« Mother, I want to… »
Programmé à Short Screens #3 et au festival du court métrage de Bruxelles cette année, ce film belge signé Jean-Julien Collette & Vincent Coen pose un regard frais et divertissant, mais non sans ironie, sur l’inceste, thème tabou par excellence.
Une famille nucléaire américaine, aussi soudée que désinhibée, se rend à Gand pour que le fils Julian puisse découvrir la ville natale de son père. Las de la soûlerie de ses parents et souffrant d’une récente déception amoureuse, Julian décide d’explorer seul la ville pittoresque. Au bistro « Tabu », vivement recommandé par son père, il rencontre la femme de ses rêves. Il ignore toutefois quelques petits détails : il a vu le jour dans cette ville, celle qu’il a toujours considéré comme sa vraie mère ne l’est pas, et sa dernière aventure lui aurait coûté les yeux de la tête en Grèce antique !
Entre un jeu d’acteurs à la limite gauche voire feuilletonnesque, une mise en chant totalement insoupçonnée et un brin de mélo habilement maîtrisé, ce court métrage brouille toutes les pistes. Optant pour une esthétique simple qui annonce une chouette histoire drôle, Coen et Collette nous embarquent plutôt dans un voyage romantique qui se retourne complètement et contre toute attente vers un récit œdipien au goût du 21ème siècle.
Même s’il s’agit d’une mise à mal de l’amour maternel – cet instinct « divinement animal » –, les réalisateurs réussissent à surmonter le choquant et le vulgaire pour en arriver à convaincre le spectateur (même le plus conservateur) de la légitimité de leur propos. Grâce notamment au parti pris d’un registre avant tout léger, dédramatisant, et même humoristique par moments, « Tabu » dissimule brillamment le sérieux derrière l’allègre et exemplifie le pouvoir du septième art d’influencer subrepticement son spectateur.