Parmi d’autres sujets, les difficultés de communication inspirent les réalisateurs. Autour de ce thème, un court métrage se dégageait, cette année, de la sélection du festival de Clermont-Ferrand. Son identité : « The Ground beneath » (Le Sol sous nos pas). Un film australien, touchant et sensible sur la question du choix et du passage à la vie adulte, réalisé par René Hernandez.
Kaden, adolescent isolé, est le souffre-douleur de certains élèves de sa classe. Une fois rentré chez lui, ses tourments reprennent : son père le bat à coups de ceinture. Que lui reste-t-il ? Des verbes de situation : s’identifier à un chien en laisse, se venger imaginairement de ses ennemis, enfourcher son vélo, ou bien se réfugier dans sa chambre. Partagé entre la souffrance et l’agressivité, Kaden se rapproche de plus en plus de la tristesse, de la solitude et de la violence. Jusqu’au jour où Casey, une fille de sa classe, et Lewis, son voisin autiste, lui offrent la possibilité de se représenter trois autres mots : l’apaisement, l’ouverture et le changement.
Quand on subit la violence, faut-il la répéter nécessairement ? Pourquoi s’en prend-on à plus faible que soi? Doit-on rendre les coups donnés ou bien tendre l’autre joue, encore vierge d’ecchymoses ? Comment s’affirme-t-on et acquière-t-on confiance en soi , lorsqu’on est rejeté par les autres ?
Récompensé du Prix des Médiathèques, et de deux mentions (celle du Jury Jeunes et du Jury de la Presse Internationale) au dernier festival de Clermont-Ferrand, « The Ground beneath » est un film qui reste en mémoire, une fois la séance terminée et les lumières rallumées. Pour son sujet bien évidemment, et son esprit de tolérance (Kaden commence à reporter son agressivité sur Lewis, son voisin handicapé, avant de tenter d’entrer en contact avec lui). Mais aussi pour la présence et les regards formidables de ses jeunes comédiens (en particulier, Tom Green, alias Kedan), et la très belle photographie signée Simon Chapman (son image terne et automnale confère une beauté supplémentaire au film).
Certes, le film comporte une métaphore inutile : il s’ouvre et se referme sur un plan, celui d’un chien sur lequel se projette Kedan. Enchaîné au début, l’animal se montre violent, agressif et probablement malheureux. Détaché au final, il s’éloigne, prêt à profiter de sa liberté et de sa quiétude retrouvée. Pourtant, « The Ground beneath » porte une beauté extrême et un espoir sensible. La main fictionnelle ne sert pas qu’à porter des coups; elle peut aussi se retenir dans son élan, ou se tendre dans le don ou la caresse.
Ce court métrage est excellent. Comme vous le relevez dans votre article, effectivement ce film reste en mémoire une fois la séquence terminée. Fiction primée à juste titre.