Avec Stand Up, son film de fin d’études à la NFTS, l’animateur anglais Joseph Pierce peint un véritable cauchemar existentiel dans un clair-obscur grotesque qui confronte l’espace intime et la société, tout en se dissimulant derrière l’aspect bénin d’un one-man-show humoristique.
John J. Jones, un homme aussi quelconque que son nom, s’essaie au stand up dans un pub anglais typique avec plus ou moins de succès. Au fur et à mesure de sa prestation, il enclenche des fous rires, provoque des moments de gêne et tombe dans un bide catastrophique. Le public, quant à lui, se révèle progressivement offusqué et impitoyable jusqu’à le huer.
Sombre et cynique, le film de Pierce plonge d’emblée son spectateur dans une ambiance déconcertante, avec son image en noir et blanc contrasté, son dessin organique et agité et son discours glauque et morbide frôlant entre autres l’alcoolisme, les ménages brisés, les aveux meurtriers, … Sur tous ces plans, Pierce joue sur la progression et le retournement de situation, notamment grâce à sa maîtrise totale du médium qui lui permet de rendre son animation aussi souple qu’un jeu vidéo interactif. Ainsi, les figures, les regards, les grimaces du public apparaissent et s’envolent de façon fugace alors que l’agonie du protagoniste suppure sur son visage en constante métamorphose. Grâce à sa narration économique et efficace, composée d’une image parlante, d’un dialogue mesuré et d’une bande son épurée, Stand Up parvient, avec peu de moyens, à l’essentiel : tenir debout.
Consulter la fiche technique du film
Article associé : l’interview de Joseph Pierce