Avec « Under Twilight » (« Sous le crépuscule » en français), Jean-Gabriel Périot réalise en 2006 un film expérimental explosif où éclate son immense talent de monteur et de manipulateur d’images. Utilisant des archives de vues embarquées à bord de bombardiers américains de la Seconde Guerre mondiale, Périot exécute un travail sur la forme saisissant pour livrer un spectacle visuel qui transfigure des scènes de destruction guerrière dans une émotion confuse de fascination à la limite du surréalisme.
Née en Espagne et ayant vécu à Madrid, Moscou, Belgrade ou encore Bruxelles, Mária Palacios Cruz traverse les frontières physiques et cinématographiques avec autant d’aisance qu’une citoyenne du monde. Directrice et programmatrice du festival Courtisane, elle nous a fait le plaisir de nous accorder un entretien virtuel. Réflexions sur le cinéma expérimental.
Réalisé en 2005 dans le cadre de la Collection Canal + « 10 minutes pour refaire le monde », « Undo » (qui signifie « défaire » en anglais) dresse une chronique de l’humanité dans une démarche de déconstruction historique originale. Film de montage reposant sur des images d’archives finement sélectionnées, « Undo » nous propose un voyage dans le temps subtile et acide dont la particularité est de nous le faire vivre à l’envers.
Refaire un monde en pleine détérioration ? « UNDO » propose une autre solution : avant de refaire ce monde, ne vaut-il pas mieux le défaire ? Dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, nous assistons à la création de la terre.
Réal. : Jean-Gabriel Périot
Expérimental, 10’, 2005
France
France, été 1944. Les femmes accusées d’avoir entretenu des relations avec des soldats allemands durant la guerre sont publiquement châtiées.
Réal. : Jean-Gabriel Périot
Expérimental, 9′, 2006
France
Primé à de nombreuses reprises et montré un peu partout dès sa sortie en 2006, « Eût-elle été criminelle » fait partie des films phares de Jean-Gabriel Périot. Un court métrage qui sillonne les frontières du documentaire et de l’animation expérimentale pour servir un propos militant et engagé. Dix minutes citoyennes qui invitent à réfléchir sur la notion d’expiation collective.
Encouragé ou plutôt enflammé par l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles françaises de 2002, Jean-Gabriel Périot s’est offert un joli cadeau d’anniversaire en réalisant un court métrage dynamique et dérangeant sur les excès de l’image dans les médias. Dix ans plus tard, le film rappelle à l’ordre la conscience politique et sociale avec une effrayante pertinence.
Le 21 avril 2002. Soir du premier tour des élections présidentielles. Un point de cassure irrémédiable. Un de ces rares instants où l’on vit vraiment l’Histoire. Et, malheureusement, l’Histoire dans toute sa noirceur. Ce soir-là fut aussi, pour des amis chers, le moment choisi pour une soirée surprise à l’occasion de mon anniversaire. La gâteau eut un goût amer.
Réal. Jean-Gabriel Périot
Expérimental, 9′ 2002
France
Isabella Rossellini était déjà l’incarnation sublime des rêves barrés de David Lynch dans « Blue Velvet » et « Sailor et Lula ». Elle a tout naturellement été accueillie chez Maddin comme une amie longuement attendue et fantasmée, comme une muse à sa hauteur. C’est en 2003 avec « The Saddest Music in the World » que Maddin franchit le pas et fait de Rossellini une patronne de brasserie amputée des deux jambes dont les prothèses sont remplies de bière. Leur collaboration n’a depuis jamais cessé…
Winnipeg, 1939, Nihad Ademi, un immigrant bosniaque devenu « maire de nuit » de la ville, charge sa famille de capter les ondes multicolores de l’aurore boréale et utilise l’énergie ainsi obtenue pour diffuser, d’un océan à l’autre, des images du pays d’adoption qu’il adore à ses concitoyens en mal d’identité. Ce truc miraculeux irrite le gouvernement, qui organise un raid au laboratoire de Nihad pour empêcher la diffusion d’images patriotiques échappant à son contrôle.
Réal. : Guy Maddin
Expérimental, 13’54 », 2009, Canada
À l’occasion de sa venue à Paris en juin dernier pour une masterclass organisée par ED Distribution à l’Espace St-Michel, nous avons posé quelques questions à Guy Maddin sur son travail et le rapport étroit qu’il entretient avec la forme courte. Il nous a répondu avec la ferveur et la franchise qui le caractérisent et en a profité pour nous livrer les clés du grand projet de « Spiritismes » qu’il a mené ces derniers jours au Centre Pompidou.
Repéré entre autres au festival de Clermont Ferrand en 2011, où il a emporté le Grand Prix Labo haut la main, « Night Mayor » de Guy Maddin est un exercice dans le genre biographique, au sens le plus large du terme. Le dernier court métrage du réalisateur canadien est à la fois caractéristique et atypique de son style et vient couronner sa filmographie déjà bien singulière.
Petit conte macabre fait de bric et de broc, mis en scène avec beaucoup d’humour noir, dans le sillage du long métrage « The Saddest Music In The World », « Sombra Dolorosa » est un savant mélange de genres que l’on doit au cinéaste canadien le plus fou de sa génération, Guy Maddin.
Lorsqu’un chanteur d’opéra chante dans la rue enneigée et et froide, nous assistons à la rencontre entre un homme et une femme à travers des rideaux en dentelle. La musique est marquée par une tristesse, tout comme les émotions des personnages. Ceux-ci s’approchent tandis que le chanteur sombre dans une mélancolie.
Guy Maddin
Expérimental, 4″, 2004
Canada
Avec Louis Negin et ses Chochottes de Chippewa, 6 minutes qui montrent ce qui arrive lorsqu’on laisse les chochottes toutes seules. Un mélange de Three Stooges et de Kenneth Anger…
Réal. : Guy Maddin
Expériemental, 4′, Canada
1995
Par une étouffante après-midi d’été, de jeunes marins lascifs et désœuvrés paressent dans la torpeur d’une improbable jungle tropicale. Le vieil homme qui semble veiller sur cette joyeuse troupe s’absente pour faire quelques emplettes. Il n’en faut pas plus pour réveiller les instincts de ces vilains garçons… Malgré les recommandations du plus vieux d’entre eux ; à peine sortis de leur sommeil, ils sont soudain pris d’une furieuse envie de se gifler mutuellement ! S’en suit d’irrésistibles distributions de claques : une véritable Sissy Boy Slap Party.
« A trip to the Orphanage » (Voyage à l’orphelinat) fait partie de ces court métrages fascinants et énigmatiques dont la beauté poétique vous saisit à la gorge et vous coupe le souffle. En seulement quatre minutes, Guy Maddin parvient à nous propulser dans la puissance de son univers cinématographique. Entre vision onirique et force émotionnelle, le film nous mystifie par sa symbolique visuelle et la profondeur de sa dimension musicale.
Cinéaste culte originaire de Winnipeg (Canada), Guy Maddin revient en France avec une double actualité : la sortie événement en salles de son nouveau long métrage « Ulysse, souviens-toi !» (Keyhole en VO) et « Spiritismes », une proposition très alléchante qui consiste en une réalisation de 17 courts métrages en public, inspirés de scénarios de films « perdus » (Hitchcock, Von Stroheim, Lubitsch, etc.) et tournés avec des comédiens confirmés (Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Udo Kier, Géraldine Chaplin, Charlotte Rampling, André Wilms, etc.), du 22 Février au 12 Mars au Centre Pompidou.