Silhouette 2010

Retrouvez dans ce Focus :

Le palmarès du festival
L’interview de Quimu Casalprim i Suárez, réalisateur de « Zeitriss » (Allemagne)
La critique de « Dounouia, la vie » d’Olivier Broudeur et Anthony Quéré (France)
La critique de « The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » de Bill Plympton (États-Unis)
La critique de « Monsieur l’Abbé » de Blandine Lenoir (France)
La critique de « Elefantenhaut » (Peau d’éléphant) de Ulrike Putzer et Severin Fiala (Autriche)
La critique de This is Alaska de Mårten Nilsson et Gunilla Heilborn (Suède)
La critique de « ¿ Dónde está Kim Basinger ? » d’Édouard Deluc (France)
La critique de « Der Da Vinci Timecode » de Gil Alkabetz (Allemagne)
La critique de « The Den » d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita (France)
Les films en compétition
Les autres programmes

 

Et nos anciens articles, en lien avec le Festival Silhouette :

La critique de « Zeitriss » de Quimu Casalprim i Suárez (Allemagne)
La critique de « Echo »de Magnus Von Horn (Pologne)
La critique de « Petit Tailleur » de Louis Garrel (France)
La critique de « Madagascar, carnet de voyage » de Bastien Dubois (France)
L’interview de Bastien Dubois
La critique d’« A Familiy Portrait » de Joseph Pierce (Royaume-Uni)
L’interview de Joseph Pierce
La critique de « Chienne d’histoire » de de Serge Avédikian (France)
L’interview de Serge Avédikian
La critique de « In een Vergeten Moment » de Meno Otten (Pays-Bas)
La critique de « Homeland » de Juan de Dios Marfil Atienza (République tchèque)
L’interview d’Édouard Deluc

M comme Mes années bavaroises

Fiche technique

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Cliquer sur l'image pour voir le film

Synopsis : 1982. J’ai 14 ans ; c’est mon premier voyage en Allemagne, deux semaines chez des correspondants.

Réalisation : Yves Jeuland

Scénario : Yves Jeuland

Genre : Documentaire

Durée : 6’7’’

Pays : France

Année : 2009

Production : ARTE France, Forum des images, Trois Fois Plus, ARTE France Développement

Article associé : la critique du film

O comme O’Moro

Fiche technique

Synopsis : Naples, fin des années cinquante. Un carabinier, colosse taciturne que son chef surnomme O’Moro, “Le Maure”, a pour mission d’arrêter la racaille de la ville. Un matin, sur le port, la rencontre d’une gitane va changer le cours de sa vie.

Réalisation : Christophe Calissoni et Eva Offredo

Genre : Animation

Durée : 11’50’’

Pays : France

Année : 2009

Son : Denis Vautrin

Montage : Christophe Calissoni

Musique : Mathias Duplessy

Interprétation : Jean-François Morel, Eva Huebra

Production : Je Suis Bien Content Production

Article associé : la critique du film

F comme Les fruits de mer

Fiche technique

fruits

Synopsis : Catherine et Brigitte ont un point commun, l’amour des fruits de mer…

Réalisation : Brigitte Sy

Genre : Documentaire

Année : 2009

Durée : 3’52’’

Pays : France

Synopsis : Catherine et Brigitte ont un point commun, l’amour des fruits de mer…

Interprétation : Brigitte Sy, Catherine Kapusta-Palmeret

Image : Frédéric Serve

Son : Yves-Marie Omnes

Montage : Marie-Pierre Frappier

Production : Chaz productions

Distribution : Chaz productions

Article associé : la critique du film

Arte. Culture court

Après s’être baladé il y a un mois du côté de 6nema.com, le virtuel s’est pris au goût des films en ligne. Du côté de chez Arte, la chaîne culturelle européenne, quelques courts restent visibles au-delà de leur date de diffusion, que ce soit dans le magazine « Court-circuit », dans la collection « Caméra de poche » ou dans la série « 10 courts contre le sida ».

À ARTE, le court métrage s’active dans une case hebdomadaire définie en soirée (le mercredi, à 0h25). Regards originaux, œuvres internationales et vidéos de jeunesse : l’émission « Court-circuit » s’est offert de l’éclectique à souhait pendant treize ans. Depuis plus de trois ans, la chaîne va plus loin : « Court-circuit OFF » occupe le Net en guise de complémentarité à l’antenne et d’interactivité avec le téléspectateur. Quelques uns de ces points de vue particuliers, personnels et originaux, d’auteurs français comme étrangers, restent même en ligne, accessibles librement à la consultation de ceux qui auraient raté leurs passages télévisés. L’info est de taille quand on connaît la difficulté de trouver des bons films courts en accès libre et en bonne qualité. Plus besoin donc de veiller tard pour voir ses titres favoris.

El Empleo de Santiago Grasso

Lauréat du Prix Fipresci en 2009, « El Empleo », de Santiago Grasso, est le tout premier film argentin primé à Annecy, depuis la création du Festival. Révélation de cette édition, il mêle subtilement passivité du quotidien, individus-objets, et sobriété du dessin.

Tic, tac, tic, tac. 7h15. L’homme à la tête en forme d’index se réveille, se gratte, et sort de son lit. Il se rase, avale un biscuit et un café, renoue sa cravate, hèle un taxi pour rejoindre le bureau. Une fois arrivé, il attrape de justesse l’ascenseur, et dépose ses affaires dans son casier, avant de se mettre au travail. Une nouvelle journée commence.

Dépourvu de tout dialogue, « El Empleo » est un film éloquent, à plus d’un titre. Le décalage surgit devant la représentation d’un univers incongru dans lequel les individus sont relégués au rang et à l’usage d’objets. Dans ce monde, chacun travaille, quelque soit la fonction à accomplir et l’effacement de soi à accepter. Sans distinction, hommes et femmes sont au service les uns des autres, faisant office de meubles, de porte-manteaux, de porte-clés, de feux de signalisation, de transports, ou même de contre-poids d’ascenseurs.

Le film interpelle par sa problématique universelle. Entre critique sociétale et humour raffiné, « El Empleo » livre un regard différent et original sur les notions de travail, de monde en crise, et d’exploitation de l’homme par l’homme. Pour servir sa mécanique domestiquée, Santiago Grasso fait appel à un humour fin et absurde, proche de Ionesco, et à un dessin simple et dépouillé, incrusté de regards vides, sans âme ni espoir.

L’intelligence d’« El Empleo » tient aussi et surtout à sa chute touchante. “M. Index” s’installe à son poste, celui d’homme-paillasson, sous les ordres et les pieds de son patron. À la différence de ses congénères, il sort de son silence et de sa passivité, en poussant un soupir à peine audible. L’humanité s’exprime. Malgré tout.

Les fruits de mer de Brigitte Sy

Titre : Silence=mortes. Sous-titre : 10 films pour les 20 ans d’Act Up. Présenté cette année au festival de Pantin et multi-diffusé sur Arte, « Les fruits de mer » est l’un des dix films articulés autour de témoignages de femmes confrontées au virus du sida.

« Tu parles en ton nom, je parle en mon nom. L’important, c’est que ce soit une histoire personnelle ». À gauche, Catherine, ancienne travailleuse dans la mode, aujourd’hui militante d’Act Up. À droite, Brigitte, actrice, réalisatrice de courts et de longs métrages.

fruits

À mille lieux d’un témoignage télévisé obscène/racoleur sur le sida, ce documentaire criant de vérité, tourné au restaurant autour d’un plateau de fruits de mer, met en scène deux femmes que tout pourrait opposer mais qui sont reliées par le hasard d’un virus commun. Comme deux copines, elles parlent en mangeant, enchaînent les verres (« je ne peux pas parler de ça au monde entier sans picoler » dit Brigitte) et osent avancer les mots là où le tabou et la honte encerclent encore le sujet. Parler, rire, dénoncer la lâcheté des hommes les ayant infectées, ironiser sur le nom des médicaments, attraper un bout de pain, gober une huitre, cela se fait comme si la caméra n’existait pas. Et pourtant, Brigitte Sy réalise avec « Les fruits de mer » un documentaire des plus touchants et – forcément – des plus personnels. Pour la première fois, elle évoque ce qui fait partie d’elle et parle du film comme une délivrance. Pour le spectateur, c’est une décharge, une émotion, un apprentissage. On peut rire du sida.

O’Moro d’Eva Offrédo et Christophe Calissoni

On peut aimer un film pour un caleçon envahi de Ti Amo, pour la bêtise d’un carabinier en chef, pour une musique gaie et envoûtante, pour un univers coloré ou pour un désir de liberté. À Lille comme à Angers, « O’Moro » nous a tapé dans l’œil, il rejoint enfin les autres films référencés sur le site.

Partagé entre son devoir et ses racines, un carabinier maure entame sa journée quotidienne à Naples aux côtés de son supérieur dans le but de traquer les brigands du coin lorsqu’il est contraint d’arrêter une gitane accusée de vol. La belle s’étant envolée comme par miracle, O’Moro subit les foudres de son collègue et se retrouve rétrogradé à la fonction de simple agent de la circulation. Suite à cette rencontre fortuite, O’Moro commence à redéfinir ses priorités et à relativiser son existence.

Réalisé en duo, « O’Moro » se laisse apprécier comme un théâtre de pantins gesticulants, où un air de fête nous invite à entrer et où les vieux rêves enfouis nous récupèrent à la sortie. Bravo à Eva Offrédo et Christophe Calissoni : leur film est lumineux.

Mes années bavaroises de Yves Jeuland

L’une des cinq vidéos tournées sur téléphone portable autour du thème « Les années 80 » se nomme « Mes années bavaroises ». Yves Jeuland, son auteur, raconte sous la forme d’un journal intime ses souvenirs de jeunesse d’il y a trente ans. Muni de son téléphone, il filme les retrouvailles de ses correspondants allemands et français en 2008.

Les années 80. En y réfléchissant, les autres réalisateurs de cette série fictionnalisent des événements ayant fait parler d’eux (la catastrophe de Tchernobyl, la disparition du général Pinochet, l’abolition de la peine de mort en France ou encore le succès planant de Plastic Bertrand). À l’inverse, Yves Jeuland prend comme point de départ une histoire n’ayant pas fait les gros titres des journaux car c’est la sienne. « Mes années bavaroises » est une réflexion sur le temps qui passe, un bilan sur le moment présent, et un questionnement sur la vieillesse, la valeur de l’amitié et du passé. Des années bavaroises ? Peut-être. Une interrogation à haute voix sur une certaine époque, captée dans la mémoire de toute une génération et d’un outil de communication, à coup sûr.

Katia Bayer

Consulter les fiches techniques d’ « El Empleo », « Les fruits de mer », « O’Moro », « Mes années bavaroises »

Silhouette, les autres programmes

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Focus Allemagne

• MEINE ELTERN (MES PARENTS)
Neele Vollmar – CAROLINE DAUBE / FILMAKADEMIE BADEN-WÜÜRTTEMBERG
Allemagne | 2003 | 18’ | Fiction

• BILDFENSTER | FENSTERBILDER (CADRES)
Bert Gottschalk – AUTOPRODUIT
Allemagne | 2007 | 06’ | Expérimental

• BECAUSE
Tom Tykwer – X FILME
Allemagne | 1990 | 33′ | Fiction

• DANGLE
Phil Traill – AV MEDIEM
Royaume-Uni | 2003 | 6′ | Fiction

• TOKYO EN MET TROP
Jan Verbeek – AUTOPRODUIT
Japon, Allemagne | 2004 | 5′ | Documentaire

• HOCHHAUS
Nikias Chryssos – FILMAKADEMIE BADEN-WÜRTTEMBERG
Allemagne | 2006 | 38’30| Fiction

• APPLE ON TREE
Astrid Rieger & Zeljko Vidovic – AUTOPRODUIT
Allemagne | 2006 | 4’50’ | Animation

• ALWAYS CRASHING IN THE SAME CAR
Marcus Weiler – FILMAKADEMIE BADEN-WÜRTTEMBERG
Allemagne | 2002 | 6′ | Fiction

• ICH BIN’S HELMUT
Nicolas Steiner – FILMAKADEMIE BADEN-WÜRTTEMBERG
Allemagne | 2009 | 11’40 | Expérimental, fiction

• RADFAHRER
Marc Thümmler – AUTOPRODUIT
Allemagne | 2009 | 27’41 | Documentaire, expérimental

• BETTY B & THE THE’S
Felix Stienz – STRANGE ENOUGH PICTURES
Allemagne | 2009 | 13′ | Fiction

• ZEITRISS
Quimu Casalprim et Suárez – DAGMAR EGE
Allemagne | 2009 | 11′ | Expérimental

• NEVER DRIVE A CAR WHEN YOU’RE DEAD
Gregor Dashuber – HOCHSCHULE FÜR FILM UND FERNSEHEN (HFF) « Konrad Wolf »
Allemagne | 2009 | 09’50 | Animation

• HUNGER
Carolina Hellsgård – FILMGESTALTEN
Allemagne | 2009 | 17’40 | Fiction

Documentaires

• CHILDREN OF KAROSTA
Janis Jurkovskis | Baltic Film and Media School
Lituanie | 2010 | 28′ | Documentaire

• UN AMI EST PARTI
Delphe Kifouani | GSARA
Sénégal / France / Belgique | 2008 | 21′ | Documentaire

• LA PATRONA
Lizzette Argüello | INDEPENDIENTE
Mexique | 2009 | 4’50 | Documentaire

• SZESC TYGODNI (SIX WEEKS)
Marcin Janos Krawczyk | STARON FILM SC, TVP S.A.
Pologne | 2009 | 18′ | Documentaire

• LA MAISON DE CÉDRIC
Aurélie Mertenat | HAUTE ÉCOLE D’ART ET DE DESIGN DE GENÈVE
Suisse | 2009 | 37′ | Documentaire

• POULE, RENARD, VIPÈRE
Enrique Vega & Damien Froidevaux | ENTRE2PRISES
France | 2009 | 7’3 | Documentaire

• THE DEN
Alain Della Negra | CAPRICCI FILMS
France | 2008 | 30′ | Documentaire

• BOAT DREAMS
Sasha Andrews | NICOLA CLAYTON
Angleterre | 2010 | 08’25 | Documentaire

• LES CHEVEUX COUPÉS
Emmanuel Marre | CENTRE VIDEO DE BRUXELLES
Belgique | 2009 | 25′ | Documentaire

• MATKA (MÈRE)
Jakub Piatek | ANDRZEJ WAJDA MASTER SCHOOL OF FILM DIRECTING, POLISH
FILMMAKERS ASSOCIATION, TVP
Pologne | 2009 | 11′ | Documentaire

• DOLCE VITA
Michael Schwarz | NACHTSCHWAERMERFILM
Allemagne | 2008 | 13′ | Documentaire

• THIS IS IRAN (CET ENDROIT C’EST L’IRAN)
Anonyme
Iran | 2009 | 10′ | Documentaire

Insolites anciens !

• COLETTE
Benoît Herlin | SOTAVENTO
France | 2009 | 26′ | Documentaire

• DOORGAAN
Leendert Pot | ST. GEELPRODUKT
Pays-Bas | 2009 | 10′ | Documentaire

• MAMA, L’CHAIM !
Elkan Spiller | AUTOPRODUIT
Allemagne | 2009 | 05’15 | Documentaire

• MAAILMAMEISTER (WORLD CHAMPION)
Moonika Siimets | OSAKOND
Estonie | 2009 | 35′ | Documentaire

• WO ICH BIN IST OBEN (I’M ALWAYS ON TOP)
Bettina Schoeller – DEPOETICA
Allemagne | 2010 | 18′ | Documentaire

Jeune public

• HEARTSTRINGS
Rhiannon Evans – INTERNATIONAL FILM SCHOOL WALES
Angleterre I 2009 I 2’51 I animation I rhianimator@ymail.com

• PTÄK
Gerhard Funk – HOCHSCHULE DER BILDENDEN KÜNSTE SAAR
Allemagne | 2010 | 6’26 | Animation

• VIOLONCHEL
Tatyana Kurnaeva – SHAR SCHOOL STUDIO
Russie | 2008 | 6’23 | Animation

• LE NOYAU DE MANGUE
Hélène Ducrocq – PRODUCTIONS CHROMATIQUES
France | 2008 | 4′ | Animation

• HOMELAND
Juan de Dios Marfil – FAMU
République Tchèque | 2009 | 6’25 | Animation

• LEBENSADER
Angela Steffen – FILMAKADEMIE BADEN-WÜRTTEMBERG
Allemagne | 2009 | 6′ | Animation

• LE SILENCE SOUS L’ÉCORCE
Joanna LURIE – LARDUX FILMS
France | 2009 | 11′ | Animation

• KATAKOMBO
Michael Zamjatnins – ANIMATIONSFILM

• MIRAMARE
Michaela Muller – ZAGREB FILM
Croatie | 2009 | 8’08 | Animation

• LES BRUITS
Thibault Petrissans – PRODUCTIONS CHROMATIQUES
France | 2009 | 4′ | Animation

• LE SANS-NOM
Violaine Lecuyer – ZADIG PRODUCTIONS
France | 2010 | 12’30 | Animation

• CHERRY ON THE CAKE
Hye bin Lee – ESCAPE FILMS
Angleterre | 2009 | 7’40 | Animation

• COCOON CHILD
Sonja Rohleder – HOCHSCHULE FÜR FILM UND FERNSEHEN
Allemagne | 2009 | 5’ | animation |

• MONSTRE SACRÉ
Jean-Claude Rozec – JPL FILMS
France | 2009 | 9’35 | Animation

• PARADE
Pierre-Emmanuel Lyet – DONCVOILA
France | 2009 | 8′ | Animation

• CUKAS LAIME
Dace Riduze – FILM STUDIO AB
Lettonie | 2009 | 12′ | Animation

• DE SI PRÈS
Rémi Durin – LES FILMS DU NORD
France | 2008 | 13’ | Animation

• TXT ISLAND
Chris Gavin – TANDEM FILMS ENTERTAINMENT AND ANIMATION
Angleterre | 2009 | 3’30 | Animation

• ANNA LOVENSTEIN
Pauline Bureau – VUDEFACE PRODUCTION
France | 2009 | 8’51 | Fiction

• YULIA
Antoine Arditti – METRONOMIC
France | 2009 | 5’52 | Animation

• RED-END AND THE SEEMINGLY SYMBIOTIC SOCIETY
Bethany Forest & Noorda Robin – ROCKETTA FILM
Pays-Bas | 2009 | 14’38 | Animation

• JEAN-FRANCOIS
Bruno Mangyoku & Tom Haugomat – CUBE CREATIVE COMPUTER COMPANY
France | 2009 | 05’49 | Animation

• LE PETIT DRAGON
Bruno Collet – VIVEMENT LUNDI !
France | 2009 | 08’15 | Animation

• DUST KID
Yumi Jung – SENSITIVE BEAR
Corée du Sud | 2009 | 10′ | Animation

• THE INCIDENT AT TOWER 37
Chris Perry – DANIEL INKELES
Etats-Unis | 2008 | 10’48 | Animation

• JUST LIKE THE OTHERS
Jackie Van Beek – BRIDGET FOGARTY
Angleterre | 2009 | 9’47 | Fiction

Hybride

• LUZ
Natalianne Boucher | AUTOPRODUIT
France | 2009 | 6′ | Animation expérimentale

• 50 BLUE
Oded Hirsch | AUTOPRODUIT
Israël | 2009 | 11’20 | Fiction expérimentale

• INTERSTICES
Michel Pavlou | AUTOPRODUIT
Grèce | 2009 | 4′ | Expérimental

• ALL WORK
Nicolas Giraud | LE FRESNOY
France | 2009 | 14’21 | Fiction expérimentale

• HYPNOTIC
Johanna Vaude | AUTOPRODUIT
France | 2010 | 7′ | Expérimental

• JACKIE & JUDY
Phil Harder – AUTOPRODUIT
États-Unis | 2009 | 4′ | Expérimental

• IN EEN VERGETEN MOMENT (TIME WITHIN TIME)
Menno Otten | THE FILMBANK
Pays-Bas | 2009 | 20′ | Documentaire

• UN 45 TOURS DE CHEVEUX (CECI N’EST PAS UN DISQUE)
Frank Beauvais – LES FILMS DU BÉLIER
France | 2009 | 6’25 | Expérimental

• PETITE ANATOMIE DE L’IMAGE
Olivier Smolders | WALLONIE IMAGE PRODUCTION
Belgique | 2009 | 21’ | Expérimental

Séance spéciale # 1 : Dyana Gaye

Dyana Gaye, jeune réalisatrice franco-sénégalaise, est née à Paris en 1975, où elle a étudié le cinéma. Ses courts métrages ont été distingués dans de nombreux festivals. Dyana Gaye est aussi productrice au sein de la société Andolfi.

Séance spéciale # 2 : Surprise !

Séance spéciale # 3 : Cut Up / Quark

Projection d’un numéro inédit de Cut Up sur le thème « Le sexe », suivi d’un florilège – carte blanche de courts documentaires produits par Quark

Le site du festival

Silhouette, les films en compét’

  • BETTY B & THE THE’S de Felix Stienz – STRANGE ENOUGH PICTURES – Allemagne | 2009 | 13′ | Fiction
  • BLIJF BIJ ME, WEG (STAY, AWAY) de Paloma Aguilera Valdebenito – DUTCH FILM AND TELEVISION ACADEMY – Pays-Bas I 2009 I 23’30 I fiction
  • BIRDS GET VERTIGO TOO de Sarah Cunningham – LA FÉMIS – France | 2009 | 20′ | Documentaire
  • LA FEMME À CORDES de Vladimir Mavounia-Kouka – CAÏMANS PRODUCTIONS – France | 2010 | 15′ | Animation
  • ZEITRISS de Quimu Casalprim et Suárez – DAGMAR EGE – Allemagne | 2009 | 11′ | Expérimental
  • GEBOGEN EN GEBOREN (NÉ ET ÉLEVÉ) de Eelko Ferwerda – AUTOPRODUIT – Pays-Bas | 2009 | 3’ | Fiction
  • SUR LA TÊTE DE BERTHA BOXCAR de Soufiane Adel & Angela Terrail – R ! STONE PRODUCTIONS – France | 2010 | 25′ | Fiction
  • ALL ANIMALS de Cynthia Mitchell & Robert Arnold – LATERAL FILMS – Etats-Unis | 2009 | 15’48 | Fiction
  • SINNA MANN (L’HOMME EN COLÈRE) de Anita Killi – NORWEGIAN FILM INSTITUTE – Norvège | 2009 | 20′ | Animation
  • I LOVE LUCI de Colin Kennedy – SIGMA FILMS – Royaume-Uni | 2009 | 12’30 | Fiction
  • THIS IS IRAN (CET ENDROIT C’EST L’IRAN) -Anonyme – Iran | 2009 | 10′ | Documentaire
  • CANICHE de Carl Roosens & Noémie Marsily – ATELIER ZOROBABEL – Belgique | 2010 | 16′ | Animation
  • PETIT TAILLEUR de Louis Garrel – MEZZANINE FILMS – France | 2010 | 43’53 | Fiction
  • DOUNOUIA d’Anthony Quéré & Olivier Broudeur – MEZZANINE FILMS – France | 2009 | 20′ | Fiction
  • NORA SA MI PACI (I LIKE NORA) d’Aramisova & Jakub Slama – FAMU – République Tchèque | 2009 | 12′ | Fiction
  • UM DIA FRIO de Claudia Varejão – FILMES DO TEJO – Portugal | 2009 | 26′ | Fiction
  • KEINE ANGST VORM ENDLAGER ! (N’AYONS PAS PEUR DES SITES DE STOCKAGE !) de Till Penzek & Jon Frickey – TILL PENZEK (SFA) – Allemagne | 2008 | 2’20 | Animation
  • LAS PELOTAS de Chris Niemeyer – PLAN B FILM GMBH – Suisse | 2009 | 14’45 | Fiction
  • ECHO de Magnus Von Horn, – KRAKOW FILM FOUNDATION – Pologne | 2009 | 15′ | Fiction
  • MADAGASCAR, CARNET DE VOYAGES de Bastien Dubois – SACREBLEU PRODUCTIONS – France | 2009 | 12′ | Animation
  • L’ÉCLUSIER de Nicolas Boucart – HELICOTRONC – Belgique | 2009 | 26′ | Fiction
  • THE COW WHO WANTED TO BE A HAMBURGER de Bill Plympton – PLYMPTOONS – États-Unis | 2010 | 5’50 | Animation
  • EFECTO DOMINO de Gabriel Gauchet – ESCUELA INTERNACIONAL DE CINE Y TELE & KUNSTHOCHSCHULE FÜR MEDIEN KÖLN – Cuba | 2010 | 27’40 | Fiction
  • PREMIER ANNIVERSAIRE de Pascal Rambert – LES FILMS DU BÉLIER – France | 2009 | 12’25 | Fiction
  • DER DA VINCI TIMECODE de Gil Alkabetz – Autoproduit – Allemagne | 2009 | 3′ | Animation
  • BINGO de Timur Ismailov – NETHERLAND FILM & TELEVISION ACADEMY – Pays-Bas | 2009 | 27’40 | Fiction
  • THE SIX DOLLAR FIFTY MAN (L’HOMME QUI VALAIT SIX…DOLLARS CINQUANTE) de Mark Albiston & Louis Sutherland – STICKY PICTURES LIMITED – Nouvelle-Zélande | 2009 | 15′ | Fiction
  • A FAMILY PORTRAIT (PORTRAIT DE FAMILLE) de Joseph Pierce – FIFTY NINE PRODUCTIONS – Royaume-Uni | 2009 | 4’30 | Animation
  • ELEFANTENHAUT (PEAU D’ÉLÉPHANT) de Severin Fiala & Ulrike Putzer – UFMDK – Autriche | 2009 | 35′ | Fiction
  • THIS IS ALASKA de Mårten Nilsson & Gunilla Heilborn – GNUFILM – Suède | 2009 | 11′ | Fiction
  • VIS-A-VIS de Fred De Loof – WITLOOF PRODUCTION – Belgique | 2009 | 13’35 | Fiction
  • MONSIEUR L’ABBÉ de Blandine Lenoir – LOCAL FILMS – France | 2010 | 35′ | Fiction
  • SCHLAF (SOMMEIL) de Franck Braun & Claudius Gentinetta – gentinettafilm – Suisse | 2010 | 04’07 | Animation
  • SEGAL de Yuval Shani – TEL AVIV FILM AND TELEVISION SCHOOL – Israël | 2009 | 24′ | Fiction
  • CHIENNE D’HISTOIRE de Serge Avédikian – SACREBLEU PRODUCTIONS – France | 2009 | 15’30 | Animation
  • JÄTTÄÄ de Julie Carrière – MEDIADIFFUSION – Belgique | 2009 | 17’06 | Fiction
  • HUNGER de Carolina Hellsgård – FILMGESTALTEN – Allemagne | 2009 | 17’40 | Fiction
  • CHACUN SON GOÛT de Hyun-hee Kang – QUARK PRODUCTIONS – France | 2010 | 02’29 | Animation
  • LE RESCAPÉ d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux – NOODLES PRODUCTION – France | 2010 | 33′ | Fiction
  • WAKARANAI BUTA (IN A PIG’S EYE) d’Atsushi Wada – TOKYO UNIVERSITY OF THE ARTS – GRADUATE SCHOOL OF FILM AND NEW MEDIA – Japon | 2010 | 10’10 | Animation
  • ¿ DONDE ESTA KIM BASINGER ? d’Edouard Deluc – BIZIBI PRODUCTIONS – France | 2009 | 30′ | Fiction
  • THREAD de Lilium Leonard – AUTOPRODUIT – Inde | 2009 | 20′ | Fiction
  • SUNSTROKE (INSOLATION) de Lili Horvath – ECCO FILM – Allemagne | 2009 | 35′ | Fiction
  • SAG ‘JA ZUM PAPST (DITES OUI AU PAPE !) de Till Penzek & Jon Frickey – TILL PENZEK (SFA) – Allemagne | 2008 | 2’20 | Animation
  • UN 45 TOURS DE CHEVEUX (CECI N’EST PAS UN DISQUE) de Frank Beauvais – LES FILMS DU BÉLIER – France | 2009 | 6’25 | Expérimental
  • ATLANTIQUES de Mati Diop – LE FRESNOY – France | 2009 | 16′ | Documentaire

Festival Courtscourts, les films programmés

  • Cendrillon du pied gauche, de Benjamin Lehrer, 2009. Fiction, 13mn 30.
  • The Mistake, François Michel , 2010. 11 mn 45
  • Motus, Didier Guérin, 2010. Fiction, 14 mn 07
  • Le chat noir, Tristan Convert, 2010. Fiction, 14mn.
  • Résistance, Cyril Lorin 2010, fiction. 20 mn.
  • Un Matin, de Olivier Bonnet , 2008. Fiction 06’40 ».
  • Cheveu, de Julien Hallard, 2010. Fiction, 18mn.
  • Paranoia, Ellis Chan. 2009. Fiction. 12 mn 43.
  • 50 cents, Mathieu Pujol, 2009. Fiction, 10 mn 20 .
  • Le crocodile du Dniepr, Nicolas Engel, 2010, 11 mn
  • Nijuman no borei- 200000 fantômes, Jean-Gabriel Périot , 2007. Experimental, 10mn 40.
  • La métaphore du manioc, Lionel Meta, 2010. Fiction, 14’57 ».
  • Y’a un os, de Arnaud Southon. 2010. Animation. 6mn12.
  • Hassan et Amira-Lettres d’hotels, Gesa Mathhies, 2009. Experimental. 4 mn 42.
  • En dehors de l’eau, Cyrus Neshvad, 2010, 14 mn 50. Luxembourg.
  • Planter des rêves, Pierre-Antoine Carpentier , 2009, 15 mn 50
  • Une mignardise, de Jean Berthier , 2010 . Fiction 16’40 »
  • La promesse du crépuscule, Aki Yamamoto, 2009. Fiction 17 mn. Japon.
  • L’oiseau, de Samuel Yal, 2009. Animation. 9mn 55.
  • A main nue, de Stéphane Demoustier et Guillaume Foresti. 2009. Fiction 12mn 52 .
  • Peanuts, Florent Pallares, François Jop et David Zago. 2010. Fiction, 5 mn.

Composition du jury : Christophe Le Masne, Gilbert Giraud, Dominique Postera, Florent Verdier, Michèle van Panhuys-Sigler

Le site du festival : www.festivalcourtscourts.fr

Surgir ! (l’Occident) de Grégoire Letouvet

« Beau pays, grand pays, que ta terre brûle nos pas ! Viens à nous comme nous venons à toi ! »

En sortant de La Femis (section Son) en 2009, Grégoire Letouvet a réalisé et composé un film-opéra intitulé « Surgir ! (l’Occident) ». Présenté cette année à Hors Pistes et sélectionné en compétition internationale à Locarno, ce court métrage pose un regard sensible sur le rêve et la désillusion de l’immigration tout en proposant un nouveau genre hybride.

S’ouvrant sur un plan emblème de la Colonne de la Bastille (un clin d’œil à l’Opéra ?) à Paris, cette « fable-opéra en 6 tableaux » établit d’emblée la scène de l’action. Laszlo et sa femme Ana, nouvellement arrivés en France, feront tour à tour face à des difficultés professionnelles, des visites familiales malencontreuses et des conflits avec la loi pour se retrouver confrontés à l’échec de leur aspiration à un avenir meilleur. Un sujet potentiellement lourd si ce n’est que la forme inédite en fait un mélange entre un véritable mélodrame – au sens musical – et un tour de force du théâtre brechtien.

Musicalement, Letouvet structure sa composition post-tonale à l’instar d’un ballet opératique avec des tableaux et des scènes fort caractérisés par une unité musicale. Le Star Pop Orchestra sous le bâton de Mathias Charton et l’Ensemble vocal des Grandes Écoles sous la direction de Sylvio Segantini exécutent cette partition complexe et éclectique avec brio. Celle-ci se compose d’harmonies tantôt post-romantiques tantôt atonales. Marquée par des ostinati et des rythmes syncopés, elle alterne des silences austères et une orchestration riche et retentissante. Stylistique, la composition est plutôt proche de la Seconde École de Vienne, même si la bande-son lyrique, elle, passe d’un Sprächgesang vigoureux à la mélodie française à la Duparc. Il convient ici de mentionner également l’excellente interprétation du baryton Simon de Gliniasty et de la soprano Charlotte Plasse dans les rôles principaux.

Sur le plan narratif, le récit, avec son côté syndicaliste de gauche, renvoie aux films engagés comme « Mutter Küsters’ Fahrt zum Himmel » de Fassbinder, ou encore à la pièce de théâtre musicale Dreigroschenoper de Brecht/Weill, d’autant plus qu’il vire progressivement vers une théâtralité statique à travers une chorégraphie de gestuelles figées qui, tout comme les regards face caméra ou la citation finale de Breton (« Osiris est un dieu noir »), provoque une grande distanciation chez le spectateur, tout en l’interpellant et en l’invitant à activement construire du sens dans le récit. Si on pourrait justement regretter le traitement d’un fond fort élaboré par le biais d’une forme qui ne l’est pas moins, on admettra néanmoins le grand mérite du travail de Letouvet d’avoir inventé par le biais de ce film-opéra un genre à part qui marie parfaitement les deux arts narratifs sans que l’un soit soumis aux exigences de l’autre.

Adi Chesson

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S comme Surgir ! (l’Occident)

Fiche technique

Synopsis : Un couple d’immigrés arrive par bateau sur le sol français. Pleins d’espoirs en l’avenir, ils devront affronter la violence des sophismes et les chimères sociales de leur temps.

Genre : Fiction

Durée : 36′

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Grégoire Letouvet

Scénario : Grégoire Letouvet

Musique : Grégoire Letouvet

Image : Elie Girard, Dimitri Burdzelian

Montage : Orianne Ramseyer

Interprétation : Simon De Glinisaty, Charlotte Plasse, Vincent Le Texier, Jean-Marc Salzmann, Nicolas Bercet,
Franck Delage, Brice Poulot, Jean-Jacques David

Production : La Femis

Articles associés : la critique du film

J comme Jeux de plage

Fiche technique

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Synopsis : Une villa isolée dans les calanques de Cassis. Eric a dix huit ans et supporte mal de passer des vacances en famille. Un soir du 15 août, il décide d’aller faire la fête seul.

Genre : Fiction

Durée : 27’18’’

Pays : France

Année : 1995

Réalisation : Laurent Cantet

Scénario : Laurent Cantet

Image : Pierre Milon

Montage : Thomas Bardinet

Mixage : Camille Chenal

Son : François Maurel

Interprétation : Jean Lespert, Djellil Lespert, Julia Minguet

Production : Sérénade Productions

Article associé : la critique du film

Jeux de plage de Laurent Cantet

« T’as décidé de m’emmerder ce soir ? »

Bien avant « Ressources humaines » et « Entre les murs », Laurent Cantet a conçu « Jeux de plage », un court centré sur le rapport au père, les préoccupations générationnelles, le non-dit et le sentiment de honte, présenté cette semaine au festival de Locarno.

Dans les Calandes, Éric, un garçon de 18 ans délaisse la villa familiale pour retrouver l’animation du village et l’insouciance d’un groupe de jeunes gens de son âge. Denis, son père, refusant son désir d’indépendance, se met à le suivre et à l’épier, malgré les tentatives de ce dernier de le repousser. Lorsque les amis d’Éric découvrent que Denis les a surpris nus à la plage, l’humiliation du jeune homme atteint son paroxysme.

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D’un côté, le scénario de Laurent Cantet identifie un jeune homme séduisant, insouciant, en pleine force de l’âge, en quête de liberté et d’exploration sexuelle. De l’autre, se profile la figure du père, un homme mûr, maladroit, voyeur et étouffant aux yeux de son fils, refusant la distance établie par celui-ci. Entre les deux, une relation complexe, déchirée, troublante, sacrifiée, faite de tendresse et de rancœur.

À plusieurs reprises, Éric tente de semer son père : en lui faussant compagnie, en se cachant, en le remerciant de sa discrétion, … Inévitablement, le père reste dans les parages pour quelques miettes de plus : ces moments pendant lesquels il est le témoin distant de la vie de son fils à défaut d’en être l’interlocuteur direct.

Un père, un fils. Une fiction, une réalité. « Jeux de plage » se joue entre Djellil et Jean Lespers, unis à la vie comme à l’écran. Leur relation originelle, intime, fort probablement nourrie de différents comme de rapprochements, dote le film d’un parfum rare : un sentiment de vérité.

Exploration des limites, justesse de ton, double portrait de la filiation et de la paternité, pudeur des sentiments, impudeur des corps, … Avec « Jeux de plage », Laurent Cantet pose une intrigue et offre un film, son deuxième, après « Tous à la manif », entre profondeur, secret et désir.

Katia Bayer

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Visionner « Tous à la manif » sur le site de Telerama.fr

La 67ème Mostra de Venise : la sélection courts métrages

À l’occasion de la Biennale de Venise, la 67ème édition de la Mostra Internazionale d’arte cinematografica se déroulera entre le 1er et le 11 septembre 2010. Ci-dessous, un aperçu des courts métrages présentés cette année. Une sélection bien nourrie qui se déploie sur trois thématiques : « Orizzonti : nouvelles tendances dans le cinéma mondial », « Controcampo Italiano : nouvelles tendances dans le cinéma italien » et « Hors Compétition » qui redonne une visibilité à des réalisateurs déjà présents lors des éditions précédentes.

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Orizzonti : nouvelles tendances dans le cinéma mondial

DOUG AITKEN – « HOUSE »
USA, 9′, expérimental
Marilyn Aitken, Robert Aitken

VICTOR ALIMPIEV – « SLABYJ ROT FRONT » (WEAK ROT FRONT)
Russie, 12′, expérimental film

YURI ANCARANI – « IL CAPO »
Italie, 15′, documentaire

MAURO ANDRIZZI – « EN EL FUTURO »
Argentine, 52′

MARTIN ARNOLD – « SHADOW CUTS »
Autriche, 5′, expérimental

GUILLERMO ARRIAGA – « EL POZO »
Mexique, 8′
Humberto Berlanga, Francisca Urquieta

NUNTANAT DUANGTISARN – « WOMAN I »
Thaïlande, 20′
Nophand Boonyai, Jenjira Pongpas

FLATFORM – « NON SI PUÒ NULLA CONTRO IL VENTO »
Italie, 6′, expérimental

VINCENT GALLO – « THE AGENT »
USA, 13′
Sage Stallone, Vincent Gallo

WENHAI HUANG – « QIAO » (CRUST)
Chine, 13′, documentaire

HARALD HUND, PAUL HORN – « MOUSE PALACE »
Austriche, 10′, expérimental

KEN JACOBS – « A LOFT » [HORS COMPETITION]
USA, 16′, expérimental

CHAISIRI JIWARANGSAN – « NOK KA MHIN » (FOUR SEASONS)
Thaïlande, 11′
Roongrit Sri-in-noi

ISAAC JULIEN – « BETTER LIFE »
Royaume-Uni, Chine, 55′
Maggie Cheung, Zhao Tao, Yang Fudong

ISAAC JULIEN – « THE LEOPARD » [HORS COMPETITION]
Royaume-Uni, Italie, 20′
Vanessa Myrie, Juliette Barton, Saiko Kino, Riccardo Meneghini, Kyoung-Shin Kim, Alexander Varona

RUSTAM KHAMDAMOV – « BRILIANTY » (DIAMONDS)
Russie, 26′
Diana Vishneva, Renata Litvinova, Dmitri Mulyar

CLARA LAW – « CHI DI » (RED EARTH)
Chine-Hong Kong, Australie, 21′
Daniel Wu

CARLO LIBERATORE, ANTONIO IACOBONI, STEFANO IANNI, MARCO CASTELLANI, ET AUTRES – « UN ANNO DOPO – PROGETTO MEMORY HUNTERS » [HORS COMPETITION]
Italie, 22′, documentaire

ARMIN LINKE, FRANCESCO MATTUZZI – « FUTURE ARCHAEOLOGY »
Italie, Allemagne, 20′, documentaire

MARKUS LOEFFLER, ANDRÉE KORPYS – « ATOM »
Allemagne, 30′, expérimental

BERTRAND MANDICO – « LIF OG DAUDI HENRY DARGER » (THE LIFE AND DEATH OF HENRY DARGER)
France, Islande, 6′
Arnardottir Arpa, Gudmundsson Karl, Lemarquies Tomas

JESSE MCLEAN – MC MCLEAN – « MAGIC FOR BEGINNERS »
USA, 20′, expérimental

GALINA MYZNIKOVA, SERGEY PROVOROV – « VOODHUSHEVLENIE » (INSPIRATION)
Russie, 45′, expérimental

MANOEL DE OLIVEIRA – « PAINÉIS DE SÃO VICENTE DE FORA, VISÃO POÉTICA »
Portugal, 16′
Ricardo Trepa, Diogo Dòria

DAVID O’REILLY – « THE EXTERNAL WORLD »
Allemagne, 15′, animation

LAILA PAKALNINA – « PA RUBIKA CELU » (ON RUBIK’S ROAD)
Lettonie, 30′, documentaire

RAFAEL PALACIO ILLINGWORTH – « MAN IN A ROOM »
USA, Mexico, Switzerland, 6′
Noah Britton

ARNAUD DES PALLIÈRES – « DIANE WELLINGTON »
France, 15′, expérimental

JEAN GABRIEL PÉRIOT – « LE BARBARES »
France, 5′, expérimental

SASHA PIRKER – « THE FUTURE WILL NOT BE CAPITALIST »
Autriche, 19′, documentaire

LUIZ PRETTI – « O MUNDO È BELO »
Brazil, 9′, expérimental
Themis Memória

NICOLAS PROVOST – « STARDUST »
Belgium, 20′, expérimental
Jack Nicholson, Dennis Hopper, Jon Voight

SJ. RAMIR – « COLD CLAY, EMPTINESS… »
Nouvelle Zélande, 7′, expérimental

EMILY RICHARDSON – « THE FUTURIST »
Royaume-Uni, 4′, expérimental

ROEE ROSEN – « TSE » (OUT)
Israël, 34′
Ela Shapira, Yoana Gonen

JOSH AND BENNY SAFDIE – « JOHN’S GONE »
USA, 21′
Benny Safdie, Jordan Valdez, Dakota Goldhor, Juan Waters

SEMICONDUCTOR (RUTH JARMAN, JOE GERHARDT) – « INDEFATIGABLE »
Équateur, Royaume-Uni, 7′, documentaire

XUN SUN – « 21 KE » (21 GRAMS)
Chine, 29′, animation

ELINA TALVENSAARI – « MITEN MARJOJA POIMITAAN » (HOW TO PICK BERRIES)
Finlande, 19′, documentaire

OLEG TCHERNY – « LA LINEA GENERALE »
France, 16′, expérimental

PETER TSCHERKASSKY – « COMING ATTRACTIONS »
Autriche, 25′, expérimental

HANNES VARTIAINEN, PEKKA VEIKKOLAINEN – « ERÄÄN HYÖNTEISEN TUHO » (THE DEATH OF AN INSECT)
Finlande, 7′, expérimental

ATSUSHI WADA – « HARU NO SHIKUMI » ( MECHANIC OF SPRING)
Japon, 5′, animation

OLIVIER ZABAT – « FADING »
France, 58′, documentaire expérimental

ISHTIAQUE ZICO – « 720 DEGREES »
Bangladesh, 5′

GEORGIOS ZOIS – « CASUS BELLI »
Grèce, 11′
Marisha Triantafyllidou, Tzeni Theona, Iris Ponkena, Hlias Gkoyiannos, Alekos Vassilatos, Antonis Tsiotsiopoulos, Yorgos Biniaris, Lampros Filippou

Controcampo Italiano : nouvelles tendances dans le cinéma italien

MICHELA CESCON – « COME UN SOFFIO »
Italie, 7′
Valeria Golino, Alessio Boni

ANDREA COSTANTINO – « SPOSERÒ NICHI VENDOLA »
Italie, 16′
Anita Zagaria, Paolo De Vita, Teodosio Barresi, Giustina Buonomo

ROBERTO DE PAOLIS – « BASSA MAREA »
Italie, 15′
Giulio Stasi, Gisella Burinato, Girogio Colangeli, Eva Miella

GIORGIA FARINA – « ACHILLE »
Italie, 19′

SIMONE GODANO, LEONARDO GODANO – « NIENTE ORCHIDEE »
Italie, 14′
Giuseppe Fiorello, Valeria Solarino, Nello Mascia, Marianna Raschillà

GIANCARLO ROLANDI, STEVE DELLA CASA – « FLAIANO: IL MEGLIO È PASSATO » [HORS COMPETITION]
Italie, 52′, documentaire
Sandra Milo, Giuliano Montaldo

Hors Compétition

GIANFRANCO GIAGNI – DANTE FERRETTI – « PRODUCTION DESIGNER »
Italy, 52′, documentaire
Dante Ferretti

ANTONELLO SARNO – « LA PRIMA VOLTA A VENEZIA »
Italie, 43′
Toni Servillo, Nello Mascia, Geppy Geijeses, Salvatore Ruocco

YUAN ZHANG – « TAIKONG XIA 3D » (SPACE GUY)
Chine, 11′, animation

Consultez le site du festival

 

Joachim Lafosse : Avant (et après) les longs

Cette année, Joachim Lafosse sera présent au 63e Festival de Locarno avec pas moins de deux films, deux courts métrages plus précisément.

Le premier, « Tribu » (2001), est son film d’école réalisé à l’IAD (Institut des Arts de Diffusion) et aussi son coup d’essai. Il sera projeté en séance spéciale ’20 ans de Pardi di Domani’, une section du festival consacrée aux courts métrages de jeunes cinéastes prometteurs pas encore passés au long, où on retrouve des auteurs confirmés comme Ursula Meier (Suisse), Laurent Cantet (France) ou Cristi Puiu (Roumanie).

« Avant les mots », c’est le titre du deuxième court que viendra présenter l’auteur de « Nue Propriété » (2006) et d’« Elève Libre » (2008). Ce documentaire de création, produit par Les Films du Bélier, a été réalisé dans le cadre d’une carte blanche proposée par le Théâtre de Gennevilliers etdirigée par Olivier Assayas. Cette carte blanche avait déjà vu naître en 2008 les oeuvres courtes de Jean-Paul Civeyrac (« Malika s’est envolée ») et de Shinji Aoyama (« Le petit chaperon rouge »). Cette année Bertrand Bonello et Lodge Kerrigan sont avec Lafosse les cinéastes invités par Assayas.

Tribu

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Un babillage d’enfant et une comptine en flamand viennent accompagner le générique de début de « Tribu », suivis de la dédicace « à nos idéaux déçus ». Le ton est donné. La lune de miel est terminée. Le film s’ouvre sur une scène violente de dispute entre des parents divorcés qui se déchirent autour de la figure du fils, devenu grand, à l’évidence plus proche du camp maternel.
Le père a refait sa vie avec une femme qui a déjà un enfant et qui en attend un de lui. Il essaye maladroitement de se rapprocher de son fils pour lui annoncer qu’il va avoir un demi-frère. Ce nouveau-né sera malgré tout celui qui les réunira au final.

« Tribu » a les qualités et les défauts d’un premier film. Les qualités car le scénario de Lafosse contient déjà les thèmes qu’il abordera dans ses longs métrages : la cellule familiale comme berceau de la rupture, le rapport problématique à la sexualité et la question de la transmission et plus particulièrement de la filiation. En cela, « Tribu » aurait très bien pu donner lieu à un long métrage car on est loin de l’anecdotique que l’on croise malheureusement souvent dans le court métrage. Lafosse démontre déjà son aisance dans l’installation de son récit et la force de ses personnages. Il semble voir plus loin que le format. Il n’échappe pourtant pas à certains tics esthétisants comme cette boulimie de fondus au noir qui finissent par agacer plus que suggérer. Il endosse là le costume de l’étudiant en cinéma qui veut impressionner avec des artifices malheureusement un peu usés.

Avant les mots

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Dix ans séparent « Tribu » de « Avant les mots ». Lafosse a tourné quatre longs entre temps et s’est hissé parmi les jeunes auteurs européens qui comptent. C’est donc avec attention qu’on découvre ce court métrage, le deuxième seulement de sa filmographie. On est d’abord surpris car il délaisse la fiction pour choisir le documentaire. Il quitte aussi le monde des adultes en consacrant son film à Cédric, un enfant de deux ans lors de sa journée à la crèche de Gennevilliers. Cédric tient depuis peu sur ses jambes mais se cache déjà derrière ses lunettes qu’il a solidement attachées derrière la tête. Les verres se retrouvent vite mouillés par ses larmes lorsque sa maman le quitte comme tous les matins pour le laisser avec l’assistante maternelle. La tragédie est quotidienne, pourtant elle a le goût salé des premières fois.

La caméra de Lafosse est en retrait. Cédric, tout comme les autres enfants de la crèche, ne semble pas la voir. Lafosse dit « vouloir filmer ce qui se passe lorsque nous ne sommes pas là ». On sait depuis longtemps que l’observateur influe sur le comportement de l’observé. Souvent caché derrière une porte, il essaye donc au maximum de se faire oublier. Les scènes, chronologiques, font apparaître la fragilité de Cédric facilement malmené par les autres enfants. Les épisodes de siestes qui viennent ponctuer le film sont autant de moments pour lui de lâcher prise, de ne plus être sur ses gardes face aux autres. Ce sont aussi les plus beaux moments du film. Lafosse filme le réveil de Cédric avec beaucoup de pudeur, on a l’impression d’assister à un moment d’intimité et de vérité. Le film est d’ailleurs basé sur cette sensation, celle d’observer sans être vu, d’assister à quelque chose de quotidien mais rare. Depuis « Tribu », Joachim Lafosse est lui-même devenu père et sa façon de filmer les enfants a peut-être changé suite à cet événement, le regard qu’il porte est moins dur et moins pessimiste. Lui qui est connu pour ses scènes de tensions familiales et frontales trouve ici l’occasion de casser un peu l’image qu’on a de son cinéma et d’explorer de nouvelles pistes, hors de la fiction, hors de Belgique et hors du long. Souhaitons qu’il revienne à la forme courte plus rapidement la prochaine fois, cela lui réussit très bien.

Amaury Augé

Consulter les fiches techniques de « Tribu » et de « Avant les mots »

A comme Avant les mots

Fiche technique

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Synospis : « En filmant le quotidien d’un enfant d’une crèche de Genneviliers, je souhaite tenter de faire naître du cinéma avec un acteur de moins de trois ans. Je désire tenter de faire apparaître un récit sans discours sur le temps de la petite enfance. Juste tenter de filmer ce qui se passe quand nous ne sommes pas là. » – Joachim Lafosse

Genre : Documentaire

Durée : 25′

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Joachim Lafosse

Scénario : Joachim Lafosse

Image : Jean-François Hensgens

Montage : Sophie Vercruysse

Son : Florent Klockenbring

Mixage : Emmanuel Croset

Production : Les Films du Bélier

Article associé : la critique du film

T comme Tribu

Fiche technique

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Synospis : C’est l’histoire de la rigidité et du mouvement au sein d’une famille qui se désagrège.C’est l’histoire d’un fils qui n’a qu’une langue maternelle (le français) et qui découvre la langue paternelle (le néerlandais). C’est l’histoire d’une famille qui cesse d’être un boulet que l’on traîne malgré soi tout au long de sa vie, dans la dépendance et le rejet.

Genre : Fiction

Durée : 24′

Pays : Belgique

Année : 2001

Réalisation : Joachim Lafosse

Scénario : Joachim Lafosse

Image : Michaël Inzillo

Montage : Karen Benainous

Interprétation : Cédric Feckhout, Kriss Cuppens, Jacqueline Bollen, Leïla Putcuitps

Production : IAD

Article associé : la critique du film

Festival de Locarno 2010

Depuis 1946, LFestival del film Locarno 2010ocarno organise un festival de type A et met en lumière les auteurs indépendants, inconnus comme confirmés, ainsi que les films inédits et les nouvelles tendances. Le court métrage y est également mis à l’honneur, notamment à travers les compétitions nationale et internationale et la sélection « Pardi di Domani » consacrée aux courts et aux moyens métrages de réalisateurs n’ayant pas encore percé dans le long, sélection qui fête ses 20 ans cette année.

Retrouvez dans ce focus :
La sélection des courts présentés

La double critique de « Tribu » (Belgique) et « Avant les mots » (France) de Joachim Lafosse

La critique de « Jeux de plage » de Laurent Cantet

La critique de « Surgir ! (l’Occident) » de Grégoire Letouvet

Nuits Méditerranéennes du court métrage de Corté, la sélection

Compétition internationale

Le joueur de citernes d’Emmanuel Gorinstein (France)
Les escargots de Joseph de Sophie Roze (France)
Sang Froid de Julien Bossé (France)
Hymen de Cédric Prévost (France)
Demi-paire de Yannick Pecherand-Molliex
Avant-hier (Day before yesterday) de Patricia Chica (Canada)
Inspiração d’Elodie Rivalan (France)
Le deuil de la cigogne joyeuse d’Eileen Hofer (Suisse/Liban, 2010)
L’homme qui dort d’Inès Sedan (France/Canada, 2010)
On ne mourra pas Fiction d’Amal Kateb (France)
En suspension de Fanny Dal Magro (France)
Bad trip d’Idrissa Guiro (France)
La chienne d’histoire de Serge Avédikian (France)
Climax de Frédéric Sojcher (France)
Love Patate de Gilles Cuvelier (France)
Run Granny Run de Nikolaus von Uthmann (Allemagne)
The bêdengî d’Aziz Capkurt (Turquie)
Tre Ore d’Annarita Zambrano (Italie/France)
Esto es un Revolver de Pablo González (Colombie/France)
Fard de David Alapont et Luis Briceno (France)
Fengshui de Pauliina Punkki (Finlande)
Traverser de Marine Place (France)
Une boîte de boutons d’Arias María Reyes (Espagne)
7h57 am-pm de Simon Lelouch (France)
Des enfants dans les arbres de Bania Medjbar (France)
Le genou blessé et L’homme debout d’Yann Chayia (France)
Nuvole, Mani de Simone Massi (France)
Rezign de David Myriam (France)
Waramutseho d’Auguste Bernard Kouemo Yanghu (France/Cameroun/Belgique)

Compétition étudiante

59/184/84 de Kokes Lukas (République Tchèque)
La fuite de Mélanie Gohin (France)
Spatzen de Jan Speckenbach (Allemagne)
Un havre de paix de Léo Médard (Belgique)
Le complexe du homard de Paul Enora (France)
Entre deux mondes de Julie Lorant (France)
Banel Thyrin de Steeven Racon (France)
Último Sonho Antes de Voltar de Pierre Jézéquel (Portugal)
Baba de Zuzana Kirchnerova (République Tchèque)
Homeland de Juan de Dios Marfil (République Tchèque)
Instinctif de Céline Tejero (France)
Hranice de Kristof Gyorgy (République Tchèque)
Tom de Karim Ghorayeb (Liban)

Le site des Nuits : www.myspace.com/nuitmedcorse

Joseph Pierce : « La conception d’idées est pour moi comme un accouchement : un processus long et douloureux »

Joseph Pierce, réalisateur anglais, auteur de Stand Up et A Family Portrait parle, de l’autre côté de la Manche, de ses inspirations, de ses projets de films et de sa propension pour l’humour à deux balles.

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Format Court : Comment est né ton intérêt pour le cinéma et plus particulièrement pour l’animation? Quels films t’ont marqué le plus ?

Joseph Pierce : J’ai passé pas mal de samedis après-midis dans un cinéma indépendant près de chez moi, où je regardais tout, de Ken Loach à Jacques Tati, de Ray Harryhausen à Tim Burton. Cela m’a initié à une grande variété de films au-delà des blockbusters. J’ai d’abord suivi une formation d’acteur, puisque c’était quelque chose que j’arrivais plus ou moins à faire, mais je me suis vite rendu compte que je préférais écrire et créer des œuvres. Donc j’ai opté pour un diplôme dans le cinéma expérimental. C’est alors que j’ai découvert les films de Jan Svankmajer qui m’ont laissé bouche bée. Du coup j’ai passé le reste de mes études en train d’expérimenter et d’animer des objets. J’ai compris que faire de l’animation c’est une forme de performance, au même titre que le jeu d’acteur.

En ce qui concerne l’animation, à part Svankmajer, qui est ma plus grande influence, j’ai aussi été fort impressionné par Jason et les Argonautes ! Et j’ai toujours été attiré par la sculpture moderne, par les œuvres de Marc Quinn et Damien Hirst, par exemple. J’adore ce qui comporte une qualité viscérale et tactile et j’essaie de de reproduire cet effet dans mes dessins.

Quel était ton parcours académique avant la NFTS ? D’où est venu ce choix de formation parmi les nombreuses écoles de cinéma en Angleterre ?

J.P. : J’ai étudié ce qu’on appelait ‘Time Based Media’ (un nom qu’on a vite changé en ‘Film et Vidéo’ vu que personne ne comprenait ce que ça voulait dire !) pendant trois ans, où on nous disait que si on voulait être le prochain Scorcese, on s’était trompé d’endroit. J’ai d’abord eu du mal avec cette façon de penser, mais j’ai quand même profité de cette approche cinématographique novatrice, éloignée du courant principal. Je voulais être un ‘artiste’ et faire de l’animation au Royal College of Art. J’ai réussi à avoir un entretien sur la base de mon portfolio mais je l’ai complètement raté et je n’ai pas été admis. J’ai honte de l’avouer mais je ne connaissais pas la NFTS à l’époque. J’avais un ami qui étudiait la cinématographie là-bas et qui m’a beaucoup incité à y aller. Aujourd’hui, je peux dire que le fait de ne pas avoir été admis au RCA a été la meilleure chose qui ait pu m’arriver. C’est un endroit génial mais ce n’était pas pour moi qui voulais raconter des histoires et travailler en équipe au lieu d’être un artiste solitaire.

Dans quel contexte as-tu conçu Stand Up ? Quelles consignes avez-vous reçues pour votre film de fin d’études ?

L’idée de Stand Up avait germé dans ma tête même avant que je n’aille à la NFTS. Je m’amusais à jouer avec la technique de rotoscopie pour combler mon manque de talent de dessinateur et je me suis filmé en train de faire un stand-up à deux balles. J’ai complètement oublié ce projet et pour mon film de fin d’études, je cherchais à faire une animation en volume. Ça n’a rien donné, donc j’ai finalement repêché l’idée de Stand Up qui a rencontré beaucoup d’enthousiasme. Je suis devenu obsédé par la mauvaise comédie et pour mes recherches, j’ai vu des choses vraiment affreuses, y compris un type qui s’est  tellement fait chahuter sur scène qu’il est tombé dans les vapes. Nous pensions que ça faisait partie du show jusqu’à ce qu’une ambulance arrive !

Pour les films d’écoles, il n’y avait pas vraiment de contraintes particulières, du moment qu’ils respectaient le budget et les délais de réalisation. Mon projet était plus modeste que les autres, donc quand il a commencé à avoir du succès, les gens étaient d’autant plus surpris. La deuxième année à l’école fut fort dure, étant donné qu’on devait se concentrer en permanence sur un seul film, et parfois bosser jusque 14 heures par jour, 7 jours par semaine ! Mais il y avait un esprit d’équipe très développé, et j’ai gardé de très bons contacts avec mes collègues. Par exemple, pour le tournage de mon dernier film, il y avait au moins cinq amis de l’école dans l’équipe.

Ce dernier film, A Family Portrait, comment est-il né ?

Je souhaitais explorer la dynamique familiale, parce que tout le monde peut s’identifier à ces repas ou ces voyages en famille qui tournent mal. Au début, j’ai conçu un récit autour d’une table, mais cette idée manquait de tension, donc je l’ai transposée au studio d’un photographe et là tout a commencé à prendre forme. J’aime bien mener le spectateur vers un faux sentiment de sécurité dans lequel l’ambiance gaie s’évapore très vite. Et j’adore détester la fameuse ‘photo de famille’ car elle a quelque chose de très artificiel et très cliché ! Alors je me suis dit : « Et si la famille était de mauvais humeur le jour où elle devait justement montrer une façade de bonheur absolu ? »

Ce film a justement dû parler à un public bien large, car il a été très bien reçu partout, en Angleterre comme en France.

Oui, j’ai eu de la chance d’avoir pu aller en France à plusieurs reprises, avec Stand Up et A Family Portrait. Ce qui m’impressionne toujours, c’est qu’une grande partie du public n’est pas issue du milieu du cinéma. Les séances sont souvent bien remplies et on remarque tout de suite si le public aime le film ou pas. C’est un grand honneur de voir son film sélectionné dans un pays qui a une si grande appréciation pour le cinéma, alors gagner un prix là, c’est vraiment le top ! Je pense notamment aux festivals de Clermont et d’Angers, qui m’ont très chaleureusement accueilli. Le film a aussi connu un succès en Angleterre, c’est vrai, mais le milieu du court métrage et moins grand chez nous et du coup, il est moins pris au sérieux, à l’exception du festival Encounters à Bristol, qui a toujours été extrêmement généreux avec moi.

Comment définirais-tu ta technique ?

J’ai commencé à faire de l’animation en volume et de la pixilation, mais je ne trouvais plus trop d’idées d’histoires à raconter avec des objets inanimés, alors j’ai commencé à faire de l’animation dessinée. J’aime bien l’effet raturé d’un stylo ou d’un crayon. Utiliser cette technique avec celle de la rotoscopie permet à l’animation de dire des choses qui seraient autrement impossibles, un peu comme un dialogue intérieur. Je suis quand même très attaché à l’animation en volume et je n’exclus aucune technique si le sujet le demande. Mais je dois dire que le CGI pour moi est un tout autre monde !

Que représente le court métrage pour toi ? Le vois-tu comme un format en soi adapté à ton travail de réalisateur ou plutôt comme une étape vers le long métrage ?

Je suis très à l’aise avec le format court. J’aime beaucoup le défi que représente le travail de condenser en si peu de temps une histoire cohérente, des personnages convaincants et une conclusion satisfaisante. Inversement, je trouve qu’il est curieusement plus facile de s’ennuyer pendant un court métrage ! Pourtant, il y en a qui réussissent à faire un film au moins aussi captivant que n’importe quel long. Skhizein de Jérémy Clapin, ou The Runt de Andreas Hykade sont quelques exemples de narration impressionnante et émouvante. Cela dit, je pense que la plupart des réalisateurs mentiraient s’il disaient qu’il ne s’intéressaient pas aux longs métrages et aux possibilités de se forger une identité comme réalisateur de ce format.

Personnellement, j’ai aussi envie de faire un long métrage en live action. D’ailleurs je suis occupé à en écrire un avec mon co-scénariste Aneil Karia. En plus, toutes mes animations ont toujours un élément de live action parce que je travaille avec des vrais acteurs. Aujourd’hui, vu le succès des films comme Persepolis, Valse avec Bashir ou les œuvres de Sylvain Chomet, j’avoue que l’idée de faire un long métrage en animation ne me déplaît pas du tout. Ce que j »essaie de démontrer à travers mes courts métrages, c’est que l’animation peut aussi plaire à ceux qui la considèrent d’emblée comme de la pure fantaisie enfantine.

Quels autres projets as-tu pour le moment ?

Là pour le moment, je travaille sur un court abstrait au sujet du corps humain. Je souhaite expérimenter avec un langage moins narratif et épurer mon travail aux dessins et aux formes pures. J’essaie également de développer un projet de long métrage qui combinerait à la fois mes idées et celles d’autres scénaristes. J’aimerais bien réaliser quelque chose que je n’ai pas écrit, car la conception d’idées est pour moi comme un accouchement : un processus long et douloureux.

Propos recueillis et traduits par Adi Chesson

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