Il vous reste encore une dizaine de jours pour faire un petit film mobile de 2 minutes maximum ou monter ce que vous avez déjà filmé et tenter de démarrer l’année en beauté.
Les films doivent parvenir avant le 10 janvier 2011 à 12h00.
Des prix sont en jeu pour plus de 3.000 euros, la soirée de clôture et la remise des prix 2010 aura lieu le 22 janvier 2011 dans une ambiance relax à Recyclart (Bruxelles).
Cinextur “International Nature Tourism Film Festival” ouvre son appel à films. La première édition du festival aura lieu à Cáceres, en Espagne, du 7 au 9 avril 2011 et s’intéresse aux travaux visant à promouvoir la richesse d’un territoire ou d’une région.
Conditions
* Genres acceptés : fictions, animations, films documentaires produits en Europe en dehors des œuvres à contenu promotionnel ou institutionnel
* Film terminé après le 1er Janvier 2008
* Durée maximum : 55 minutes (génériques inclus)
* Films produits dans les formats suivants : 16 et 35 mm, vidéo. Les films seront projetés en DVD (PAL)
* Pour les films non espagnols, les films doivent être sous-titrés en espagnol, en anglais ou en français
Prix
Les prix décernés seront attribués dans les catégories suivantes :
* Meilleur documentaire: 5000 Euros + Statuette.
* Best Fiction / Animation: 5000 Euros + Statuette.
* « Taejo Internacional » Prix du meilleur film tourné à Extremadura: 5000 Euros + Statuette.
Infos
Date limite d’inscription : 18 Février 2011
Consultez le règlement et enregistrez votre film en ligne sur www.cinextur.com
CONTACT : CINEXTUR « Certamen Internacional de Cine de Turismo de Naturaleza »
Cáceres, ESPAGNE
Synopsis : Clément a 24 heures pour se décider à vivre ou pas avec sa copine. Constance, la meilleure amie de Clément veut sauver son couple en persuadant Clément que toutes les filles sont semblables. Afin qu’il s’en rende compte, elle lui propose de devenir expérimentalement sa copine durant une journée.
Genre : Fiction
Durée : 49′
Année : 1998
Pays : France
Réalisation : Emmanuel Mouret
Scénario : Emmanuel Mouret
Image : Aurélien Devaux
Son : Ludovic Escallier
Montage : Sarah Turoche
Musique : Vincent Charrier
Interprétation : Marie Piemontese, Maïté Maille, Clémentine Baert, Emmanuel Mouret
Concentré sur ses projets, Sébastien Laudenbach lève rarement la tête. Heureusement, il y a Bruz pour faire sortir cet ancien élève et actuel prof aux Arts Décoratifs de Paris. Invité au festival d’animation pour dévoiler les secrets de « Regarder Oana », il profite des canapés mous pour faire ses autres confidences.
Comment t’es-tu retrouvé dans l’animation et aux Arts Décoratifs (ENSAD) ? Est-ce que des films t’ont porté étant môme ?
J’ai toujours dessiné mais je n’étais pas particulièrement prédestiné à faire une école d’art. À la sortie du bac, je ne savais pas trop ce que j’allais faire. On m’a poussé à faire une préparation en arts appliqués, et pendant l’année, on a demandé aux élèves qui voulait passer le concours aux Arts Décoratifs. Tout le monde a levé la main sauf moi donc je l’ai passé aussi et j’ai été reçu. Au départ, je voulais plutôt faire de l’illustration, je connaissais le travail de Jean-François Laguionie et de René Laloux, mais la bande dessinée que je lisais énormément étant enfant m’avait beaucoup plus marqué que l’animation. Et puis, au cours de mes études, un groupe d’étudiants en deuxième année a voulu créer une section Animation. L’administration a accepté donc naturellement, je m’y suis retrouvé. À l’époque, j’étais délégué avec Claire Fouquet (« Vos papiers »), j’étais pour la création de la section sans savoir encore que j’allais la faire. Puis les choses se sont enchaînées, mon film de fin d’études, « Journal », a été projeté dans un bar. Les représentants de Magouric, une société de production et de distribution, l’ont vu. Ils m’ont contacté et m’ont proposé de s’occuper du film. Je l’avais tourné en 16 mm, j’avais fait une post-production vidéo, et ils m’ont aidé à faire une post-production pellicule. Il y a donc deux montages du film.
Tu fais partie de la première promo. Comment est-ce qu’à cette école, on considérait le film de fin d’études ? Comment ça s’est passé pour « Journal » ? Est-ce que tu as fait un film pour faire un film ?
Oui, j’ai fait un film pour faire un film. Il y avait beaucoup moins de formation d’une manière générale. La Poudrière n’existait pas, l’EMCA (‘École des métiers du cinéma d’animation) non plus, il y avait les Gobelins et Supinfocom, mais le marché du film d’étudiants était beaucoup moins concurrentiel, et les films étaient plus bricolés d’une manière générale. J’ai été le premier surpris de voir que ce film-là circulait parce que mon unique but était d’avoir un diplôme. Et pendant qu’on a fait la deuxième version de « Journal », Laurent Bénégui, le producteur de Magouric, m’a proposé d’écrire un scénario de long métrage d’animation. Je ne connaissais rien à rien et je le connaissais à peine. Lui, ça l’amusait. Il m’a dit : “Écris-moi une page”. Je me suis associé avec un copain, Jean-Julien Chervier, pour cela. On a eu de l’argent pour écrire le scénario. J’ai travaillé dessus pendant deux ans mais le projet n’a jamais abouti.
« Journal » se feuillette entre octobre 1996 et mars 1997 et se construit au jour le jour comme un journal intime. Comment l’as-tu anticipé ?
Quand j’ai décidé de faire mon film de fin d’études, je ne savais pas trop ce que j’allais faire. Première idée, j’allais faire un film porno, deuxième idée, j’allais faire un journal. J’en ai parlé à Marie Paccou qui m’a dit : “Fais-en un journal, c’est plus rigolo, c’est plus libre”. En début d’année, j’ai donc dit à mes professeurs que j’allais faire un journal, qu’il n’y aurait pas de scénario, de story-board, de layout, rien de la chaîne traditionnelle d’un film d’animation. L’un d’eux, Georges Sifianos, n’était pas très content mais m’a fait confiance. Il fait souvent référence à cette expérience-là comme quelque chose qui l’a plutôt surpris.
Ça ne m’intéressait pas d’avoir un scénario. Je voulais construire un film comme on fait un modelage : on amalgame, on enlève, on change, et puis, il y a des jours avec et des jours sans. L’idée était de travailler complètement comme un journal. Pour le film, j’ai tenu trois journaux, un en animation, un écrit et un oral que je n’ai d’ailleurs jamais réécouté. J’ai commencé à m’intéresser aux journaux filmés, au travail de Jonas Melkas, à celui d’Alain Cavalier. Ce qui m’intéressait, c’était l’aspect autobiographique et le côté imprévisible.
Dans les écoles, on apprend les techniques via les exercices et les films. Dans ton travail, tu varies beaucoup les techniques et tu joues pas mal avec l’idée de l’autobiographie, du personnel…
Je crois que chaque film est déterminé par le précédent. Quand j’ai fait « Journal », on m’a tellement dit quand est-ce que tu fais « Journal 2 » ? Ça ne m’intéressait pas, je n’avais pas envie de refaire en mieux ou en moins bien mon film, j’avais envie de faire un film classique avec un scénario, une histoire, des personnages, un rendu plastique qui soit plus traditionnel. Ça a donné « Des câlins dans les cuisines ». « Morceau», je le mets à part parce que c’est une toute autre histoire et pour « Regarder Oana », le film se veut une rupture esthétique avec « Des câlins », et les choix techniques sont partis du concept de faire un film avec des mots, à lire et à écouter. De là, j’ai tiré le personnage de la traductrice, qui est plutôt dans l’intellect, qui passe d’une langue à l’autre et celui d’un alter ego complémentaire, cuisinier ou pâtissier qui serait dans la chair. C’est pour ça qu’il y a des mots écrits dans des matières alimentaires dans le film. « Vasco » est également en lien avec le film précédent. J’avais envie de continuer à travailler sous caméra et d’adapter une chanson de Dominique A qui parlait d’horizon. L’horizon, c’est la mer, le sable, on en arrive assez vite au sable animé sur verre.
Tu parles de réaction avec les films précédents. Tu as fait des films dans des endroits peu conventionnels, dans des salons, dans des cuisines. Est-ce qu’avec « Regarder Oana » et « Vasco », tu es entré dans des conditions de fabrication plus professionnelles ?
« Regarder Oana » et « Vasco » ont été faits à Centre Images, ils ont été bien produits tous les deux. Dans ces termes-là, il n’y a pas vraiment de différence, c’est plutôt en termes de langage. C’est clair que « Vasco » est une réaction à « Regarder Oana », j’ai voulu faire une espèce de contraire. « Regarder Oana » est un film difficile à regarder, dense, peu séduisant, tout en subtilité, qui a un côté foisonnant, qui est un jeu intellectuel. C’est un film que j’aime beaucoup car je trouve qu’il y a beaucoup d’ambition dedans. Ce n’est pas forcément un film très réussi mais pour moi, la barre est assez haute dans le contexte général des films d’animation traditionnels que je vois. Je trouve que c’est un film qu’on peut revoir plusieurs fois à partir du moment où on n’est pas dégoûté la première fois.
« Vasco » est différent. Je voulais justement faire un film séduisant, beaucoup plus facile à aborder avec une technique bien plus simple et un contexte de production plus ample puisqu’on était trois animateurs. C’est une lettre à la poste, un film à effets à tous les niveaux (animation, musique, son, …). Je voulais savoir si j’étais capable de faire un film facile à concevoir, à fabriquer, à regarder. Le film n’atteint pas totalement les ambitions que je lui avais fixées, mais par contre, je vois qu’il a quand même été très aisé à faire, Arnaud Demuynck a très vite accepté de le produire et les financements sont arrivés rapidement.Il est facile à regarder, le public sort de la salle enthousiaste même si certaines personnes me disent ne pas avoir tout compris.
Tu es beaucoup dans le détail, dans la minutie. Est-ce que tes films sont compliqués à fabriquer ?
Pour le moment, ils ne le sont pas. De temps en temps, la matière résiste un peu. Les objets sont encore plus insaisissables que le sable. Il y a eu des moments sur « Regarder Oana » où j’étais vraiment dépassé par la matière. Sur « Vasco », j’ai très peu animé, j’ai travaillé avec des gens plus doués que moi qui ont apporté beaucoup au film.
« Vasco » fait référence à l’appel du large, à l’horizon, à la liberté. Est-ce qu’il s’inspire aussi de l’histoire imaginaire de Vasco de Gama, explorateur en soi ?
Oui. Je ne me suis pas inspiré de lui mais il se trouve qu’à l’origine de ce film, il y a deux chansons, “L’horizon” de Dominique A mais “Rosa” de Brel qui a donné son prénom au personnage féminin du film. Dans cette chanson, un jeune homme se rend compte qu’il ne sera jamais Vasco de Gama. Il abandonne ses illusions d’enfant et de jeune adolescent, ses ambitions de grand espace et de découverte. Le film s’appelle « Vasco » pour ça.
Parallèlement à tes activités de réalisateur, tu enseignes aux Arts Décos et tu crées les génériques et les affiches des films dont ceux d’Emmanuel Mouret. Comment est née cette collaboration ?
Je suis le travail d’Emmanuel Mouret depuis son moyen métrage, « Promène-toi donc tout nu » dont j’ai fait l’affiche. Parmi les personnes qui ont vu « Journal » dans ce fameux bar, il y avait Chöé Lorenzi qui était attachée de presse et Thomas Ordonneau qui était en train de créer Magouric Distribution. Ils m’ont proposé régulièrement de faire des affiches de films notamment de moyens métrages sur la collection Décadrages qui a édité le film d’Emmanuel Mouret. Depuis qu’il est passé au long avec « Laissons Lucie faire » produit par Les Films Pelléas, on collabore plus ou moins régulièrement. Je trouve qu’il a un parcours très atypique dans le cinéma d’aujourd’hui, et j’aime bien ce qu’il fait tout simplement.
Ça t’intéresse de t’écarter de l’animation et de travailler sur des projets en prises de vues réelles en ne les suivant pas de A à Z ?
Par mes rencontres, j’ai été beaucoup plus en lien avec le monde du cinéma, de la prise de vues réelles que de l’animation. La collection Décadrages m’a permis de découvrir des cinématographies qui m’ont secoué, notamment à travers les films de Jean-Paul Cyveirac, d’Yves Caumon, de Philippe Ramos, d’Emmanuel Mouret ou d’Alain Guiraudie dont le travail m’a intéressé voire franchement enthousiasmé. Magouric, Les Films Pelléas, ce ne sont pas des gens qui sont dans l’animation et j’ai toujours considéré que c’était plutôt une chance de travailler avec des gens comme eux.
Est-ce qu’à l’inverse, être en contact avec eux te permet d’évoluer dans l’animation que tu fais ?
Je ne peux pas répondre clairement. Sûrement, ça m’influence de manière générale. Je suis beaucoup plus intéressé par les films qui ne sont pas dessinés. Les films d’animation ne m’intéressent pas beaucoup, davantage ces dernières années parce que j’y trouve un haussement de la qualité, de la densité, de la profondeur.
Je ne sais pas si je serais capable de faire un film en prises de vues réelles. Il se trouve que je suis en train d’en écrire un avec Chiara Malta, ma compagne, mais de toute façon, dès que j’ai fait « Journal », plein de gens m’ont dit : “Toi, tu feras de la prises de vues réelles”. Je voyais peu de choses qui ressemblaient à ce que je faisais donc j’avais l’impression d’avoir une petite place, un petit coin qui n’appartenait qu’à moi. Je n’ai pas l’impression d’en avoir un en prises de vues réelles ni en bande dessinée même si j’ai souvent eu envie d’en faire, alors qu’en animation, j’ai vraiment l’impression d’avoir mon pré carré.
Cette troisième édition du concours organisé par la Région Limousin à l’occasion du 8ème Festival du cinéma de Brive – Rencontres du moyen métrage a pour but de révéler de jeunes scénaristes. Elle se terminera par la remise d’un prix doté en numéraire de 2 500 € pendant le Festival du cinéma de Brive.
Vous avez jusqu’au vendredi 11 février 2011 (cachet de la poste faisant foi) pour envoyer votre projet (fiction, expérimental, animation ou documentaire de création) qui devra s’inscrire dans une durée comprise entre 30 et 59 minutes.
Vous avez moins de 30 ans et un film de moins de 30 minutes, tentez votre chance. Films de fiction, d’animation ou documentaires, l’écran s’ouvre aux jeunes réalisateurs amateurs.
Date limite d’envoi des films : 15 janvier 2011
La soirée Ecran Ouvert se tient le 30 avril 2011 au Forum des images. Elle est organisée par les étudiants du séminaire de programmation de l’université de Nanterre en collaboration avec le Forum des images.
Synopsis : Oana travaille. Et moi je la regarde. Ce soir, ce dernier dossier sera plié. Elle ne veut plus traduire les mots des autres. Elle pense que demain elle va commencer à écrire, pour elle. Mais elle ne le fera pas. Je le sais…
Il y a plus d’une semaine, le festival de Bruz accueillait Sébastien Laudenbach, le réalisateur de « Vasco », en compétition parmi les films pro, pour une séance spéciale : les secrets de fabrication de « Regarder Oana », son film précédent.
Il existe une tendance en animation qui consiste à dévoiler les coulisses, les procédés de fabrication des films. Dans cet esprit, naissent les démonstrations techniques, les making-of, les bonus DVD, les miettes tournées pendant ou après réalisation, autant de secrets déflorés nourrissant l’imaginaire des spectateurs, curieux de connaître les dessous du cinéma qu’ils affectionnent.
Cette année, à Bruz, ces secrets étaient pluriels : Denis Walgenwitz, Président de l’AFCA (Association française du cinéma d’animation) évoquait les décors de « Moi, Moche et Méchant » de Chris Renaud et Pierre Coffin. Cédric Mercier faisait de même avec les décors de « La science des rêves » de Michel Gondry, Juliette Loubières présentait en avant-première « Citrouille et vieilles dentelles » en compagnie de Tiziana de Carolis, la compositrice du film, tandis que Sébastien Laudenbach revenait sur « Regarder Oana », son avant-dernier film, “à lire et à écouter”.
Vendredi 17/12, 11h, salle du Grand Logis, Bruz. En attendant le commencement de la séance consacrée à Sébastien Laudenbach, les scolaires font du bruit dans les rangs : la spontanéité de la jeunesse mêlée à l’excitation d’aller au cinéma en matinée se fait ressentir. Sur scène, l’animateur s’affaire devant une table recouverte d’une nappe à carreaux sur laquelle se trouvent des pinceaux, des grains de café et un ordinateur portable. À proximité, une caméra et un micro testent l’animation directe prévue sur grand écran.
La séance commence avec la projection de « Regarder Oana » que peu de spectateurs présents ont vu. Comment accéder au sensible en se basant sur un matériau très artificiel ? Cette question aurait pu être le synopsis du film. Laudenbach, intéressé par l’humain, le désir, le plaisir et la passion, a tenté d’y répondre par le biais d’un film narratif qu’il qualifie d’obscur, de non séduisant, de dense. « Avec ce film construit par couches, on voit des choses différentes selon l’âge et l’expérience », dit-il. Un ado spectateur confie justement à son voisin : « C’est bien fait mais j’ai pas tout compris ».
Réalisé en deux mois et demi, « Regarder Oana » malaxe des mots, des voix, des scènes de flashback, une histoire d’amour sur le point de se terminer, une peau typographique, un accent étranger, des visages absents, et des ingrédients rangés dans la cuisine. Au fur et à mesure que le lien entre l’homme et la femme se distend, les aliments (morceaux de sucres, pâtes,…) deviennent moins rigides, se désagrègent pour aboutir à un chaos alimentaire (framboises écrasées).
Dans le film, les mots apparaissent et disparaissent à leur guise, que ce soit sur une table de cuisine ou sur une peau de femme. A Bruz, lorsqu’il revient sur les traces de son film, Laudenbach prévoit de faire de même sans réclamer une quelconque volontaire féminine. L’AFCA lui a demandé de réaliser une carte de vœu pour l’année 2011, il débarque donc le jour dit avec ses ustensiles pour livrer les conditions de fabrication de « Regarder » et entamer sa démonstration filmée par une caméra qui retransmet l’image sur grand écran. Avec application, il commence à tracer la première lettre de l’Association en utilisant sa cuiller et les grains de café rapportés et en photographiant son travail image par image. « Le café est une matière rebelle qui colle » explique-t-il quand il ôte les grains parasites entourant les lettres à l’aide d’un pinceau. Les lettres prennent progressivement forme, et au bout d’une demi-heure, l’AFCA s’inscrit en marron sur l’écran. Les spectateurs sont surpris, une démonstration est toujours plus parlante qu’un défilé de notes d’intention ou une modélisation 3D. Mieux, l’animateur incite les lycéens présents à se rendre dans leur cuisine avec leur appareil photo, à attraper le sel et le poivre et à tenter par eux-mêmes de faire un peu d’animation.
Peu de temps après, les jeunes se lèvent et partent par petits groupes. Peut-être l’idée les a travaillés, peut-être vont-ils simplement déjeuner (après tout, il est midi). Laudenbach leur lâche avant qu’ils ne partent : « Bon appétit, j’espère que vous allez manger des framboises écrasées, des œufs et des crêpes ! ». L’exposé se termine petit à petit. Les grains de café disparaissent comme ils sont apparus.
Avec son titre digne d’un roman de Zola, le film de Grammaticopoulos dépeint un univers gris et impersonnel où des scientifiques mettent au point des techniques qui permettent d’augmenter la production alimentaire. Sélectionné à Bruz, l’animation aux accents (sur)réalistes révèle l’angoisse grandissante de la société du trop plein.
Loin de simplement satisfaire un besoin primaire, la nourriture remplit le ventre déjà bien rond du héros anonyme qui reste sur sa faim lorsqu’il réalise que l’escargot qu’il mange n’est pas assez dodu. Il lui vient l’idée d’augmenter la production et la taille du limaçon pour le plaisir de ses papilles gustatives… et de son porte-monnaie.
Par le biais d’une dimension onirique et inquiétante qui n’est pas sans rappeler la peinture de Magritte, Grammaticopoulos fait apparaître une masse robotisée et déshumanisée. Dans une palette de couleurs froides, il décrit l’opulence et l’abondance non pas à la manière d’un Breughel qui la fait rimer avec jouissance mais plutôt à la manière d’un Orwell qui en soulignerait les travers décadents. Quant à la musique, dissonante à certains moments, elle colle aux images en 3D et encadre les émotions pour mieux les faire vivre.
Dans cette société mortifère, rien n’existe en dehors de la nourriture et l’homme aux idées lumineuses se retrouve par un malheureux concours de circonstances victime du procédé qu’il a mis en place. Quand l’arroseur est arrosé, le mangeur se voit mangé.
Il est peut-être curieux d’évoquer Annecy dans le cadre du focus Bruz. Annecy accueille un festival international depuis 50 ans, Bruz reçoit un festival national pour la première fois cette année. Il n’empêche, les deux événements défendent le cinéma d’animation, le court métrage, et des artistes jeunes comme confirmés. Et comme cette année, nous n’avons pas pu consacrer un focus à Annecy comme en 2009, nous profitons de l’actualité animée pour parler du DVD édité à l’occasion des 50 ans du festival.
Cette année, le festival d’Annecy fêtait donc son demi-siècle sous le signe des hommages, des invités et d’un coffret spécial sorti des presses pour l’occasion par Chalet Pointu, auteur d’un solide catalogue de DVD de courts métrages. L’éditeur est en effet habitué aux sorties de DVD anniversaires de différents festivals (Brest, Clermont-Ferrand, …) et aux coups de coeur exigeants et personnels (il est notamment à l’origine de la sortie des films de Svankmajer dont on vous reparlera très prochainement).
Sur ce coffret, figurent 40 films primés datant des années 60 aux années 2000 via 5 disques, à raison d’un DVD par décennie, recourant à des techniques très variées (dessin traditionnel, sur cellulos, peinture sur verre, marionnettes, éléments découpés, grattage sur pellicule, pâte à modeler, animation d’objets, …). Au fil des palmarès, on retrouve quelques mentions spéciales, des prix du public, du jury ou de la presse mais surtout des grand prix et même des grands prix ex aequo, comme par exemple trois films ayant remporté la récompense suprême en 1967 : The Breath (Le Souffle) de Jimmy T. Murakami (peinture sur verre, Grande-Bretagne), Klatki (Les Cages) de Miroslav Kijowicz (dessin sur cellulos, Pologne) et Arès contre Atlas de Manuel Otéro (dessin sur papier, France). Parmi les films importants de ce coffret, se trouvent les titres suivants choisis en toute subjectivité.
Lauréat du Grand Prix 1971 ex aequo avec Les autres aventures de l’Oncle Sam (Robert Mitchell, Dale Case, USA), L’Appel de Ryszard Czekala est un film audacieux pour son époque puisqu’il anime en papiers découpés une journée d’appel et la révolte de déportés dans un camp de concentration. Le film a son importance puisqu’il a été fait en Pologne et qu’il s’agit du premier film d’animation qui aborde sans fard le sujet de l’occupation et la brimade des opprimés. Ultra sobre, il joue avec les noirs, blancs et gris, et n’hésite pas à multiplier les axes de la caméra tantôt vers les prisonniers tantôt vers l’officier SS.
Grand Prix en 1983, Les Possibilités du Dialogue de Jan Švankmajer explorent les possibilités en animation en trois chapitres (dialogue objectif, passionné, épuisant). Le premier offre un joyeux bordel de matières, de nourriture, de pâte à modeler et d’animation d’objets (équerres, couverts, livres, enveloppes, dés à coudre, tubes de peinture, viande, pommes, ….). Chez Švankmajer, ça se rencontre, ça s’avale, ça se vomit dessus, ça se désintègre pour mieux se recrée : le maître de l’animation tchèque aime travailler autour du rythme, de la métamorphose, du chaos, de l’angoisse. Dans la deuxième partie, deux personnages en pâte à modeler se font face, se désirent, se désincarnent, se déchirent pour ne plus faire qu’un avec la matière. Dans la dernière possibilité, deux bustes en pâte à modeler installés l’un en face de l’autre se complètent en jouant à pierre-papier-ciseaux : l’un offre le dentifrice, l’autre la pâte, l’un, le beurre, l’autre le pain, l’un la chaussure, l’autre, le lacet, l’un le crayon, l’autre, le taille-crayon. Sauf que l’histoire se rebelle, que les éléments se désintègrent et que des couples imprévus se forment à l’infini: dentifrice-pain, taille-crayon, brosse à dents, crayon-lacet …. Il n’y a pas à dire : Švankmajer a de l’humour et s’en sert bien.
Du côté de l’Allemagne, relevons Équilibristes de Raimund Krumme, Premier Prix Spécial du Jury et Prix Fipresci en 87, un film en dessin sur papier, qui explore lui aussi les possibilités, mais plutôt celles d’un cadre, d’un fil et de plusieurs funambules. Plutôt beau et sobre, Équilibristes se définit par trois couleurs (blanc, rouge, noir) et travaille beaucoup avec les notions de perspective, de points de vue, de hors champ, d’invisible, de visible, et de bords. Les formes y sont simples, le trompe-l’oeil y est poétique et visuel, la musique y est minimaliste.
Prix Spécial du Jury en 2004 et récompensé d’un Oscar un an plus tard, Ryan de Chris Landreth est tout autre. Ce film canadien conçu en 3D raconte la vie de Ryan Larkin, auteur de plusieurs courts métrages ayant marqué le monde de l’animation, en leur temps (les année 70), et en proie désormais à ses souvenirs et à un mauvais penchant pour l’alcool. Le film se construit sur base d’interviews et donne vie à ces voix via des personnages étranges, désarticulés, parcourus de ligaments. Le film a son importante puisqu’il s’agit de l’hommage d’un homme pour un autre homme, mais aussi d’une interrogation sur le succès, la déchéance, la créativité et le manque d’inspiration.
Derrière un des derniers films de la sélection, se dissimule le très fin et très sensible La Maison en petits cubes de Kunio Kato. Cristal d’Annecy en 2008 et Oscar du Meilleur court métrage d’animation, ce film japonais fondamentalement poétique fait basculer son personnage principal, un vieil homme, dans ses souvenirs au fur et à mesure qu’il ouvre les “portes” de son passé enfoui et qu’il plonge dans les étages-cubes de sa petite maison installée dans les eaux maritimes. Mémoire, vieillesse, mélancolie, solitude, silences, émotions, … : Kunio Kato reconsidère avec brio la notion de condition humaine.
Voilà pour les coups de coeur. Un seul regret, peut-être. Certains films et certains réalisateurs cruciaux qu’on aurait eu envie de voir et qui font partie de la double histoire, celle de l’animation et celle du festival, viennent à manquer sur ce coffret. Parmi eux, citons seulement Youri Norstein, Bill Plympton, Barry Purves ou Nick Park, le créateur de Wallace et Gromit. On mettra ces oublis sur le compte du choix nécessaire et des questions de droits et on se contentera des titres présents. Tout en savourant le plaisir de bénéficier d’un support donnant à voir l’évolution de l’animation et mettant en avant des courts connus, ayant marqué des générations d’animateurs ou de simples spectateurs (La demoiselle et le violoncelliste de Jean-François Laguionie, David de Paul Driessen, Papillons de nuit de Raoul Servais, Brother d’Adam Eliott, …) comme rares, voire très rares comme par exemple Le Lion et la Chanson de Bretislav Pojar, un film tchèque tout en marionnettes et en poésie ayant très peu vieilli malgré ses cinquante ans.
Synopsis : Un homme ramène deux perdrix à sa femme. Elle pense se régaler, elle est joyeuse. Mais son mari court inviter le chapelain pour les partager avec lui. Pendant ce temps, elle fait rôtir les deux perdrix qui deviennent de plus en plus appétissantes.
Genre : Animation
Durée : 6′
Année : 2009
Pays : France
Réalisation : Catherine Buffat, Jean-Luc Gréco
Scénario : Jean-Luc Gréco, Catherine Buffat
Image : Jean-Pierre Chaligne
Montage : Nathalie Pate
Décors : Catherine Buffat, Jean-Luc Gréco
Musique : Alexis Pecharman
Interprétation : Alexis Levy, Sophie Belfort, Claude Talus
Plus de douze ans déjà que le duo Gréco-Buffat livre avec une régularité de métronome un court métrage d’animation tous les deux ans soit six au total si vous êtes doué(e)s en maths. Avec « Les Perdrix », la surprise vient de la technique utilisée. Pour la première fois, c’est celle du papier découpé qui a été choisie par un duo qui travaillait jusqu’ici exclusivement en volume.
Cette première leur réussit puisque le film gagne en liberté et en légèreté. Comme pour « La sacoche perdue » (2006), le film est inspiré par un fabliau (court récit du Moyen Âge) situé pour le coup de nos jours, le tout sous la forme d’une comédie musicale.
Le pitch du film est alléchant, les perdrix qui rôtissent au dessus du feu de cheminée aussi. C’est autour d’elles que tourne la broche tout comme l’histoire du film. La maîtresse de maison doit dresser la table pour l’arrivée du chapelain mais ne résiste pas à sa faim. Elle finira par suivre les conseils d’Oscar Wilde en cédant à la tentation et en dévorant les deux volatiles croustillants l’un après l’autre et en accumulant les mensonges pour dissimuler leur disparition.
Il ressort de ce fabliau une étrangeté, une bizarrerie quasi Burtonienne. Le personnage féminin incapable de contrôler ses pulsions fait redouter le pire, son mari double de volume et change de couleur tel un Hulk version rouge au gré de ses accès de colère, le chapelain visiblement ambitieux voyage en papamobile d’occasion : tous ces personnages portent en eux un grain de folie qui contraste avec les couleurs très vives des différents tableaux animés. La place laissée à la musique créée par Alexis Pecharman n’est pas étrangère à l’atmosphère du film. Le concert de voix a capella qui accompagne d’ailleurs « Les Perdrix » insuffle à ce très court récit (6 minutes) un rythme chanté et chantant.
La Péniche Cinéma recherche pour ses programmations à venir des films courts, exigeants (très courts, courts et moyens). Fiction, animation, expérimental et documentaire sont les bienvenus.
Envoyez vos films à : Gabriele Brennen (Programmation), 7 rue Jules Valles, 75011 Paris
La Péniche Cinéma est située dans le Parc de La Villette (face au Cabaret Sauvage), 69 bld mac Donald, 75019 Paris.
Infos : Gabriele Brennen
Email : gabriele.penichecinema[a]gmail.com
Tel : 09.54.73.00.95
– Films francophones terminés après le 1er janvier 2010
– Genres : fiction, animation et documentaire
– Support de projection 35 mm et tous supports numériques (DV, DV Cam, Mini DV, Beta Num, DVD…)
– Pays de production : France , Belgique, Suisse, Québec.
Synopsis : Andreas, neuf ans, ne se remet pas de la mort de son frère Mikkel dans un accident de moto. La famille déménage et Andreas change d’école, mais rien ne le console. Il parle à Likkel dans un talkie-walkie fabriqué par lui-même et une idée l’obsède : essayer de remonter le temps.
Genre : Fiction
Durée : 37’
Année : 1995
Pays : Danemark
Réalisation : Thomas Vinterberg, Bo Hansen
Scénario : Thomas Vinterberg, Bo Hansen
Image : Eric Zappon
Son : Hans Moller, Kristian Eidnes Andersen.
Musique : Nokolaj Egelund
Interprétation : Holger Thaarup, Rune Veber, Michelle Bjorn-Andersen, Christian Hjejle, Martin Brygmann, Agnès Obel, Thomas Kristensen, Steffen Odd Solvberg, Birger Bohm