Musical du début à la fin, « Miss Daisy Cutter » a tout d’un clip. C’est pourtant en tant que court-métrage qu’il a cette année été sélectionné au Festival International du Court-Métrage de Clermont-Ferrand et au Festival Anima de Bruxelles. Court-métrage donc, et d’animation qui plus est.
Déjà remarqué et apprécié lors de la sortie en festivals de « Espèce(s) de patate(s) », Yoann Stehr, étudiant à la Cambre, nous revient en force avec un petit film bien plus audacieux. Sélectionné à Anima cette année, « Contre, tout contre » ou le credo de la solitude et de la volupté puise dans le filet des images cinématographiques qui nous habitent et qui nous construisent pour traiter, non sans une mordante ironie, de la solitude contemporaine.
Dans une usine mexicaine de savon, « Roma », la rencontre de deux solitudes : une jeune fugitive, un ouvrier solidaire. Prix du scénario aux Rencontres Henri Langlois de Poitiers en 2010.
Film d’animation réalisé avec un impressionnant travail de stop motion sur des personnages en plastiline, « Hasta los huesos » offre un voyage surréaliste grâce à une proposition artistique et technique flamboyante. Puisant largement dans l’iconographie culturelle mexicaine, le réalisateur René Castillo nous adresse une invitation drôle et tendre à réfléchir sur la relation à la mort.
Honoré d’un Oscar il y a un an, le film « Logorama » est sélectionné dans deux catégories aux César 2011 (meilleur court-métrage, meilleur court-métrage d’animation). Réalisé par trois curieux experts de l’animation numérique, regroupé sous le sigle H5, il a connu un succès dans les festivals du monde entier. Ludovic Houplain, l’un des trois réalisateurs, revient sur le processus de production et de création du film, la place des logos dans l’imaginaire social et la reconnaissance faite aux pratiques de cinéma d’animation en France. À quelques heures du verdict, il nous donne l’occasion de comprendre les origines du film et nous fait part de sa confiance pour l’avenir de l’animation.
L’événement n’était pas anodin et le timing était parfait. Tout juste heureux lauréats du Grammy Award du meilleur album pour The Suburbs, les membres d’Arcade Fire sont arrivés tout sourire à la 61e Berlinale pour présenter Scenes from the Suburbs, court métrage écrit à six mains, entre les frères Butler, membres fondateur du groupe et Spike Jonze, également à la réalisation. Récit d’une fin d’amitié adolescente sur fond d’invasion militaire en banlieue pavillonnaire, « Scenes from the Suburbs » se présente à la fois comme l’incarnation visuelle de l’album rêvée par Arcade Fire mais également comme un film de science-fiction autonome et singulier.
« Big Bang Big Boom » est la nouvelle merveille de Blu, street artist spécialisé dans le graff animé, qui nous avait précédemment éblouis avec « Muto » et « Combo » (co-réalisé avec David Ellis). Le public du Festival de Clermont ne s’est pas trompé en lui offrant le bien nommé Prix du Public cette année. Prix mérité et logique, vu l’engagement de l’artiste auprès de ses fans, lui qui tient à ce que ses oeuvres soient largement diffusées sur internet avant toute diffusion en Festival.
Banu Akseki est de ces jeunes femmes que l’on garde en tête dès la première rencontre. Un regard franc et une voix réfléchie alimentent une discussion autour du cinéma. Venue présenter « Thermes » à la grand-messe du court métrage, la réalisatrice belge a su dès son premier film « Songes d’une femme de ménage » mettre délicatement en lumière la solitude des âmes à la dérive.
Edouard Salier est un habitué de la sélection Labo du Festival de Clermont-Ferrand, on se souvient de l’émerveillement provoqué par des oeuvres comme « Flesh » ou « Four », les années précédentes. Il est de retour cette année avec le premier clip du diptyque qu’il a réalisé pour l’album Heligoland de Massive Attack : le très envoûtant « Splitting the Atom » . Encore une fois, l’enthousiasme est au rendez-vous et cette nouvelle oeuvre nous conforte dans l’idée qu’Edouard Salier est l’un des réalisateurs les plus doués du Motion Design.
New York, janvier 2011. Les rues d’Astoria dans le Queens sont encore largement enneigées, le vent est glacial mais la maison de Jonathan Caouette, n’est plus très loin. Véritable décor de cinéma (« Tarnation » et « All Flowers in Time » y ont été tournés), le lieu déborde de vinyls, de dvds et d’affiches de cinéma. Un écran de projection est installé dans le salon, non loin d’un bureau où se monte le prochain long métrage de l’auteur prévu pour le printemps. Rencontre exclusive in situ autour du très beau « All Flowers in Time », Mention spéciale du Jury Presse Télérama à Clermont.
« Love & Theft » d’Andreas Hykade, film allemand en compétition Labo à Clermont, témoigne de l’actuelle inventivité de la patrie de Goethe dans le domaine de l’animation. Constituée d’un morphing animé de célèbres figures de cartoons, de formes extravagantes et de symboles issus autant de l’inconscient collectif que de l’histoire de l’art, cette œuvre est visuellement scotchante. Ses dessins, animés ensemble, créent un univers inédit, totalement psychédélique et monstrueux.
Les films « abstraits » du Québécois Félix Dufour-Laperrière s’inscrivent parfaitement dans ce genre fugace, insaisissable et intriguant pour lequel est conçu la compétition Labo du festival de Clermont-Ferrand. Le réalisateur s’exprime sur son style hybride et multi-facette.
Le dernier court métrage du Suisse Anthony Vouardoux, sorti de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et vivant à Berlin, se base sur le genre de la science-fiction mais est plutôt un essai ironique sur l’incommunicabilité et la soi-disant suprématie de l’Homme par rapport à son environnement.
Le 33ème Festival de Clermont-Ferrand ouvre cette année une belle fenêtre sur le travail d’un artiste intuitif, François Vogel, avec deux films en projection : « Rébus » dans la programmation restrospective des 10 ans du Labo, et « Terrains Glissants » en compétition nationale.
Stimulé par le jeu et le naturel des ados, Rudi Rosenberg fait des films avec eux après être passé par la case comédien. Son dernier film « Aglaée » a remporté le Prix CCAS et le Prix d’interprétation féminine à Angers et part bientôt pour Clermont-Ferrand. Rencontre entre deux villes, dans un café apaisant, à peine chamboulée par les rongeurs d’opéra.
Ce court-métrage muet semble tombé d’une étagère poussiéreuse de l’un des premiers bureaux de production cinématographique. Tout prête en effet à croire qu’il date d’une période révolue : le noir et blanc, les intertitres, les décors, les costumes… Cet OVNI nous plonge un siècle en arrière et s’il n’était pas de 2010, on jurerait que David Lynch se serait passé la bobine avant de réaliser « Eraserhead ».
Concentré sur ses projets, Sébastien Laudenbach lève rarement la tête. Heureusement, il y a Bruz pour faire sortir cet ancien élève et actuel prof aux Arts Décoratifs de Paris. Invité au festival d’animation pour dévoiler les secrets de « Regarder Oana », il profite des canapés mous pour faire ses autres confidences.
Avec son titre digne d’un roman de Zola, le film de Grammaticopoulos dépeint un univers gris et impersonnel où des scientifiques mettent au point des techniques qui permettent d’augmenter la production alimentaire. Sélectionné à Bruz, l’animation aux accents (sur)réalistes révèle l’angoisse grandissante de la société du trop plein.
Il est peut-être curieux d’évoquer Annecy dans le cadre du focus Bruz. Annecy accueille un festival international depuis 50 ans, Bruz reçoit un festival national pour la première fois cette année. Il n’empêche, les deux événements défendent le cinéma d’animation, le court métrage, et des artistes jeunes comme confirmés. Et comme cette année, nous n’avons pas pu consacrer un focus à Annecy comme en 2009, nous profitons de l’actualité animée pour parler du DVD édité à l’occasion des 50 ans du festival.
En 2004, la collection Selected Shorts, éditée par le Festival du court métrage de Louvain (IKL), voyait le jour avec le but de publier chaque année un DVD reprenant une anthologie de films courts primés ou simplement sélectionnés au Festival. Florilège de 5 films.