Nola de Askia Traoré

Premier film du Tchadien Askia Traoré, « Nola » montre d’emblée la grande maturité et la sensibilité de l’auteur. Dévoilé en compétition internationale cette année au Festival International du Film Francophone de Namur, ce court dresse un portrait émouvant de la détention et de la liberté.

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Nola fait sa première sortie après des années de prison. Avec des pas prudents, un regard méfiant et un manque de confiance flagrant, elle tâche de se réintégrer, le temps d’un souffle, dans la vie normale. Entre des souvenirs de sa relation affectueuse avec sa compagnon de cellule, elle erre dans la ville et essaie de profiter du peu de temps dont elle dispose. Mais lorsqu’une rencontre amoureuse dans un bar dérape au point d’enclencher une réponse violente de sa part, elle se rend compte que la liberté, ne fût-ce que temporaire, n’est pas chose aisée pour une détenue.

Le rôle principal de « Nola » est splendidement interprété par Mata Gabin, dont le visage, mis en valeur par le biais de gros plans, traduit avec justesse chaque angoisse, chaque crainte et chaque joie ressenties par le personnage. Une séquence particulièrement réussie illustre le jeu remarquable de l’actrice : installée dans son bain, Nola vit un moment de répit, où elle savoure pleinement et désespérément cette bribe de liberté qui lui manque tant, tout en sachant que celle-ci est temporaire. Effectivement, beaucoup de choses passent par la gestuelle et le silence du personnage et par l’image en général, ce qui explique par ailleurs les dialogues et le scénario minimalistes.

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Traoré penche pour le parti pris d’une narration indirecte, épaulé par sa maîtrise précoce de la technique. Il exploite notamment l’encadrement pour faire passer le sentiment d’enfermement de façon presque subliminale : les gros plans de Nola contrastent souvent avec des plans très larges de son environnement ; et elle est souvent vue à travers des vitrines, des grilles ou encore à travers l’œilleton de la porte de prison, où elle se fait épier par une codétenue antipathique. Ce même regard réapparait tel un cauchemar pour Nola et représente à la fois l’absence totale d’intimité dans sa séquestration et le jugement critique porté par la société.

Si l’humanisme au cinéma se transmet mieux par l’accompagnement du ressenti que par l’explicitation des faits, le plus grand mérite de « Nola » est sa faculté à susciter de l’empathie chez le spectateur. Une qualité dont toute bonne fiction devrait jouir.

Adi Chesson

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