Une femme battue, une boucherie glauque, et des percussions à n’en plus finir. Tels sont les ingrédients de ce film japonais à la tonalité baroque repéré à Clermont-Ferrand.
« The woman who’s beating the earth » (La femme qui martèle la terre) est l’histoire d’un transfert au sens freudien du terme. Chiharu se fait battre par son petit ami. Le visage tuméfié et couvert de bleus, elle se rend à son travail, le sous-sol d’une boucherie. Chiharu n’a qu’une seule fonction : elle bat de la viande pour l’attendrir a longueur de journée. Les coups qu’elle donne sur les morceaux de bœuf sont ceux qu’elle ne peut pas donner à son petit ami. Mais ces coups ne suffisent pas. Elle rêve de jouer de la batterie dans un groupe et de donner libre cours à sa propre violence.
Traitant du thème connu de la violence conjugale, la réalisatrice Tsuki Inoue ne quitte pas son héroïne que ce soit dans sa vie ou dans ses rêves. Elle préfère l’évasion à la victimisation. Les rêveries de Chiharu sont de vrais moments d’évasion dénués de bonheur. Elle tape, par exemple, sur sa batterie imaginaire comme si sa vie en dépendait. L’énergie de ses rêves est en contradiction radicale avec a léthargie du personnage.
Les rêves sont filmés en plan large alors que la vie apparaît en gros plan. Tsuki Inoue aime s’attarder sur le visage boursouflé de sa comédienne, victime silencieuse et stoïque d’une violence devenue ordinaire. Malgré une réalisation parfois clipesque et des lumières très crues, « The woman who’s beating the earth » est un plaidoyer pour l’évasion dénué de tout cliché sur l’onirisme ou le désir de fuite. Un parti pris cinématographique courageux servi par des personnages tous plus pitoyables les uns que les autres. Ce film ne laissera pas indemne le spectateur, mais après tout, une petite claque cinématographique ne fait de mal à personne.