*intégrer des tournages, forger des expériences, constituer et intégrer des réseaux
*se former aux métiers du cinéma, et aux réalités professionnelles de ces métiers.
Plusieurs types d’aides sont proposées annuellement. L’objectif de l’ aide à la création musicale est de valoriser le travail effectué en amont entre un auteur-réalisateur et un compositeur. Elle peut être attribuée à tout projet de film court (Fiction, Documentaire, Expérimental, Animation) et porte naturellement sur des projets non encore tournés. Tous les genres musicaux sont recevables, cependant, un accueil favorable sera réservé au travail instrumentiste. La prochaine date limite de dépôt des dossiers pour la troisième session 2010 est fixée au 10 mai.
Le porteur de projet peut être :
– Soit l’auteur-réalisateur seul (s’il n’est pas encore accompagné par une société de production), ou le compositeur seul
– Soit une société de production agrée par le CNC, quelle que soit sa domiciliation en France
– Soit une association loi 1901, dont l’objet est la production cinématographique.
La subvention ne pourra être reversée au film que si celui-ci trouve un soutien auprès d’une société de production ou d’une association.
Nature de l’aide
– Bourse numéraire reversée au compositeur par le bureau de la division culturelle de la SACEM pour l’écriture de la partition musicale : 500 euros
– Aide à l’enregistrement de la musique reversée à la production par la Maison du Film Court :
Seuil minimum : 1.500 euros
Seuil maximum : 2.500 euros
Figure de proue dans le paysage visuel israélien, la célèbre école de cinéma « The Sam Spiegel Film & Television school of Jerusalem » a fêté ses 20 ans en 2009. A cette occasion, en octobre dernier, le FIDEC, Festival International des films d’écoles, à Huy (Belgique), la mettait à l’honneur en lui offrant une carte blanche composée de cinq courts d’une rare intensité en même temps qu’elle programmait « Himnon », lauréat du Premier Prix de la Cinéfondation en 2008, également originaire de l’école hiérosolymite.
Diploma, de Yaelle Kayam
Hébron, enclave juive dans une municipalité palestinienne, un soir de Pourim (carnaval juif). Le couvre-feu est imposé à une partie des habitants. Ayat, une jeune étudiante contrainte d’affronter la société qui l’entoure pour affirmer ses choix, arpente les ruelles de la ville. Chaperonnée par son frère cadet, elle se rend à sa cérémonie de remise des diplômes. Nourri d’oppositions multiples « Diploma » montre avec justesse les difficultés de vivre dans un endroit où le sentiment de liberté semble intimement refoulé. La soumission de la jeune fille renvoie à toutes les soumissions possibles ; celle de la femme dans une société traditionnelle, celle d’un peuple à un autre, celle d’une religion à une autre. Le film de Yaelle Kayam est une prise de risque intéressante qui prouve encore une fois qu’art, éducation et culture sont bien les choses les plus révolutionnaires du monde.
Sliding Flora, de Talya Lavie
Le temps d’un court, le génie et l’audace de Talya Lavie insère la sculpture « The Monster » de Nikki de Saint Phalle dans une histoire un brin excentrique. La poésie et l’humour de la plasticienne française sont littéralement au service de ce petit film hilarant. Flora travaille comme serveuse dans un endroit qui requiert agilité acrobatique et adresse stylistique. Malheureusement, cette Fifi Brindacier au visage constellé de taches de rousseurs, ne possède aucun de ces talents, et même sa mythomanie ingénieuse paraît déranger le patron, agacé par ce désastre ambulant. Seul Anton, le cuisinier russe, semble comprendre et apprécier sa différence. Inadaptée et inexpérimentée, cette jeune fleur née dans un champ selon ses dires, pousse et déambule au gré de ses désirs et de ses envies devant l’indifférence générale. Du regard de la cinéaste israélienne, jaillit tout un univers tragi-comique qui révèle, par petites touches sensibles, les failles d’un monde presque parfait.
Sabbath Entertainment, de Michal Brezis et Oded Binnun
La veille de Shabbat, Rachel décide de sortir avec ses copines à l’insu de ses parents très religieux. Rebelle, elle enfreint délibérément les règles proscrites et monte dans la voiture des jumelles Lilach et Yael. Quand leur véhicule atterrit dans le fossé, l’adolescente est obsédée par l’idée de dissimuler sa présence sur les lieux de l’accident, malgré la gravité de la situation. Admirablement interprété et mis en scène, « Sabbath Entertainment », le film du tandem Brezis-Binnun opère des choix scénaristiques radicaux. Les auteurs s’amusent à y déchirer petit à petit le voile des apparences pour mieux percer à jour les non-dits et les interdits portés par leur jeune héroïne, partagée entre la confrontation de la réalité et la persistance dans le mensonge. Au-delà des convenances, leur film dénonce habilement le danger du fanatisme religieux et ses incidences sur le comportement extrême d’une adolescente en quête d’identité.
Vika, de Tsivia Barkai
« Vika » est l’histoire tragique et fascinante d’une enfant qui a soif d’amour et faim de tendresse. Traité avec beaucoup de réalisme, ce sujet grave aborde l’enfance délaissée et les frontières invisibles qui la séparent du monde extérieur. Placée dans un centre pour enfants, Vika décide de rendre visite à sa mère qu’elle n’a pas vu depuis un certain temps. Lorsqu’elle se retrouve face à une femme ivre et négligée, la fillette revêt les responsabilités maternelles et se charge de faire cesser les pleurs de sa petite sœur affamée. Marqué par une réalité rugueuse, le portrait de Vika rayonne d’une douceur à fleur de peau. Dans son film aux tonalités de couleurs furtives, Tsivia Barka raconte la douleur d’une existence difficile à laquelle la fuite est un refuge idéal. Vika enlève sa petite sœur et tel un tableau renaissant, le regard profond tourné vers l’avenir, elle parcourt le chemin obscur qui mène droit vers la lumière.
Tolya, de Rodeon Brodsky
Quelque part en Israël, des ouvriers russes appellent leur douce moitié pour la féliciter, à l’occasion de la journée de la femme. Quand c’est au tour de Tolya de parler à son épouse, son message d’amour est inaudible à cause d’une dent tombée le matin même. D’une facture foncièrement réaliste, le film de Rodeon Brodsky s’impose par la figure charismatique, tendre et comique de Tolya, un homme à l’œil nostalgique et au sourire malicieux. Alliant douceur du silence et élégance des gestes (un sifflement suffit pour dévoiler toute l’émotion qui se cache derrière le combiné), « Tolya » dresse une peinture édifiante des immigrés russes en Israël. Le cinéaste mêle avec habileté le monde viril des ouvriers à la sensibilité touchante du protagoniste nourrissant le film d’une belle simplicité. Un voyage impudique à travers l’âme d’un homme marqué par le temps et l’absence de l’être aimé.
Himnon, de Elad Keidan
Au travers d’une logique narrative simple et contemplative, Elad Keidan désire filmer la vie, au fil du temps qui passe. Sa caméra plantée en face d’une route qui unit très certainement un bout de terre à l’autre, capte la banalité du quotidien, à la croisée d’un anonymat universel. Amnon, le bon samaritain s’en va chercher une boîte de lait chez l’épicier du coin. Sur sa route, un certain nombre d’évènements viennent alimenter sa journée à l’apparence ordinaire. Les mouvements légers d’un quartier sans histoires filmés en plan éloigné et parcourus par des répétitions obsessionnelles, rythment ce moyen-métrage qui ne fait aucune concession sur sa lenteur. Puis soudain, le rituel, les répétitions et même l’indolence initiale semblent se briser pour donner lieu à une histoire plus personnelle, plus subjective, et le plan éloigné se rapproche alors du protagoniste en proie à une petite crise existentielle. Le cinéaste défarde habilement la réalité révélant, à la tombée du jour, l’envol du désir de tout un peuple.
Petit pays, nombreuses écoles, deux choix. Riches de leurs influences asiatiques, russes ou encore européennes, les films de la Sam Spiegel School & Television de Jérusalem et de la Minshar de Tel-Aviv sont dotés d’une aura particulièrement fascinante. Pour faire ressentir le caractère extrême de la vie qui se déroule dans un climat d’angoisse perpétuelle, certains étudiants choisissent le drame quand d’autres lui préfèrent la dérision. Lumière sur les talents qui feront le cinéma israélien de demain.
Après le long métrage et le documentaire, le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique se penche à présent sur la production, la promotion et la diffusion du court métrage en Belgique et à l’étranger. Le CCA vous invite dés lors à une réflexion commune sur les différents systèmes de soutien au secteur, avec une approche en deux temps.
La première période débute tout naturellement dans le cadre du Brussels Short Film Festival, par un état des lieux et un débat, qui seront suivis les mois suivants d’une large concertation avec les professionnels.
Pour cette première rencontre, rendez-vous le 4 mai 2010 au Théâtre Mercelis à Bruxelles, de 14h30 à 17h30 (Accueil à partir de 14h00)
La séance sera suivie d’un cocktail sous le chapiteau du Festival à l’invitation du CCA et WBImages.
La seconde rencontre, qui se tiendra en novembre, proposera la synthèse des travaux entamés le 4 mai et les différentes pistes d’amélioration.
Depuis un certain temps, Format C. suit les films et les aventures d’une maison de production d’animation au curieux nom, spécialisée dans « tout ce qui bouge ». Arthur Cox, co-fondée en 2002 par Sally Arthur et Sarah Cox, mise sur la diversité thématique et technique et s’offre en catalogue des bons films tels que « 3 Ways To Go », « Don’t Let It All Unravel », « John and Karen », « Operator », « The Surprise Demise of Francis Cooper’s Mother », et plus récemment « Mother of Many ». Rendez-vous pris à Lille avec Sarah Cox, lors de la dernière fête de l’animation.
Il y a quelques années, tu es sortie diplômée de l’école de polytechnique de Liverpool. Comment as-tu choisi cette école en particulier? Comment es-tu passée à l’animation?
J’ai toujours aimé dessiner. Plus jeune, j’avais toujours les mains noires. Au début, je ne pensais pas du tout à l’animation. Je m’étais inscrite aux beaux-arts, je voulais faire du dessin, de la gravure, et apprendre différentes techniques. À l’époque, j’avais un petit ami dont la soeur faisait de l’animation dans la même école que moi. Je suis allée à la projection des films de fin d’année pour voir une exposition de gravures. C’est alors que j’ai découvert un type d’animation que je n’avais jamais vu précédemment. Cette animation, faite tout simplement de dessins, ne ressemblait pas aux films de Disney ni aux Simpson. C’était quelque chose de fort artistique, illustratif, observationnel même. Il s’agissait du travail de Sue Young, qui a fait « Carnaval », un film que je conseille à tout le monde de voir. À ce moment, j’ai décidé que je voulais moi aussi faire de l’animation.
Un de mes professeurs était Ray Fields. C’est quelqu’un de très connu dans le milieu de l’animation britannique, il a beaucoup influencée d’ailleurs ce genre, et a proposé un regard différent sur lui. Par exemple, il nous décourageait d’utiliser le storyboard, et prônait plutôt des cahiers de dessins dans lesquels on devait esquisser nos impressions et les utiliser comme base de nos films. Évidemment, on pouvait aussi faire des storyboard par la suite, mais il fallait d’abord faire ce travail d’observation. Cela dote les oeuvres d’une certaine intégrité, à laquelle je tiens beaucoup. Si on se limite à ce qui se passe dans le milieu de l’animation, celui-ci devient trop fermé, trop auto-référentiel.
Pourrais-tu nous décrire le milieu de l’animation à l’époque ?
C’était un milieu très sain. Je parle de l’époque où le clip de Sledgehammer de Peter Gabriel est sorti. MTV commandait beaucoup de courts métrages, ce qui permettait de voir plein de techniques intéressantes absolument pas traditionnelles. Ça a commencé chez Channel 4 avec le travail de Clare Kitson qui a commandé beaucoup de films qui ont été diffusés à la télévision. Par ailleurs, il y avait un excellent festival d’animation à Bristol où un de mes films a été diffusé pour la première fois, et où je vis désormais. C’était une période très propice pour l’animation, ce qui n’est plus tellement le cas aujourd’hui.
Une rencontre fatidique aura lieu pour toi. Peux-tu nous expliquer ce qui se passe quand Sarah rencontre Sally en 2002 ?
En fait je ne la connaissais pas du tout. Je connaissais Layla Atkinson de la société de production Trunk Animations. Je lui ai demandé de m’aider à faire un film dont j’avais l’idée mais pas la compétence technique pour le réaliser. Vous voyez, j’appartiens à une génération qui est juste un peu trop vieille pour l’ordinateur ! Layla était occupée, mais m’a conseillée de contacter une de ses amies, Sally, qui m’a aidée a faire « Plain Pleasures », mon premier film, dans lequel je voulais créer une ambiance proche du monde d’Edward Hopper. Grâce à ce film, nous avons pu travailler chez Channel 4 et continuer à collaborer sur de nouveaux projets. Vu qu’on avait besoin de subsides, il a fallu monter une société, ce qu’on a fait aussi ensemble.
Le nom de cette boîte – Arthur Cox – est ostensiblement masculin. Vous l’avez choisi délibérément ?
Non, par du tout. Nous devions créer une société assez rapidement et on l’a fait en quelques heures sans avoir de temps de réflexion. Maintenant que Sally a eu son deuxième enfant, elle a quitté la société, en tout cas en tant que co-présidente, mais elle continuera peut-être à réaliser encore des films. J’ai essayé de penser à un autre nom, mais je n’en trouve pas de meilleur donc je vais quand même garder Arthur Cox, même si il n’y aura plus que moi aux commandes !
Depuis la création de la boîte en 2002, vous vous êtes entourées de plusieurs animateurs, chacun ayant son style particulier. Felix Massie, par exemple, est plutôt minimaliste dans ses dessins. Toi, en revanche, tu sembles favoriser une image plus complexe, combinant animation et live-action. Tu t’es même essayée à l’animation en volume avec « Don’t Let It All Unravel ». Comment définirais-tu ton style ?
Je ne pourrais pas vraiment définir mon style. Des idées et des concepts me viennent, et c’est en fonction d’eux que je trouve une technique. Je sais à quoi je veux que mon film ressemble, et si je ne peux pas y arriver par moi-même, je fais appel à quelqu’un d’autre. Je ne me laisse pas restreindre par la technique, mais j’avoue que la live-action est une de mes passions depuis toujours.
Avec un de mes réalisateurs, Mark Simon Hewis, je travaille d’ailleurs actuellement sur un projet de long métrage qui est quasiment entièrement composé de live-action. C’est une comédie adaptée d’un livre sur Bristol qui s’appelle « Eight Minutes Idle » et notre premier long métrage, dans la lignée de « John and Karen » et de « The Surprise Demise of Francis Cooper’s Mother ». D’ailleurs, c’est Felix qui s’occupera d’animer une partie du film. À ce stade-ci, nous attendons le feu vert pour avoir l’argent et commencer le film.
Qu’est-ce qui relie votre travail, votre vision de l’animation ? Y a-t-il quelque chose qui unit les films de Arthur Cox ?
C’est difficile à dire. Par exemple, tout le monde n’aborde pas l’aspect comique en particulier. Ce qui relie nos films, c’est justement cette notion d’authenticité que j’évoquais avant. Les idées viennent de quelque chose d’extérieur, d’une observation de la vie, des gens, des moeurs, … Que ce soit Matthew Walker, Felix Massie ou même Emma Lazenby, nous travaillons tous comme ça. Par exemple, Emma a fait un film sur un sujet qui lui tenait à coeur. Ce film, « Mother of Many » est très authentique dans la mesure où elle a enregistré les sons de vrais accouchements, donc il s’agit d’une qualité dans l’observation et dans l’intention. Il ne faut pas traiter son sujet de façon triviale. Même s’il peut paraître léger ou comique, il faut toujours avoir quelque chose de vrai derrière.
Justement, qu’est-ce qui t’a attirée chez ces trois réalisateurs que tu cites ? Leurs univers, leurs talents, leurs personnalités ?
À vrai dire, quand Matthew et Felix sont arrivés chez nous, ils sortaient à peine de l’école. Ils étaient très timides donc ce n’est pas leur personnalité qui m’a interpellée initialement ! Maintenant, je les connais beaucoup mieux, ils sont adorables, donc c’était d’office leur talent. Il y avait une vérité, une honnêteté et une intégrité chez eux dès le début. Ils ne se contentaient pas de citer quelque chose d’existant dans l’animation ou de faire leur auto-promotion. J’ai vu en eux une qualité solide et intrinsèque, que je recherche chez les gens. C’est tellement rare que lorsque je les trouve, je leur saute dessus, et leur dis : « Venez travailler avec moi ».
Le cas d’Emma est un peu différent. Elle a travaillé dans le design et la publicité à Londres, mais n’a jamais pu faire de film après l’école alors qu’elle voulait être plus qu’une designer. Nous, on a eu confiance en elle, donc on l’a aidée. Ça a été plus dur pour elle que pour les deux autres, parce qu’elle avait fait autre chose pendant longtemps, et qu’elle n’avait pas l’habitude d’écrire, au contraire de Matt et Felix. Elle était consciente de la grande responsabilité qu’elle avait à prendre par rapport à son sujet, ce que nous considérions comme un bon signe. Beaucoup d’étudiants traitent de sujets bien sérieux comme le sexe ou la mort, mais de façon quasi irresponsable, ce qui a le talent de m’énerver. « Mother of Many » a gagné un BAFTA et a battu « The Gruffalo » qui était la grosse production de Noël de l’année. Tout le monde s’attendait à ce que ce dernier l’obtienne, mais c’est le film de Emma qui a gagné !
Parallèlement à tes activités de productrice et de réalisatrice, tu donnes cours. Qu’est-ce que cet aspect pédagogique du cinéma signifie pour toi ?
J’ai été examinatrice externe pour la National Film and Television School pendant deux ans. Aujourd’hui, j’enseigne beaucoup moins qu’avant, faute de temps. J’aime bien enseigner, et cette activité me permet de faire comprendre aux futurs talents l’importance de cette notion d’intégrité. Je leur montre des exemples de films réussis sur ce plan. J’essaie de leur inculquer une certaine conscience et prise de responsabilité par rapport à leur sujet. Selon moi, l’éducation doit servir de filtre et séparer les bons élèves des mauvais. Mais le problème, c’est que l’argent manque et qu’il y a trop d’élèves dans les écoles d’animation. Du coup, ils apprennent toutes les techniques et les logiciels liés à l’animation mais pas la prise de responsabilité. De ce point de vue, j’estime que le système d’éducation français est plus réussi. À ma connaissance, il y a toujours eu moins d’élèves en classe à la Poudrière et aux Gobelins qu’en Grande-Bretagne, du coup les cours y sont plus intensifs, et ces écoles contribuent très activement à l’innovation dans le milieu de l’animation. Chez nous, la NFTS fait des efforts louables, mais ce n’est malheureusement pas suffisant. Le niveau me paraît en général plus élevé en France. Les étudiants travaillent en groupe, ce qui est très important. Quand les gens travaillent indépendamment, ils ne laissent pas respirer leurs idées et celles-ci finissent par pourrir. En discutant de ses idées dès le début, on peut les revoir; les remettre en question et les améliorer. En dehors de toutes ces considérations, enseigner me permet aussi de dénicher de nouveaux talents !
Es-tu à la recherche de nouveaux animateurs ?
Non, en tout cas pas pour cette année au moins. Je développe avec le studio Aardman « Tate Movie », un énorme projet commandé par une agence de publicité. Chaque enfant du Royaume-Uni pourra y contribuer en envoyant un dessin, un son ou une partie de scénario, et tous ces apports seront montés dans un film. Ce sera donc un film fait par les enfants eux-mêmes, dont le générique devrait durer au moins dix minutes !
Par conséquent, je ne ferai pas d’autres films cette année, étant trop prise par ce ce projet qui est destiné à être montré dans le cadre des Jeux Olympiques, et le long métrage que je suis en train de monter. Arthur Cox continuera bien évidemment à exister, mais avec moins d’activités. Felix et Emma vont travailler sur « Tate », et peut-être Matthew aussi. Quant à Mark, il travaillera avec moi sur le long métrage. On serait donc éventuellement ouvert à de nouveaux talents, mais spécifiquement, dans le cadre de ces projets-là. Ces temps-ci, je me rends compte que je suis de plus en plus attirée par des grands projets, pas forcément des formats longs, mais des œuvres de plus grande envergure, où l’on peut explorer plus de choses.
A distração de Ivan Cavi Borges & Gustavo Melo (Brésil) Berik Daniel Joseph Borgman (Danemark) The Boy Who Wanted to Be a Lion Alois Di Leo (Royaume-Uni) Deeper Than Yesterday Ariel Kleiman (Australie) Love Patate Gilles Cuvelier (France) Native Son Scott Graham (Royaume-Uni) Vasco Sébastien Laudenbach (France)
Séances spéciales – Courts et moyens métrages
L’Amour-propre Nicolas Silhol (France) Cynthia todavía tienes las llaves Gonzalo Tobal (Argentine) Fracture Nicolas Sarkissian (France)
– Tous les genres
– produits après le 1er janvier 2009
– pays de production francophones
– Support de diffusion pellicule : 35 mm / 16 mm ( pas de video !!!)
Compétition numérique 2D/3D
– Durée inférieure à 20 minutes
– Produits après le 1er janvier 2009
– Production : tous les pays francophones
– Support de diffusion vidéo : Beta SP / Beta Num
– Genres : animation, expérimental, vidéo d’art, comprenant des séquences infographiques 2D ou/et 3D, Les films de commandes et publicitaires ne seront pas retenus, seuls les films à fort potentiel créatif pourront être sélectionnés.
Compétition européenne
– Durée moins de 40 minutes
– Tous genres
– produits après le 1er janvier 2009
– Pays de production : les 27 pays de l’Union Européenne (Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède)
– Support de diffusion pellicule : 35 mm / 16 mm
– Support de diffusion vidéo : Beta SP / DVD
Synopsis : Acheter une machine à laver n’a jamais eu de conséquences aussi catastrophiques. Tantine a vendu son âme au diable par mégarde. Seuls sa nièce et un plateau bien garni peuvent apporter la solution calorifique qui permettront à son âme de rester en paix.
Genre : Animation
Durée : 13’
Pays : Royaume-Uni
Année : 1993
Réalisation : Boris Kossmehl
Scénario : Boris Kossmehl, Andrea Friedrich
Images : Andy MacCormack
Musique : Julian Nott
Montage : David McCermick
Production : Aardman Animation
Voix : Andrea Friedrich, Alain Debray, Robert Booth, Geraldine McEwan
Créé à Bristol en 1972 par David Sproxton et Peter Lord, le studio Aardman a acquis une solide réputation dans le milieu artistique avec les aventures à succès de Wallace et Gromit, un esprit malicieusement anglais et le maniement raffiné de l’animation en pâte à modeler. Rencontrer Peter Peake, animateur chez Aardman, permet de fouiller dans sa besace de DVD et d’en extirper un disque aussi plat qu’un pain azyme, consacré aux chefs-d’oeuvre du célèbre studio de production.
Creature Comforts (L’avis des animaux)
Réalisé en 1989 par Nick Park, le créateur de « Wallace et Gromit », « Creature Comforts » s’intéresse aux conditions de vie des animaux du zoo. Plutôt que d’interroger des experts, ce court de cinq minutes donne la parole aux principaux concernés : les animaux eux-mêmes. Détenus dans des prisons publiques, ils témoignent à gueule découverte de leur quotidien, de leurs infortunes et de leurs aspirations. Cela pourrait être du Delarue, mais c’est du Aardman : ironique, philosophique et modelé en pâte. Ce micro-trottoir est « bête et bien » inhabituel : le micro est tendu alternativement vers une famille d’ours polaires, un jaguar blasé brésilien, une tortue aimant lire, un gorille comptant ses jours de captivité, … Qualité de l’animation, réalisme fabuleux, humour de situation et voix géniales : « Creature Comforts » ne fait pas ses vingt ans et mérite amplement son Oscar du meilleur film d’animation glané en 1990*.
Pib and Pog
Slapstick moderne, ce court met en scène, dans un faux programme pour enfants, deux terreurs ludiques, Pib et Pog, cultivant de faux airs de pommes de terre colorées et se conduisant à l’opposé des exigences du cahier des charges du mercredi (gentillesse, savoir-vivre, et politesse). Rapidement, le duo de patates s’arme d’accessoires (mitraillette, scie, acide sulfurique, canon, … ) au petit dam de la voix-off. Le mal est fait, mais l’émission touche déjà à sa chute : il est temps de chanter à l’unisson et se révéler plus grincheux et vieux que prévu.
Nommé aux BAFTA, « Pib and Pog » est le premier film de Peter Peake au sein des studios Aardman. Violent, léger, cynique et très court, il renvoie aux placards des chaînes les Oui-Oui et autres Teletubbies attardés, ce qui n’est pas plus mal, avouons-le…
Not Without My Handbag (Jamais sans mon sac à main)
Dernier titre choisi sur ce DVD, « Not Without My Handbag » a été réalisé en 1993 par Boris Kossmehl, ayant depuis collaboré à « Shrek » et à plusieurs films du studio de production londonien Aka. Dans ce film-ci, une petite fille sans bouche voit sa tante partir en enfers à cause du non règlement de sa machine à laver ‘Dante’. Le Uotidien reprend son Q jusqu’au jour où la tata désossée revient frapper à la porte : elle a oublié son sac à main…
Un brin stressant, « Not Without My Handbag » est un court bien fichu, ludique et rythmé, porté par une angoisse burtonienne, un humour noir de circonstance, et un fourre-tout infernal. Sally Field n’a qu’à bien se tenir !
*Pour info, « Creature Comforts » a donné suite à une série du même nom, en version anglaise et américaine, et servi de publicité pour la compagnie Heat Electric. Les spots « Le Confort électrique » (Heat Electric), également réalisés par Nick Park, figurent sur ce DVD.
Nous sommes dans les années 1994. C’est la guerre civile au Burundi, ce petit pays d’Afrique centrale voisin direct du Rwanda. Un affrontement proche du génocide y oppose une rébellion majoritairement d’ethnie Hutu à une armée nationale majoritairement Tutsi…. Ce court-métrage raconte un des épisodes tristement fréquents de ce conflit fratricide: l’attaque, par les rebelles, d’un minibus transportant des civils. Cette histoire est entièrement basée sur des personnages et des situations réelles.
L’Heure bleue
Alice De Vestele & Michael Bier (2010 – 20′)
Eloise a 30 ans et une double vie. Le jour, elle travaille au service des soins palliatifs à domicile. Le souffle vital qu’elle partage entre ses différents malades, elle les récupère la nuit. Lorsque Catherine, une malade à laquelle elle s’était attachée, décède, Eloise craque.
Sur une promenade de bord de mer, un vieil homme lit son journal avec son chien blanc près de lui, quand le passage d’une femme vient perturber sa lecture. Il se lance à la poursuite de la belle et plonge dans une bande dessinée animée…
Tabu
Vincent Coen & Jean-Julien Collette (2010 – 24′)
Frank et sa femme Cathy emmènent leur fils Julian en Belgique pour lui faire découvrir ses racines. A peine arrivé, Julian croit avoir découvert, à Gand, le premier grand amour de sa vie. Mais celui-ci se révélera plus fort et surprenant que tout ce qu’il aurait pu imaginer.
Fantaisie sur la fin du monde
Jean-Marie Buchet (2009 – 11′)
La télécommande de la télévision d’Albert a des ratés. La lampe qui éclaire le travail de Nicole saute. Le mixer d’Hilde tombe en panne. Quelqu’un (mais qui ?) a fermé le volet de la chambre. Décidément, aujourd’hui, rien ne se passe comme il le faudrait…
Un jeune garçon découvre la vie de son grand-père mineur au travers d’un stéthoscope. Depuis la maison où le vieil homme meurt de la silicose, l’enfant fait un voyage sonore et visuel en remontant le temps. C’est pour lui une expérience initiatique d’où émergeront la conscience de l’Histoire et le désir de mémoire.
Atrophy Bank
Bank Sam Asaert (2009 – 21′)
Un banquier frustré et malheureux commence à voir une forme de danse dans toutes les actions de ses clients. Un jeune danseur de ballet dépasse ses limites pendant une performance. Quoi de ces deux histoires, un vol et un homme au téléphone, ont elles en commun ?
Etrangère
Christophe Hermans (2010 – 12′)
Sophie est seule. Elle partage sa vie entre des petits boulots et son déménagement. Pour combler ce vide, Sophie sculpte son corps.
Venus vs me
Nathalie Teirlinck (2010 – 26′)
La petite Marie est attrapée dans son propre monde d’idées. Elle a du mal à grandir. Quand sa jeune mère lui présente son nouveau copain, beaucoup de questions restent sans réponse et la communication entre les deux semble impossible. Frénétique, Marie essaye de regagner sa mère en fuyant silencieusement dans un monde des mémoires.
Climax
Frédéric Sojcher (2009 – 14′)
Jonathan, réalisateur, n’arrive pas à obtenir de Gérard, comédien, qu’il joue la scène-clé de son film comme elle est écrite. Le producteur et l’équipe donnent davantage de crédit à Gérard qu’à Jonathan. Mais le scénario raconte la vie de son grand-père…
Post Scriptum
Jef Vingerhoedt (2009 – 18′)
Bernard est un horloger de 34 ans. Il vit au rythme de ses pendules et de ses jours bien structurés. Mais un jour sa petite vie tranquille est bouleversée par Joke, sa ravissante voisine d’en haut.
Geppino Cerqua immigrait d’Italie étant enfant. Il vit dans le Borinage, l’ancienne région minière Belge. Bien qu’il avait quelque renommée locale avant, la vie ne lui a pas donné tout ce qu’il en attendait. Pourtant, ayant à présent 69 ans, il n’a pas encore perdu ses rêves…
Mea culpa
Alexis Fradier (2009 – 5′)
Un peintre de propagande doit chaque nuit combattre ses démons.
50 cents
Mathieu Pujol (2009 – 10′)
La rencontre fortuite d’anciens camarades de classe dans des toilettes publiques.
Les Sauvages
Antoine Cuypers (2009 – 22′)
Un docu-fiction sur une PME active dans les assurances en agro-alimentaire ou la chute d’un responsable des ressources humaines, victime de la mesquinerie de ses collègues.
Een Kleine Duw
Philippe Verkinderen (2009 – 15′)
Robbie, 9 ans, attend avec impatience la fin de l’année scolaire. Deux mois de vacances sans être embêté par ses camarades de classe. Malheureusement, Robbie devra se séparer d’encore beaucoup plus ce jour-là.
Princesse Robert s’éveille au sol d’une étrange et sinitre pièce, un fusil entre les mains…
De Wensboom
Meikeminne Clinckspoor (2009 – 16′)
Deux enfants montent avec l’aide d’une échelle dans un arbre afin de se cacher. Quand par accident, l’échelle tombe, ils sont prisonniers de l’arbre et ne peuvent plus descendre de cet endroit invisible. Très vite l’arbre devient leur arbre magique et c’est le début d’une rencontre exceptionnelle.
Micro Dortoir
Lia Bertels (2009 – 3′)
Trois enfants reviennent sains et saufs du pays des rêves, voici leurs témoignages…
Dans nos veines
Guillaume Senez (2009 – 15′)
Lionel, 17 ans, violenté par son père, va devenir papa…
Waramutsého!
Auguste Bernard Kouémo Yanghu (2008 – 21′)
Kabera et Uwamungu sont deux étudiants rwandais qui vivent ensemble dans une banlieue de Toulouse. Le chaos éclate dans leur pays et Kabera apprend que des membres de sa famille ont participé au massacre de la famille de son ami…
Siemiany
Philip James McGoldrick (2009 – 18′)
Andrzej et Michal sont deux adolescents qui se retrouvent chaque été dans un petit village touristique Polonais. L’ennui de la campagne et le sentiment d’unité chez les garçons, prend leur amitié à un nouveau niveau d’intimité sexuelle chargé.
Sous un coin de ciel bleu
Cecilia Marreiros Marum & Arnaud Demuynck (2009 – 14′)
Dans le royaume bleu, tout est bleu… et tout le monde chante. Sur des rythmes sud-américains se déroule l’histoire de cette princesse bleue qui, même si tout lui sourit, a le blues.
L’Arbre à clous
Fabrice Couchard (2009 – 20′)
Pierre, professeur de lycée, vit une vie heureuse avec sa compagne Sève jusqu’au jour où celle-ci lui annonce qu’elle est enceinte. Cette nouvelle va engendrer chez Pierre un grand malaise qui le forcera à retrouver « son clou », secrètement caché.
Grise mine
Remi Vandenitte (2009 – 6′)
Suite à un coup de grisou un mineur se retrouve bloqué dans la mine.
Lennon
Jonas Verzyck (2009 – 18′)
Un homme travaille dans sa cave sur une machine pour faire revenir son heros ‘John Lennon’…
Synopsis : Deux marionettes d’ombre s’ennuyent, à tel point qu’il décident je jouer avec leur propre ombre. Le jeu se révèle compliqué, voire fatal. Un aperçu intimiste de la vie hasardeuse d’une marionnette d’ombre.
Synopsis : Deux personnages comiques d’une émission pour enfants saluent un narrateur invisible. Pog sort une coquille, que Pib veut absolument accaparer. Pog acquiesce en plantant la coquille fermement sur la tête de Pib. Pib lui répond avec sa mitraillette. La situation dégénère.
Genre : Animation
Durée : 6′
Pays : Royaume-Uni
Année : 1994
Réalisation : Peter Peake
Scénario : Peter Peake
Animation : Peter Peake
Montage : Nick Upton
Musique : Mike Prudence
Interprétation : Roy McCready, Nigel Betts, Joanna Wake
En authentique autodidacte, Peter Peake s’est formé sans l’aide de quiconque à l’animation avant de rejoindre il y a 18 ans les studios Aardman, où il a réalisé, entres autres, « Pib and Pog », nommé aux BAFTA, et « Humdrum », nommé aux Oscars. Invité cette année à la fête de l’animation de Lille, il représentait les studios réputés de Bristol lors des quatre séances qui leur étaient consacrées. Tête-à-trois dans la « capitale de Flandre ».
Comment t’es-tu retrouvé à faire de l’animation ? Via tes études ?
Non, car j’ai étudié le design pendant trois ans dans une ville anglaise qui s’appelle Bath. J’y ai fait un peu de graphisme et d’illustration. En deuxième année, j’ai décidé de m’inscrire en animation, mais il n’y avait pas de professeurs et j’étais le seul élève ! Pendant un an et demi, je me suis retrouvé deux fois par semaine tout seul en classe. J’avais tout le matériel à ma disposition, j’étais livré à moi-même et je faisais des films d’animation. J’aurais sans doute appris plus vite s’il y avait eu d’autres élèves ou même des professeurs, mais c’était très bien comme ça aussi. Ce cours a toujours été proposé dans la formation, mais je suppose qu’on ne s’attendait pas à ce que quelqu’un le choisisse ! L’école est réputée pour les beaux-arts, les céramiques et le design. Ce n’est pas vraiment une école de cinéma à proprement parler.
Tu ne voulais pas tenter une école de cinéma ?
Une fois dans l’animation, je me suis dit que ça aurait été un chemin plus approprié de passer par une école de cinéma, mais ce que j’ai fait était bien et différent. En plus, beaucoup de personnes dans le métier viennent de disciplines différentes et pas forcément d’une école de cinéma. C’est l’avantage de l’animation qui englobe une multitude de choses variées.
Tu as appris beaucoup de techniques différentes par toi-même ?
Oui. Pour mon premier exercice, j’ai fait des petits clips dans des styles d’animation tout à fait différents pour une station radio, Jazz FM. C’était comme un cours d’initiation, ça m’a permis de savoir quels styles me convenaient le plus, même si je n’en ai pas choisi un en particulier car je ne veux pas me sentir limité. J’ai la chance de pouvoir faire du graphic design, du Flash et du stop motion. J’aime bien mélanger différentes techniques. Je m’ennuierais si je faisais tout le temps la même chose.
Comment le lien avec Aardman est-il né ? Comment y es-tu entré ?
À l’époque, au début des années 90, les studios Aardman étaient beaucoup plus petits, avec seulement quelques courts qui passaient à la télévision. Mon école ne se trouvait pas loin de là, Bath n’étant qu’à 12 miles de Bristol. J’ai voulu leur montrer mes films car leur travail m’inspirait et la petite taille de la société permettait qu’on aille directement parler au chef, lui présenter son travail et éventuellement se faire embaucher. Tout ça a changé maintenant, bien évidemment. Aujourd’hui, c’est plus difficile d’y entrer, car la société a grandi, mais à l’époque où j’ai commencé, le studio était encore petit et tout le monde était impliqué dans les projets des uns et des autres.
Est-ce que ces changements sont dus au succès de certains courts et de l’envie d’Aardman de commencer à produire du long métrage (« Chicken Run », « Souris City », …) ?
En fait, tout a changé à partir du moment où Nick Park a commencé à gagner des Oscars ! Ça a généré de l’intérêt, les longs métrages ont suivi. Mais au début, les gens d’Aardman étaient uniquement focalisés sur les courts métrages. Les réalisateurs faisaient des publicités pour financer les courts, qui, eux, servaient d’inspiration pour d’autres publicités. Cette atmosphère était très saine et fructueuse. C’est toujours le cas, mais maintenant que la maison est plus grande, il y a des départements séparés pour les courts et pour les publicités, donc ces genres s’influencent beaucoup moins.
Ton premier court métrage produit par Aardman s’appelle « Pib and Pog » (1994) ? Comment ce film a-t-il été conçu ?
À l’école, j’ai fait trois films tout seul. Le tout premier était le spot pour Jazz FM. Le deuxième traitait d’un sujet fort lourd. J’y ai consacré beaucoup de temps et d’effort, il ne m’amusait plus trop et à un moment donné, je me suis senti obligé de le terminer. Après ce film, j’ai voulu faire quelque chose de léger, de l’ordre du slapstick. J’ai donc fait « Pib and Pog » que j’ai montré aux gens d’Aardman. À leur demande, j’ai refait le film. Ils savaient plus ou moins à quoi s’attendre, puisqu’ils en avaient déjà vu la première version. Ils m’ont demandé de couper un peu de dialogue à la fin et de renforcer l’escalade de la violence pour faire un film d’enfants avec un look un peu bricolé. À l’école, je n’étais pas un animateur terrible, donc mon film avait l’air très amateur. Chez Aardman, il est devenu beaucoup plus raffiné, avec une belle image !
Ces deux films sont-ils des critiques de programmes pour enfants existants ?
Je ne sais pas. On peut toujours lire toute sorte de choses dans les films, mais mon but à l’époque était principalement de faire rire. Chaque film que je fais a tendance à être en réaction au film précédent. Dans ce cas-ci, après un film lourd, il m’a fallu un film léger, et après « Pib and Pog », j’ai fait « Humdrum », un film d’ombres nettement plus dialogué.
Après « Humdrum » tu as travaillé pour la télévision. Quand on passe à des choses plus grandes, comment garde-t-on cet esprit de réaction ?
« Humdrum » a connu un certain succès dans le circuit des festivals, dont j’ai profité pour sortir un peu des studios Aardman. J’ai travaillé chez Channel Four qui, à l’époque, commandait des petites animations. J’y ai développé une série, « Captain Sarcastic ». C’était une très bonne expérience de travailler sur une idée en équipe avec un coscénariste et de m’essayer à des formats plus grands (des des films de 12, 24 ou 30 minutes) que ceux dont j’avais l’habitude, à savoir des courts de cinq à six minutes.
Après je suis revenu chez Aardman pour faire « Rex the Runt », la série animée de Richard Goleszowski. Ça a également été une expérience très enrichissante de réaliser les idées de quelqu’un d’autre et de faire de son mieux pour ce que cette personne avait imaginé. J’estime qu’il est important d’essayer de nouvelles choses à chaque fois, de sortir de sa zone de confort.
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Tu as participé de près à la réalisation de « A close shave » de Nick Park. Comment cette opportunité s’est-elle présentée ?
Aux tous débuts, quand on n’était pas si nombreux, Nick et moi partagions le même bureau. En fait, il occupait le bureau à côté du mien donc on partageait des idées. De l’extérieur, il peut paraître intimidant, vu son succès et sa popularité, mais on se rend vite compte que c’est quelqu’un de très sympa. J’ai pu travailler sur son projet parce que mon animation commençait à s’améliorer. C’était le premier film de Nick sur lequel il ne travaillait pas seul. Il avait animé « A Grand Day Out » tout seul et co-animé « The Wrong Trousers » avec Steve Box. Mais dans ce cas-ci, on était cinq animateurs principaux qu’il dirigeait.
Ça représente quoi, travailler sous les ordres de Nick Park ?
Il avait déjà pas mal de renommée, avec des Oscars à son actif, donc j’ai naturellement senti comme une pression de ne pas le décevoir et de garder le niveau nécessaire.
Les Studios Aardman sont très prolifiques. Beaucoup de films y sont produits chaque année, avec à chaque fois des styles différents allant de l’animation en volume à de la 2D, comme dans « The Pearce Sisters » de Luis Cook. D’après toi, qu’est-ce qui pourrait relier ces films ?
Je dirais qu’il y a un style maison, un look Aardman typique, même si un film comme « The Pearce Sisters » est tout à fait différent des autres. Aardman a la volonté d’explorer plein de styles tout à fait différents et même de proposer, quelque soit le style et le ton, une qualité derrière chaque production. Ce ne sont pas forcément des films très subversifs, mais il y a généralement un humour et un certain look qui relient les films d’Aardman. Et puis, ils promeuvent le travail de plein de gens différents. Tant mieux, car être associé à un seul style, ça peut devenir ennuyeux.
Ce look dont tu parles est-il à opposer à l’image plus lisse de vos camarades de Pixar ? Y a-t-il une résistance à l’informatique par exemple ?
Je ne dirais pas ça. Non, il n’y a pas de résistance à l’informatique. C’est vrai que chez Pixar c’est différent, ils font aussi des films drôles, mais leur façon d’aborder la comédie est différente de la nôtre. Chez Pixar, comme chez Aardman, les gens font des films qu’eux-mêmes voudraient voir, au lieu de deviner ce que les autres voudraient voir.
Comment est-ce que le studio sélectionne des projets des nouveaux animateurs ? Quels sont les critères de sélection ?
Il y a quelques années, on a organisé un concours pour les courts métrages. Les réalisateurs de pubs devaient soumettre leurs idées et voter. Les projets gagnants ont été réalisés. C’était une idée brillante ! Parfois on demande des subsides pour un projet de court métrage à des gens qui n’ont aucune idée de ce qu’est le cinéma. Ici, c’était tout à fait le contraire, et je ne dis pas ça parce qu’un de mes projets a été retenu !
Pour les longs, l’idée peut venir de n’importe où. J’ignore quel est le procédé exact de sélection, mais en tout cas, ce que je sais que c’est assez rigoureux. En plus, beaucoup de projets se font en même temps. Nous n’aimons pas travailler sur un seul projet et puis nous retrouver à nous tourner les pouces. Nous préférons avoir tout de suite d’autres projets à réaliser.
Quel est le rapport avec la télévision maintenant ? Est-ce que c’est aussi facile de faire des films pour la télévision qu’avant?
Non ce n’est pas facile, car il faut se restreindre au format de 30 minutes. Il y a eu des tentatives de programmer des courts plus systématiquement à la télé, mais sans succès. Il y a également un problème de public, car ces films ne sont pas toujours destinés à être vus en famille. Souvent on ne sait pas où les caser. Il existe des programmes comme Digital shorts, avec qui j’ai moi-même fait un film. Ils subventionnent des films et en assurent une diffusion télévisuelle. Mais il faut bien le dire : le public ne crie pas pour voir des courts métrages à la télé !