Bruno (Stephan Witschi), la quarantaine bedonnante, est un petit représentant en sapins de Noël musicaux. Un peu gauche, pas très adroit, il est… le Grand Blond avec un homard ! Un homard ? Disposé à avancer sentimentalement, Bruno reçoit une amie à dîner. Au moment de plonger un homard dans une casserole, il suspend son geste. Quand son invitée arrive, elle découvre le crustacé en train de patauger gaiement dans la baignoire.
Sorte de poème de l’absurde, plus proche du comique à la Bourvil qu’à la de Funès, ce petit film tout droit venu de Suisse, émeut par son héros attachant et attendrissant. L’humour naît de situations contrastées et non de la simple moquerie. Filmée dans un décor très sobre privilégiant les plans d’ensemble aux plans rapprochés, « Une histoire avec homard » met l’accent sur la mise en scène. Les dialogues sont quasi absents, la musique, loin de se limiter à illustrer les images, joue un rôle prédominant. Elle permet d’identifier le personnage à l’instar du début de « Mon Oncle » de Tati : le choix des cuivres souligne le côté comique et léger des situations vécues par Bruno. Ce parti pris esthétique rapproche le film des muets d’antan plus que des grosses productions à l’effet surabondant.
En observateur compatissant d’une société individualiste où les personnes seules ne trouvent pas forcément leur place, l’auteur a préféré l’humour à la tragédie et la fiction au documentaire. Ce qui fait du film de fin d’études de Simon Nagel, sorti en 2008 de l’école ZHdK (Zürcher Hochschule der Künste) de Zürich, une réelle bouffée d’air frais à respirer sans modération.