Réunis par le malheur, un adolescent et un enfant errent dans les rues de Varsovie. Repéré à Angers comme à Clermont, « Luksus » est une plongée en profondeur dans le monde de la pédophilie polonaise.
« Je ramène toujours là ou j’ai trouvé » : c’est ainsi que Luksus se retrouve abandonné à l’aéroport par son souteneur. Luksus a 17 ans, et sa « carrière » de prostitué est finie : il est devenu trop vieux pour la clientèle pédophile de son proxénète. À l’aéroport, il rencontre un enfant SDF, victime potentielle de son ancien souteneur.
Le film nous montre un anti-héros Luksus (signifiant la luxure en polonais) qui n’a plus de nom, et n’a jamais su comment gagner sa vie autrement qu’en vendant son corps. Objet de désir déchu, il garde jalousement des photos de voyage en Egypte, témoins de sa fortune passée. Luksus va être confronté à un dilemme. Doit-il se servir de l’enfant pour retrouver sa fortune passée ou bien lui faire échapper l’enfer de la pédophilie ?
Jaroslaw Sztandera, le réalisateur de « Luksus », filme une Varsovie sombre, glauque et nocturne. Le monde des adultes est présenté comme un monde malsain, voire dangereux. L’enfant ne voit en eux que des pervers à extorquer sans contrepartie sexuelle, il incarne le courage que n’a jamais eu Luksus. À la rédemption (écueil inévitable lorsqu’on traite ce genre de sujet), le réalisateur préfère l’errance d’une jeunesse jetable, traitée comme un objet sexuel par un monde adulte rongé par la perversion.
Film sombre, mais jamais misérabiliste, Luksus est un film sensible, centré sur ses personnages forts et ambivalents. Doté d’un montage efficace et d’interprètes irréprochables malgré le manque de charisme de certains seconds rôles (dont le souteneur qu’on aurait aimé plus menaçant, plus vil), le film tient en haleine son spectateur tout au long de ses 38 minutes sans jamais s’épuiser. Il est fort à parier que Jaroslaw Sztandera, étudiant en dernière année à l’école de Lódz, est un nom qui va compter dans le cinéma polonais.