L’Endroit idéal de Brigitte Sy

Brigitte Sy que l’on connait pour avoir été l’égérie de Garrel dans les années 80 réalise avec « L’Endroit Idéal », un premier film étonnant. Cette histoire d’amour dans un lieu impossible est peut-être le film le plus émouvant du festival de Clermont-Ferrand.

Barbara (Ronit Elkabetz) est une réalisatrice qui travaille en milieu carcéral. Elle rencontre Michel (Carlo Brandt) à la prison de Fresnes. Barbara a transmis de l’argent à Michel. Cette faute condamnera la couple à ne plus se voir et à ne plus se parler. De cette séparation forcée va naître leur histoire.

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L’endroit idéal dont parle le titre est un lieu fermé : la prison de Fresnes. De cette histoire d’amour, nous ne verrons rien. Le film débute avec la mise en détention de Barbara et son dialogue avec la belle-fille d’un détenu. Ce monde carcéral s’ouvre sur les femmes, c’est-à-dire celles qui restent, qui attendent, et qui représentent la seule fenêtre vers l’extérieur. Ronit Elkabetz, superbe actrice israélienne vue dans « Mon trésor » de Keren Yedaya, livre le portrait d’une femme forte et digne, malgré les épreuves qui se succèdent tels l’interrogatoire de la police puis le verdict au tribunal.

Dès le début du film, tout le dispositif de mise en scène fonctionne sur la recherche de l’autre. Barbara entend une voix dans un couloir, et tente d’apercevoir l’homme qu’elle aime sans succès. L’espace est ainsi géré d’une façon plus  théâtrale que cinématographique, avec la présence de coulisses où disparaissent les personnages. Brigitte Sy, professeur de théâtre depuis des années (y compris en milieu carcéral) a utilisé les armes qu’elle connaît pour son tout premier film. Comme Bergman éteignait le décor dans « Monika » pour souligner le regard de son actrice (Harriet Andersson), Brigitte Sy compose le cadre comme une scène, en plan fixe, où les seuls moments signifiants sont ceux des corps qui se cherchent, et parfois se touchent dans des étreintes succinctes et sensuelles.

Il est vrai que l’une des tendances du festival de Clermont-Ferrand est de montrer des courts métrages un peu longs. Ce film de 30 minutes n’échappe pas à la règle. Sauf que Brigitte Sy nous offre une épure, un film qui n’intègre pas un seul plan de trop. Mais il est probable que les formes courtes que nous apprécions sont parfois trop étroites pour accueillir des histoires d’amour. « L’Endroit Idéal » a, par contre, sa durée, sa temporalité, et sa propre musique.

Thierry Lebas

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