Sélectionné à Poitiers et détenteur de nombreux prix, « Echo » de Magnus Von Horn aborde le thème du crime et du châtiment auprès d’une jeunesse déséquilibrée. Ce film révèle une histoire intense, réaliste et crue.
Le film du jeune cinéaste, diplômé de l’école de Lodz aurait très bien pu s’intituler « La Reconstitution » tant il reflète, d’une certaine manière, le chef d’oeuvre de Pintilie qui met en scène deux jeunes garçons soumis à la re-création d’une bagarre anodine, à des fins communistes. Mais là où le cinéaste roumain mettait une note d’humour noir, de cynisme volontaire et d’absurde existentiel liés au contexte politique et social de la fin des années 60, le réalisateur suédois choisit lui, un traitement réaliste et un ton plus dramatique pour dénoncer le meurtre d’une jeune fille commis par deux adolescents.
Élaborée avec distance et froideur, la reconstitution effraye dans sa façon de révéler l’atrocité des faits en même temps qu’elle met en valeur les sentiments contradictoires et complexes des meurtriers. Toute l’atmosphère du film baigne dans une tension palpable et dérangeante à laquelle il est quasi impossible de se dérober. Le cinéaste pousse le tragique de la situation aux limites du dicible et nous plonge malgré nous dans l’horreur d’un acte inavouable. Se posent alors les questions de la déshumanisation d’autrui dans la folie assassine, du sentiment de culpabilité des uns et de l’éventuel pardon des autres.
À ses multiples questions, la justice réparatrice opte pour une confrontation des parents de la victime à l’un des auteurs des faits. La rencontre surprend par sa mise en scène qui mêle sobriété et rage dans un dialogue poignant. Le délinquant sort de son mutisme et son cri déchirant que l’on pourrait interpréter comme une violente prise de conscience, fait écho à la douleur des parents, impuissants et désœuvrés. Sans nul doute l’une des grandes surprises de l’année, le premier film de Von Horn résonne telle la voix moribonde d’une nymphe outragée.