« Ich bin ein Berliner! » : L’Allemagne se dévoile au Brussels Short Film Festival

À l’heure où Kennedy prononçait son célèbre discours, un mur de béton séparait Berlin depuis presque deux ans et un rideau idéologique déchirait le monde d’Ouest en Est. 47 ans plus tard, pour sa treizième édition, le Brussels Short Film Festival, en collaboration avec le Goethe Institut et Inter Film Berlin (organisateur du Festival de Court métrage de la capitale allemande) a voulu célébrer les 20 ans de la réunification en proposant quatre programmes de films courts, une séance « Best of » et un spécial « Grands réalisateurs » entièrement consacrés au plus peuplé des pays de l’Union européenne. Découverte de six affinités électives.

Meine Eltern de Neele Leana Vollmar

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Parmi une sélection de sept films maladroitement appelée « Best of » ayant inauguré le Festival bruxellois, le film, multi primé de Neele Leana Vollmar dénote fortement. Contrairement aux autres, il se laisse apprécier pour son rythme bien senti et son humour rafraîchissant. Marie file le parfait amour avec Julian qui a décidément tout pour plaire. Lors d’une conversation printanière, la demoiselle affirme que ses parents forment un couple épatant et moderne, encore fou amoureux après 22 ans de mariage. Lorsque Julian vient passer le week-end dans la famille de Marie, il s’agit de recréer cette belle illusion afin que l’homme qu’elle aime ne découvre pas que ses géniteurs sont en réalité deux vieux ronchons affreusement ordinaires, empâtés dans un quotidien aussi banal que monotone. Alors qu’ils se prêtent à ce jeu risqué, les parents retrouvent petit à petit leur entente d’autrefois et leurs désirs enfouis sous une couche d’habitudes robotisées se réveillent petit à petit. L’intérêt de « Meine Eltern » réside dans un questionnement intéressant de la normalité et du conventionnalisme dans une société à l’apparence libre et ouverte d’esprit. Les clichés de la famille idéale s’y déclinent à travers une mise en scène réussie et une interprétation jubilatoire des parents (Gustav Peter Wöhler et Teresa Harder).

Radfahrer de Marc Thümmler

Présenté dans le programme Allemagne 1 : Le syndrome de la Stasi, le film de Marc Thümmler est un documentaire saisissant sur le Ministère de la Sécurité d’État, mieux connu sous le nom de Stasi. Née au début des années 50 et dissoute peu après la chute du Mur, la Stasi, comme nous le montre le film de fiction « La Vie des autres» de Florian Henckel von Donnersmarck, avait l’habitude de prendre les affaires intimes de ses concitoyens très au sérieux. En raison de ses photographies jugées trop peu en accord avec l’idéologie politique, Harald Hauswald, célèbre photographe est-allemand, fut l’objet d’une surveillance serrée. Selon le gouvernement, les photos d’Hauswald étaient trop néfastes car elles exhibaient la misère au lieu de vanter les mérites et les bienfaits du socialisme. Pendant des années, les moindres faits et gestes de l’artiste furent récoltés minutieusement sous le nom de code « Radfahrer » (le cycliste). Le documentaire expérimental de Thümmler met en parallèle des photos de Hauswald et une lecture des archives de son rapport de surveillance. La fixité des photos en noir et blanc est accentuée par le commentaire détaillé et prosaïque de l’agent de sécurité d’Etat qui, à ses moments perdus, se lance dans une analyse critique poussée des œuvres du photographe dans l’unique but de prouver la dangerosité de l’artiste. Un peu trop long, le premier film de Thümmler demeure impressionnant dans sa manière de dresser le portrait mosaïque d’une RDA aussi effrayante qu’humaine.

Die Lösung de Sieglinde Hamacher

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« Die Lösung » a été projeté dans le deuxième programme intitulé Chaque jour entre les fronts. Des rêves d’une jeunesse pleine d’espoir aux contraintes d’un scénariste soumis à une bureaucratie rigide, les films présentés affichaient avec plus ou moins d’humour ou de réalisme, les difficultés de s’exprimer pleinement en tant qu’artiste dans un Etat où la censure et la répression sont reines. Le film de Sieglinde Hamacher est une courte animation qui, en l’espace de 3 minutes, démontre parfaitement les concepts à la fois simples et complexes d’autorité, de soumission et de rébellion. Des oiseaux, docilement posés sur un fil regardent tous dans la même direction, celle imposée par l’oiseau-chef. Tous ? Non, le dernier oisillon, l’enfant terrible, démontre déjà des signes avant-coureurs d’insubordination. Malgré les diverses délations des oiseaux collabos le rebelle volatile affirme sa cause sans aucun complexe. Avec un contenu audacieux et une forme simple, cette parabole, sortie en 1987, passa entre les mailles du filet de la censure offrant au spectateur un miroir humoristique de l’asservissement d’une population face à un pouvoir aliénant.

Wagah de Supriyo Sen

Le film du réalisateur indien Supriyo Sen, lauréat du prestigieux «The Berlinale Talent Campus » en 2009 faisait partie du programme 3, Un mur, des murs. Qu’elles soient réelles ou imaginaires, les frontières marquent les gens qu’elles désunissent. Au nord de l’Inde, à la frontière avec le Pakistan, sur une distance de 3323 kilomètres, Wagah est le seul point de rencontre des deux frères ennemis depuis la Partition de 1947. Tous les jours, des millions d’Indiens et de Pakistanais viennent assister à l’ouverture des frontières, le temps d’une cérémonie rituelle acclamée par les nostalgiques d’un pays uni, décriée par les patriotiques et les séparatistes. Ayant choisi de nous montrer les étapes de la cérémonie et la ferveur qu’elle engendre des deux côtés de la frontière à travers les yeux d’un enfant, Sen met en évidence l’absurdité du concept idéologique de la séparation. « Wagah » est de ces documentaires qui affirment la volonté de briser les murs qui nous enferment en mettant en valeur la similarité dans la différence. À l’heure où un vent mesquin compresse les esprits curieux dans un pays aussi petit que le nombril du monde (la Belgique) il est salutaire de pouvoir voir qu’un tel manifeste s’exprime ouvertement contre toutes sortes de barrières authentiques ou symboliques.

Die andere Seite de Ellie Land

Présenté dans le quatrième programme consacré à l’Allemagne, L’histoire (re)vue par… « Die andere Seite » est un documentaire animé traitant du Mur de Berlin, mur de la honte pour les uns, mur antifasciste pour les autres. Ellie Land propose une exploration dessinée sur les fantasmes des enfants et des adultes, érigés autour de la forteresse berlinoise. Que trouve-t-on au-delà du bloc de béton qui sépare l’Occident de l’Orient ? Comment vivent les habitants ? Mangent-ils les mêmes choses ? S’habillent-ils de la même façon ? Autant de questions qui parcourent, d’une réalité à l’autre, les esprits ignorants. À la lumière des réactions recueillies, le film d’école d’Ellie Land se révèle fort attachant même si l’on regrette une fin abrupte qui souligne la trop grande brièveté de cette animation documentaire.

Schwarzfahrer de Pepe Danquart

Depuis plusieurs années déjà, le Festival a l’habitude de projeter une séance de courts métrages de réalisateurs mondialement reconnus. Cette année, la programmation de « Grands réalisateurs » se composait essentiellement de films allemands. Danquart, moins célèbre que Wenders, Schlöndorff, Henckel von Donnersmarck ou Herzog, remporta l’Oscar du court métrage en 1994 pour son film « Schwarzfahrer ». Jouant sur la signification plurielle du titre, « Schwarzfahrer » signifie à la fois resquilleur et voyage au noir, le film met en scène une vieille dame et un jeune africain branché dans un tram bondé. Alors que la bourgeoise déblatère un monologue fortement raciste sous l’indifférence des autres passagers, le silencieux étranger se joue des paroles de l’aïeule pour la plonger dans le gouffre de la bêtise dans un final aussi glorieux qu’édifiant. La mise en scène rappelle à bien des égards certains films de la nouvelle vague avec la musique jazzy et les images capturées sur le vif, moments rapides et furtifs sur un Berlin incandescent. Le Mur vient de tomber et une nouvelle ère semble s’annoncer. Confronté à l’espérance naïve d’un monde naissant, le réalisateur présente une vieillesse acariâtre, incapable de se renouveler et de s’adapter aux transformations de la société. Parfait pamphlet contre le racisme, « Schwarsfahrer » séduit tout simplement!

Marie Bergeret

Consulter les fiches techniques de « Meine Eltern« , « Radfahrer« , « Die Lösung« , « Wagah« , « Die andere Seite » et « Schwarzfahrer« 

L comme Die Lösung

Fiche technique

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Synopsis : Des oiseaux sont docilement posés en file sur un câble téléphonique sous la supervision de l’oiseau en chef… Mais le petit dernier semble avoir quelques penchants pour la rébellion…

Genre : Animation

Durée : 3’

Pays : Allemagne

Année : 1987

Réalisation : Sieglinde Hamacher

Scénario : Sieglinde Hamacher

Image : Brigitte Schänberner

Musique : Manfred Mammitsch

Montage : Anita Hebe

Production : DEFA-Studio für Dokumentarfilme

Article associé : la critique du film

Les Courts du Grand, séance du 21 mai

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– PARIS MONOPOLE d’Antonin PERETJATKO (35mm / 1,85 – 18min30 – 2010 – Chaya Films) :
Sabrinette, victime de la crise, cherche un appartement. Pas facile de trouver quand on est intérimaire, jeune, ou mal coiffé ou trop ceci ou pas assez cela… Une injustice faite à un, est une menace faite à tous. Quand on cherche avec le plan du Monopoly, on espère forcément tomber sur la case chance.

– LES COWBOYS N’ONT PAS PEUR DE MOURIR de Anne-Laure DAFFIS et Léo MARCHAND (35mm / 1,85 – 17min30 – 2008 – Lardux) :
Les cowboys n’ont pas peur de mourir. Leur fin, toujours spectaculaire, est l’apothéose de leur destin tragique. Mais quand un cowboy rate sa sortie, qu’il semble hésiter entre la vie et la mort, le western devient absurde et même un peu métaphysique.

– LES ASTRES NOIRS de Yann GONZALEZ (35mm / 1,37 – 14min55 – 2009 – Sedna Films) :
Macha, Nathan et Walter sortent du lycée. Un jeune homme vient les chercher. Il est là pour les accompagner. Hors de la ville. Vers la mer. Vers une nuit dont ils ne reviendront peut-être pas.

– EUT-ELLE ETE CRIMINELLE… de Jean-Gabriel PERIOT (vidéo / 4/3 – 9min – 2006 – Envie de Tempête Productions) :
France, été 1944, à la libération.

– VIVRE AVEC… MEME SI C’EST DUR ! de Magali LE HUCHE, Pauline PINSON, Marion PUECH (vidéo / 4/3 – 7min – 2004 – ESAD) :
Une suite de petits reportages sur des animaux aux complexes loufoques…

Infos : vendredi 21 mai 2010, à 19:30

Cinéma Grand Action
5 rue des Ecoles 75005 – Paris

PAF : 5 euros / 3 euros (membres Collectif Prod)

W comme Wagah

Fiche technique

Synopsis : Chaque nuit, le seul poste frontière entre l’Inde et le Pakistan devient le théâtre d’un spectacle extraordinaire. Des milliers de gens se rassemblent pour regarder la fermeture rituelle de la frontière puis saluent leurs anciens voisins à travers la barrière.

Genre : Documentaire

Durée : 13’30’’

Pays : Allemagne, Pakistan, Inde

Année : 2009

Réalisation : Supriyo Sen

Scénario : Supriyo Sen

Image : Ranu Ghosh

Son : SK Abdul Rajjak et G.M Chand

Montage : Szilvia Ruszev

Production : DetailFilm

Article associé : la critique du film

S comme Schwarzfahrer

Fiche technique

Synopsis : Un homme noir voyageant en bus, en route vers son destin est soumis à une dose de racisme ordinaire par une grand-mère allemande. Mais il sait comment réagir.

Genre : Fiction

Durée : 12′

Pays : Allemagne

Année : 1992

Réalisation : Pepe Danquart

Scénario : Pepe Danquart

Interprètes : Senta Moika, Paul Outlaw

Image : Ciko Capellari

Son : Ed Cautu

Montage : Simone Breuer

Production : Trans-Film Production

Article associé : la critique du film

D comme Die andere seite

Fiche technique

Synopsis : Un documentaire animé à propos du mur de Berlin, explorant l’imagination des enfants, ce qu’ils pensent y avoir de l’autre côté, sans y être jamais allés.

Genre : Documentaire, Animation

Durée : 5’10’’

Pays : Allemagne

Année : 2007

Réalisation : Ellie Land

Scénario : Ellie Land

Voix : Christine Franz, Susanne Luschnat, Konrad Russman, Roland Gerhardt

Image : Ellie Land

Son : Ellie Land and Graham Lawson

Montage : Ellie Land

Production : Royal College of Art, Ellie Land

Article associé : la critique du film

R comme Radfahrer

Fiche technique

Synopsis : Le photographe est-allemand Harald Hauswald a été surveillé pendant plusieurs années par la Stasi. Ce documentaire confronte ses photos et les rapports écrits par ceux qui l’observaient.

Genre : Documentaire, Expérimental

Durée : 27’27’’

Pays : Allemagne

Année : 2008

Réalisation : Marc Thümmler

Scénario : Marc Thümmler

Image : Harald Hauswald

Son : Daniel Schellongowski

Musique : Daniel Schellongowski

Montage : Marc Thümmler

Production : Marc Thümmler

Article associé : la critique du film

M comme Meine Eltern

Fiche technique

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Synopsis : Marie a un problème. Son nouveau petit ami est impatient de faire la connaissance de ses parents. Mais l’image qu’elle lui a donnée d’eux n’est pas vraiment conforme à la réalité…

Genre : Fiction

Durée : 18’

Pays : Allemagne

Année : 2003

Réalisation : Neele Leana Vollmar

Scénario : Maggie Peren

Interprètes : Gustav Peter Wöhler, Dagmar Leesch, Teresa Harder

Image : Pascal Schmit

Son : Robert Keliner, Bastian Huber

Montage : Corinna Tschöpe

Production : Filmakademie Baden-Württemberg, Ludwigsburg, Allemagne, Royal Pony Film (Caroline Daube)

Article associé : la critique du film

Chant de Geppino de Simon Van Rompay

Già vola il fiore magro

Film de fin d’études de Simon Van Rompay (Rits, 2009), « Geppino chante » redéfinit le documentaire social. Coup de cœur à la séance inaugurale de Short Screens #1 en 2009, ce court belge grandement poétique implanté dans le fin-fond du Borinage a également été retenu en compétition au 13ème Festival du court métrage de Bruxelles.

Giuseppe « Geppino » Cercua est un immigré italien vivant dans l’ancienne région minière du sud de la Belgique. S’il n’avait pas existé, il aurait bien fallu l’inventer. À sa petite échelle et malgré une existence peu aisée, Geppino continue à poursuivre ses rêves, à chanter, à composer, à imaginer les inventions les plus originales, à vouloir améliorer le monde… Pourtant, jeune, il a connu un moment de gloire : il a été l’un des acteurs principaux de « Déjà s’envole la fleure maigre » de Paul Meyer, incontestable chef-d’œuvre du néoréalisme belge. Quelques 40 ans plus tard, par le plus pur des hasards, Simon Van Rompay, étudiant, tombe sur cet homme au seul film, ce Tadzio frustré, tombé dans l’oubli. Geppino réapparaît à l’image dans un portrait honnête et hautement humain du personnage.

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Malgré son humour rustre, qui rend le personnage attachant plutôt qu’il ne le ridiculise, le « Chant de Geppino » retentit comme un rappel à l’ordre pour une société progressiste préoccupée par les succès matériels. Grâce au traitement respectueux et responsable de son sujet, et sa capacité de susciter de l’empathie chez le spectateur, ce court métrage répond à tous les critères d’un bon documentaire. Par ailleurs, la pertinence d’un tel regard porté par un artiste flamand sur un sujet wallon est d’autant plus perceptible à l’ère des conflits communautaires qui ébranlent le Plat Pays. Espérons que le travail de ce jeune réalisateur pourra un jour le porter à la hauteur de Paul Meyer lui-même. Une chose est certaine : la sensibilité humaniste et l’amour authentique pour son sujet sont des qualités qui ne s’improvisent pas.

Adi Chesson

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Article associé : l’interview du réalisateur

Festival Côté court, côté expérimental-essai-art vidéo

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  • Adieu mon général de Muriel Montini
  • Après le feu de Jacques Perconte
  • Au jardin botanique (Catania) de Sandrine Treuillard
  • Cantor Dust Man de Sébastien Loghman
  • Centipede Sun de Mihai Grecu
  • Crossover de Pierre Coulibeuf
  • Des limbes de Brigitte Perroto
  • Description d’un combat de Christophe Bisson
  • Ensemble (Coexistence / Juxtaposition) de Le Zheng
  • Estrella 2 de Ninar Esber
  • Fragments sur le colonialisme au pays natal du Collectif Killmeway
  • Greek salad de Jean-Claude Taki
  • Hypn de Philippe Rouy
  • L’Arrière-Pays de Safia Benhaim
  • Last Dance de Sabine Massenet
  • Le Toit regarde d’Andrea Acosta, Patrick Bock, Simon Bouisson, Davide Cascio, Haizea Barcenilla Garcia, Ramiro Guerreiro, Anthony Lanzenberg, Christelle Lheureux, Jorge Pedro Núñez, Florence Ostende et Samir Ramdani
  • L’Impossible – Pages arrachées – V (Tu resteras hyène!) (The Book of damned) de Sylvain George
  • Mercedes Dunavska de Drazen Zanchi
  • Parties Visible et Invisible d’Un Ensemble sous Tension d’Emmanuel Lefrant
  • Peine perdue de Guillaume Mazloum
  • Polanski et mon père de Pauline Horovitz
  • Rue des Carmes de Émilie Leconte-Lapeyrère
  • Stretching de François Vogel
  • The Movie Vanishes de France Dubois
  • Un 45 tours de Cheveu de Frank Beauvais
  • Une mère et sa fille de Patrick Dekeyser
  • Uscita / Entrata de Jacky Goldberg
  • Utopia, le cube et les sandales de Véronique Hubert
  • V3 (Collapse) de Christian Lebrat
  • Viol d’Antonio Bizarro Cebola

Le site du festival : www.cotecourt.org

Festival Côté Court : la sélection des fictions

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  • Adieu Molitor de Christophe Régin
  • Annie de Francia de Christophe Le Masne
  • C’est gratuit pour les filles de Claire Burger et Marie Amachoukeli
  • Dans le décor d’Olivier Volcovici
  • Des rêves pour l’hiver d’ Antoine Parouty
  • ¿ Donde esta Kim Basinger? d’ Edouard Deluc
  • Don’t Touch me please de Shanti Masud
  • Enterrez nos chiens de Frédéric Serve
  • Far from Manhattan de Jacky Goldberg
  • Hallo Papi de Salma Cheddadi
  • L’ Ignorance invincible d’ Émilie Aussel
  • La Baie du renard de Grégoire Colin
  • La Dame au chien de Damien Manivel
  • La Guitare de diamants de Frank Beauvais
  • La Passagère de Florent Darmon
  • Le Rescapé d’ Aurélien Vernhes-Lermusiaux
  • L’Échappée de Céline Guénot
  • Les Merveilleuses d’ Isabelle Lafon
  • Mia de Marie Monge
  • Moussa de Christophe Nanga-Oly
  • Petit Tailleur de Louis Garrel
  • Petite de Rodolphe Olcèse
  • Premier anniversaire de Pascal Rambert
  • Thermidor de Virgil Vernier
  • Yoshido (Les Autres Vies) de Sébastien Betbeder

Le site du festival : www.cotecourt.org

A comme Annie de Francia

Fiche technique

Synopsis : Deux sœurs et leur mère roulent à travers l’Espagne pour se rendre au mariage d’un cousin éloigné qu’elles n’ont jamais rencontré. Pour Annie, la mère, femme de quarante-cinq ans et fille d’un réfugié politique espagnol exilé en France, c’est l’occasion de renouer avec sa famille dont elle a perdu le contact, et de permettre à ses filles de quinze et vingt-cinq ans de retrouver leurs véritables racines.

Genre : Fiction

Durée : 32’

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Christophe Le Masne

Scénario : Christophe Le Masne

Image : Jean-Marc Bouzou

Décor : Paul Fayard

Montage : Rodolphe Molla

Son : Gérard Mailleau

Interprétation : Nanou Garcia, Fanny Lefebvre, Anita Le Masne, Romans Suarez-Pazos, Alex Moreu-Gariga, Juan Jimenez, Marc Andréoni, Paco Perez, Juan-Carles Bellviure

Production : Glaski Productions

Article associé : la critique du film

Annie de Francia de Christophe Le Masne

« J’ai des origines et je les assume, okay ? »

Ludique road-movie français imprégné d’accent espagnol, « Annie de Francia » revisite les origines, les rapports mères-fille, et les rencontres improbables. Mené par l’imparable Nanou Garcia, dont la filmographie compte de nombreux courts, le film est signé Christophe Le Masne, auteur du truculent « Et alors ».

Annie, la fille d’un espagnol parti vivre en France après la guerre, revient sur les terres de ses ancêtres à l’occasion du mariage de Javier, un cousin éloigné qu’elle ne connait pas. Pour les racines et le voyage, elle emmène ses deux filles sur les routes désertes de l’Espagne profonde. Des obstacles perturbent rapidement sa bonne humeur : la mauvaise volonté de ses filles, les caprices de sa voiture, les remarques désobligeantes sur sa robe, les barjos croisés sur sa route, …

Derrière la légèreté du propos, « Annie de Francia » comporte une réelle réflexion, celle d’appartenir à une culture malgré soi. Doit-on obligatoirement parler l’espagnol, le yiddish ou encore le hindi parce que l’on a des origines ? Doit-on au contraire les nier ? Le juste milieu est parfois difficile à trouver pour certains, comme nous le montre l’héroïne qui, malgré son âge et sa vie installée, est tiraillée entre deux cultures.

À Clermont-Ferrnand et à Bruxelles, le film a trouvé ses aficionados, et mieux qu’un dictionnaire ou un cours de langue, a divulgué quelques rudiments d’espagnol aux moins instruits (« taureau-taureau », « ola, que tal », Penelope Cruz ? », …).

Si en plus d’être bon, le film incite à se diriger vers le resto de tapas le plus proche, que demander de plus ?

Katia Bayer

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Focus Festival du court métrage de Bruxelles

54 films en compétition internationale, 26 films en compétition nationale, une théma Allemagne, une Nuit du Court, des séances Retour de flamme, Kino Cabaret, Très Courts, Courts mais Trash, Grands Réalisateurs, … : après sa clôture le 9 mai, dans la joie, la Chimay et la bonne humeur, le festival du court métrage de Bruxelles revient quelques jours avant le Focus Cannes.

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Retrouvez dans ce Focus :

Le Focus 2009

La critique de Tabu de Jean-Julien Collette et Vincent Coen (Belgique, 2010)

La critique d' »Annie de Francia » de Christophe Le Masne

La critique de « Geppino chante » de Simon Van Rompay

Le reportage sur le focus Allemand

Carte blanche 6nema.com : Soirée Nouveaux Cinémas

Le 21 mai, le Festival Nouveaux Cinémas invite 6nema.com, le site de courts métrages, lors de leur prochaine soirée concerts/courts métrages, organisée à la Bellevilloise. Une sélection de films coup de coeur du catalogue, plus quelques nouveautés (en présence des équipes des films) sera proposée au public.

Infos pratiques : 21 mai, La Bellevilloise
Horaires: 20h
Adresse: 19, rue Boyer 75020 Paris
Entrée gratuite

T comme Tabu

Fiche technique

Synopsis : Frank et sa femme Cathy emmènent leur fils Julian en Belgique pour lui faire découvrir ses racines. A peine arrivé, Julian croit avoir découvert, à Gand, le premier grand amour de sa vie. Mais celui-ci se révélera plus fort et surprenant que tout ce qu’il aurait pu imaginer.

Genre : Fiction

Durée : 24’30’’

Pays : Belgique

Année : 2010

Réalisation : Jean-Julien Collette, Vincent Coen

Scénario : Jean-Julien Collette, Vincent Coen

Images : Guillaume Vandenberghe

Musique : Cédric Murrath

Son : Thomas Grimm-Landsberg

Montage : Bruno Tracq

Production : Cookie Films

Interprétation : Tony Denman, Warre Borgmans, Angela Muto, Sandrine André, Christelle Cornil

Article associé : la critique du film

Tabu de Jean-Julien Collette et Vincent Coen

« Mother, I want to… »

Programmé à Short Screens #3 et au festival du court métrage de Bruxelles cette année, ce film belge signé Jean-Julien Collette & Vincent Coen pose un regard frais et divertissant, mais non sans ironie, sur l’inceste, thème tabou par excellence.

Une famille nucléaire américaine, aussi soudée que désinhibée, se rend à Gand pour que le fils Julian puisse découvrir la ville natale de son père. Las de la soûlerie de ses parents et souffrant d’une récente déception amoureuse, Julian décide d’explorer seul la ville pittoresque. Au bistro « Tabu », vivement recommandé par son père, il rencontre la femme de ses rêves. Il ignore toutefois quelques petits détails : il a vu le jour dans cette ville, celle qu’il a toujours considéré comme sa vraie mère ne l’est pas, et sa dernière aventure lui aurait coûté les yeux de la tête en Grèce antique !

Entre un jeu d’acteurs à la limite gauche voire feuilletonnesque, une mise en chant totalement insoupçonnée et un brin de mélo habilement maîtrisé, ce court métrage brouille toutes les pistes. Optant pour une esthétique simple qui annonce une chouette histoire drôle, Coen et Collette nous embarquent plutôt dans un voyage romantique qui se retourne complètement et contre toute attente vers un récit œdipien au goût du 21ème siècle.

Même s’il s’agit d’une mise à mal de l’amour maternel – cet instinct « divinement animal » –, les réalisateurs réussissent à surmonter le choquant et le vulgaire pour en arriver à convaincre le spectateur (même le plus conservateur) de la légitimité de leur propos. Grâce notamment au parti pris d’un registre avant tout léger, dédramatisant, et même humoristique par moments, « Tabu » dissimule brillamment le sérieux derrière l’allègre et exemplifie le pouvoir du septième art d’influencer subrepticement son spectateur.

Adi Chesson

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ACID, les courts présentés

On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici ! du Collectif des cinéastes pour les « sans-papiers »

La Dame au chien de Damien Manivel

French Roast de Fabrice O. Joubert

Talents Cannes Adami 2010

Pompe funèbre de Louis Chedid

La Mariée n’est pas une marchande de frites de Flavia Coste

N’oubliez pas Roger d’Etienne Labroue

Dream On de Christophe Lioud

La Planète des femmes d’Alice Miterrand

Bang Bang de Fred Scotlande

Les Cadeaux de la vie de Pierre Stine

Off-Courts 2010 : appel à films

L’appel à films de la 11e édition de OFF- COURTS (Trouville), qui se tiendra cette année du vendredi 3 au samedi 11 septembre 2010, est officiellement ouvert.

Comment s’inscrire…
Les candidats doivent impérativement remplir la fiche d’inscription en ligne ICI et la joindre à l’envoi de la copie du film.
Les œuvres soumises à la compétition ne doivent pas excéder 40 minutes et doivent avoir été produites après le 1er janvier 2009. Tous les genres sont acceptés (fiction, documentaire, expérimental, animation etc.).

Dates limites :
– Québec : 30 mai 2010 (attention, adresse spécifique)
– France et reste du Monde : 13 juin 2010

La sélection :
Les résultats de la sélection seront connus vers le 15 juillet 2010.

Marché International du Film court :
A côté du pont franco-québécois que constitue le festival, le marché du film développe véritablement une fenêtre internationale. En 2009, 34 professionnels de 9 pays à travers l’Europe, l’Amérique et l’Asie ont pu découvrir les 1500 courts-métrages que le Festival Off-Courts a reçu.
Tous les films envoyés seront automatiquement inscrits au Marché.
*

Contacts :
Off-Courts : +33 (0)2 31 14 39 05 contact@off-courts.com
Marché du Film Court : +33 (0)6 25 45 80 38 marchedufilm@off-courts.com
Québec : + 1 (514)606 0694 emilie@off-courts.com


* Sauf si demande contraire des ayants droit.

Amphitryon 94 de Patrice Bauduinet

“Dommage que tu sois mort”

Électron libre, libéré, délibérément en marge des circuits balisés, Pascal Bauduinet s’impose depuis trente ans comme une des personnalités marquantes du cinéma belge expérimental. Montré lors de la projection Short Screens #3, « Amphitryon 94 » porte en lui les marques d’une sobriété grave et profonde.

amphitryon

Le personnage d’Amphitryon a inspiré de célèbres auteurs, de Plaute à Molière en passant par Giraudoux dont l’œuvre s’intitule “Amphitryon 38” parce que le dramaturge français affirmait offrir la 38ème et dernière version du mythe grec. Avec son “Amphitryon 94”, Bauduinet en aurait-il réalisé la 94ème? Ce qui est certain, c’est que son film a beau porter le nom du mari d’Alcmène, il n’a finalement que très peu de choses en commun avec la pièce de Plaute, à commencer par le registre. Aux accents plus tragiques que comiques, le film de Bauduinet met en scène une jeune amphitryonne joyeuse et futile qui ouvre les portes de son intérieur à un parfait inconnu venu accomplir une tâche bien mystérieuse.

Pendant les huit minutes que dure le court métrage, la demoiselle s’adresse à un personnage que l’on ne verra jamais. Et c’est bien la caméra subjective qu’elle fixe quand elle semble regarder son “sauveur” dans les yeux, non sans faire penser à “La Dame du lac” de Robert Montgomery. Ainsi mis en place, le dispositif cinématographique fait ingénieusement substituer l’inconnu au spectateur, témoin malgré lui des agissements et des volontés de la jeune femme décidée à profiter pleinement des instants qu’elle sait derniers. Interprété par Circé Lethem, l’amphitryonne paraît vicieusement vertueuse dans un jeu simple et retenu, dans une mise en scène pudique et fragile. Enfin, lorsqu’au petit jour, un acte impensable est commis et que la raison de la venue de l’inconnu s’éclaircit, le réalisateur passe de l’adresse directe à la lecture d’une lettre récitée en voix off. Du registre léger, on passe à un registre plus grave, plus profond aussi.

Pour terminer, au lieu de nous laisser spectateurs de la jeune fille étendue sur le lit, plongée dans un repos éternel et volontaire, Bauduinet décide au contraire de nous montrer des moments légers de la vie de la trépassée, des souvenirs de vacances à la mer, réminiscences joyeuses filmées en super 8. Effet de surprise et de césure garanti, renforcé par le “Dommage que tu sois mort” de Brigitte Fontaine. Même dans la sobriété, l’expérimental Bauduinet ne peut s’empêcher de rester quelque peu cynique.

Marie Bergeret

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