutins.com/du_court_metrage/

Les Lutins du court métrage

En 1997, lors d’une fête bachique, le court métrage est présenté à un lutin fantasque. Treize ans plus tard, ces deux-là sont toujours ensemble, et ne semblent toujours pas prêts à se faire des infidélités.

Dès le départ, Stéphane Saint-Martin, à l’origine des Lutins du court métrage, cherche à mieux honorer la création et les corps de métiers français, à se démarquer des César qui ne récompensent plus qu’un seul film court depuis 1992, et à diffuser une sélection de courts nominés à un public néophyte.

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Au fil des années, en dépit d’une économie compliquée, les Lutins ont réussi à se maintenir grâce au bénévolat et à certains changements (apparition/disparition de partenaires, suppression de certains prix, ouverture du vote du public…). Cette année, l’humeur est à la lueur, à l’espoir et à la modernité : la treizième Nuit des Lutins, ayant lieu le 3 juin prochain, se déroulera en numérique et en simultané, dans une trentaine de villes en France.

Même si le mois de juin est encore loin, Format Court a envie de bousculer ses Focus en consacrant un dossier à ce malicieux farfadet, attaché au mot « court »…

Retrouvez dans ce Focus :

Un printemps à Bollywood

21 mars, premier jour de printemps. En hibernation ces dernières semaines, l’édito refait surface, alerté par plusieurs signes : une question candide (“ah, un gâteau. C’est un site de cuisine, Format Court ?”), un anniversaire périmé (deux mois plus tard, il était temps…), et l’arrivée de nouveaux Focus (Lutins, Lobster, film d’écoles israélien, fête de l’animation lilloise, …).

Laissant derrière lui Angers, Clermont-Ferrand et Anima, cet édito se frotte à l’exotisme en sous-titrant le cinéma le plus prolifique du monde, sous l’égide d’un Ganesh monstrueusement kitsch. La nouvelle saison démarre avec pétulance : soyez de la partie !

Source : www.grapheine.com/bombaytv

Katia Bayer
Rédactrice en chef

Les Courts du Grand au Grand Action

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Freedub 1 de Stéphane Elmadjan

8 et des poussières de Laurent Teyssier

Lucas sur terre de Maud Alpi

La leçon de danse de Philippe Prouff

Dans la tête de Grégory Damour, Maxime Entringer, Anthony Gilles, Alan Sellier

 

Infos pratiques : Courts du Grand, 6ème édition – Vendredi 19/3 – Start : 19.45 pétantes !

Cinéma Grand Action – 5, rue des Ecoles – 75005 Paris

www.collectifprod.fr, collectifprog@gmail.com

Envoyer son film à l’adresse suivante : Collectif Prod, 63 bis rue Ramey, 75 018 Paris

Carlye Archibeque : “Un film parfait, ce n’est pas forcément un genre, un drame ou une comédie. C’est un univers entier, complet.”

« See, meet and interact. The people behind the pixels ». Cette formule esquisse les contours du Siggraph, acronyme de Special interest Group in Graphics, un séminaire américain annuel sur l’infographie, apparu pour la première fois en 1974. Intégré à l’événement, le Computer Animation Festival couvre le plus sophistiqué de l’image numérique mondiale et offre plusieurs prix dont le très convoité Best in Show Award. Courte rencontre avec Carlye Archibeque, Présidente et productrice du Festival.

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Le Siggraph a 36 ans. Comment a-t-il vu le jour ?

Dans les années 60, les images de synthèse (computer graphics/CG) commençaient à être de plus en plus utilisées, à un point tel que les universités ont envisagé d’intégrer des laboratoires d’infographie dans leurs départements d’ingénierie. En 1967, quelques professeurs d’université ont lancé une pétition à l’attention de l’Association for Computing Machinery (ACM) qui comprenait des ingénieurs. Le but était d’établir un sous-groupe pour les professionnels du graphique pour qu’ils aient la possibilité de s’exprimer, d’être entendus et de partager leur travail et leurs théories, afin de faire évoluer la profession. Cette pétition a été approuvée, et la première conférence Siggraph a eu lieu en 1974 et l’année suivante, le festival a été lancé. A l’époque, le festival était un grand mot, c’étaient plutôt des projections très informelles. Depuis, le Siggraph est devenu une organisation reconnue. Ce qui est fascinant, c’est que le projet est né de professeurs qui enseignent encore et que les pionniers de cette initiative sont encore vivants. Je fais régulièrement des interviews d’eux, dans le but d’archiver ces informations. Ce qui est marrant, c’est qu’on considérait autrefois les gens de ce milieu comme des « nerds » ou des « geeks ». Je crois qu’on a réussi à faire changer des choses. Maintenant, ils sont perçus dans un sens positif.

Vous recevez chaque année énormément de films. Quels sont les critères cruciaux pour être retenus au Siggraph ?

Les studios sont toujours à la recherche d’un pitch ou d’une idée qui plairait à un maximum de gens. Le problème, c’est qu’un critère pareil nuit parfois à l’histoire. Pour moi, c’est l’audace qui prime. Il ne faut pas forcément quelque chose d’inouï car ça devient très difficile de trouver un sujet qui n’a jamais été traité avant, mais ce qui est intéressant, c’est de raconter les choses d’une autre manière. Outre l’histoire, ce qui importe, ce sont les émotions et le divertissement. Le cinéaste doit en effet être capable de traduire et de partager la joie de son histoire à travers son film. Alors effectivement, nous recevons beaucoup de films, mais certains cinéastes n’osent pas nous envoyer leurs films, parce qu’ils estiment qu’ils ne sont pas assez bons pour le Siggraph. Évidemment, certains titres sont très vite éliminés mais ce n’est pas parce qu’un film est simple qu’il n’est pas bon. Et puis, de toute façon, l’inscription est gratuite donc on ne perd rien à essayer !

Comment s’opère la présélection ?

Les deux dernières années, les 1.000 films que nous avons reçus ont été départagés par un jury de présélection qui a travaillé de 07h30 à 21h pendant quatre jours et qui était plutôt épuisé à la fin ! Cette fois-ci, notre équipe de production s’est réunie pour éliminer plein de films dans un premier temps. Le nombre a été réduit à 350. Moi, je ne fais pas partie du jury, mais je participe à la sélection, ce qui est déjà une manière de voter. On a une règle, toutefois : les membres du jury ne se parlent pas pendant la sélection mais seulement pendant les pauses afin de ne pas s’influencer.

Peux-tu me parler de tes goûts ? D’un film en particulier que tu as beaucoup aimé ?

L’année passée, « Oktapodi » était pour moi un film tout à fait parfait. Un film parfait, ce n’est pas forcément un genre, un drame ou une comédie. C’est un univers entier, complet. « Oktapodi » était complet. Les personnages étaient fascinants et fidèles à leur nature. Le vilain était très méchant, et les pieuvres étaient vraiment mignonnes ! J’aimais beaucoup la palette de couleurs utilisée. Ceci dit, j’aime le noir et blanc aussi.

Quels sont les prix remis au Siggraph ?

Il y a quatre prix proprement dit, avec chaque fois trois nominations et un gagnant. Seul le Best of Show est un vrai prix, les autres sont plutôt des mentions, et des honneurs. En fait, pour le Best of Show, le jury vote autrement que pour les autres catégories. Un comité visionne les films et en choisit dix, puis un autre comité plus réduit vote pour cinq films. Le prix offre au lauréat une nomination à l’Oscar du film d’animation. Ainsi, cette année, « French Roast » de Fabrice O. Joubert, lauréat de ce prix, était en lice pour l’Oscar.

Le Siggraph ne met en avant que les court métrages et les films d’écoles. Serait-ce possible d’envisager aussi une compétition pour des longs métrages ?

On essaie d’avoir aussi des longs métrages et de les programmer en ouverture. Cette année, on a montré « Coraline » en 3D. Le problème, c’est que ça demande du temps et de l’énergie, et que le Siggraph est une conférence technique dont le côté artistique est très récent. Il y a deux ans, c’était encore une culture digitale fermée. Les studios et les maisons de productions ne comprennent pas toujours ce qu’on fait. C’est très difficile de les convaincre de nous refiler des films, et ça prend du temps pour créer des liens de confiance avec eux. La plupart de ces films sont des blockbusters de l’été, et le Siggraph a lieu en juillet-août. Personne ne veut nous refiler les sorties de l’été parce que c’est trop tôt. Et personne ne nous donne les films prévus pour novembre-décembre parce que ça gâche leur sortie. C’est compliqué, mais on persiste quand même !

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique de « French Roast »

Le site du Siggraph : www.siggraph.org

Festival Courtisane 2010 : cinéma, vidéo et art médiatique

couritsane

La neuvième édition du Festival Courtisane présente un mélange inédit de cinéma, de vidéo, de performances audiovisuelles et d’art médiatique.

Découvrez le travail des cinéastes et des artistes média les plus aventuriers d’aujourd’hui et de demain.

Cette expérience « on the edge » se tiendra pendant cinq jours, du 17 au 21 mars, dans différents lieux de la ville de Gand.

Pour plus d’informations, consultez le site de Courtisane.be

Logorama de H5

Kill your Idols !

Déjà connus et reconnus pour leurs pubs et leurs clips, François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain – aka le collectif H5 – viennent de remporter avec leur premier film l’Oscar 2010 du meilleur court métrage d’animation. Logorama nous embarque dans un manège étourdissant de logos publicitaires, presque aussi cruel et frénétique que le matraquage orchestré par les grandes marques, jusqu’à l’apocalypse…

Une belle journée à Los Angeles. Ça sifflote joyeusement. Des flics conversent dans leur voiture de patrouille. Des enfants visitent le zoo. Et puis, au détour d’une rue, comme dans tout bon blockbuster, le sourire du clown psychopathe, la course-poursuite, la prise d’otages, le gunfight… Avant l’escalade finale. B.O rétro, dialogues à la sauce Tarantino des séries en vogue, rythme effréné, les ingrédients classiques sont là. S’amusant des conventions des films policiers et des films catastrophe, Logorama enchante par son casting de stars ! Au rang des héros et des clins d’œil, les Bibendums Michelin incarnent les forces de l’ordre, Monsieur Propre officie comme guide du zoo, le Géant Vert se soucie du bien-être des animaux et la jolie serveuse n’est autre qu’une pin-up Esso. Le rôle du grand méchant revient de droit à Ronald McDonald qui, « I’m loving it ! » carnassier en bouche, se fera un plaisir de dézinguer tout ce qui bouge et de corriger les deux garnements de service : le bonhomme Haribo et le gamin Big Boy.

Au long de 16 minutes enjouées, Logorama laisse libre cours à l’animation typographique virtuose de 2500 logos. Logos tous plus charismatiques les uns que les autres, tous gravés dans nos mémoires rétiniennes, notre temps de cerveau disponible. Là aussi, ils sont absolument partout. Ils sont tout à la fois le décor et les acteurs. Ils font crisser les pneus, font parler les colts, se haïssent et s’entretuent avant de finir engloutis par un séisme géant, noyés dans un océan nimbé de pétrole et de déchets radioactifs. La violence déchaînée du clown McDo envers la terre entière et notamment envers un Big Boy « tête à claques », symbole d’une chaîne concurrente de fast-foods, n’est peut-être pas un hasard. Ce dénouement chaotique, cet enfouissement du monde des grandes firmes capitalistes, non plus… Dénouement en spirale, long travelling arrière jusqu’à l’infini de l’espace, composé lui aussi de sigles commerciaux. La boucle est bouclée.

Laissant de côté le caractère oui ou non subversif et contestataire du détournement de ces icônes marchandes, les réalisateurs présentent plutôt leur film comme un « droit de réponse » au déferlement d’images de nos sociétés de consommation. L’intégration du fait que nous vivons sous un bombardement permanent de marques, de labels, où tout se vaut, s’égalise. Ici, le RAF historique de Baader et Meinhof apparaît au même rang que les Stop&Shop et autres Master Card. Et peu à peu, au fil de l’intrigue, l’impact visuel des logos s’estompe au profit de l’aventure des personnages. En un sens, le politique dans Logorama, ce sont son existence même et son goût du ludique. L’audace d’avoir écrit et produit un court métrage bluffant et drôle autour de 2500 logotypes sans autorisation préalable et en dépit du droit international. Un pari payant puisque le succès public et les récompenses sauront sans doute mettre le collectif et ses producteurs à l’abri des quelques 3000 procès possibles. Engouement porté aussi par l’affection inconsciente que chacun éprouve peut-être pour ces mascottes flashy, parasites colorés de notre quotidien.

Au-delà de l’indéniable talent des H5, l’Oscar et les nombreux prix internationaux récoltés par Logorama consacrent également la vivacité de l’animation française et l’émergence d’une nouvelle génération de créateurs. Quand ils ne sont pas tout simplement autodidactes, ces créateurs ne sortent pas forcément des écoles de cinéma mais s’échappent volontiers des sphères des Beaux-Arts, du graphisme ou de la communication. Riches de ces parcours transversaux, ils n’hésitent pas à mêler les codes et les formules de différents univers, à brouiller les pistes et les genres, à dresser un pont entre le langage cinématographique et l’innovation plastique. François Alaux et Hervé de Crécy vont ainsi, à la demande de l’éditeur Ubisoft, adapter le jeu vidéo Tom Clancy’s Ghost Recon Future Soldier en court métrage de 20 minutes, avec Ridley et Tony Scott à la production. Un rapprochement de bon augure.

Xavier Fayet

Consulter la fiche technique du film

Articles associés : l’interview de Ludovic Houplain, co-réalisateur, l’interview de Nicolas Schmerkin, producteur d’Autour de Minuit

Festival Côté court : Participez au Prix du Public

Vous résidez à Pantin ? Vous aimez particulièrement le cinéma ? Vous êtes libre entre le 9 et le 19 juin ? Participez au Festival Côté court et remettez le Prix du public.

Le Jury du Prix du Public est constitué de 5 personnes qui visionnent, durant la période du Festival, l’intégralité des films présentés dans le cadre de la Compétition Fiction (soit une vingtaine de courts métrages). Il attribue à l’un des réalisateurs un prix de 1500 euros, doté par La Ville de Pantin.

En tant que membre du Jury du Prix du Public, vous serez au cœur d’un événement majeur de votre département et vous pourrez rencontrer des professionnels du cinéma (réalisateurs, comédiens, producteurs) et participer aux autres programmes du Festival.

Comment participer ?

Envoyez-nous, avant le 3 mai 2010, une lettre de motivation en précisant bien dans votre intitulé « Candidature pour Prix du Public Côté court 2010 »

• Par e-mail à : amelie@cotecourt.org

• Par courrier à :

Festival Côté court – Jury Prix du Public

Amélie Damelincourt

104, avenue Jean Lolive 93500 Pantin

Festival Hors pistes: Visionnez les films en ligne

Rendez-vous d’actualité né en 2006, le Festival Hors Pistes s’attache aux nouveaux usages de l’image contemporaine et témoigne des ruptures et des détournements qui nourrissent les formes traditionnelles du film et de la narration.

hors-pistes

Pour ceux qui ont raté l’édition 2010 (19 au 28 février), il est possible de visionner en ligne (gratuitement pendant 2 mois) une partie des films programmés cette année.

Voir les films…

En savoir plus sur le Festival…

La 500e de Court-Circuit : concours de courts métrages

Les internautes ont jusqu’au 2 juillet 2010 pour envoyer un court métrage de 2 minutes maximum, utilisant au moins 2 des 4 mots suivants : « court-circuit », « 500 », « fête », « arte ». Bande-annonce, clip, fiction, documentaire, animation … tous les genres sont acceptés.

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Trois prix seront alors remis avec un « prix ARTE » décerné par un jury composé de professionnels et deux « prix des Internautes ARTE » décernés par les Internautes.

Le lauréat du « prix ARTE du jury professionnel » gagnera la diffusion de son court métrage dans la 500e de Court-circuit, ainsi qu’une caméra de poche HD Kodak Zi8 et Le guide Kodak du jeune cinéaste 2009-2010.

Le 1er lauréat du « prix des Internautes ARTE » gagnera 100 euros à choisir sur www.arteboutique.com et Le guide Kodak du jeune cinéaste 2009-2010.

Le 2ème lauréat du « prix des Internautes ARTE » gagnera 50 euros à choisir sur www.arteboutique.com et Le guide Kodak du jeune cinéaste 2009-2010.

Pour en savoir plus…

A comme Alma

Fiche technique

Synopsis : Alma sautille à travers les rues enneigées d’une petite ville. Une étrange poupée dans la vitrine d’un magasin de jouets anciens attire son attention. Fascinée, Alma décide d’entrer…

Genre : Animation

Durée : 05’20’’

Pays : Espagne

Année : 2009

Réalisation : Rodrigo Blaas

Scénario : Rodrigo Blaas

Directeur photographie : Gabe Ibañez

Animation: Daniel Peixe, ManueBover, Remi Hueso

Design des personnages : Bolhem Bouchiba, Carlos Grangel,
Sergio Pablos, Santi Agustí

Musique : Nacho Mastretta

Son : Tom Myers, David Hughes

Décors : Alfonso Blaas

Production : Cecile Hokes, Nina Rowan

Effets spéciaux : David Heras

Article associé : la critique du film

Alma de Rodrigo Blaas

Petite bouille affublée d’un bonnet, Alma, une petite fille aux grands yeux bleus, contemple la devanture d’un magasin de jouets. Mutine et en proie à la curiosité, elle pousse la porte de ce curieux négoce. Premiers instants d’un conte à l’âme plus fantastique que féerique.

Attirée par une poupée lui ressemblant mystérieusement, Alma (âme en espagnol) succombe à une tentation enfantine a priori innocente mais fatale, et passe dans un autre monde, celui des apparences et du double. Dans l’étrange magasin rempli de poupées, les miroirs de l’âme se multiplient à l’infini, offrant une place aux faux-semblants et à la représentation de l’horrible, si ce n’est de l’horreur.

Légitimement remarqué par la critique, lauréat de nombreux prix (dont une mention au Siggraph), et sélectionné aux Goyas (l’équivalent de nos Césars en Espagne), « Alma » s’impose comme un film d’animation bien à part. La force majeure de cette réalisation : convoquer l’imagination du spectateur en lui proposant un univers fait de contrastes, à la fois simple et terriblement efficace.

Habile dans l’imbrication et la manipulation des atmosphères, Rodrigo Blaas nous renvoie à nos propres névroses et à ses multiples visages, en misant sur plusieurs éléments : une histoire de poésie sombre, une ambiance musicale et des effets sonores réalisés et mixés par Tom Myers, un sound designer ayant travaillé sur de nombreux projets dont « Star Wars », et un décor mi-métaphysique, mi-symbolique rappelant le travail de Gaudi.

Le résultat est à la hauteur du film; bien qu’« Alma » reste catégorisé “tout public”, il n’en demeure pas moins que la magie opère assurément auprès des petits comme des grands, en passant allègrement de la légèreté à la profondeur, au monde de l’enfance à l’onirisme, et de la lumière à la noirceur, donnant ainsi au film un supplément d’âme.

Amandine Fournier

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Le Bûcheron des mots de Izù Troin

Il faut cultiver son jardin

Présenté à Anima en compétition internationale, « Le Bûcheron des mots » de Izù Troin pose ses délicates ailes à la croisée des mots, des langues et des cultures, entre ciel et terre, dans un horizon infini et imaginaire qui ne porte ni nom ni frontière.

Jolie fable à portée universelle, le film de Izù Troin vante les vertus de l’écrit dans un récit aussi poétique qu’envoûtant. Nadal, jeune bûcheron solitaire, coupe les mots des arbres qu’il revend à l’usine de la cité près de laquelle il s’est établi. Comme les autres, il vit dans la hantise des livres interdits jusqu’au jour où il fait la rencontre de Fauvère, une Marquée, bannie par la société.

Passionné de mots, de lettres, et de typographies, Troin choisit de commencer son film par l’idéogramme de la mélancolie en japonais et de le terminer avec le mot « ressentir une émotion » en chinois. Du premier au dernier signe, « Le Bûcheron des mots » s’inscrit dans une émotion immuable comme le tatouage sur la peau des personnages du film.

Imprégné de l’amour et du respect des cultures et des langues, métaphorique et d’inspiration médiévale, mise en abyme ou reflet d’une triste réalité, « Le Bûcheron des mots » montre que les barrières se forgent avant tout par peur de la différence, et que de l’ignorance naît l’intolérance. Les livres et leur lecture sont une ouverture sur le monde et permettent de poser un regard critique sur les choses. Dommage que le film de Troin survole cette noble idée sans l’approfondir.

Avec « Le Bûcheron des mots », Izù Troin nous fait voyager dans des contrées impossibles, là où tout est nostalgique, graphique et esthétique. Aux allures de parcours initiatique, celui du Bûcheron est à couper le mot !

Marie Bergeret

Article associé : l’interview d’Izù Troin 

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Envie d’aller au Festival d’animation d’Annecy ?

Pour son anniversaire, le Festival d’animation d’Annecy s’associe à YouTube pour organiser un concours original et inédit. Ouvert à tous, il permet aux créateurs en herbe, aux étudiants ou aux professionnels de l’animation de toucher du bout des doigts un Festival à la renommée mondiale.

Vous avez l’envie de créer, de réaliser un film d’animation ou d’adapter une réalisation ? Le film, d’une durée maximale de 5 minutes, devra tenir compte des mots-clés : « 50 », « Festival » et « Annecy » afin d’illustrer le thème de la fête et de l’anniversaire.

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Pour participer, c’est simple. Déposez votre film entre le 1er février et le 1er mai 2010 à minuit, à l’adresse : www.youtube.com/annecyfestival. À partir du 2 mai, les internautes voteront pour les 10 meilleurs courts métrages soumis (clôture des votes le 23 mai à minuit). Puis un jury de professionnels primera le meilleur parmi ces 10 finalistes (phase de délibération du 24 au 27 mai).

Le lauréat se verra offrir une semaine à l’édition 2010 du Festival d’Annecy qui se tiendra du 7 au 12 juin et son film sera projeté pendant le Festival.

Règlement complet sur www.annecy.org

Le court et la course aux Oscars

Oscar du Meilleur court métrage documentaire : “Music by Prudence” de Roger Ross Williams et Elinor Burkett (Zimbabwe, Etats-Unis)

Syn. : Documentaire sur le parcours de Prudence Mabhena, 21 ans et atteinte d’arthrogrypose, qui d’un monde de haine fit une remarquable transcendance vers l’univers de la musique et de l’amour.

Oscar du Meilleur court métrage de fiction : “The New Tenants” de Joachim Back (Etats-Unis, Danemark)

Syn. : Un nouvel appartement révèle les secrets de ses anciens propriétaires et locataires. Une galerie d’étrange personnages sont passés en revue : un mari trompé, un dealer, un prêtre, …

Oscar du Meilleur court métrage d’animation : “Logorama” de H5 (François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain) (France)

Syn. : Une course poursuite effrénée, des animaux sauvages lâchés dans la ville, une prise d’otage qui tourne au drame… et bien plus encore dans LOGORAMA !

Cine Pocket : Appel à création

Cine Pocket, le festival des films mobiles de Bruxelles lance un appel à création de films réalisés avec un téléphone à l’occasion d’un concours qui se clôturera par une projection spéciale au Bar du Matin le 21 mars 2010.

Technologiquement innovant mais plus que jamais à la portée de tous, le concours s’adresse aux détenteurs de téléphones mobiles capables de réaliser des petits films vidéo. Axé avant tout sur la créativité et l’imagination, le concours est ouvert à tous et est complètement libre : pas de thème imposé, pas de genre en particulier (fiction, clip, animation, docu-fiction, …). Tout est permis pourvu que le film soit réalisé avec un téléphone et dure 1 à 3 minutes.

Pour participer, il suffit de s’inscrire gratuitement sur le site www.cinepocket.be et de déposer un ou plusieurs film(s) avant le 10 mars 2010 à minuit.

Les films seront immédiatement accessibles au public qui pourra les visionner et voter pour désigner le Prix du public.

Un jury composé de professionnels de l’image désignera les films nominés à l’issue de la compétition.

Au total, 4 prix seront attribués:

• Le Meilleur Film Mobile : 1.000 € + une bouteille de champagne

• Le Meilleur Scénario: 250 € + une bouteille de champagne

• Le Prix du Public : 250 € + une bouteille de champagne

• Le Meilleur ‘Film brut’: 150 € + une bouteille de champagne

Les meilleurs films du concours ainsi qu’une sélection internationale seront diffusés sur grand écran à l’occasion d’une projection spéciale le dimanche 21 mars de 18h30 à 23h00 au Bar du Matin à Bruxelles.

Alors, amateurs, artistes, vidéastes, tous à vos GSM : c’est le moment de faire son cinéma !

Le site de Cine Pocket : www.cinepocket.be

Florence Miailhe et le « Mystère » revisité

Marquée par « Le Mystère Picasso » d’Henri-Georges Clouzot (1965), l’animatrice Florence Miailhe, diplômée en gravure à l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) de Paris, redéfinit le monde de l’animation à sa guise pour s’y trouver un créneau distinctif, depuis son premier court métrage réalisé en 1991. Dans le cadre du festival Anima 2010, une rétrospective, une exposition et une rencontre lui ont été consacrées en collaboration avec l’Abbaye de Fontevreau, un atelier d’images en résidence, qui a également accueilli des cinéastes et animateurs tels que Tatia Rosenthal (« Le Sens de la vie pour $ 9,99 ») et Michal et Uri Kranot (« The Heart of Amos Klein », « God on our Side »).

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© Renaud Fang

Avec une filmographie qui compte une demi-douzaine de courts métrages (« Hammam », « Conte de quartier », « Premier dimanche d’août »), dont des films de commande (« Les oiseaux blancs, les oiseaux noirs », « Matière à rêver ») et bientôt un long métrage (« La Traversée »), Florence Miailhe peut se vanter d’un style singulier et apparemment inépuisable. Sa technique, comme celle du cubiste malagais sous le ciné-œil de Clouzot, est de peindre, de créer, d’effacer et de recréer des mondes magiques avec le pigment et le sable comme seuls supports et le banc-titre comme seul cadre. Avec un travail sur la matière elle-même, Florence Miailhe exploite le genre de l’animation pour marier la peinture et le cinéma.

Créés à partir de la peinture en mouvement, ses films livrent des récits en devenir, tout comme le tableau en devenir de Picasso. Toujours derrière un voile de volupté, ceux-ci décrivent l’individuel comme le collectif, le particulier comme l’universel, le physique comme le psychique. Tandis que la palette chromatique témoigne d’une fraicheur fauviste, les femmes – plus précisément le corps féminin – représentent le sujet de prédilection dans cet univers unique, grouillant d’éléments visuels. La symbolique de la triade Femme-Nature-Terre et l’évocation au Jardin d’Eden sont particulièrement remarquables dans « Hammam », portrait d’un bain public pour femmes, et « Matière à rêver », court traitant de l’érotisme d’un point de vue féminin.

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Le sensualisme qui transperce toute l’esthétique de Miailhe, souligne également des récits enfantins, comme ceux dérivés des Mille et une nuits (« Schéhérazade » et « Histoire d’un prince devenu borgne et mendiant »). Protégée par l’ambiguïté et la distanciation offertes par son dessin organique, la réalisatrice dirige une symphonie multicolore où l’érotisme prévaut sur la pornographie. Encore une fois, « Matière à rêver » illustre parfaitement cette tendance. Seule animation dans une série de cinq courts commandés autour du thème de la sexualité vu par des femmes-cinéastes, celui-ci se présente comme une mosaïque épicurienne évocatrice d’un kâmasûtra esthétisé dépourvu de la moindre obscénité.

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Habilement et avec une grande souplesse, Florence Miailhe met en avant la spontanéité de la création artistique dans ses œuvres, où le travail de l’artiste peintre est manifeste à tout moment, même si ses mains sont effacées par le montage. Défiant les appellations thématiques comme fiction ou documentaire, ces films-tableaux nagent entre les genres, même si certains, comme « Les oiseaux blancs, les oiseaux noirs », basé sur la vie de Tierno Boker, se veulent plus clairement documentaires que d’autres.

L’émotion chez Miailhe se trace dans l’abstrait, grâce à un passage facile entre le réel et l’imaginaire au sein d’un univers déjà fort onirique, où les barrières entre le signifiant et le signifié sont floues, rappelant ainsi le dicton de Magritte : « Ceci n’est pas une pipe ». De ce point de vue, ses films relèvent tous de la question de la réalité dans l’art représentatif, qu’il soit pictural ou cinématographique.

Adi Chesson

Consulter les fiches techniques de « Hammam », « Contes de quartier » et « Matières à rêver »

C comme Contes de quartier

Fiche technique

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Synopsis : Sept personnages principaux vivent une journée mouvementée dans un quartier en rénovation situé au bord du fleuve. Ici, on se croise sans se voir, une poupée passe de mains en mains…

Genre : Animation

Durée : 15′

Pays : France

Année : 2006

Réalisation : Florence Miailhe

Image : Florence Miailhe

Son : Olivier Calvert

Montage : Fabrice Gérardi

Décors : Violaine Lécuyer

Musique : Denis Colin

Production : Les Films de l’Arlequin

Article associé : le reportage sur Florence Miailhe

M comme Matières à rêver

Fiche technique

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Synopsis : Trouver matière à fantasmer dans la manière même de peindre. “Matières à rêver” s’improvise, comme on peut improviser, en amour, en fonction de sa fantaisie, de son partenaire, du temps qu’il fait, du lieu.

Genre : Animation

Durée : 6′

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Florence Miailhe

Son : Hubert Teissedre, Fabrice Gérardi

Montage : Fabrice Gérardi

Musique : Denis Colin

Production : Paraiso Production Diffusion

Article associé : le reportage sur Florence Miailhe