Drôle de nom que ce 6nema.com. Vous pensez cinéma. Vous y êtes presque, il vous faut juste revoir la première syllabe. Le jeu de mots prend, la curiosité s’installe, vous devenez un visiteur potentiel de ce site dédié au court métrage. Une fois connecté, vous vous comportez un peu comme au supermarché sauf qu’en vous baladant entre les rayons (animation, fiction, documentaire, ovni), vous prenez plus parti pour des films reconnus ou discrets que pour du thon en boîte ou des éponges qui grattent.
Faites le test. Posez-vous une seule question : comment et où voir les films dits courts ? Invariablement, les mêmes réponses accourent : en salle, dans les festivals, à la télévision, en DVD, sur la toile, … Fatalement, votre pensée vagabonde vers d’autres idées associées : horaires de diffusion tardifs, rendez-vous d’initiés, choix limité, coûts d’acquisition élevés, mauvaise qualité de l’image, …
Imaginons que votre écran favori est celui de votre ordinateur et que votre marotte à vous, c’est de visionner gratuitement des courts métrages dans leur intégralité sur le Net. Vous marquez bien de temps en temps des arrêts sur Youtube et Dailymotion, mais vous êtes rebuté par la mauvaise qualité de l’image, par le piratage illégal ambiant et par les clics pathétiques effectués (les cinq plus moches femmes du monde, les ventres repus des buveurs de bière, les chats qui chantent, …). Que faire, alors ? Renoncer ou alors envisager un tour sur 6nema.com.
Plus en phase avec les droits d’auteurs, la ligne éditoriale, et la haute définition, cette plateforme de partage de vidéos, créée en 2007 par Stéphane Le Viet et Bérangère Condomines, offre à l’internaute la possibilité de regarder, de commenter, d’exporter, et même de diffuser des films courts en toute légalité. Outre son accès libre et la profusion de son catalogue (plus de 600 films, surtout français, allant des années 60 aux années 2000), le site offre la possibilité à toute personne (physique comme morale) détentrice des droits d’un film de le soumettre à la diffusion (en streaming) sur les lettres de sa plateforme. D’une à soixante minutes, toutes les durées sont autorisées, sans restriction de genre ni de mode de production. En revanche, l’équipe de 6nema.com valide systématiquement tous les titres soumis et reverse 50% des recettes publicitaires aux ayants droit, en proportion du trafic généré par les films. Ce passage-ci intéressera potentiellement les réalisateurs et les producteurs de films en quête de visibilité, de reconnaissance et de quelques sous.
Et les films, que valent-ils ? Comme aux puces, il y en a pour tous les goûts (fiction, animation, documentaire, ovni), et il suffit d’un hasard pour avoir un coup de cœur. En trois ans d’existence, 6nema.com a convié quelques personnalités et structures de production renommées ainsi que des films plus modestes, souvent auto-produits, et des auteurs plus effacés et récents que les autres. Tour de piste avec cinq hasards à partager.
Plaisir d’offrir de François Morel et Marc Henri Dufresne
Produit par Lazennec, la boîte de prod’ d’Alain Rocca, « Plaisir d’offrir » est un comédie fort sympathique aux allures vaudevillesques malgré sa nationalité (française), portée par un couple improbable au cinéma : Kristin Scott Thomas et François Morel.
Si aujourd’hui, il n’est pas rare de voir Kristin Scott Thomas dans des films français (« Ne le dis à personne », « Il y a longtemps que je t’aime », « Partir », etc.) mais il y a 16 ans, ce n’était pas spécialement le cas. Femme de principes, elle campait le rôle de Claire, une femme supportant difficilement son mari (François Morel, ex-Deschiens, pré-France Inter), obsédé à l’idée de lui offrir un cadeau pour lui prouver la force de son amour. A la même époque, elle jouait le rôle de Fiona dans un certain « Quatre mariages et un enterrement » de Mike Newell…
Eternelles d’Erick Zonca
L’histoire de Denis, un jeune homme travaillant pour son père, perturbé par le long sommeil de sa grand-mère et attiré par une cycliste libre.
Grand Prix au Festival de Clermont-Ferrand en 1995, « Eternelles » est le deuxième court métrage d’Erick Zonca à qui on doit le très beau « La Vie rêvée des anges ». Révélant pour la première fois Sylvie Testud, ce court observe le monde rural et les conflits familiaux à travers les beaux yeux d’un adolescent rêveur et sensible.
Lulu de Keren Yedaya
Le temps d’une nuit, une caméra se met à suivre Lulu, une prostituée vivant et travaillant à Tel-Aviv rencontrant des clients, une nouvelle recrue, des problèmes de bas et une fragilité imprévue.
Quelques années avant « Mon trésor », lauréat de la Caméra d’Or à Cannes, la réalisatrice israélienne Keren Yedaya tournait « Lulu », son deuxième court métrage. Les deux films se révélaient proches quant au thème traité (la prostitution), la mise en scène (épurée), le cinéma livré (brut) et la féminité de l’interprétation (Tamar Gruper/Ronit Elkabetz).
Vert quoi, vers où de Gérard Cherqui
Un jeune éboueur traversé par un dialogue intérieur a l’habitude de fermer les yeux quand le trop beau s’approche de lui. Un jour, il percute un individu qui a lui aussi le regard clos.
Bien avant d’envisager une quelconque « Tournée », Mathieu Amalric jouait dans « Vert quoi, vers où », un film caractérisé par l’une de ses premières apparitions à l’écran, deux ans avant « La Sentinelle ». Il y révèle déjà des bribes de talent : une voix extatique, un regard percutant et un jeu toute en finesse.
Maître Galip de Maurice Pialat
Partie intégrante d’une série de films de commande sur la Turquie (chroniques turques), « Maître Galip » dresse le portrait du pays et du quotidien des habitants à partir d’un texte de Nazim Hikmet, grand poète controversé intra-muros.
Images filmées. Poèmes lus. Superbes gros plans d’enfants. Ce documentaire scrute le réel et ne le lâche pas, révélant une Turquie intime et méconnue. Un beau film à l’arrivée, qui doit beaucoup à la caméra de Willy Kurant, directeur photo ayant collaboré à certains films de Pialat, Gainsbourg, Robbe-Grillet et d’autres.
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