Tout travail mérite (un bon) salaire
La société à deux vitesses, c’est de plus en plus vrai s’accorde à nous dire le premier film de Laurent Teyssier. « 8 et des poussières » sélectionné au Festival de Brest, détenteur de plusieurs récompenses et nominé aux Césars 2011, lève le voile sur une réalité peu glorieuse de la (douce) France d’aujourd’hui.
Dans la lignée d’un cinéma social européen, Teyssier filme avec subtilité et intelligence les symptômes d’une société malade. Petit dealer à la sauvette, Yan accepte de trier des fruits à un salaire qui dépasse à peine le Smic, par amour pour sa copine Morgane qui aspire à un confort matériel et à une stabilité affective.
Dans le carcan d’une mécanique vicieuse mais encore inévitable qu’est celle de l’univers du travail, le Français montre les paradoxes de cette génération précaire qui oscille entre ambition et désillusion. Face aux exigences de Morgane et animé par l’amour qu’il lui porte, Yan est partagé entre l’argent facile de la drogue et la nécessité de se ranger. Mais à quel prix ? Son salaire de 8 euros et des poussières par heure ne lui permettra plus de profiter pleinement des avantages qu’offre la Sacro-Sainte société laborieuse.
Porteur d’une caméra très mobile et placée aux plus près de ses personnages comme cela avait été déjà vu dans « Rosetta » des Frères Dardenne notamment, le cinéaste en herbe transmet admirablement les doutes, les peurs et les frustrations de ceux-ci. Grâce à une mise en scène efficace, un jeu d’acteurs naturaliste et une construction narrative subtile, il arrive à questionner le spectateur sur le monde qui l’englobe, sur une réalité dans laquelle cohabitent caprice d’enfants gâtés et déséquilibre mental.
Parce qu’on n’a pas les mêmes chances, parce qu’on arrive doucement mais certainement aux limites de ce que l’on peut et ce que l’on ne peut pas accepter au nom de la dignité, Teyssier nous fait parfaitement comprendre avec son premier opus qu’aujourd’hui, tout travail n’appelle pas forcément une rétribution digne.
Euh.. c’est que M. Teyssier est bel et bien Français… et non Canadien bien qu’il ait séjourné au Québec à quelques reprises durant ses études universitaires… d’où la confusion certainement.
Bonjour Jean-François,
Je vous remercie pour la précision. L’erreur a été corrigée.
Bien à vous,
Marie