Impasse de Bram Schouw

Bas les masques

Un soir dans un train, une femme noire et un homme blanc s’engagent sur le chemin glissant de la séduction, voie visiblement sans issue. D’une façon toute personnelle, « Impasse » explore la nuit et le brouillard de la nature humaine dans un wagon de banlieue. Illustrant le thème « dignité et justice », le film du Néerlandais Bram Schouw se présente comme un tête à tête qui n’a pas froid aux yeux.

Présenté à l’Actor’s Studio dans la programmation « Côté Court #2 : animal social », « Impasse » est l’un des vingt-deux courts-métrages sélectionnés pour l’ambitieux projet cinématographique « Histoires des droits de l’homme », initié par le haut commissaire aux Nations Unies, à l’occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme.

Dans un wagon rempli, une jeune africaine trouve place en face d’un jeune caucasien. Il s’ensuit un jeu de regards obliques qu’envieraient presque les amoureux de Brassens. Mais le jeu n’est pas innocent et l’homme se méfie malgré le désir qui l’envahit jusque dans le noir de ses pupilles. Ceux qui y voient le début d’une belle idylle métissée se mettent le doigt dans l’œil parce que l’homme qui n’a pas les yeux dans sa poche arbore une belle croix dessinée derrière la nuque. Une croix plus foncée encore que la peau de la jeune fille qu’il déshabille du regard, un svastika légèrement penché vers la droite, symbole de l’angoisse et du frisson, emblème de la honte.

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« Impasse » surprend par sa chute qui claque comme le bruit des bottes foulant le pavé des régimes totalitaires. Même si l’on peut regretter un certain raccourci simpliste et maladroit dans l’exploitation du sujet, force est de constater la puissance du film de Schouw qui, en très peu de temps (moins de six minutes), dénonce la plus abjecte des bêtises humaines, et dévoile aussi que quel que soit le masque que nous choisissons de porter, désir et amour parviennent souvent à le laisser tomber (ne fusse que pour un instant).

Marie Bergeret

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