Petite animation crapoussine fraîchement cueillie dans les champs de la Cambre, « Espèce(s) de Patate(s) » de Yoann Stehr dresse un inventaire de l’espèce humaine au travers d’une taxonomie de tubercules. Malgré ses faux airs de film noir américain, ce film n’est pas une insulte, comme son titre pourrait le laisser sous-entendre.
À la manière d’un documentaire ringard des années 50, ce court retrace l’histoire de la pomme de terre de Mozart à nos jours en passant par une visite hallucinante de la chambre de Van Gogh. Yoann Stehr, le jeune animateur à l’origine du film, mêle dessin et 3D pour illustrer ce conte cocasse porté par une voix-off tour à tour raconteuse et angoissante. Tout au long de ses racines, l’allégorie abonde dans le film, la culture végétale servant de métaphore de la civilisation moderne, son développement, son climax et sa dégradation.
Inventif, hilare et intelligent dans sa mise à mal des catégories et étiquettes sociales, le film de Stehr se vante également d’un humour autodérisoire, notamment dans le générique de début : « un film bricolé par », « bande son expurgée par », … Sensé et (im)pertinent, ce court séduit l’œil et l’estomac par son aspect carrément spécial, à la fois déjanté et psychédélique.
Adi Chesson