Sorti de la Film School of Wales en 2005, Matthew Walker est un animateur affilié à la société de production Arthur Cox (Bristol) sujette à une carte blanche à la récente fête de l’animation de Lille. Depuis son film de fin d’études « Astronauts », il a réalisé des publicités ainsi que trois courts délectables, « John and Karen » (2007), « Operator » (2007) et « Little Face » (2009).
John and Karen
Episode 43762. John, l’ours polaire, n’aurait pas dû remettre en question la veille les talents de pêcheuse de Karen, le pingouin. Aujourd’hui, il est venu s’excuser, lui dire qu’elle était une excellente nageuse et que ce n’était pas si grave si elle n’arrivait pas à attraper de baleines. Pattes croisées, Karen est contrariée, mais elle offre tout du même du thé et des biscuits à John.
Comment est né « John and Karen » ? Sur une page vierge du carnet de Matthew Walker. Un beau jour, un ours polaire et un pingouin, assis l’un en face de l’autre, se lancèrent : « Tu te tais ! », « Non, toi, tu te tais ! ». Sensible aux duos, le réalisateur imagina une histoire courte et délirante autour de ce nouveau couple improbable avec, en prime, de l’humour « british », des dialogues savoureux, et des biscuits croqués jusqu’au générique de fin.
Operator
Un après-midi mi-anglais, mi-pluvieux, un homme déguste une pomme d’amour tout en passant un coup de fil. Ayant une question existentielle, il compose le numéro des renseignements pour joindre l’homme divin des nuages qui est sur liste rouge. Après quelques secondes d‘attente, celui-ci répond…
Que faites-vous en moins de deux minutes ? Vous éteignez votre ordinateur, vous recherchez vos clés, vous calculez le nombre de calories d’un paquet de chouquettes ? Matthew Walker, lui, fait un film, simple et efficace. Brièveté, ironie, chute : « Operator » séduit.
Little Face
En rendant visite à sa mère, Nathan rate son train. En attendant le prochain, il se pose dans un café. Un bruit lui fait relever la tête : Little Face lui fait face. Vingt ans ont passé, Little Face n’a pas changé : il est toujours aussi jaune, rond et en demande d’amitié. A contrario, Nathan n’est plus le même.
Little Face a l’apparence d’un simley ou d’un M&M’s jaune. La ressemblance s’arrête là, car Little Face ressent des émotions : il souffre de l’abandon de Nathan, son ami humain parti il y a un certain temps pour d’autres rivages et relations, et retrouve la ligne du sourire quand il le voit réapparaître dans sa vie. Seulement, pour Nathan, le passé est le passé. Leur lien est derrière eux. Little Face ne peut plus le suivre partout comme il le faisait à l’époque.
Dans une ville grise et anonyme, « Little Face » parle des amis imaginaires, du temps qui passe, des relations changeantes, et de l’enfance révolue. Même si cette histoire comprend quelques touches d’humour (« was there anyone else than me ? », demande Little Face à Nathan), elle est plus grave et moins futile que les deux autres. Peut-être parce qu’elle dure 10 minutes et qu’un ami imaginaire nous semble plus réaliste qu’une engueulade inter-animale ou un coup de fil désinvolte au grand barbu.
Consulter les fiches techniques de « John and Karen », « Operator » et « Little Face »
Article associé : l’interview de Sarah Cox, productrice de Arthur Cox
Le court métrage « Operator » était diffusé en Angleterre dans les cinémas Picture House avant le film principal.
Un vrai régal à voir et revoir – surtout que je ne me rappelais plus du nom du créateur – dommage que ceci est un simple extrait.
Beau travail.
Merci beaucoup.