Incursion intéressante dans le milieu de la science-fiction, ce court à quatre mains, présenté en compétition nationale, au FIFF, se distingue par la représentation d’un univers singulier aux influences kafkaïennes.
Dans une société communautaire poussée à l’extrême, Anatole (Cédric Eeckhout) est LE lauréat de la loterie du Tiraniwen. En guise de récompense, il gagne l’immense privilège d’habiter dans un logement individuel. Déployant sa fragile constitution dans un décor froid aux couleurs artificielles et insipides, il est très vite gagné par l’ennui et commence à regretter l’impudique masse grouillante de son ancien quartier.
À l’instar de « Brazil » de Gilliam, le film pose la délicate question de la place de la liberté individuelle dans un système clos et ultra surveillé. Seul contre tous, Anatole, agit selon sa conscience et son désir pour échapper à une structure qu’il juge morose et claustrophobe. Presque aussi anonyme que Joseph K, Anatole, devenu Azael T ne subit pas son destin, mais le dessine de ses mains, contrairement au héros de Kafka.
« Juste la lettre T » est une belle métaphore qui traduit les failles visibles de notre société très médiatisée souffrant d’un manque de communication. Isolé dans sa bulle, l’individu se mortifie dans une complaisance égoïste et malsaine.
Deuxième création du tandem Sirot-Balboni, après « Dernière partie » qui affichait déjà un goût pour le décalé, le film décline de façon intrigante les paradoxes de l’être humain sur fond d’angoisse existentielle.